Lucid Air

L’agence américaine Bloomberg vient de lancer son classement des voitures électriques les plus vertueuses commercialisées aux États-Unis. Près de 35 modèles figurent dans ce tableau évolutif, avec des notes sur 100 qui dégringolent de 71,1 à 27,4.

Empreinte carbone à l’utilisation

Afin de parvenir à son classement, Bloomberg s’est lancé dans de savants calculs qui tiennent compte des travaux de l’institut de recherche du MIT. Sur la durée de vie du véhicule, une part de 70 % est attribuée à l’empreinte carbone concernant l’utilisation de la voiture.

Cette valeur tient compte de l’autonomie du véhicule en miles, par rapport à son poids à vide en livres, et au regard d’une valeur de référence fixée à 0,1099. Cette dernière est 10 % plus élevée que le ratio autonomie/poids du véhicule le plus efficient.

Le mieux est de prendre en exemple la Lucid Air Dream Edition Range qui sort en première marche du podium avec une note de 71,1 sur 100. Son autonomie est de 520 miles. Elle pèse à vide 5 203 livres avec la batterie. Dans un premier temps, Bloomberg divise donc l’autonomie par le poids : 520/5 203 = 0,0999423.

Ce résultat est à nouveau divisé par la valeur de référence 0,1099. Ce qui donne 0,909393. Et pour obtenir la part de 70 %, ce nombre est multiplié par 0,7 puis par 100. Ainsi : 0,909393 x 0,7 x 100 = 63,65751.

Empreinte carbone à la fabrication

Pour établir des différences d’empreinte carbone à la fabrication, Bloomberg se concentre uniquement sur la batterie. Partant du principe que les autres éléments ne vont pas jouer un grand rôle. « Un faisceau de câbles, par exemple, prend à peu près autant de ressources dans la fabrication d’une Ford Mustang Mach-E que dans celle d’une Mini Cooper SE », justifie l’agence américaine.

En partant de ce raccourci, l’empreinte carbone à la construction, réduite à celle du pack, pèse 30 % sur la durée de vie du véhicule. Une nouvelle valeur de référence fixe a été calculée : 29,34. C’est 10 % de moins que la capacité énergétique en kilowattheures de la plus petite batterie lithium-ion embarquée dans une voiture électrique commercialisée aux États-Unis.

Bloomberg Green Rating

Ce nombre est divisé par la capacité réelle du modèle évalué (118 kWh pour la Lucid Air Dream Edition Range). Ainsi, pour cette voiture, 29,34 divisés par 118 égalent 0,248644. La pondération est obtenue en multipliant cette valeur par 0,3 puis par 100, ce qui donne 7,45932.

Pour connaître la note d’une voiture, il suffit enfin d’additionner les 2 valeurs. C’est-à-dire 63,65751 + 7,45932 pour la Lucid Air retenue, soit 71,11683, arrondis à 71,1.

À grands coups de serpe

La chimie de la batterie, la provenance des cellules, leur durée de vie qui dépend aussi du système de gestion de la température, le lieu de fabrication, l’efficience réelle, la réparabilité des packs et leur recyclage, etc. : toutes ces infos qui ont pourtant leur importance pour déterminer un classement des véhicules électriques depuis le plus vertueux jusqu’au pire élève sont complètement zappées.

Avec une dépendance aux seules émissions de gaz à effet de serre, seules l’autonomie en fonction du poids du véhicule et la capacité énergétique de la batterie sont prises en compte. En théorie, les modèles avec les petits packs devraient être privilégiés. En arrivant en tête, la Lucid Air Dream Edition Range prouve pourtant le contraire.

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Il y a tout de même un léger avantage à s’appuyer sur l’autonomie, le poids à vide et la capacité énergétique des batteries, c’est que le classement, si perfectible soit-il, pourrait être valable en France, en Europe et ailleurs… s’il n’y avait pas d’autres modèles de voitures électriques sur ces territoires.

Ce travail n’est pas inutile, mais il demanderait à être complété, et surtout à recevoir un autre nom que « Classement vert ». Il manque par exemple une justification de la place prise par chacun des modèles. On trouve bien quelque chose pour la Lucid Air avec l’évocation de son aérodynamisme et l’efficacité de ses moteurs. Mais ce commentaire est loin d’être la règle.

Alignement de Tesla

Si Tesla n’est pas en tête aujourd’hui dans le classement de Bloomberg, le constructeur l’a été il y a quelques jours, avant l’introduction de la Lucid Air Dream Edition Range. Ce qui atteste que ce tableau est évolutif.

D’ailleurs, à la date de production du présent article, l’agence prévient qu’il va y avoir de prochaines introductions au cours de la présente année 2022. Il s’agit des Audi A6 e-tron, Nissan Ariya, Cadillac Lyriq, Fisker Ocean, Audi Q4 e-tron et Jeep Wrangler Magneto EV. Au total, ce sont plus de 25 nouveaux VE qui devraient être ajoutés dans le classement d’ici la fin 2024.

Bloomberg Green Rating

Trois Tesla figurent dans les 5 places en limitant chaque modèle par sa déclinaison la mieux notée. Il s’agit des Model 3 Long Range (2e ; note de 66,7 sur 100), Tesla Model S Plaid (3e ; 61,8), et Tesla Model Y Long Range (5e ; 58,8).

La Chevrolet Bolt s’immisce à la 4e place avec un score de 59,5. Le groupe coréen Hyundai n’arrive qu’ensuite, cassant l’alignement de voitures américaines : Hyundai Kona Electric (6e ; 58), Kia Niro EV (8e ; 53,3) et Kia EV6 (9e ; 52,3).

Première européenne à la 11e place

La première voiture électrique européenne arrive à la 11e place. Il s’agit de la BMW i4 (51,6/100). Nous sommes sur le marché américain avec ce classement. Donc pas de Renault ou de modèle du groupe Stellantis.

Parmi les VE que nous connaissons en France, on trouve aussi les Hyundai Ioniq 5 (12e ; 50,5), Volkswagen ID.4 (15e ; 49,8), Mini Cooper SE (16e ; 49,3), Nissan Leaf (18e ; 49), Mercedes EQS (19e ; 48)…

Les Audi e-tron GT et Porsche Taycan ouvrent la partie qui rassemble les voitures électriques les moins efficientes, avec une note inférieure à 40. Mais ce sont 3 pick-up américains qui sont en lanterne rouge : Ford F-150 Lightning (33/100), Rivian R1T (30,8) et GMC Hummer (27,4). On attend avec impatience de voir comment le Tesla Cybertruck se classerait par rapport à eux.

Source : Bloomberg