MG ZS EV

Lorsque Lucien a voulu passer à l’électrique, le V2L n’était pas un critère d’achat pour lui. C’est en découvrant ce que cette technologie permet de faire que notre lecteur septuagénaire a eu l’idée de l’exploiter lors des jours les plus chers du tarif EDF Tempo.

Petit rappel concernant l’offre Tempo

C’est pour inciter à consommer beaucoup moins lors des jours de plus fortes demandes en électricité que le très attractif tarif Tempo est proposé par EDF. Selon la grille applicable depuis le 1er février 2024, dans les périodes calmes (300 jours bleus par an) et aux heures pleines, le kilowattheure ne coûte que 16,09 cents d’euro. C’est bien en dessous des 25,16 cents de l’offre de base et des 27,00 cents de la formule dérivée heures creuses/ heures pleines.

Pour ces deux abonnements plus connus, la tarification est valable toute l’année. Ce n’est pas le cas de Tempo qui voit rouge 22 jours en hiver. Les chiffres s’envolent alors à 75,62 cents dans la journée. Ils retombent heureusement à 15,68 cents la nuit, plus précisément entre 22 h 00 et 6 h 00 le lendemain matin. Entre les deux, un palier intermédiaire repéré en blanc 43 jours dans l’année. Le tarif Tempo est donc à éviter si l’on chauffe sa maison à l’électricité. Sauf à avoir une solution de remplacement.

« Quand j’ai voulu m’abonner au tarif Tempo, EDF m’a demandé si j’avais un autre moyen de me chauffer que ma pompe à chaleur. A l’époque, j’ai répondu que je pouvais utiliser une cheminée, ce qui était bien mon intention. EDF n’accorde le Tempo qu’à ceux qui ont la possibilité de se chauffer autrement les jours de pic de consommation », témoigne Lucien.

Pourquoi une voitures électrique ?

Avant de passer à l’électrique, notre lecteur roulait avec une Mazda CX-30 dont il appréciait la ligne. Il aurait logiquement pu la remplacer par la Mazda MX-30 très proche en style : « Je l’ai écartée parce qu’elle n’avait pas la possibilité de tracter au moins une petite remorque bagagère. J’en ai impérativement besoin pour aller à la déchetterie mais aussi pour ramener du compost ou du sable que je vais chercher à 25 km de chez moi ».

Pour Lucien, adopter une voiture électrique était motivé par un double souhait : « Nous habitons dans une maison individuelle avec un garage au sous-sol. Je ne voulais plus sentir d’odeur d’essence à chaque démarrage du véhicule, parfois pour seulement le bouger un peu. Et puis je tenais à bénéficier à nouveau du confort de conduite et de manœuvre auquel j’avais goûté avec une Toyota Prius 2, mais que je ne retrouve pas de la même manière avec un modèle thermique équipé d’une boîte automatique ».

Notre interlocuteur a tourné le dos aux électriques proposés « à des tarifs faramineux » : « J’ai aussi fait le choix de la LLD, parce que je sais qu’un jour j’arrêterai de conduire. A ce moment-là, je ne veux pas avoir une voiture sur les bras ».

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Un cran en dessous de la Mazda

Le choix du modèle a été réalisé à la suite d’une phase de recherche sur le Net : « Je m’appuie beaucoup sur les forums. Un jour j’ai vu passer une phrase qui m’a convaincu, disant que la MG ZV EV est une voiture électrique qui peut tracter une remorque ».

Lucien a commandé son exemplaire sans l’essayer : « Plus jeune, je faisais davantage attention. Comme je n’ai jamais été déçu par une voiture, j’estime que l’essai est secondaire. Déjà parce que l’on ne découvre souvent les défauts qu’après, dans le quotidien. Mais aussi en raison des améliorations constantes que connaît l’automobile. L’essai sert surtout à s’assurer que le modèle offre une bonne position de conduite ».

Des points perfectibles, il y en a sur cette voiture chinoise : « Avec elle, j’ai baissé d’un cran par rapport à la Mazda. L’image qui provient de la caméra n’est pas terrible et les aides à la conduite ne sont pas du même niveau. Avec la CX-30, j’étais prévenu bien à l’avance en cas de danger. J’ai testé la MG ZS EV en déposant un carton sur son chemin : elle avance dessus sans rien signaler. Sur la route, les rectifications sont assez brutales et c’est franchement désagréable. Mais elles permettent de se ressaisir et le véhicule revient bien dans la voie ».

400 euros le câble d’origine pour le V2L…

Prendre livraison d’une voiture n’est pas toujours simple, et parfois source de mécontentements : « Lors de mon achat, il me fallait me déplacer à une centaine de kilomètres de chez moi pour rejoindre une concession. Depuis, il y en a une pas très loin de chez moi, ce qui facilite l’entretien. En revanche l’attelage n’était pas monté, ni même reçu quand je suis aller chercher ma ZS EV ».

Il semble que les difficultés pour obtenir un attelage soient un problème récurrent. Il nous est souvent signalé par nos lecteurs, et ce n’est pas spécifique à MG, même si la MG4 est également concernée. Des propriétaires de Tesla et de BYD nous ont rapporté le même désagrément, avec un flou important laissant craindre que l’option et même l’homologation seraient passées à la trappe. Cet équipement ne serait-il pas pris au sérieux par les constructeurs ou les concessions ?

Revenons au témoignage de Lucien auquel la fonctionnalité V2L avait bien été présentée : « Le vendeur m’avait parlé d’une prise à acheter pour brancher des appareils en 220 V sur la voiture. Je ne m’y étais pas intéressé, d’autant plus que le câble était facturé 400 euros. C’est plus tard que j’ai réfléchi, en découvrant sur un forum une publicité de MG qui invitait à utiliser un barbecue électrique avec son système. Je me suis dit que la puissance devait être assez élevée pour supporter cet appareil. Je n’ai pas trouvé sa limite dans les communications du constructeur ».

…mais pas plus de 200 euros pour le réaliser soi-même

En repensant à la fonctionnalité V2L, Lucien a trouvé différentes applications intéressantes possibles pour lui : « J’ai effectivement un point critique au niveau électrique. J’ai une pompe de relevage des eaux de pluie. Sans elle, en cas d’orage, je peux me retrouver avec 10 cm d’eau dans le garage. Et c’est bien sûr en cas d’orage que l’on peut avoir à la fois des fortes précipitations et une coupure de courant. J’avais acheté un groupe électrogène en secours pour gérer une telle situation. Maintenant, je peux compter sur ma voiture électrique ».

Au bout de quelques échanges sur les forums, notre lecteur a affiné son nouveau projet : « J’ai aussi pensé aux volets roulants électriques de la maison qui pourraient être dépannés avec le V2L. En discutant sur Internet, j’ai pu être convaincu que la puissance serait suffisante pour certains de mes besoins. J’ai alors décidé de fabriquer moi-même le câble ».

L’ensemble se compose « d’un câble 3 x 6 mm2 d’une longueur de 15 m pour pouvoir atteindre le compteur, d’une prise domestique, d’une prise T2, de résistances, d’un compteur, d’interrupteurs et d’inverseurs. Acheté l’été dernier, le tout m’a coûté environ 200 euros, déjà amortis au cours de cet hiver. A part pour le câble, je suis passé par AliExpress. En prenant tout à la boutique du coin, il faudrait un hiver de plus pour rentrer dans les frais ».

Différentes utilisations possibles

Lucien à trouvé sur les forums toutes les explications dont il avait besoin pour réaliser son dispositif de secours : « Sur le tableau électrique, j’ai deux commutateurs de source, l’un pour la pompe à chaleur air-air, la pompe de relevage ou tout autre chose que je branche sur l’alimentation de secours, et le second pour le reste de la maison en passant par le boîtier habituel ».

En exemple d’alimentation externe, le câble orange sur la photo était relié à la pompe de relevage. Pour une exploitation V2H (vehicle-to-Home), tout le dispositif était prêt au bon moment : « C’était à l’occasion d’une coupure de courant programmée par EDF. Grâce au V2L de la MG ZS EV, j’ai pu me servir de l’ordinateur, du four micro-ondes et de la lumière, manœuvrer les volets roulants et alimenter le frigo. J’ai également pu tester mon dispositif de secours pour la pompe de relevage : ça fonctionne aussi ».

Alimentation de secours via V2L

Notre lecteur n’a pas trouvé au jour de l’interview la puissance maximale exploitable avec le V2L de sa voiture électrique : « Avec la pompe à chaleur, j’ai vu monter une fois le compteur jusque 3 kW. Grâce à l’inverter, la montée s’effectue doucement. La voiture a coupé une fois l’alimentation quand j’ai branché un éclairage Led. Depuis j’ai ajouté un système antiparasite. C’était aussi arrivé à une personne d’un forum où je vais. Il avait relié des plaques à induction ».

On oublie la cheminée pour le chauffage

Que se passe-t-il ensuite, quand la MG ZS EV a coupé l’alimentation ? « Les coupures montrent que la voiture est très bien protégée. Le système se remet ensuite en marche tout seul une fois débranchée la source qui pose problème. C’est bien fait. En revanche la voiture doit être démarrée pour utiliser le V2L. Sinon la batterie 12 V se décharge. Ce qui impose aussi de laisser les portes déverrouillées. Ca ne me pose pas de problème puisque la voiture est alors dans le garage ».

Les jours rouges, Lucien n’utilise finalement pas sa cheminée : « Aux heures pleines, je commence par arrêter le chauffage. Je branche ensuite la pompe à chaleur par un câble à l’alimentation de secours, puis je remets en marche. C’est bien plus confortable que de démarrer le feu dans la cheminée. Nous n’utilisons pas en journée ces jours-là les appareils électriques gros consommateurs qui feraient tourner le compteur principal au tarif dissuasif. Eventuellement on attend le tarif heure creuse pour cela ».

Ce qui pourrait imposer d’augmenter la puissance de l’abonnement EDF : « C’est un inconvénient que nous n’avons pas vu venir. Il est causé par le fait de regrouper sur les huit heures de nuit, au tarif Tempo heures creuses, le ballon d’eau chaude, le lave-vaisselle, le lave-linge, le chauffage et la recharge de la voiture. Mais en balance, nous évitions la corvée de la cheminée ».

10 euros économisés par jour rouge

Le système de notre lecteur fonctionne très bien : « Cet hiver, aux heures pleines, tous les jours rouges nous nous sommes chauffés grâce à notre voiture électrique. Ce ne serait sans doute pas nécessaire pour un couple plus jeune qui travaille à l’extérieur. Etant retraités, nous sommes à la maison dans la journée. Nous avons chauffé les pièces de jour et limité le plus possible dans les autres ».

Lucien a cherché à déterminer le gain potentiel de sa solution : « En moyenne, sur 4 jours, l’énergie pompée sur la voiture en janvier a tourné autour de 20 kWh par jour rouge. Pour remettre ces 20 kWh dans la batterie, il a fallu consommer à peu près 28 kWh en heures de nuit. Au tarif rouge, ça coûte environ 4,40 euros. Moins aux heures creuses des jours blancs ou bleus. Au tarif rouge de jour, les 20 kWh auraient coûté 15 euros. Ce qui donne donc une économie d’un peu plus de 10 euros par jour ».

Soit 220 euros pour les 22 jours rouges de l’année, à comparer aux 200 euros de matériel acheté pour mettre en place l’alimentation de secours. A noter qu’une partie des pertes est causée par le fait de devoir laisser le véhicule démarré – donc avec les feux diurnes allumés – pour pouvoir exploiter le V2L.

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Une satisfaction morale

L’économie maximale est obtenue en étant très attentif : « Je recharge la voiture en fonction du tarif du lendemain. Plutôt que de recharger de suite une nuit rouge, il est ainsi préférable d’atteindre la nuit suivante si elle est en blanc. En général, le samedi et le dimanche sont bleus. En tenant compte des marges de sécurité, la capacité de la batterie 70 kWh est un peu juste pour alimenter le chauffage deux jours de suite. En été, pour les appareils électriques de la maison, j’en ai pour la semaine ».

Lucien se réjouit : « J’ai la satisfaction morale de respecter l’esprit du tarif Tempo avec une consommation limitée dans la journée en provenance du réseau. Et j’y tiens. Pour moi, c’est un engagement moral, une démarche citoyenne. J’ai trouvé la solution qui me convient pour bien jouer le jeu ».

Et s’il devait arrêter de conduire ? « Je verrais bien ce que je ferais à ce moment-là. Je reviendrais peut-être à un autre tarif EDF ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Lucien pour sa disponibilité, le temps pris à répondre à nos questions, et son témoignage très intéressant que nous avons sollicité.