Jante aéro voiture électrique

Entre écologie et efficience, de nouvelles contraintes et de nouveaux usages stimulent l’inventivité des concepteurs de voitures électriques.

On ne conçoit plus une voiture électrique comme on concevait une voiture thermique. Même si certains constructeurs utilisent encore des plateformes communes et se contentent de remplacer la chaine de traction thermique par une électrique, la plupart d’entre eux ont déjà fait leur révolution et on créé de nouvelles unités de fabrication dédiées au 100% électrique.

Dans ce nouveau paradigme, les ingénieurs, sous l’œil attentif des services marketing et commerciaux, vont plus loin que la simple refonte de leurs moyens de conception et de production. Car si l’efficience reste le maître mot quand on parle d’électromobilité, d’autres notions sont entrées dans la boucle, comme notamment la protection de l’environnement et toutes les contraintes liées à la RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale des Entreprises). C’est ainsi qu’Audi par exemple, peut s’enorgueillir de présenter son site de production belge neutre en C02.

Concernant la recherche de l’efficience, elle est par nature vertueuse puisqu’elle consiste en substance à permettre à une voiture de rouler le plus longtemps possible en consommant le moins d’énergie possible. Cela passe entre autres par la diminution maximale des frottements mécaniques (moteurs et pneus) et aérodynamiques (carrosserie), l’optimisation du système de gestion de la batterie (BMS), et même, côté conducteur, par les incitations à l’éco-conduite, parfois sous la forme d’indicateurs ludiques. En ces temps de quête de sobriété, l’efficience est synonyme de sobriété. Ce qui tombe assez bien finalement.

Toutes ces contraintes techniques et réglementaires ont pour résultat une stimulation de la créativité et de son corolaire, l’innovation. Nous avons vu récemment que certaines ne sont pas forcément pertinentes ni terriblement indispensables, mais il n’empêche qu’elles ont le mérite d’avoir au moins été inventées et testées, à défaut d’être toutes pour le moment réellement validées.

De quoi parlons-nous exactement, et comment ces innovations sont-elles devenues le quotidien des électromobilistes ? Revue de détail d’équipements qui sont probablement moins anodins et plus complexes qu’il n’y parait, symboliques des évolutions par étapes d’une industrie.

Les pneumatiques silencieux et efficients

A chaque type de véhicule sa mon pneumatique spécifique. Cela étant il n’est pas certain que jusqu’à présent cette segmentation aille jusqu’au mode de motorisation et de propulsion. C’est désormais le cas avec les voitures électriques, que les manufacturiers proposent de chausser avec des gommes particulièrement conçues pour elles. Mais qu’est-ce que les pneus pour électriques ont de si spécifique ? Essentiellement trois caractéristiques. Tout d’abord une structure renforcée et plus rigide afin de faire face à deux facteurs : le poids et le couple. On sait qu’en raison de la présence de batteries, les voitures électriques sont plus lourdes que leurs semblables thermiques, en moyenne de 500 kilos. Les pneumatiques doivent par conséquent être capables d’endurer cet embonpoint supplémentaire grâce à une structure plus rigide, notamment au niveau des flancs. Mais au-delà du poids, c’est aussi le couple des voitures électriques, et surtout l’immédiateté de l’arrivée de la puissance maximale, qui sollicite également très fortement les gommes. Et dans ce cas il s’agit un effort longitudinal, qui suppose un autre type d’adaptation et de résistance.

Autre caractéristique des pneus spécifiques pour voiture électrique, la diminution des bruits de roulement. Comme on n’entend pratiquement pas le moteur dans une électrique, les bruits de frottement à la route semblent amplifiés puisque ce sont eux qui prennent l’espace. Les manufacturiers travaillent donc sur des matériaux et des structures visant à réduire les sons émis par le contact des gommes avec la chaussée, notamment au-delà de 90 km/h. Michelin annonce par exemple que son pneu Pilot Sport EV équipé de la technologie Michelin Acoustic réduit de 20 % le niveau de bruit perçu. Apollo Tyres s’est également engagé dans cette voie, comme nous l’avions vu dans un précédent podcast.

Enfin, les pneus pour véhicule électrique doivent aussi s’inscrire dans la démarche d’efficience, et peuvent jouer un rôle dans l’amélioration de l’autonomie en offrant une moindre résistance au roulement. Certains pneumatiques permettent d’améliorer l’efficacité énergétique d’un véhicule électrique d’environ 7 %. C’est autant de gagné pour l’autonomie.

Alors certes, ces caractéristiques existent déjà pour le thermique, mais c’est la combinaison des trois qui en font une spécificité des gommes pour voitures électriques.

Prochain défi, réduire les émissions de particules fines produites par l’érosion des pneumatiques.

L’intérieur cuir garanti sans animaux dedans

Le bien-être animal est désormais au cœur des préoccupations des marques, et d’une part sans cesse croissante des consommateurs. Or quand on se targue de produire des voitures “écologiques”, la moindre des choses est d’éviter d’utiliser des matériaux issus de l’exploitation du monde animal. Exit donc les cuirs naturels ou pleine fleur au profit de textures issus de matériaux recyclés ou végétaux.

Si certains constructeurs, comme Tesla, proposent des intérieurs et des selleries “vegan” évoquant à s’y méprendre le cuir animal, à l’image de ce qui se fait dans l’alimentaire avec les steaks végétaux, d’autres choisissent une voie différente en s’éloignant résolument de ce type d’habillage pour lui privilégier d’autres matières. Les constructeurs font des choix alternatifs qui permettent de conserver un niveau de qualité important. Et surtout, ces nouvelles matières permettent de réduire l’impact environnemental de l’automobile.

Ford a été parmi les pionniers à proposer un véhicule intégralement végétalien, en l’occurrence la Mustang Mach-E. Cette initiative a valu à la marque une reconnaissance de la part de la Peta, l’une des organisations de défense des animaux les plus influentes à l’échelle mondiale. Chez Renault, la Zoé est équipée de matériaux conçus à partir du recyclage de ceintures de sécurité et de bouteilles en plastique. En plus de réduire la cruauté envers les animaux, l’utilisation de cuir et de produits dérivés des animaux est une source majeure de pollution. BMW prévoit de présenter cette année des intérieurs végétaliens suite à une étude approfondie en ce sens. Le constructeur bavarois affirme qu’abandonner la production d’intérieurs en cuir entraînera une diminution de 85 % des émissions polluantes provenant de cette partie des véhicules.

Les jantes “aéro” qui font gagner de l’autonomie

Autre spécificité des voiture électriques, les jantes profilées spécialement pour réduire la résistance à l’air. Des jantes quasi-pleines, qui limitent les perturbations aérodynamiques latérales engendrées par les branches. Sans parler de leur diamètre, les jantes et les roues “aéro” des voitures électriques représentent un élément crucial de l’effort global visant à maximiser l’efficacité énergétique et l’autonomie. Certes, elles ne sont pas nées avec la voiture électrique, et elles existaient déjà il y a plusieurs décennies, souvent sous la forme de simples enjoliveurs offrant une meilleure aérodynamique. Mais c’est bien avec l’émergence de la voiture électrique que ces roues très particulières et objets de toutes les attentions en soufflerie mais aussi dans les bureaux de design se sont largement popularisées. De Dacia à Porsche, quels que soient le standing et le segment, chaque modèle à ses jantes “aéro”, de la plus hideuse à la plus réussie.

Si ces jantes spécifiques sont conçues pour minimiser la traînée aérodynamique de par leur design, elles ont aussi pour vocation de chasser les kilos superflus puisqu’elles sont souvent fabriquées à partir de matériaux légers comme l’aluminium ou d’autres alliages avancés. Cela permet en outre de réduire le poids non suspendu du véhicule, ce qui peut améliorer la maniabilité et l’efficacité énergétique. Leur design vise aussi à minimiser les turbulences créées par les mouvements de l’air autour des roues, ce qui contribue à une circulation plus fluide de l’air le long de la carrosserie du véhicule, voire même à un meilleur refroidissement des freins.

Les poignées de portes rétractables

Pour les novices, c’est l’un des paradoxes de la voiture électrique. Alors qu’on ne parle que d’efficience et d’autonomie, et donc d’économiser les batteries, les voitures électriques sont équipées de dispositifs énergivores, comme par exemple les poignées de portes rétractables, quand ce ne sont pas les portières entières qui sont électriques, comme sur la Tesla Model X. Qui ne s’est pas retrouvé comme une poule devant un couteau lors de sa première rencontre du 3ème type avec une Tesla Model S  et ses poignées de portes affleurantes au mécanisme de science-fiction ? Depuis, d’autres marques ont suivi, toujours au nom de la sacro-sainte lutte conte la résistance à l’air. En plus d’amuser les enfants, c’est assez réussi esthétiquement. La Model 3 propose une version au rabais de ce dispositif puisque les poignées sont mécaniques, ce qui n’empêche pas de faire beaucoup parler (ou d’agacer, selon) et d’être tout aussi efficace d’un point de vue aérodynamique.

Le frunk, ou coffre avant à grande capacité

Certes, le coffre avant existait aussi antérieurement à l’émergence de la voiture électrique. Mais il existait pour remplacer la malle arrière, disparue au profit d’un moteur central ou en porte-à-faux arrière. A part quelques rares modèles très bien conçus (Porsche Cayman), rares étaient avant l’électrique les voitures proposant un coffre avant et arrière. C’est désormais devenu monnaie courante, avec encore une fois Tesla qui a montré la voie en prouvant qu’un aménagement bien conçu permettait de dégager une place supplémentaire significative entre les ailes avant, autrement dit de quoi loger facilement une, voire deux valises cabine. Outre le côté pratique et le gain de place, ce logement supplémentaire permet – même quand l’espace de la malle arrière est suffisant – de répartir un peu mieux la charge du fret sur les deux trains roulants, et donc l’équilibre général de la voiture.

La voiture électrique, un monde à part ? Dans sa conception, certainement. Et ce n’est pas fini. Avec la progression de l’efficience des batteries et le travail que font sans relâche les ingénieurs sur le poids et la taille des moteurs électriques, on peut encore s’attendre, selon le choix des concepteurs, à une augmentation de l’espace dédié aux occupants ou aux bagages, ou à des autonomies toujours en progression. Des caractéristiques qui ne seraient pas atteignables sans avoir recours à des plateformes dédiées. Ce qui laisse entrevoir très probablement à une assez brève échéance de nouvelles générations de voitures électriques, plus légères, plus sobres, avec une autonomie équivalente à celle des gros modèles actuels. Et moins chères.