La législation pousse vers l’électrique les taxis et VTC qui, rien qu’à Paris, sont plus de 50 000 taxis et VTC à circuler. Voilà comment les entreprises du secteur, et notamment Uber, agissent pour accompagner les chauffeurs, mais aussi les clients.

Le dérèglement climatique fait les gros titres à raison et c’est donc avant tout les émissions de gaz à effet de serre des voitures thermiques qui sont dorénavant pointées du doigt. Mais il ne faut pas oublier non plus que de nombreux produits polluants sortant des pots d’échappement, comme l’oxyde d’azote ou encore les particules fines, qui provoquent de graves maladies respiratoires. Ainsi, selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement sorti il y a quelques jours, on pourrait imputer à cette pollution le décès prématuré de 253 000 personnes dans l’Union Européenne en 2021. Et on ne peut pas dire que nous fassions partie des bons élèves pour contrer ce phénomène puisque la France vient d’être condamnée à une amende de 10 millions d’euros par le Conseil d’État pour son inaction. Et c’est le trafic urbain qui en génère une grande partie.

Parmi les solutions, l’une des plus évidentes est d’électrifier le parc des taxis et VTC puisque, rien qu’à Paris, on y trouve en circulation environ 18 500 des premiers et de 30 000 à 38 000 des seconds. Même s’ils ont donc été sanctionnés, les pouvoirs publics en ont parfaitement conscience et c’est la raison pour laquelle le décret 2021-1600 publié au Journal Officiel le 10 décembre 2021 a introduit un quota minimum de véhicules à faibles émissions pour les taxis et VTC de 10 % à compter de 2024, de 20 % en 2027 et de 35 % en 2029. Pour rappel, pour qu’une voiture soit considérée comme étant “à faibles émissions”, sa production de dioxyde de carbone doit être inférieure ou égale à 60 grammes par kilomètre, selon le décret n° 2017-24.

Les concernés ont réagi, puisque l’entreprise de taxis G7, dont la flotte est déjà constitué en grande majorité de voitures hybrides, a annoncé récemment la commande de 2 500 Toyota bZ4X et vise 30 % d’électriques d’ici à 2030. De son côté, Uber, une marque tellement rentrée dans les mœurs qu’elle est devenue synonyme de VTC, n’est pas en reste, bien au contraire, avec aujourd’hui 80 % de ses véhicules déjà hybrides ou électriques et des objectifs particulièrement ambitieux : plus de diesel d’ici à fin 2024, 50 % d’électrique d’ici à fin 2025 et 100 % de voitures à faibles émissions d’ici à fin 2030.

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Par son principe même de fonctionnement, Uber doit cependant faire un véritable travail de pédagogie auprès de ses chauffeurs et c’est la raison pour laquelle l’entreprise est allée jusqu’à organiser il y a quelques jours son propre salon de la voiture électrique dédiée au VTC à l’hippodrome de Longchamp où nous sommes allés, avec notamment des stands tenus par Tesla, MG, Renault ou encore Hertz et Carrefour et des voitures mises à disposition pour en faire l’essai, comme les Tesla Model 3 et Y, le MG4, le Skoda Enyaq, le Hyundai Kona et le Toyota bZ4X.

Est-ce que c’est véritablement la baisse de la pollution urbaine qui est au centre des conversations des 700 professionnels de la route qui s’y sont pressés ? Pas vraiment, même si ça sera indubitablement la conséquence d’une transition vers l’électrique. Non, ces entrepreneurs sont évidemment soucieux de leur gagne-pain et que leurs revenus ne sont pas impactés par la direction dans laquelle les poussent la législation et Uber.

La bonne nouvelle est qu’on peut avoir le beurre, l’argent du beurre et même bien plus, comme Mohamed, un convaincu de la première heure, en fait l’expérience depuis bientôt quatre ans à sillonner les rues et les routes de la région parisienne en VTC électrique. Il a commencé par une Hyundai Ioniq, roule actuellement en Volkswagen ID.3 et s’apprête à prendre livraison d’ici quelques jours d’une BYD Seal. La transition n’a cependant pas été sans rencontrer des difficultés, puisqu’en 2020, le réseau de bornes de recharge intramuros laissait encore fortement à désirer, que ce soit dans sa densité ou sa fiabilité, mais il a réalisé des progrès considérables dans les deux domaines depuis. Les recharges elles-mêmes étaient aussi synonyme de pause de l’activité, mais les progrès des voitures électriques en matière d’autonomie permettent désormais d’attendre la fin du service pour refaire un unique plein d’électrons. Et cela a un second avantage, celui de pouvoir faire ce dernier en courant alternatif, à la fois moins cher et préservant mieux la batterie que les compléments de forte puissance en courant continu.

Mohamed reconnaît aussi les vertus de l’électrique en matière de confort, tant pour le conducteur que pour le passager qui a ainsi tendance à laisser plus souvent des pourboires. Et pour le nerf de la guerre ? C’est sans commune mesure, toujours selon Mohamed. Il se rappelle qu’avant 2020, quand il exerçait son activité avec une Peugeot 508, le coût mensuel en matière de carburant était compris entre 600 et 800 €, sans même parler de la maintenance. Aujourd’hui, ses dépenses liées à la recharge ne dépassent pas 250 € par mois. De quoi largement absorber le coût d’achat de la voiture d’électrique qui reste aujourd’hui supérieur à celui d’une thermique, ce qui constitue un des freins majeurs pour les confrères de notre chauffeur. Il existe pourtant de nombreuses aides, ce que nombre d’entre eux ignorent.

Les constructeurs automobiles salivent évidemment face à un tel marché qui s’ouvre, et chacun présente les avantages qu’ils offrent lors de ce salon. Pour MG, c’est le nombre de concessionnaires qui approchent les 170 en France et l’excellent rapport prix/habitabilité/autonomie/puissance de recharge de la MG4 qui représente 60 % de ses ventes. Côté Renault, on met en avant l’expérience considérable de la marque en matière d’électrique qui permet notamment à la Mégane d’avoir une excellente régénération modulable de plus via les palettes au volant. Les deux marques offrent de plus des aides financières substantielles, en partenariat avec Uber ou indépendamment. Le Français propose ainsi une remise supplémentaire de 1 800 € jusqu’au 31 décembre, ainsi qu’un barème de financement spécifique pour les VTC.

Uber quant à lui a ainsi mis en place une enveloppe d’un total de 75 millions d’euros que les chauffeurs peuvent débloquer pour acheter ou louer une voiture électrique afin de combler le coût ici supplémentaire que cette dernière impose encore aujourd’hui par rapport à la thermique et de compenser un marché de l’occasion où sa part ne représente aujourd’hui que 2 %. Un travail important est aussi fait pour informer les chauffeurs des aides gouvernementales auxquelles ils ont droit et, comme on l’a vu déjà pour MG et Renault, en mettant en place des partenariats spécifiques avec les constructeurs automobiles, avec des rabais à l’achat pouvant aller de 5 à 17 %. Par ailleurs, Uber abonde avec une aide financière qui, à titre d’exemple, peut aller jusqu’à 4 500 € pour un chauffeur travaillant jusqu’à 42 heures par semaine depuis au moins trois ans.

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Si Uber est donc sur une bonne lancée sur l’acquisition et le financement du véhicule, la recharge reste encore et toujours un sujet d’inquiétude pour les chauffeurs avec la difficulté d’avoir la bonne borne au bon tarif, au bon endroit, avec la bonne fiabilité et correspondant au bon usage pour des utilisateurs qui font jusqu’à 250 km par jour. Cependant, une fois le pas franchi, la grande majorité se montre tout ce qu’il y a de plus satisfait et certains d’entre eux se transforment même en ambassadeur auprès de leurs confrères pour vanter les mérites de l’électrique en matière de confort et sur l’équation économique une fois franchie cette barrière du prix d’achat.

À l’avenir, Uber souhaite continuer d’accompagner les chauffeurs sur le sujet de la recharge en se concentrant sur celle qu’ils font à leur domicile, qu’ils vivent dans une maison qu’il est facile d’équiper, ou, comme 60 à 70 % d’entre eux, dans un appartement en les conseillant et en les guidant pour bénéficier du fameux droit à la prise.

Et le client dans tout ça ? Les retours sont très positifs selon Uber, avec un confort et un silence globalement salués, la découverte de nouvelles voitures parfois de prestige et, cerise sur le gâteau, le prix de la course inférieure comme voulu par Uber.