Il est temps de faire le point sur nos prédictions de 2023 sur la voiture électrique. Tout ne s’est pas passé comme prévu.
Souvenez-vous, le 3 janvier dernier nous avions publié cet article “Voiture électrique, 10 prédictions pour 2023“, avec l’engagement de faire le point en fin d’année. Nous y sommes, et ce n’est rien de dire que c’est passé trèèèèès vite. A fortiori quand on a le nez dans le guidon, ou plutôt dans le volant, de l’actu de la voiture électrique.
Comme promis, il est donc temps de faire le point sur ces prédictions, notre façon à nous de nous livrer à un petit bilan des 12 mois écoulés, et de voir si la façon dont nous pressentions l’année s’est avérée à peu près juste ou complètement à côté de la plaque.
Une déferlante de nouveaux modèles
Bon d’accord, on ne s’était pas trop mouillés sur ce point, et l’arrivée de nombreux nouveaux modèles électriques était assez prévisible. Mais ont-ils été aussi nombreux que cela ? Et surtout, comment se situe 2023 par rapport aux années précédentes. Nous avions vu que 20 nouveaux modèles électriques étaient arrivés sur le marché français en 2022. Alors, qu’en est-il de 2023 ? S’il est difficile de se livrer à un recensement très précis, entre les modèles annoncés pas encore arrivés, les liftings, les nouvelles versions et celles qui sont censées “arriver sur le marché européen la semaine prochaine” mais dont on ne voit pas trace chez nous, un petit tour sur notre rubrique Essais nous permet de constater que les nouveautés en 2023 sont plus nombreuses qu’en 2022. En tout cas, au-delà de 20 modèles.
Pas de petite Tesla mais une nouvelle Model 3
Je crois que là c’est sans discussion, la prédiction s’est déroulée sans accroc. Après on pourra jouer sur les mots avec “nouvelle Model 3” car d’aucuns considéreront qu’il s’agit juste d’un lifting. Mais bon c’est ainsi que fonctionne Tesla, par petites touches cosmétiques d’actualisation, donc rien de révolutionnaire à attendre de leur part. En revanche, l’autre partie de notre prédiction ne s’est pas réalisée : toujours pas d’écran face conducteur (mais un écran derrière, va comprendre… ). Et nous n’avions pas vu arriver le Cybertruck en 2023.
La fin de la suprématie Tesla
Certains estiment aujourd’hui que pendant que les autres constructeurs progressent à grand pas dans leur approche de l’électrique, Tesla ferait du surplace, voire régresserait. Nous en parlons d’ailleurs dans le dernier épisode de notre podcast. Il y a deux façons de voir les choses. Tesla avait acquis tellement d’avance que la marge était large avant que la concurrence ne rattrape la marque américaine. Mais pendant que cette dernière capitalisait sur ses acquis, les autres avancent. A tel point qu’il n’est pas rare aujourd’hui que j’entende dans mon entourage des personnes roulant en Tesla qui affirment qu’elles passeront à une autre marque une fois leur voiture actuelle amortie ou revendue. L’autre façon de voir les choses et de rappeler que la voiture – et la marque – électrique la plus vendue dans le monde en 2023 est Tesla. Reste à voir si cela sera encore le cas en 2024…
La fin de la voiture autonome
De nombreux constructeurs ont peaufiné une certaine maîtrise de l’autonomie de niveau 2, mais, comme nous le disions dans cette prédiction, semblent s’en contenter. Rien n’a beaucoup évolué dans ce sens en 2023, et certains signaux montrent que le chemin est encore long. Je ne parierais pas de façon aussi tranchée sur la fin de la voiture autonome, mais j’ai vraiment l’impression que ce n’est plus vraiment une priorité pour personne, autant chez les constructeurs que chez les clients. C’est en tout cas peut-être la fin d’un fantasme de voiture totalement autonome, avec un niveau 5 dont l’horizon parait de plus en plus flou et lointain.
Les prix ne baisseront pas
Là c’est un peu compliqué car les constructeurs utilisent tous les subterfuges possibles et imaginables pour créer la confusion dans l’esprit des consommateurs, et bien sûr leur faire croire que leurs prix baissent, à grands coups de bonus écologique optimisé et de leasings qui masquent à qui mieux mieux les vrais prix. Mais pour le moment l’histoire de 2023 semble nous donner raison. En dehors de quelques promos ponctuelles, pas de miracle sur le prix des voitures électriques. 2024 sera probablement différent avec l’arrivée de modèles low cost (Citroën C3… ) mais il ne s’agit pas à proprement parler de baisses de tarifs. On pourra parler de baisse de prix quand on aura sur le marché une dizaine de modèles du segment moyen avec au moins 400 km d’autonomie pour moins de 25 000 euros hors bonus. On n’y est pas encore, loin de là.
La foire aux SUV va se poursuivre
Là, j’avoue, ce n’était pas très compliqué. Je vous épargnerai un inventaire des nouveaux SUV électriques sortis en 2024, mais on est probablement sur plus de 80% de la production. Cela étant, les choses semblent vouloir évoluer un peu…
Un fort développement de la recharge à destination
Les opérateurs de réseaux de recharge mettent les bouchées doubles pour conquérir le marché et étendre leur offre en dehors des grands axes routiers. Avec la recharge en ville, la recharge à destination, qui permet de recharger en temps masqué, se développe fortement. On pense bien sûr aux lieux d’hébergement comme les hôtels, les gîtes et maisons d’hôtes, les resorts, centres de loisirs et campings. De nombreux groupes hôteliers installent au pas de charge des bornes de recharge sur leurs parkings, souvent en partenariat avec des opérateurs. C’est le cas par exemple de B&B Hôtels, mais ils sont loin d’être les seuls. Autre tendance dans la recharge d’opportunité (ou recharge de passage), le fort développement des bornes dans les chaines de supermarché ou de grandes surfaces spécialisées, et bien sûr dans les McDo suite à ce récent accord avec Izivia.
La recharge va commencer à être rentable
Les opérateurs n’ont pas encore publié leurs chiffres de 2023, et l’on sait que déployer un réseau de recharge nécessite de très lourds investissements. Cela étant, on a quelques indices. Fastned a par exemple réalisé ses premiers bénéfices dans le courant de l’été 2023, et le PDG de Driveco nous a annoncé lors d’une interview dans notre podcast que l’entreprise était bénéficiaire.
Décollage du marché de l’occasion
Alors là c’est non, et il semblerait que nous nous soyons joyeusement plantés sur ce point, malheureusement pour le marché, d’ailleurs. Le marché de la voiture électrique d’occasion semble au point mort, malgré l’augmentation organique de l’offre. En cause des prix encore jugés trop élevés et probablement un manque de confiance sur la question de la longévité et de la santé des batteries. D’un autre côté, nombre de véhicules électriques subissent une très forte décote en seconde main. Bref c’est encore un peu la bouteille à l’encre de ce côté du marché, et non, clairement, le marché de la voiture électrique d’occasion n’a pas décollé en 2023.
La radicalisation du sentiment anti-voiture touchera aussi les électriques
Là non plus, même si ces actions sont restées marginales, il n’était pas nécessaire d’avoir les dons de Nostradamus pour prédire que les activistes du climat et de l’anticapitalisme allaient sans tarder – et sans distinction – s’attaquer aux voitures électriques. D’ailleurs, même dans les plus grandes organisations, voire chez certains experts, le message devient clairement hostile à la voiture électrique. Ce qui ne manquera pas de se concrétiser par des actions sur le terrain.
Bon je vous laisse, je dois briquer ma boule de cristal pour 2024, rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles prédictions.
Je suis d’accord avec vous, Mr Dupin : le gros problème du VE, c’est le marché de l’occasion, avec des prix beaucoup trop élevés (calqués sur le prix des VE neufs hors bonus) et un bonus ridicule limité à 1000€ (et qui devrait même être ramené à zéro en 2024). Rappelons que l’occasion, c’est 70 % du marché automobile. D’un côté, il y a les automobilistes aisés, habitués à acheter des berlines neuves haut de gamme, qui reçoivent 4 smics nets d’aide publique pour acheter un VE neuf ce qui le rend immédiatement rentable par rapport à son équivalent thermique. De l’autre côté, il y a les ménages modestes qui peuvent profiter du “VE en leasing social à 100€ par mois” et des 9 à 13000€ d’aide gouvernementales pour payer le 1ier loyer. Et puis au milieu il y a les classes moyennes, qui ne pourront jamais acheter un VE neuf donc profiter du bonus, ni être éligibles au leasing social, et qui restent KO devant le prix stratosphérique des VE d’occasion familiaux un minimum polyvalents.
Je suis d’accord pour parler du baisse de prix avec 500km environ. Largement assez pour tout le monde. Ça permet de faire 300km sur autoroute et aussi de prévoir la baisse d’autonomie en hiver et dans les années avenir. Sauf si une nouvelle batterie arrive comme les solides qui je crois ne perde pas d’autonomie en hiver
Très bon article M DUPIN , vous finissez l’année en beauté :^^^ une chose qu’on peut dire c’est que vous faites partie des meilleurs rédacteurs d’AP avec M SCHWOERER.
Meilleur vœux pour 2024.
N’est pas Nostradamus qui veut 😊.
Comme quoi, il est difficile de prévoir les choses, à part bien-sûr, celles qui sont évidentes. Par-contre nous de métier, nous avions aussi prédit que la voiture autonome n’allait pas se répandre si vite et qu’il y aurait des accidents avec ces systèmes. Puis que le coût des batteries n’allait pas baisser tant que çà, et que cela maintiendrait haut le surcoût du BEV, limitant en conséquence son envolée sur le marché du VP, et que le véritable décollage du BEV ne se fera pas avant 2025. Ce qui nous a échappé, (on pensait qu’elle arriverait plus tard) a été la percée des BEV chinois (BYD) et les déboires de Tesla. Sans compter la grosse surprise des sources d’hydrogène natif sous nos pieds, qui pourraient bien révolutionner les motorisations. Bref, 2024 va être une année intéressante.
Intéressant ce bilan et beau score quand même vu la difficulté de l’exercice.
J’attends les prévisions 2024 avec impatience :)
Concernant le dernier point, il y a même un fort courant écologiste qui conchie le VE en disant qu’il…est pire que le VT! Même si ça va à l’encontre de toutes les analyses scientifiques. Faut dire que les memes anti-VE ont le vent en poupe, et que des “médias” comme reporterre ou charlie hebdo ont fait des “reportages” à charge
Il faut dire que le VE est cher, est neuf, bref est une voiture “de riche” pour ces gens, et donc c’est mal.
(et oui, ça fait un paquet de guillemets!)
Peu leur importe qu’un VE remplace généralement un VT et émet bien moins de CO2 même en incluant sa production, et pollue nettement moins.
Le seul point où ils n’ont pas tort, c’est que remplacer un VT par un VE ne suffira pas face à l’ampleur des changements nécessaires, mais pour ça, il faudra que nos dirigeants repensent l’organisation du territoire, des déplacements pendulaires, etc.
En attendant, pour reprendre les mots d’Aurélien Bigo, le VE reste nécessaire à la transition écologique pour tous les usages où la voiture reste essentielle.
Merci Mr Dupin de dire que l’arrivée des futurs modeles « low cost » ne constitue pas vraiment une baisse des prix vu que ça suppose un retour en arriere technologique avec des batteries d’une techno vieille d’il y a 4-5 ans et des autonomies trés limitées autour des 300km wltp. Effectivement on pourra parler d’une vraie baisse des prix quand les modeles actuels à autonomies correctes baisseront leur prix sur chaque segment. Avoir une electrique poir 25 000 euros qui a une autonomie de 450-500km, là on pourra parler veritablement d’une baisse des prix.
Et je suis d’accord que le plus gros probleme reste le marché de l’occasion. C’est quand meme le marché numéro 1 en France il faut le savoir. La majorité des voitures achetées chaque année le sont sur ce marché, pas sur le neuf. Et vu que les VE d’occasion n’ont pas le droit au bonus ecologique (ou quasiment plus)….bah c’est compliqué. Sans compter le prix de l’occaz qui correspond souvent au prix du neuf sur du thermique. Et on parle meme pas des batteries avec 340km wltp qui n’en font plus que 260-280.
Tout a été très bien dit.
Pour l’occasion c’est même pire ! Pour avoir une décote, Il faut viser du vieux occasion avec fort kilométrage ! Les baisse a équivalent thermique sont impossibles a trouvé. En plus, les occasions de moins de 3 ans sont souvent plus cher que leur prix neuf (bonus déduit). Donc ça coûte moins cher d’acheter du neuf !
Moi qui cherche une familiales, c’est vraiment la galère.
“et ce n’est de dire” ;)