En septembre 2021, Guillaume Castevert et Romain Hédouin ont parcouru très exactement 5 887 kilomètres en 70 heures et 49 minutes avec une Tesla Model 3. Ils ont couvert un tracé entre le sud du Portugal et le nord de la Norvège en s’appuyant sur les superchargeurs du constructeur américain. Leur souhait aujourd’hui : que leur record soit battu, et pourquoi pas avec une voiture électrique d’une autre marque. Ils nous expliquent pourquoi c’est désormais possible en 2022.
Vite et loin en voiture électrique
« Avec notre European Electric Cannonball, nous voulions prouver qu’il est possible de voyager vite et loin avec une voiture électrique. Vite, mais en respectant les vitesses légales. Nous voulions lancer un parcours reproductible afin de montrer l’évolution des VE et de la recharge au fil du temps », nous explique Guillaume Castevert que nous avons rencontré le samedi 8 octobre 2022 au rallye d’éco-conduite organisé par l’Automobile club du sud-ouest.
« 3 jours / 6 000 km : j’aime ce côté hyperlatif, démesuré, ces chiffres qui peuvent choquer quand ils sont assemblés », lance à son tour Romain Hédouin, joint par téléphone. En à peine 3 jours, ils ont rejoint le cap Nord depuis le cap Saint-Vincent avec la Tesla Model 3 Long Range de Guillaume.
Entre le Portugal et la Norvège, ils sont passés par l’Espagne, la France, la Belgique, l’Allemagne, le Danemark, et la Suède. « Et un petit bandeau de Finlande entre la Suède et la Norvège », rectifie le jeune copilote.
Cannonball ?
« Cannonball, c’est-à-dire ‘boulet de canon’, c’est un terme très utilisé pour qualifier les traversées d’une côte à l’autre aux États-Unis. Contrairement à notre périple, les vitesses légales ne sont pas toujours respectées dans ces raids », traduit Romain Hédouin. Les deux amis ont été motivés dans leur projet par de précédentes performances.
Ainsi celle réalisée en 2014 avec une Model S uniquement rechargée sur des superchargeurs Tesla : 5 514 km en 76 heures. Le vrai déclencheur, c’est le Transcanadian Lightning Run. En 73 heures, et dans de sévères conditions hivernales, ils ont rejoint Halifax au bout de 6 131 km, en partant de Vancouver avec leur Model 3.
« C’était au début du mois de mars 2020. Une vingtaine de nouvelles stations de recharge Tesla venaient d’être mises en service. J’en ai parlé à Romain avec lequel j’étais alors déjà en contact via Twitter. Nous avons attendu 18 mois pour être dans de bonnes conditions, en particulier du fait de la Covid-19. En outre, pour aller au cap Nord, la bonne fenêtre s’étend de juin à septembre », précise Guillaume Castevert.
Réunis par une même passion pour la Model 3
Guillaume Castevert et Romain Hédouin présentent de très différents profils. Le premier, quinquagénaire, s’est investi longtemps professionnellement dans l’autopartage à Bordeaux avec Citiz : « Pendant plus de 10 ans, entre 2009 et 2019, je n’ai pas eu de voiture personnelle. En 2008, je m’étais intéressé au roadster Tesla, puis 3 ans après, j’ai essayé une Renault Fluence Z.E. Je souhaitais une voiture électrique pour voyager ».
« À la suite d’une présentation de la Model 3, le 31 mars 2016, j’ai réservé de suite mon exemplaire, comme 150 000 personnes à travers le monde. J’avais choisi ma Long Range en rouge avec des jantes de 19 pouces très jolies. Il m’a fallu attendre 3 ans pour la recevoir enfin en 2019 », complète-t-il. Il réoriente actuellement sa vie professionnelle pour devenir VTC : « Ce sera avec une Tesla Model S Plaid. Je serai ainsi payé pour conduire ma voiture de prédilection ».
À 24 ans, Romain Hédouin est développeur de logiciels en cybersécurité. Lui aussi possède une Tesla Model 3 : « C’est une version Standard de 2021 que j’ai reçue avant le Cannonball. C’est ma troisième voiture. Ma première était une Peugeot 406 coupé que j’ai pu remplacer par une Renault Zoé d’occasion de 2013 lorsque j’ai commencé à travailler ».
La fatigue en principale difficulté
« La Tesla Model 3 ne nous a quasiment jamais limités. Pendant le voyage, nous avons peu mangé. Nous avons consacré le temps des pauses recharge, en moyenne toutes les 2 heures, à prendre les photos à publier sur les réseaux sociaux et planifier l’étape suivante. Nous tenions à nous assurer que la station retenue était bien le choix optimal », souligne Romain Hédouin.
Combien de temps pour ces arrêts ? « Environ 18 minutes en moyenne », répond Guillaume Castevert. « Avec la plus courte dans les 8 minutes. Nous profitions aussi de ces pauses pour changer de conducteur. A deux reprises, toutefois, nous avons dû effectuer le passage de relais plus tôt, et notamment en plein désert suédois », complète son copilote.
« Si je devais revivre ce périple, ce serait à trois. D’ailleurs, nous le referons peut-être pour battre notre record. À ceux qui voudraient le tenter aussi, je conseille également de partir à trois conducteurs. À deux, c’est très fatiguant et potentiellement dangereux », prévient-il.
Uniquement des superchargeurs
« Si nous avons pu réaliser ce trajet entre le magnifique cap Saint-Vincent et la falaise du cap Nord, c’est grâce aux superchargeurs. Nous nous sommes totalement appuyés sur eux, avec 31 recharges au total. Une seule a posé problème, à Angoulême, que nous avons immédiatement résolu en nous branchant sur la stèle à côté », détaille Guillaume Castevert.
« Depuis Trondheim, en Norvège, c’est-à-dire pour les derniers 1 000 kilomètres, on n’avait rien d’autre que des superchargeurs Tesla. C’est pour cela que seules des voitures électriques de la marque pouvaient il y a encore peu réaliser ce parcours en si peu de temps », souligne-t-il.
« Aujourd’hui, ce serait différent, pour deux raisons essentielles. Déjà parce qu’on pourrait s’appuyer en partie sur les stations Ionity et Fastned qui ont été mises en service depuis. Ensuite parce que l’ouverture des superchargeurs Tesla rend possible notre performance avec des voitures électriques d’autres marques », argumente-t-il.
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« En temps, on peut aussi faire mieux grâce à la puissance gagnée au niveau de la recharge, mais aussi parce que l’ouverture d’une nouvelle station Tesla évite un détour de 50 km qui nous amenait dans les bouchons de Stockholm », encourage Guillaume Castevert.
« Mais attention : nous tenons à ce que le gain sur le chronomètre ne se fasse pas au mépris des vitesses légales. De notre côté, nous avons publié sur Youtube une vidéo de presque 5 heures en timelapse x15 où la vitesse instantanée du véhicule est visible tout au long du parcours. Ce qui ne nous a pas empêchés de filer jusqu’à 234 km/h en Allemagne », rapporte-t-il.
« C’était une expérience vraiment extraordinaire. Elle est difficile pour moi à battre aujourd’hui en termes de nostalgie, adrénaline et amitié. Un groupe de sept ou huit Belges est venu à notre rencontre pendant le trajet, avec des gâteaux maison et des boissons. En plein milieu de la Suède, Niko a fait 30 minutes de route aller, et autant au retour, pour nous retrouver à un superchargeur », se rappelle pour sa part Romain Hédouin.
Qui pour battre le record
« Ma plus grande satisfaction, c’est d’avoir, Guillaume et moi, réussi à prouver ce que personne ne voulait croire intuitivement. Depuis, je recherche d’autres défis à réaliser. Par exemple un Paris-Pékin en voiture électrique ou voyager loin uniquement avec de l’énergie renouvelable. Je pense aussi à des challenges autrement qu’en voiture », révèle le jeune copilote.
« Depuis l’European Electric Cannonbal, je suis aussi allé avec ma Model 3 en Croatie, Suisse, Italie et aux Pays-Bas. En tout, j’ai déjà visité 10 pays avec cette voiture cette année, contre 9 avec notre raid. Le mentionner inspire toujours de la surprise. L’accueil est chaque fois très positif », poursuit-il.
« Guillaume et moi invitons quiconque est prêt à essayer de battre notre record, avec la voiture électrique de son choix, à relever le challenge », conclut-il. Le détail du voyage, avec un maximum d’informations, sont à retrouver en suivant l’adresse cannonball.teslastars.fr.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Guillaume Castevert et Romain Hédouin pour le temps consacré à répondre à nos questions et leur patience.
Déjà du mal à faire 800 kms….alors…
L’insistance sur le respect des limitations m’a fait sourire : tout le monde sait, par ici, que vouloir rouler plus vite revient à perdre du temps sur un trajet long.
En l’occurence, ça fait une moyenne de 83 km/h, arrêts compris. Compte tenu des lois mathématiques qui régissent le calcul d’une moyenne, il est bien plus efficace de diminuer le nombre d’arrêts, quitte à rouler moins vite, que d’augmenter la vitesse entre les arrêts.
Là, on a un arrêt en moyenne tous les 190 km, ça me paraît relativement peu efficace pour une TM3 LR qui pourrait faire des étapes de 300 km voire bien plus sans trop d’effort. Les arrêts seraient un peu plus long, mais ça en enlève quelques-uns et ça allonge un peu les temps de pause, ce qui aurait été appréciés par les conducteurs, semble-t-il. Et le temps de rejoindre les stations n’est pas négligeable dans le temps total du parcours : on donne toujours la durée de charge, rarement le temps perdu dans les détours pour atteindre le chargeur. Et encore, les km parcourus dans ces détours font partie du record, alors que ce sont plutôt des km inutiles dans la vraie vie.
Et des étapes de 190 km, vues d’un VT, ça fait quand même peu avant de devoir s’arrêter ! Pouvoir rouler 2h sans arrêt me paraît quand même être un minimum quand on veut voyager.
C’est un argumentaire supplémentaire pour calmer le scepticisme et autre mauvaise foi rencontré chaque jour sur les réelles capacités des véhicules électriques, pour quelques kW ce n’est pas cher payé. Merci à eux, une belle expérience.
Pas moi non plus.
A 1ère vue je me suis dit que c’est le genre de performance que je trouve ridicule. Et puis je me suis dit que c’était pour montrer que l’on pouvait aller loin et vite (en temps de charge) avec un VE, donc pour promouvoir le VE.
Au final je n’en pense plus grand chose.
Quand je voyage c’est pour… voyager. J’écarte la notion de vitesse. Par expérience je sais que aller vite va contre mon plaisir.
Pour aller vite et loin… je prends le train ou l’avion, nettement plus reposants.
« je recherche d’autres défis à réaliser »
Une idée : gagner les 24h du Mans auto avec un VE. Pour l’instant les VE en sont très loin.
C’est peut être jouable avec de l’H2. En quantité d’énergie utilisée entre VT et VE-H2… et pollution… qui serait vainqueur… je ne sais pas.
« voyager loin uniquement avec de l’énergie renouvelable »
Cela a déjà été fait : à pied ou à vélo.
Pour aller loin avec de l’énergie renouvelable encore faudrait t’il prouver qu’elle est renouvelable.
« j’ai déjà visité 10 pays avec cette voiture cette année, contre 9 avec notre raid. »
Cool. J’en ai fait 1, j’ai pris le temps de le visiter, de voir les paysages, de rencontrer des humains vivant différemment, cela me suffit amplement. Je préfère la qualité à la quantité.
Je ne vous donne pas de photo. Étaler ma tronche sur les réseaux de m’intéresse pas. Chacun fait ce qu’il lui sied.
Sur le web, j’ai fait des récits de Treks, avec photos. Vous ne verrez pas ma tronche mais des beaux paysages accessibles uniquement à pied, 99,99% écolo et renouvelable.
Je ne vous ferais pas non plus de vidéo en 2160p. Là, par contre, je trouve cela complètement con. Pour bouffer des ressources il n’y a pas mieux. Ce serait un film de cinéma, pourquoi pas, mais pour des bagnoles sur les routes… je trouve cela anti-écolo et pas pertinent du tout.
« s’est investi longtemps professionnellement dans l’autopartage à Bordeaux avec Citiz »
Ça, j’approuve !
« que nous avons rencontré le samedi 8 octobre 2022 au rallye d’éco-conduite organisé par l’Automobile club du sud-ouest. »
Je n’ai toujours pas compris le principe d’aller loin de chez soi pour rejoindre un lieu dans le but de faire de l’éco-conduite. Il faut que je creuse…
Je ne vois pas l’intérêt ….. sauf qu’ils se sont fait plaisir à eux même !!!!
Aujourd’hui, nombre de journalistes font de grandes distances en VE, et avec différentes marques. Il est donc facile de trouver des articles traitant du sujet.
De plus, leur périple est biaisé car ils n’utilisent que des superchargeurs. Or, lorsque les gens font des grands trajets, c’est principalement pour des vacances. Donc ils prennent essentiellement l’autoroute et s’arrêtent sur des aires.
En plus, tout le monde n’a pas de Tesla donc les gens utilisent d’autres bornes de recharge autres que les superchargeurs Tesla !!!!
Il aurait été beaucoup plus cohérent de faire ce trajet en utilisant tout type de bornes de recharge et de faire un constat final quant aux difficultés rencontrées.
Là ça aurait eu un intérêt…. Mais forcément ils auraient mis plus, beaucoup plus de temps !!!!!
Mais ça c’est la vraie vie…..
Magnifique illustration de l’effet rebond : le km marginal en VE ne coute pas cher donc j’en profite pour rouler 3000km sans objet precis. Et comme j’en suis très fier, je n’oublie pas de mettre le monde au courant sur les rezosocios.
Bon, certains jugeront que je suis un esprit chagrin et que l’essentiel, c’est de culpabiliser le salarié de base en province qui continue a se lever tôt et a prendre sa Clio 2 thermique chaque matin pour parcourir anonymement les 30km qui le separent de son boulot : ce gars-là est un inconscient.
Les choix editoriaux d’AP me laissent parfois pantois.
Encore un record complètement inutile…
Cela me rappelle l’histoire de l’Allemand qui passe sa vie dans sa Tesla S et qui vise les 2 millions de km à son volant.
Même en étant fan de voiture et aimer conduire j’ai du mal à comprendre l’intérêt de la démonstration de parcourir un max de km en un minimum de temps.
Eh bien, faire 6000 km en 3 jours, quelle idée !
Si ce n’est que pour faire un petit exploit en recharge Tesla et voir si d’autres challengers puissent faire mieux. C’est comme si vous disiez faire 7200 km en 3 jours avec votre thermique.
« What else » ?
Pas moi ! 70 heures assis dans une automobile, serait-ce une Tesla, c’est bien au-delà de mes capacités, quelle que soit la destination ! D’ailleurs il semble que la destination joue un bien faible rôle dans l’histoire. Mon record personnel, c’est une peu plus de 15000 km en six ans avec une iOn (en plusieurs fois, évidemment), et c’est déjà beaucoup pour ma patience à rester dans une automobile. Félicitations quand même, la performance a quelque chose d’aussi dérisoire que la mienne, même si ce n’est pas dans la même catégorie.
Rouler sans raison, c est encore a la mode ?
A l’heure d’une nécessité absolue de faire un effort collectif autour de la sobriété énergétique, ce genre d’expérience futile me désole. Combien de kw/h gaspillés ? Pour ? Un record complètement inutile ?
Vraiment déprimant d’égoïsme.
Bravo. Mais c’est pas nous qu’il faut convaincre. J’attends avec délectation la parution de cet article AP sur Facebook pour lire les commentaires. J’ai hâte…
Ca va donner je pense contre les m… à pile.
C’est un bel exploit mais je ne suis pas fan du concept de rouler pour rouler et pas seulement pour le côté non écologique de la chose.
A choisir je préfère mon roadtrip de cet été de 10000km en 3 semaines avec ma tm3 pour aller de Lille au Capnord en redescendant par les Lofotens et la côte Norvégienne. Bien plus démonstratif de la capacité d’un VE a partir en vacance car là c’était pas que derrière le volant, on a profité en faisant des randos des visites etc…