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Avec Izivia, exploitant technique de ses bornes pour véhicules électriques en stations-service, Avia se réjouit du développement de son réseau de recharge. Peut-on vraiment partager cet enthousiasme ?
Dans un communiqué de presse commun avec Izivia, et daté du 23 novembre 2021, Avia informe avoir « équipé de 28 bornes rapides de 50 kW » ses stations du réseau autoroutier français. Et ce, afin de « faciliter l’électromobilité sur les trajets longues distances ».
L’enseigne en profite pour jeter l’éclairage sur son programme de déploiement de matériel 22 kW AC dans ses établissements des villes et campagnes.
Tout cela semble si dépassé aujourd’hui, avec les nouvelles voitures électriques qui arrivent sur le marché. Et, surtout, avec l’offre bien plus adaptée d’une concurrence vraiment crédible représentée par Total, Ionity et Fastned. Sans compter l’ouverture des superchargeurs Tesla.
Le groupe coréen Kia-Hyundai vient d’introduire sur le marché les EV6 et Ioniq 5 dont la puissance de recharge peut monter quelques minutes jusque 230-240 kW. Ces modèles font encore figure d’exceptions, mais on y vient. Le BMW iX xDrive 50i, par exemple, est à 200 kW.
Le standard est plutôt aujourd’hui dans la tranche 100-150 kW. À 100 kW, on trouve différents VE du groupe Stellantis dont les Peugeot e-208 et Opel Corsa-e, mais aussi le Mercedes EQA. On trouve une puissance maximum de 125 kW dans le groupe Volkswagen, avec les VW ID.3 et Skoda Enyak. Les 150 kW sont affichés pour les Volvo XC40 Recharge et Audi e-tron.
Avia et Izivia indiquent dans leur communiqué que les bornes 50 kW permettent une « recharge rapide des véhicules électriques à 80 % de capacité en 30 minutes ». Même si sur le site, mais pas sur le PDF, un astérisque précise que c’est « selon les modèles de véhicules et les conditions de conduite ». Les conditions de conduites !? Ah oui, en raison de l’échauffement des batteries sans doute. Dans ce cas, d’accord !
Quoi qu’il en soit, « 80 % de capacité en 30 minutes », c’est déjà de l’histoire ancienne. Car ce n’est possible réellement que pour des voitures électriques avec des packs lithium-ion de 35-40 kWh de capacité énergétique au maximum. C’est-à-dire celles qu’on ne voit quasiment pas ou plus sur les autoroutes.
Avec sa batterie 50 kWh, l’Opel Corsa-e nécessiterait par exemple 33 minutes d’immobilisation, selon notre simulateur. Mais c’est en oubliant que la puissance maximale de 50 kW ne sera de toute façon jamais atteinte. On déborde donc déjà d’une dizaine de 10 minutes, sur le terrain, avec cette polyvalente électrique. C’est souvent une heure et plus qu’il faut pour aller en réalité de 20 à 80 % avec les VE à batterie de forte capacité.
Aujourd’hui déjà, il est possible de recharger jusqu’à leur puissance maximale les Kia EV6 et Hyundai Ioniq 5 sur les réseaux Ionity et Fastned. Les 2 opérateurs sont prêts au minimum pour les 300 kW. Ionity annonce même 350 kW. Concurrent d’Avia, Total n’en est pas à ce niveau, mais propose tout de même une puissance de recharge jusque 175 kW. C’est très cohérent avec les voitures électriques qui viennent d’arriver sur le marché.
Ce qui fait également la supériorité des 3 réseaux, c’est de proposer plusieurs points de recharge. Au minimum 4, avec le plus souvent la possibilité d’évoluer vers un nombre supérieur déjà prévu. Une seule borne dans une station d’autoroute, ce n’est tout simplement plus possible aujourd’hui ! Et surtout, c’est stressant pour un électromobiliste qui devrait compter dessus.
Heureusement, comme en témoigne notre photo en tête du présent article, quelques sites Ionity et Tesla occupent des parts de foncier de stations de l’enseigne.
Imaginons que dans une station-service d’autoroute on ne trouve qu’une seule pompe de gazole. Comment feraient les automobilistes si elle tombait en panne ? Ils iraient certainement à la suivante, car la réserve permettrait le plus souvent de le faire. C’est moins vrai avec une voiture électrique qui aura une autonomie totale parfois bien inférieure à un modèle thermique en roulant sur les voies rapides.
Les pannes de bornes 50 kW dans les stations Avia : il y en a, comme ailleurs bien sûr. Prenons au hasard celle de l’aire des Jardins de Villandry, sur l’autoroute A85. En se limitant à novembre 2021, elle a été annoncée sur Chargemap comme défectueuse les 26, 16, 13 et 8. Les 28 bornes 50 kW du réseau ne sont heureusement pas toutes dans ce cas.
À noter que certaines, au moins, sont localisées en lieu et place des anciennes bornes du réseau Corri-Door qu’Izivia n’a pas su maintenir.
Le communiqué de presse ne mentionne que l’usage du Pass Avia e-mobilité pour accéder aux bornes 50 kW. Ce que ne veulent justement plus les électromobilistes, surtout pour un réseau aussi chiche. En visitant le site www.avia-e-mobilité.com, on apprend qu’il est heureusement possible de débloquer autrement ces chargeurs. Ainsi avec l’application smartphone dédiée et par carte bancaire en ligne avec flashage de QR Code.
Concernant l’interopérabilité, c’est beaucoup plus flou. Avia et Izivia renvoient individuellement les électromobilistes vers leurs opérateurs. Le Chargemap Pass, par exemple, n’est pas accepté. Derrière, le badge bleu, il y a tout de même pas loin du million de membres, même s’ils ne sont pas tous des utilisateurs du précieux sésame. Est-ce concevable aujourd’hui, pour un réseau qui se veut ouvert au public ?
Parlons tarifs maintenant. Sur la première demi-heure, la minute est facturée 0,30 et 0,40 euro, selon que l’usager est abonné ou visiteur. Au-delà, c’est 0,80 euro toutes les 60 secondes.
Même si nous ne partageons pas l’enthousiasme de Avia et Izivia concernant les caractéristiques de ce réseau, ce n’est pas pour autant que nous n’en voyons pas l’intérêt. Toute nouvelle borne de recharge est un plus en substance. En revanche, suivant le niveau de disponibilité et d’adéquation, l’utilité sera différente et les visites plus ou moins fréquentes.
Clairement, il n’est pas prudent du tout de compter sur une borne isolée quand on effectue un long trajet sur autoroute. Ce type de chargeurs ne doit être utilisé qu’en dépannage ou de façon opportune.
Par exemple, sans véritable besoin de recharge, vous arrivez sur une aire de service où se trouve une station Avia équipée d’une telle borne. Si elle est libre, autant en profiter pour regagner de l’autonomie le temps d’une petite pause. Si elle ne l’est pas ou si elle est en panne, ce ne serait alors pas un problème.
En point positif, la présence des 3 connecteurs AC 43 kW, et DC CHAdeMO et Combo CCS. Les 2 premiers sont peu favorisés sur les autoroutes.
Pour les villes et les milieux ruraux, Avia pense déployer des bornes 22 kW AC avec connecteur T2 et prise domestique. Les 4 premières ont déjà été installées. Trois en Côte-d’Or. Plus précisément à Dijon, Chevigny-Saint-Sauveur et Créancey. La dernière à Nogent, en Haute-Marne.
Des chargeurs 22 kW DC auraient été plus utiles, car exploitables au maximum de la puissance par une majorité de voitures électriques via les connecteurs pour la recharge rapide. En courant alternatif, le flux sera nécessairement limité par les chargeurs embarqués 7 ou 11 kW dans les véhicules électriques.
Qui voudra attendre plus d’une heure dans une station-service pour ne retrouver que 50 kilomètres d’autonomie ? Là encore, l’usage risque d’être surtout pour du dépannage ou un petit complément au passage.
Les tarifs sont ici moins élevés, bien sûr. Abonné ou visiteur, les 60 premières minutes seront chacune facturées respectivement 0,06 ou 0,09 euro. Ensuite, ce sera pour tout le monde 0,15 euro par nouvelle tranche de 60 secondes.
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