Tesla Model 3 taxi Eric Le Bos

Installé à Santec dans le Finistère, Eric Le Bos a déjà parcouru pour son activité professionnelle davantage de kilomètres avec sa Tesla Model 3 Propulsion à grande autonomie qu’il ne l’aurait fait avec un modèle diesel. Il se demande aujourd’hui jusqu’où la berline électrique pourra bien l’emmener.

Plusieurs milliers d’euros économisés par an

D’abord ambulancier à partir de 2006, puis chauffeur de taxi salarié, Eric Le Bos a créé sa propre entreprise en 2015. Après avoir exploité une Skoda Superb break, il est passé à l’électrique dans un contexte qu’il n’est pas près d’oublier : « C’était dans la période des Gilets Jaunes. J’ai vu le prix du litre de gazole passer de 1,20 à 1,50 euro. C’est donc pour des raisons économiques que j’ai décidé de prendre une voiture électrique, sans même l’essayer. En juin prochain, ça fera cinq ans que je l’utilise ».

Notre lecteur n’a pas hésité entre les marques ni les modèles : « Je suis un fan d’automobiles depuis que je suis tout petit. J’ai suivi l’histoire de Tesla dès le projet de Model S, hélas trop onéreuse pour moi lorsque je me suis installé. C’est pourquoi j’ai un peu plus tard retenu la Model 3, dans une configuration peu courante à laquelle je tenais. Il s’agit d’une propulsion à grande autonomie. Je n’ai pas besoin en Bretagne de la motricité intégrale ».

L’artisan taxi ne regrette pas son choix : « Lors de l’établissement du bilan 2023, mon comptable m’a assuré que cette voiture électrique me fait économiser de l’ordre de 8 000 euros par an par rapport à un modèle consommant 6 litres de gazole à 1,50 euro le litre. Et ce, en tenant compte des économie réalisées sur l’énergie, l’entretien et l’absence d’immobilisation ».

Perception de la clientèle

Les clients ne remarquent pas forcément que le taxi qu’ils empruntent est une voiture électrique : « C’est en particulier le cas des personnes les plus âgées. Elles sont surtout surprises par le design un peu typé sportive et l’habitabilité à bord. En particulier en découvrant qu’elles pénètrent facilement dedans alors que la voiture apparaît assez basse. C’est en discutant ensemble que ces clients apprennent qu’il s’agit d’un modèle électrique ».

L’artisan est témoin de réactions parfois amusantes : « Certains me disent que ‘c’est super d’avoir pu voyager dans la voiture du futur’. Tous sont étonnés du tableau de bord épuré, et quelques-uns pensent même que c’est moi qui ai rajouté le grand écran ».

Il arrive aussi que des personnes viennent vers Eric Le Bos parce que son taxi est électrique : « Un père y tenait pour des trajets quotidiens permettant à son fils de suivre des séances de rééducation fonctionnelle. Nous étions en pleine période de problème d’approvisionnement en carburant. Lors d’un séjour pour des vacances, des personnes voulaient aussi découvrir ainsi la Tesla Model 3. Mais globalement, cette voiture ne m’a pas amené de clientèle supplémentaire ».

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CT vierge à plus de 440 000 km

Un premier petit souci est survenu assez tôt : « La voiture n’avait même pas 20 000 km que la batterie 12 V a lâché. Selon le technicien, le problème pouvait provenir du branchement de mon compteur taximètre. Pourquoi pas, mais je n’ai rien changé et depuis le problème ne s’est pas renouvelé. La batterie auxiliaire a alors été remplacée sous garantie ». Cet épisode a toutefois été perçu comme une expérience « hyper positive » par le professionnel : « J’ai vraiment apprécié le déplacement du technicien à la maison. Les autres constructeurs ont intérêt de s’y mettre. Le succès de Tesla s’explique aussi par un tel service ».

Il a cependant dû venir à l’atelier à Rennes : « C’était pour remplacer ces fameuses rotules, vers 230 000 km. Ca m’a coûté 2 000 euros environ. J’ai profité d’avoir une course en direction de cette ville pour faire effectuer l’opération. Il m’a alors été prêté une Tesla Model S que je suis allé essayer avec mon client ravi de l’occasion ».

Un contrôle technique vierge à 442 000 km : « Je sens qu’il y a encore une petite faiblesse sur le train avant, mais le contrôle technique est toujours vierge. Les disques et plaquettes de frein sont encore d’origine. Je conduis beaucoup à l’anticipation. C’est devenu encore plus facile avec la mise à jour qui m’a apporté la conduite à une pédale ».

Plus de 400 km d’autonomie réelle

La Tesla Model 3 d’Eric Le Bos dispose du Full Self Driving : « Dans ce cadre, une carte mère du système a été remplacée. Elle n’avait pas de problème, mais l’opération était nécessaire pour profiter de la lecture des panneaux. Je dispose du remplacement gratuit à vie en logiciel et matériel pour que la voiture soit dotée d’une autonomie de conduite toujours plus importante ».

La batterie est toujours celle d’origine : « Après une recharge à 100 %, la voiture m’indiquait une autonomie de 530 km lorsqu’elle était neuve. Les chiffres ont chuté très vite au début, mais sont maintenant stabilisés à 430 km. Pour des trajets entre Santec et Brest, avec 50 % de route à 110 km/h et autant à 80, j’ai une autonomie réelle de l’ordre de 400 km, avec une consommation de 16 kWh/100 km ».

La Model 3 de notre interviewé parcourt une moyenne de 500 km par jour : « Auparavant, j’avais deux voitures et licences. Désormais, je partage avec mon employé la Tesla. De sorte qu’elle accumule plus de 100 000 km par an désormais. Si elle tombait en panne, il me reste en secours une Toyota Prius+ ».

Les longs trajets ne font pas peur à notre lecteur : « Depuis Landivisiau, je suis déjà allé à Paris, ce qui représente pas loin de 600 km. Je me suis arrêté en cours de route pour une petite recharge à Rennes puis au Mans. De toute façon, même avec une voiture thermique j’aurais effectué des pauses. A Paris, j’ai dû attendre mon client pendant quatre heures. Les personnes que je transporte sont patientes et curieuses de voir comment ça se passe quand je m’arrête à une borne. Ils ne sont jamais dérangés par ces étapes ».

Jusqu’où ira sa Tesla Model 3 ?

Notre lecteur appréhende l’arrivée au nombre fatidique de cycles de décharge/recharge à partir duquel la capacité de la batterie pourrait chuter rapidement : « Je n’ai pas encore effectué de Scan My Tesla pour connaître l’état de santé du pack. Je me demande si l’autonomie ne va pas chuter brusquement à l’approche du nombre de cycles garantis pour cette chimie NMC. Si je me fie à ce qui se dit, ça pourrait arriver bientôt ».

Concernant le ravitaillement en énergie, cette Model 3 Propulsion LR n’est pas maltraitée : « Je recharge à 50 % du temps chez moi, et le reste à l’extérieur. On n’avait d’abord que des bornes 30 kW ici avec le syndicat de l’énergie, puis le 50 kW est arrivé avec Lidl. Maintenant il y a des superchargeurs Tesla 250 kW à Brest et Morlaix. Le McDo de Saint-Pol-de-Léon propose aussi deux points DC 250 kW ».

Cette puissance, Eric Le Bos ne l’observe jamais : « Au maxi, la courbe atteint les 150 kW. Sauf pour les longs trajets, je n’ai pas besoin d’une grande recharge à l’extérieur. Pas de quoi nécessiter de pré-conditionner le pack ».

La voiture devrait encore servir un bon moment les Finistériens du secteur de Santec : « J’avais eu la possibilité de bien la revendre à 230 000 km. Une personne rencontrée sur le parking du Lidl de Brest m’en proposait 25 000 euros. J’étais prêt à m’en séparer, à condition de trouver une Model S avec la recharge gratuite à vie. Mais je n’ai rien vu qui pouvait me convenir. Désormais, j’ai envie de découvrir jusqu’où ma Model 3 pourra aller ».

L’état du véhicule aujourd’hui

Globalement, la berline électrique d’Eric Le Bos ne souffre pas du poids de son kilométrage : « Encore quasiment comme neuf, l’intérieur de ma Tesla Model 3 tient mieux le choc que celui des autres voitures. La densité de la mousse des sièges n’a pas bougé. Il y a bien quelques grincements du mobilier qui se font entendre sur des routes bien dégradées, en raison d’attaches qui ont mal vieilli. C’est pareil sur d’autres modèles ».

Et à l’extérieur ? « Il n’y a pas de grosses dégradations. Toutefois le vernis sur la peinture noire est trop fin, pas d’assez bonne qualité. Il y a une sorte d’effet de ponçage au niveau des bas de caisse. A l’avant de la voiture, on trouve aussi des impacts de gravillon ».

Les défauts les plus ennuyeux selon notre interlocuteur ? « Les essuie-glaces et phares automatiques ne sont franchement pas au niveau. C’est vraiment étonnant pour un véhicule aussi technologique que la Model 3. Ce sont des problèmes récurrents et qui ne devraient pas être si compliqués à résoudre. Pour les essuie-glaces, par exemple, une meilleure lentille de détection devrait bien faire l’affaire ».

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Quelle voiture demain ?

Dans le Finistère, Eric Le Bos n’est pas le seul artisan taxi à exploiter des voitures électriques : « De plus en plus de collègues s’y mettent. A Brest, l’un d’eux doit avoir deux Tesla Model S et deux Model 3. Plus proche, et effectuant également du transport médical assis, un autre a pris une Model 3 après avoir essayé la mienne ».

Notre lecteur rencontre encore toutefois « des gens qui ne croient pas que le véhicule électrique va continuer à se développer, pensant que c’est aujourd’hui un effet de mode ». Des détracteurs du VE, il en croise, qui lui disent : « Vous verrez quand vous aurez à changer la batterie ». Le professionnel ne s’inquiète pas : « J’ai déjà parcouru avec cette voiture davantage de kilomètres qu’avec mes précédents modèles diesel ».

Et s’il devait remplacer maintenant sa Model 3 pour son activité professionnelle ? « Ce serait une électrique. Il y a de fortes chances pour que je reprenne une Tesla. Kia et Hyundai proposent aussi des modèles très intéressants. Sauf si j’avais besoin d’un véhicule à sept places, je ne prendrais pas le Kia EV9 trop imposant, mais plutôt la Hyundai Ioniq 6 qui est une concurrente directe de la Tesla Model 3, peut-être même meilleure. En revanche, je suis un peu déçu par BYD. Je pensais que leurs modèles seraient mieux, avec une recharge plus puissante et une autonomie plus élevée ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Eric Le Bos pour sa disponibilité, le temps pris à répondre à nos questions, et son témoignage que nous avons sollicité.