En juillet dernier, nous avions rencontré les fondateurs et techniciens des e-Garages Revolte qui veulent faire durer vos voitures électriques 100 ans. Après Rennes, c’est à Nantes-Carquefou que le deuxième établissement a été créé. Nous venons de le visiter pour vous.
Rappelez-vous !
Lorsqu’une voiture électrique tombe en panne aujourd’hui au niveau de la batterie de traction ou d’un élément électronique, les devis dressés par les réseaux des constructeurs présentent trop souvent des totaux dissuasifs. Sans garantie de résultat pour certains d’entre eux. De quoi vouloir abandonner son véhicule.
S’auto-formant en permanence, l’équipe de Revolte estime au contraire que, comme un bien immobilier, un engin branché devrait pouvoir se transmettre de génération en génération. C’est pourquoi les techniciens n’hésitent pas à investiguer et à ne changer qu’un minuscule sous-composant électronique en jouant de la loupe et du fer à souder.
Au final, en confiant son véhicule à ses spécialistes, l’intervention coûte beaucoup moins cher. L’histoire de ces nouveaux garagistes est très intéressante. Si vous n’avez pas eu l’occasion de la découvrir en juillet dernier, cliquez sur ce lien pour la retrouver. Ce préalable vous permettra de mieux comprendre ce qui suit.
D’abord un garage normal
Que pensez-vous trouver dans un garage spécialisé dans l’entretien et la réparation de véhicules électriques ? Des outils et du matériel spécifiques !? Oui, mais pas seulement. « Les e-Garages Revolte sont d’abord de vrais garages », assure Alexis Marcadet.
C’est pourquoi le très vaste atelier compte 4 ponts élévateurs dont 1 à 4 colonnes, une machine à équilibrer les roues, une autre pour décoller et démonter les pneus, des gonfleurs reliés à un compresseur, des crics rouleurs, des chandelles de levage, un appareil pour régler les phares, un récupérateur de fluides, des servantes pour avoir rapidement tous les outils sous la main.
Et il y a même une dépanneuse diesel. Baptisée « Révolteuse » par l’équipe à l’issue d’une concertation collective, elle est le seul véhicule 100 % thermique accepté dans le nouveau garage. La cabine a été traitée à l’extérieur façon rusty. C’est-à-dire comme si elle était rouillée. Un flocage est prévu pour bien l’identifier.
Spécificité VE
Pour intervenir efficacement et dans les normes sur les véhicules électriques, le e-Garage Revolte de Nantes-Carquefou dispose d’éléments supplémentaires et spécifiques. A quoi pensez-vous chers lecteurs ? « Un outillage pour intervenir sur la haute puissance ? » : Oui, très bien ! Et encore ? « Des chariots élévateurs prévus pour supporter le poids des batteries ? » : Oui, aussi !
Alexis Marcadet ajoute : « Il nous fallait surtout un laboratoire pour pouvoir intervenir en toute sécurité sur des éléments soumis à des tensions élevées, comme les batteries par exemple. Il servira aussi pour démonter et réparer les calculateurs, chargeurs et autres éléments électroniques. Nous l’avons baptisé ‘Labwatt’. C’est un jeu de mots : ‘La boîte’ ».
« Ce laboratoire a été conçu un peu comme une salle d’opération. Il est vitré. Ce qui permettra aux clients de suivre éventuellement ce que nous faisons, en toute sécurité, sans entrer dedans », précise-t-il.
Zones de consignation
Sur le sol du vaste atelier, des espaces sont délimitées en grands rectangles par de la peinture jaune.
« Nous matérialisons ainsi les zones de consignation dans lesquelles seront réalisées des opérations qui touchent, encore une fois, à des tensions élevées. Le tracé jaune recevra dans ces cas un entourage matérialisé par une chaîne. Il sera enlevé lors des interventions plus simples, sans besoin d’une sécurité particulière. En restant toutefois dans ces zones, les techniciens vont prendre l’habitude de travailler dedans », détaille Alexis Marcadet.
Un des rectangles est plus petit : pourquoi ? « C’est pour intervenir sur les deux-roues. Nous travaillons pour cela avec différents partenaires. Nous sommes agréés par Noil pour effectuer du rétrofit. Nous fournirons aussi un service de niveau 2 pour Elect’Road, spécialiste en deux-roues électriques sur le secteur de Nantes, et pour les scooters de Pink Mobility », nous répond-il.
De la place pour travailler
Au 3 rue du Nouveau Bêle, à Carquefou, le e-Garage officiellement inauguré le mardi 18 octobre 2022, s’étend sur 1 300 m2. Il accueillera les véhicules électriques depuis les deux-roues jusqu’aux fourgons longs. Lors de notre passage, une vingtaine d’engins étaient disséminés dans le grand atelier.
On y trouvait, par exemple, des Citroën C-Zero et E-Mehari, Nissan Leaf, Renault Kangoo, Bolloré Bluecar, Solex, motos, etc. Et quelques raretés. Ainsi 2 exemplaires de la citadine électrique norvégienne Think City. Rien de plus insolite ? « Si, un prototype unique de Mia à pile hydrogène. Il s’agit d’une transformation réalisée par un grand établissement universitaire », souligne Alexis Marcadet.
Lors de notre visite, Jérémie Noirot, que nous avions rencontré lors de notre passage à Rennes en juillet, est intervenu sur une Citroën C-Zero et un Renault Kangoo. Ce dernier servira de banque d’organes à un autre exemplaire de cet utilitaire appartenant au même client.
Le technicien électromotard a pris le temps de nous présenter, en exemple, 3 éléments en panne : chargeur de Renault Zoé, connecteur de Nissan Leaf endommagé par des rongeurs, et sous-composant HS sur une carte électronique de Citroën C-Zero (un classique a priori).
Exemple de tarifs pour réviser une Renault Zoé
« Sauf exception, le tarif d’une révision pour une Zoé oscillera entre 100 et un peu plus de 200 euros TTC, soit 20 à 30 % moins cher qu’en concession Renault. Ce qui comprend déjà un bloc de points de contrôle à vérifier qui prend une trentaine de minutes, conforme aux préconisations du constructeur. Cette base est facturée 50 euros », chiffre Alexis Marcadet.
« Avec le filtre de l’habitacle à changer à chaque révision, la facture est ainsi de 100 euros chez nous les années 1, 2 et 7. En année 3, il faut remplacer en plus, toujours en respectant la liste de Renault, la batterie 12 V. Ce qui fait grimper la note à 236 euros. C’est 170 euros avec le liquide de frein à renouveler l’année 4, et 130 euros la suivante avec le fluide de refroidissement », complète-t-il.
« Chez Revolte, nous communiquerons en plus des informations sur l’état de santé du pack lithium-ion. Nous sommes en train d’établir progressivement nos tarifs pour les autres véhicules électriques en respectant les obligations de leurs constructeurs », affirme-t-il.
Les hybrides aussi
Pour rentabiliser leur activité, les e-Garages Revolte s’occuperont aussi d’entretenir et réparer les modèles hybrides simples et rechargeables. Dans les 100 interventions à venir, une quinzaine concernent des DS 5, Toyota Prius et Auris, Volkswagen Golf GTE, Peugeot 3008, etc.
« Savez-vous combien Land Rover facture le remplacement de la batterie de traction sur un Range Rover hybride non rechargeable ? Sur devis : de l’ordre de 25 000 euros. Nous savons diviser ce prix par 3. C’est pourquoi nous avons déjà 4 exemplaires de cette voiture chez nos 100 clients en attente », explique Alexis Marcadet.
« Avec l’économie que nous leur permettons de réaliser, le coût du rapatriement du véhicule à Nantes est du coup secondaire pour eux. Nous en attendons un dans quelques jours, venant d’Alberville en Savoie, sur les 5 ou 6 voitures expédiées de Bordeaux, la région Paca, de Rhône-Alpes, etc. », met-il en avant.
Les techniciens de Revolte vont également se déplacer en organisant des tournées.
Scénarios
« En cas de panne, la première étape est celle du diagnostic que nous facturons 180 euros, seulement si nous arrivons à identifier le problème. Nous produisons ensuite un devis, souvent dans la journée, en privilégiant la réparation au niveau des sous-composants plutôt que l’échange d’un élément électronique tout entier. Si nous devons remplacer des pièces, nous n’hésitons pas à puiser dans le reconditionnement ou l’occasion », schématise Alexis Marcadet.
« Pour l’intervention en elle-même, nous proposons 3 possibilités : nous déplacer au domicile ou sur le lieu de travail, rejoindre un de nos 10 ateliers partenaires à travers la France, faire venir le véhicule à Nantes où nous disposons de tout le matériel nécessaire », aligne-t-il.
Nous ouvrons une petite parenthèse pour préciser que le e-Garage Revolte est situé tout juste en face du grand centre logistique de Lidl. Si nous citons ce dernier, c’est parce qu’il emploie sur place pas loin de 200 véhicules électriques de manutention fonctionnant en 2×8, dont plus de la moitié puisent leur énergie d’une pile à combustible individuelle. L’hydrogène vert est fourni par Lhyfe, depuis l’électrolyseur de Bouin. Il s’agit là d’une configuration exceptionnelle en France.
Parcours
Lorsque le client amène lui-même le véhicule, l’humain et l’engin suivent chacun un parcours spécifique. Ce dernier entre dans l’atelier par une grande porte à droite de la grande façade, puis en ressort, réparé ou révisé dans la plupart des cas, par une ouverture percée sur le flanc gauche. Le client, lui, est invité à suivre un autre chemin qui va le mener dans le showroom de 200 m2 très atypique.
Pour découvrir des véhicules électriques ? « Pas seulement. Nous voulons que ce lieu soit un hymne à la réparabilité. Donc des VE et des bornes de recharge oui, mais aussi de l’expo-vente en produits high-tech responsable. Par exemple les mobiles Fairphone, ou le lave-vaisselle vendéen pour studio Bob. Plutôt que d’attendre avec patience, le client pourra découvrir de nouvelles choses », nous répond Alexis Marcadet.
« Nous pensons aussi contacter une association locale pour de l’agriculture urbaine autour des bâtiments. Nous avons de la place pour cela sur le site, avec de quoi s’installer à l’extérieur en attendant la fin de l’intervention », expose-t-il.
Formation : Priorité numéro 1
« Aujourd’hui, le constats est qu’il n’y a pas assez de e-mécanos face au nombre d’électromobilistes qui grimpe vite. Notre priorité numéro 1 est désormais de recruter et de former du personnel, parmi les électriciens curieux de la mécanique, ou des mécaniciens curieux de l’électrique », appelle Alexis Marcadet.
C’est Pauline Toussaint qui est chargée de développer la Revolte Académie en établissant le parcours des apprenants et en dénichant les bons outils à visée pédagogiques pour cela. « Je suis en train de concevoir et réaliser les premiers modules de formation qui compteront des travaux pratiques encadrés par les experts métiers. Le cursus commencera par une semaine sas qui permettra ensuite à tout le monde parler le même langage », lance-t-elle.
« Sur place, nous allons avoir une Renault Zoé ou un Kangoo qui servira à apprendre à désosser une voiture électrique, aussi bien pour les parties mécaniques qu’électriques. Mais lors de nos formations, chaque apprenant recevra un VE individuel pour les travaux pratique. C’est en particulier pourquoi nous n’aurons que 3 à 5 personnes par session », explique-t-elle.
Une appétence pour l’automobile, les logiciels et le bricolage
« Les apprenants ne seront jamais mis en danger. Englobant l’habilitation, nos formations seront adaptées à leur ancienneté et connaissances de l’électricité. Pour les nouveaux métiers qui se développent autour de la mobilité électrique, nous allons proposer des parcours fonctionnels et efficaces », met en avant Pauline Toussaint.
En 2023, Revolte pense former en plusieurs sessions, entre 10 et 30 personnes, selon les candidatures reçues. L’établissement espère en recevoir beaucoup, et peut-être les vôtres chers lecteurs.

De G. à D. : Jérémie Noirot, Alexis Marcadet et Pauline Toussaint
« Nous ne fermons la porte à rien et n’avons pas de limite d’âge. Nous espérons des jeunes qui sortent de l’école, et sommes ouverts à la reconversion professionnelle. D’ailleurs, nous avons prévu que les apprenants qui seront déjà à l’aise sur certains sujets de mécanique ou d’électronique, plutôt que d’être dispensés de cette partie, viennent au contraire faire profiter les autres de leur expérience », souligne-t-elle.
« Ce que nous recherchons surtout comme profil, ce sont des personnes avec une appétence pour l’automobile, les logiciels et le bricolage. Nous espérons aussi recevoir des demandes de femmes », conclut-elle.
Automobile Propre et moi-même remercions toute l’équipe de Revolte pour son accueil, en particulier Alexis Marcadet, Pauline Toussaint et Jérémie Noirot avec lesquels nous avons passer plus de temps.
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Bravo à Revolte. Enfin, je vais pouvoir m’affranchir du réseau Renault … Qui avec ses collègues automobiles avait déjà réussi (malgré l’aide phénoménale de l’Etat, c’est-à-dire de nos impôts : 10 000 € il y a quelques années pour acheter une Zoé … plus chinoise que française…) à bloquer l’auto-construction ou plutôt l’auto-électrification par des particuliers. Mais Renault a mis plus de cinq ans à former ses propres techniciens à l’électrique. Et les vendeurs, eux, ne le sont toujours pas ….
Bravo « Automobile propre » pour ce genre d’article. Certains sont braqués contre toute forme de modernisme notamment les voitures électriques et tout ce qui les entourent. Certains profitent de l’avenir pour vendre des voitures électriques qu’ils ne sauront pas réparer à de grands optimistes comme nous qui leur avons achetés. Et d’autres s’emparent du problème avec compétence et professionnalisme. Bravo à ces derniers (Revolte et ceux qui les suivront) et ceux qui les mettent en valeur, ce sont eux les héros.
A voilà des commentaires intéressant et surtout l’article !.
Bravo à cette volonté ! Car il en faut ça ces sûr.
Pour les cellules :
Il faudra faire un article : pour que tesla et beaucoup d’autres revois leurs copies !!!.
Passer à différents où je me trompe ?
Pour changer certaines cellules.
Ou faire avec de à cellules prismatiques ?
Qui semble plus utilisées en industrie : lourde et plus d’ampère .
ça c’est du bon sens français ! pourvu qu’on ne lui mette pas des batons dans les roues. il y a un potentiel énorme.
A quand l’extension de ce concept dans toutes les grandes villes ou villes moyennes de france? Je suis pour à 100% remplacer un petit composant sur une carte ou juste ce qui est défectueux plutôt que tout un élément et c’est ce qui devrait se faire partout en fait…
En tout cas bravo!
Notre futur va passer par moins consommer, et une des façons d’y parvenir est de faire durer le materiel.
Va falloir changer notre façon de penser car rouler avec une voiture remaniée de plus de 20 ans, imposera d’utiliser une veille technologie et moins de sécurité, la sobriété nous y contraindra.
Soucis pour intervention sur MG:
-garantie et assistance de 7 ans ne sont valables que si l’entretien est realisé chez MG et visiblement ils ont du mal à embaucher des techniciens qualifiés ! (en tout cas à montpellier)
Excellente initiative de la part de cette équipe.
Il n’y a à craindre qu’une seule chose, c’est que les constructeurs et leurs concessionnaires, aprés avoir souvent montré leur incompétence dans les VE, s’aperçoivent qu’une part du gâteau de l’après vente des VE, est entrain de leur échapper, et qu’ils verrouillent le système afin de bloquer les indépendants…
Avec des logiciels spécifiques, il y a à craindre en la matière…
Félicitations et longue vie à ces pionniers, j’espère qu’ils auront en formation qq techniciens de concessions, ceux que j’ai rencontrés jusqu’à présent en savent moins que moi sur le VE.
Belle initiative. C’est l’avenir de l’automobile électrique mais aussi des objets du quotidien. Recyclage et réparabilité en priorité. Gros travail aussi sur la culture pour faire accepter ça.
Même moi qui applaudi des 2 mains je ne me sens pas prêt pour ça et je perçois que je vais avoir un gros travail d’acceptabilité.
Mais je me rassure en me disant que déjà je m’en rends compte…
Une équipe géniale pour un concept qui secoue le cocotier.Bravo pour votre courage et votre persévérance. Et un clin d’oeil à Jérémie avec qui j’ai eu quelques occasions de m’entretenir, il est toujours aussi passionnant et passionné.
Qui a dit que le VE n’allait pas créer de l’emploi? Je pense qu’ils sont déjà débordés et qu’il est urgent que de multiples e-garages apparaissent un peu partout.
C’est ça l’avenir de la mécanique automobile.
Il faut souhaiter que ce type de garage se développe (rapidement) dans l’hexagone. En tout cas, c’est encourageant, avec de l’emploi à la clé.