Peugeot e-3008

Après avoir noté ses consommations et performances, on passe le Peugeot e-3008 devant les bornes de recharge. Et les résultats ont de quoi surprendre !

Le Peugeot e-3008 est l’une des nouveautés les plus attendues cette année. Troisième opus d’une véritable success-story, il entre pour la première fois dans le monde des SUV 100 % électriques, là où la concurrence est particulièrement rude. Pour y arriver, il mise tout sur le confort de conduite plutôt que les performances, alors que son inédite chaîne de traction est dans la moyenne en matière de sobriété. En revanche, le volet recharge rapide est beaucoup plus discutable, voire assez décevant !

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Peugeot e-3008 : rappel de nos mesures

Nous avons publié la semaine dernière la première partie de ce Supertest. Voici un très bref rappel des chiffres :

  • Parcours mixte : 17,4 kWh/100 km – 420 km
  • Longue distance : 23,3 kWh/100 km – 313 km
  • Eco-conduite : 10,8 kWh/100 km – 676 km

Courbe de recharge du Peugeot e-3008 : un plein utile en 40 minutes

Annoncé avec une puissance de recharge rapide de 160 kW, le Peugeot e-3008 est dans la bonne moyenne de la catégorie sur le papier. Mais, comme toujours, il faut se montrer très prudent avec cette valeur qui ne fait qu’embellir la brochure.

En début de recharge, tout se présente sous les meilleurs auspices, avec un pic constaté de 164 kW jusqu’à 25 % de charge et seulement 15 minutes d’attente pour atteindre les 55 %. Une Cupra Born (batterie SK On de 77 kWh), qui impressionne en matière de recharge, met le même temps. Cependant, la seconde partie de la recharge est très décevante avec des puissances de recharge fortement réduites (36 kW à 80 %, soit -78 % par rapport au pic observé), à laquelle s’ajoute un peu plus d’électrons à recharger sur la seconde moitié de la jauge.

Courbe de recharge type
10 à 80 %  80 à 100 %  10 à 100 %
Temps de recharge (en min) 40 150 (est.) 190 (est.)
Autonomie gagnée (en km) 219 63 282

Bref, au final, il faut compter 40 minutes pour faire le plein du Peugeot e-3008 de 10 à 80 % de charge dans les meilleures des conditions. C’est long, quand la concurrence parvient à passer sous la barre des 30 minutes. Cela se traduit donc par une puissance moyenne de 86 kW, soit un écart de -46 % par rapport au pic annoncé de 160 kW. Toutefois, précisons que rares ont été les fois où nous avons pu atteindre ce temps : malgré une batterie à la bonne température, nous avons parfois chronométré l’exercice entre 45 et 50 minutes sur deux bornes différentes… soit le temps qu’il faut au SUV pour se recharger à froid !

Une fin de recharge interminable

Pire encore, la fin de la recharge est catastrophique. Car, si l’ordinateur de bord indique encore 58 minutes pour passer de 80 à 100 % de charge (ce qui est déjà excessivement long), nous n’avons jamais pu terminer l’exercice : au bout d’une heure, la jauge était toujours à 95 %. Lors d’une seconde tentative, avec un peu plus de temps devant nous, nous avons été plus loin : au bout de 1 h 30 (notez notre dévouement), l’ordinateur de bord indiquait encore 1 h 00 de recharge… à 99 %. En cause : une puissance de recharge qui oscillait lamentablement de 0,8 à 0,9 kW.

Certes, il n’est pas conseillé de recharger au-delà de 80 % sur les bornes de recharge rapide. C’est une perte de temps (comptez en moyenne autant de temps pour le 10-80 % que pour le 80-100 %) et les batteries n’en raffolent guère. Mais les utilisateurs devraient être capables de le faire s’ils en ont l’envie ou le besoin. En l’état actuel, et en partant du principe que les conducteurs aient la patience d’atteindre les 80 %, le reste de la charge est totalement inexploitable en voyage ! Le seul moyen de profiter de l’intégralité de la batterie est donc d’effectuer une recharge lente AC, finalement plus rapide qu’une recharge rapide : grâce au chargeur embarqué de 11 kW en série, le 80-100 % ne réclame « que » 1 h 55, contre 2 h 30 théoriquement. Un comble !

Autonomie récupérée : 194 km en 30 minutes

En se basant sur nos relevés de consommation, et donc sur l’autonomie totale théorique, le Peugeot e-3008 est capable de récupérer 140 km en 15 minutes de recharge. Preuve supplémentaire de ce début de recharge vigoureux : il se situe entre les BMW i5 eDrive40 et Mercedes EQE 350+ dans notre base de données ! Mais en 30 minutes, il ne peut pas récupérer plus de 194 km, ce qui le place non loin de la Peugeot e-308 (187 km en 30 minutes).

Autonomie récupérée
Temps de recharge (en min) 15 30 45 60
Autonomie gagnée (en km) 141 194 228 250

Coût des recharges du Peugeot e-3008

En moyenne, les bornes de recharge rapides ont facturé 57,2 kWh de 10 à 80 % de charge. Soulignons ici le très mauvais rendement de la recharge avec un écart considérable de 11,9 % par rapport à la capacité nette théorique sur cette fourchette ! C’est beaucoup trop, quand la moyenne se situe aux alentours des 6 % selon notre base de données. Au prix moyen de 0,59 €/kWh sur autoroute, cela porte le prix du plein utile à 33,75 €, soit 15,40 €/100 km.

Temps de trajet pour 500 km : 5 h 11

Sur le papier, le Peugeot e-3008 est capable de parcourir ces 500 km via l’autoroute avec un seul arrêt recharge. Cependant, le profil de la seconde partie de la route et notre objectif de 20 % de charge restante à l’arrivée nous obligeraient à recharger le véhicule au-delà des 80 % Ce qui, en l’état actuel de sa courbe de recharge, fera inutilement perdre du temps.

C’est donc une stratégie à deux arrêts que nous avons décidé d’adopter, pour débrancher la voiture au plus tôt. Ce qui implique de se creuser un peu les méninges pour partir avec le bon niveau de charge au départ, arriver avec un pourcentage trop élevé devant la borne faisant aussi perdre du temps. Au final, deux recharges jusqu’à 60 % auront été nécessaire pour parcourir ces 500 km. Ajoutés au temps de trajet et notre forfait de quatre minutes par arrêt habituels, ces ravitaillements d’un total de 43 minutes portent le temps de voyage total à 5 h 11. Dans des conditions rigoureusement identiques, une Peugeot e-308 réclame autant de temps (à peine deux minutes de plus). Un Nissan Ariya 87 parvient à passer la ligne d’arrivée avec dix minutes d’avance. Bref, le résultat du Peugeot e-3008 est dans la moyenne.

Un planificateur embarqué satisfaisant

Le Peugeot e-3008 est pourvu d’un planificateur de trajet embarqué. Complet, il permet de régler le taux de charge à l’arrivée au pourcentage restant près. Lancé sur notre ligne de départ, l’outil nous a aussi proposé deux arrêts pour un total de 46 minutes d’immobilisation pour un temps de trajet total de 5 h 00 (le système s’établit sur un temps de roulage de 4 h 13 et ne prend pas en compte le temps de sortie sur les aires). Pendant la recharge, le dispositif affiche le temps de charge restant et le taux de charge à partir duquel il est possible de débrancher la voiture pour continuer. Il se distingue des autres systèmes par une approche très prudente sur les estimations. Si bien qu’il revoit très régulièrement à la hausse ses projections, et continue même d’annoncer un taux de charge plus faible de deux à trois pour cents à seulement quelques mètres de la station visée. Bref, ce système est un super compagnon de route !

Supertest Peugeot e-3008 : le bilan

Après le succès des deux précédentes générations, le SUV entre dans une nouvelle ère et devient une voiture électrique avec le e-3008. Côté « voiture », ce SUV a de nombreux atouts pour plaire. Chacun se fera un avis sur le coup de crayon torturé à l’extérieur, mais, à l’intérieur, il en met plein la vue avec une présentation techno’, une finition impeccable et un cocon vraiment confortable quels que soient les trajets. S’il n’est plus aussi agile qu’auparavant, son comportement apparaît quand même séduisant. Dommage que l’habitabilité lui fasse sérieusement défaut et que la configuration mécanique ne soit réellement pas à la hauteur.

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Côté « électrique », ses consommations sont correctes, sans plus, que ce soit sur un parcours mixte ou sur autoroute. Mais la batterie suffisamment dimensionnée pour ce type de véhicule lui permet d’envisager des longues étapes au moment de partir. En revanche, le volet recharge est une véritable déception. Car si la présence du chargeur embarqué de 11 kW livré de série est à souligner, le fait de ne pas pouvoir exploiter sans sacrifice la seconde partie de la batterie lors d’une recharge rapide est regrettable. Surtout que le 10-80 % habituel est désespérément long. Mais peut être que ce défaut pourrait facilement être corrigé avec une mise à jour électronique ou avec l’arrivée des nouvelles cellules ACC. En tout cas, on ne peut pas dire que la batterie, garantie huit ans, sera malmenée vu la prudence du système.

Au final, les prestations du Peugeot e-3008 sont finalement dans la moyenne, et il ne creuse pas vraiment l’écart face à la concurrence, que ce soit en matière de comportement, d’habitabilité, de sobriété et de vitesse de recharge. S’il ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire du modèle, il n’est pas une révolution dans le segment. Rappelons que le SUV est accessible à partir de 44 990 € (Allure) et 46 990 € (GT).

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