Caravaning avec une Volvo C40 électrique

Initialement, Aline, Benoît et leurs cinq grands enfants devaient se repartir dans deux voitures électriques. Sans compter le chien. Tout avait été préparé pour cela. Ils ont cependant dû s’adapter à la panne immobilisante de l’une d’elles.

Hybride, PHEV et électrique

C’est Aline qui a amené la voiture électrique dans la famille : « Auparavant, j’avais une Toyota Prius. J’avais alors hésité avec une Hyundai Ioniq hybride que j’avais également essayée. Le concessionnaire m’avait incitée à en faire autant avec la version électrique. J’ai ainsi pu découvrir les deux ». Hésitante, la professeure des écoles a fini par adopter le VE environ deux ans plus tard : « J’ai d’abord eu un Hyundai Kona avant de passer à la Ioniq 38 kWh ».

Responsable en communication pour un opérateur de transport en commun, Benoît roulait alors avec un modèle hybride rechargeable : « J’avais une Volvo V60 D6. J’utilise maintenant un C40 électrique ».

Devenus fidèles chacun à une marque, ils avaient projeté dès l’année dernière d’effectuer le tour de la Suède avec le nouveau Volvo C40 Recharge et la Hyundai Ioniq 5 de Madame. Elle avait tout préparé en ce sens. « Ma femme a passé beaucoup de temps à chercher des points d’intérêt sympas à visiter en Suède ainsi que les bornes de recharge pour y parvenir, en prévoyant différents itinéraires », souligne, admiratif, son mari.

Une inconnue : la consommation avec une caravane

Décider de voyager avec une caravane complexifie les projections : « Nous avons regardé pas mal de vidéos sur Internet dont celles d’Automobile Propre, en espérant trouver la consommation d’une Hyundai Ioniq 5 tractant une caravane ». A Pâques, ils ont effectué un essai en situation réelle : « Depuis le département du Nord où nous habitons, nous sommes allés visiter les château de la Loire ».

Malheureusement, peu de temps avant de partir pour la Suède, la voiture électrique coréenne tombe en panne. Aline a beaucoup surfé sur le Web à ce sujet : « C’est un problème d’ICCU. Il y a un rappel aux Etats-Unis pour cette panne qui intervient un peu plus d’un an après l’achat du véhicule. La Ioniq 5 ne voulait plus charger, puis la 12 V a lâché. C’était le noir total ».

Grâce à l’assistance du constructeur, un Citroën C5 Aircross diesel a été mis à la disposition de la famille. Et pour tracter la caravane, « il a fallu faire installer d’urgence un attelage sur le Volvo C40. Ca a été fait dans les 48 heures. Notre concessionnaire et Hyundai France qui a géré la voiture de dépannage ont vraiment sauvé nos vacances estivales. Chapeau à eux ».

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Toute une organisation à revoir

Ce n’est cependant pas pour rien que la Hyundai Ioniq 5 avait été choisie de préférence au Volvo C40 : «  C’est en raison de la consommation, et donc de l’autonomie. En tractant la caravane, avec la tente sur le toit, l’usage du régulateur, et une vitesse moyenne de 70 km/h sur les voies dégagées, la Ioniq 5 consomme environ 27 kWh/100 km. Soit une autonomie de l’ordre de 200 km avec 20 % de marge ».

Avec le C40, ce n’est plus du tout les mêmes chiffres : « On ne pouvait pas compter sur plus de 160 km, en rognant sur notre marge de sécurité jusqu’à 7-9 %. Sa consommation, en tirant la caravane, grimpe à 35 kWh/100 km. Du coup ça ne passait plus pour visiter certains endroits, notamment en raison d’un maillage pas assez développé en bornes. Nous avons passé plus de temps que prévu à la recharge. C’est en mode dégradé que nous avons vécu nos vacances ».

Caravaning avec une Volvo C40 électrique

D’autant plus qu’un autre événement est venu ralentir le convoi : « Pour notre premier jour en Suède, un roulement a lâché sur la caravane. Le premier garage n’a rien pu faire. Nous avons dû avancer tant bien que mal sur 30 kilomètres pour tomber chez un concessionnaire de caravanes dont l’atelier était fermé. Puis nous sommes tombés sur une femme qui a vécu à Marseille et parlait français. Elle nous a bien aidés, en trouvant quelqu’un pour effectuer au plus vite la réparation ».

Organisation pour dormir

Les nuitées ont pour moitié été vécues en camping : « Dans ce cas, nous dormions dans la caravane avec un de nos enfants dans le petit lit. Deux autres étaient installés dans la tente sur le toit du C40 et les deux derniers avaient chacun une tente individuelle au sol ».

L’organisation était différente en bivouac : « Nous prenions le plus jeune avec nous dans le lit de 2 x 2 mètres dans la caravane, et trois filles dormais sur la tente de toit. Nous étions dans un port de plaisance, une aire de camping-car ou en pleine nature. En Suède, sauf interdiction formulée de façon explicite, il est possible de camper un peu partout dans la nature ».

La Hyundai Ioniq 5 a manqué aussi pour une autre raison : « Nous comptions sur le V2L pour l’éclairage en stationnaire et la recharge des ordinateurs et téléphones. C’est pourquoi nous avons dû recourir à une batterie portative EcoFlow, trop juste pour alimenter le frigo de la caravane. Notre système de secours était rechargé sur une prise allume-cigares en roulant, ou sur le 220 V dans les campings ».

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Un voyage dépaysant

Voyage en mode dégradé peut-être, mais dépaysant et source de souvenirs : « Les meilleurs ont été vécus lors de nos bivouacs en en roulant en Laponie. Nous étions émerveillés de voir des rennes marcher nonchalamment devant nous, courir, faire demi-tour, traverser. Les Suédois ont un rapport différent à la météo. S’il pleut, ils n’hésitent pas à faire du trampoline ou aller à la piscine. Ils disent : ‘Il n’y a pas de mauvaise météo, mais il y a de mauvais équipements’ ».

Les sept passagers et leur chien ont parcouru au total 5 560 km pour effectuer leur tour de Suède en comptant les trajets depuis la France : « Nous sommes montés par le côté est jusqu’en Laponie et en passant au-dessus du cercle polaire, puis nous sommes redescendus par le centre ».

Avec une autonomie limitée, certains panneaux ont pu faire peur : « On voyait parfois des panneaux indiquant une prochaine aire dans 3 kilomètres et la suivante 110 km plus loin. Il y a toutefois des associations ou des clubs de randonneurs qui entretiennent leurs propres sites, avec barbecue, bois coupé à disposition, table, toilettes sèches et parfois même du matériel en libre-service comme des masques, tubas, ballons pour aller à la plage ».

Stations-service

Dans les grands espaces de la Suède, les stations-service jouent des rôles plus importants qu’en France : « Ce sont des supermarchés en miniature où l’on trouve de tout, même si le choix se résume souvent à une seule marque. On peut en sortir avec du charbon de bois, un couteau suisse et tout ce dont on peut avoir besoin. C’est aussi là que sont installées le plus souvent les bornes ».

Un réseau a été privilégié par la grande famille : « Sur les 52 recharges, 31 ont été effectuées chez Ionity. Et ce, en raison de l’abonnement obtenu par l’intermédiaire de Hyundai permettant de bénéficier d’un prix du kilowattheure à 0,29 euro. Ca s’est toujours bien passé chez eux, même si nous avons dû souvent patienter derrière une ou deux voitures entre 20 à 30 minutes pour pouvoir nous brancher. Dans les stations-service, on ne trouve la plupart du temps pas plus de 3, 4 ou 5 bornes ».

Parmi les autres maillages exploités : « Vattenfall et Virta. Nous utilisions alors notre badge Elli, à 51 couronnes le kilowattheure, soit 0,40-0,45 euro. Le premier est suédois. Ses chargeurs 150 kW ne sont pas vraiment fiables. Nous n’y allions que quand nous n’avions pas le choix. Il y a deux câbles, mais le second côté ne fonctionne pas s’il y a déjà une voiture en charge ». C’est très différent chez le Finlandais Virta : « Là, c’est très bien, avec des bornes toutes neuves, regroupées souvent par 6 ou 8 en Laponie ».

La recharge avec la caravane

Il ne doit pas être évident de recharger une voiture électrique qui tracte une caravane : « Dans 80 % des cas, nous n’avons pas eu à dételer. Et ce, sans trop gêner les autres. Parfois en dépassant sur les places d’attente ou sur la voie de circulation du parking. Il ne faut de toute façon que 3 minutes pour décrocher la caravane ».

La situation a toutefois été compliquée une fois : « C’était à une station Tesla en pleine ville. En raison d’un tarif à 0,60 euro le kilowattheure, nous n’allions dans ce réseau que s’il n’y avait pas un autre moyen de recharger. Dans ce site de 7 ou 8 superchargeurs, sans place pour attendre, impossible de nous brancher sans dételer. Et pas de parking autour. Il a fallu trouver un endroit à environ un kilomètre pour décrocher sous une pluie battante la caravane et la laisser là ».

Pas simple non plus pour se restaurer en attendant : « Nous avons dû effectuer des navettes avec le Citroën C5 pour amener tout le monde sur le lieu du repas. Quand nous sommes venus débrancher, nous avons eu la mauvaise surprise de constater que, pour deux minutes à avoir laissé le Volvo C40 après la recharge, la facture totale avait doublé, par pénalité. J’avais oublié que j’avais programmé l’arrêt à 90 % plutôt que de laisser courir jusque 100 % ».

Quelques chiffres

Sur les chargeurs rapides, surtout en période estivale, la courtoisie veut que l’on cède la place lorsque la batterie à retrouvé environ 80 % d’énergie. Dans le cas de cette famille, il était bien difficile de s’y plier : « Nous l’avons fait quand nous n’avions pas plus de 100-110 km à parcourir jusqu’au prochain arrêt. Sinon, avec les 160 km d’autonomie, nous laissions l’opération se dérouler jusque 90 ou 100 % ».

D’où une mobilisation plus importante de la borne : « Le C40 demande 25 minutes pour une recharge de 20 à 80 %. La durée passait à environ une heure quand on laissait filer jusque 100 %. Afin d’optimiser notre temps, nous en profitions pour aller déjeuner ».

Aline et Benoît ont relevé quelques chiffres : « Pour parcourir les 5 560 km sur quatre semaines, nous avons roulé pendant 85 heures. Le montant total des recharges s’élève à 670 euros, contre 700 euros de gazole pour le Citroën C5 Aircross. Le peu de différence s’explique par la caravane à tracter et la tente sur le toit en défaveur de l’électrique. Le permis BE était impératif car nous dépassions de 50 kg la limite des 3,5 tonnes pour le permis B ».

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Un maximum de 800 km au retour

C’est sur le trajet du retour que la plus longue distance ont été avalée : « Au maximum, dans une journée, nous avons parcouru 350 km, en 5 heures en comptant les temps de recharge. Au retour cependant, pour revenir du port de Ferry de Lübeck et rentrer dans le Nord, nous avons réalisé les 800 km entre 22 h 00 et 12 h 00 le lendemain ».

Le conducteur profitait des recharges pour se reposer sur un vrai lit, dans la caravane. L’équipage n’a pas rencontré beaucoup de Français en Suède : « Ils étaient plutôt à Stockholm. En Laponie, nous avons croisé en pleine nature une septuagénaire narbonnaise avec son chien. Ce sont surtout des Suédois, Norvégiens et Allemands que nous avons vus dans les campings ».

Les bornes semblent manquer dans la moitié sud de la Suède : « Nous avons en revanche vu beaucoup de travaux pour en installer de nouvelles ». Amateur de Volvo, Benoît sortait souvent son appareil photo lors des arrêts en station : « En France, on ne voit pas beaucoup de Volvo C40 comme la mienne. En Suède si, c’est très commun ».

OK en mode roadtrip

Aline et lui n’ont pas l’intention d’idéaliser leur périple : « On l’a fait, oui, c’est donc que c’est faisable. En mode roadtrip ça va. On a dû se dépanner une fois seulement sur une borne 22 kW AC. Mais pour parcourir au plus vite 3 000 kilomètres en voiture électrique avec une caravane derrière, c’est plus compliqué ».

Un conseil : « S’aventurer ainsi à l’étranger nécessite de bien préparer son voyage pour trouver à la fois les sites à visiter et les bornes de recharge pour y arriver ».

La Hyundai Ioniq 5 a été récupérée au retour. Sans doute fera-t-elle partie d’un prochain voyage, avec une caravane plus aérodynamique : « Comme elle est 200 kg plus lourde, la consommation ne devrait pas beaucoup évoluer ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Aline et Benoît pour leur témoignage, leur réactivité et leur accueil.