Nio échange batteries Chine

Les autorités chinoises ont lancé un programme pilote embarquant 11 villes qui seront équipées de stations d’échange de batteries pour les véhicules légers et poids lourds électriques.

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Cette formule attribuée à Mark Twain convient très bien pour illustrer la progression réalisée par les Chinois dans l’échange des batteries des véhicules électriques.

Renault y a cru, aussi, il y a une dizaine d’années en produisant des Fluence adaptées pour le Quick Drop. En seulement quelques minutes, une plateforme robotisée venait retirer le pack déchargé pour le remplacer par un autre, plein d’énergie.

La faillite du projet Better Place, à l’origine de cette orientation technologique, a trop vite été interprétée par nombre d’observateurs extérieurs comme l’expression d’une voie sans issue. Pour être plus clair : l’échange des batteries des véhicules électriques serait possible sur le papier, mais pas sur le terrain.

Des obstacles à abattre

Pour un tel scénario, qui permet à un véhicule électrique de retrouver le plein d’énergie en pas plus de temps que pour remplir un réservoir d’essence ou de gazole, il faut avant tout une volonté forte à un niveau élevé. Elle est nécessaire pour dépasser les obstacles, loin d’être marginaux.

Le premier est la diversité des packs qui équipent les véhicules électriques. Avec l’échange de batteries, il faut aller vers une standardisation. C’est bien au nom de ce principe, d’ailleurs, que le connecteur Combo CCS DC évince petit à petit le CHAdeMO et le 43 AC en Europe. C’est bien aussi pour cela que les pompes de carburant sont accessibles à quasiment tous les engins qui fonctionnent avec ces produits.

En Chine, coexisteraient aujourd’hui une dizaine de normes régissant l’écosystème de l’échange des batteries. D’où un besoin urgent de simplification à laquelle s’activent les autorités du pays. Ces dernières estiment qu’il est nécessaire d’adopter des packs standardisés et des batteries modulaires, mais aussi de travailler sur l’amélioration de la durée de vie des cellules.

11 villes pilotes

Le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information (MIIT) poursuit un projet pilote. Planifié de 2021 à 2035, le programme vise à étendre l’échange des batteries des véhicules électriques. Un scénario dans lequel est déjà bien engagé le constructeur Nio. Il compte d’ailleurs l’appliquer à l’Europe. Plus récemment, le groupe chinois Geely a annoncé vouloir déployer un réseau de 5 000 stations.

Nouveauté à l’échelle de la Chine, le principe va être porté aux poids lourds. Yibin, Tangshan, Baotou sont les 3 villes qui vont se focaliser sur le swap des packs des camions. Huit autres sont engagées plus particulièrement dans les stations d’échanges pour véhicules légers – utilitaires et voitures particulières. Il s’agit de Pékin, Nanjing, Wuhan, Sanya, Chongqing, Changchun, Hefei, Jinan.

Aujourd’hui exhaustive, cette liste pourrait être complétée par la suite avec les noms des villes et provinces qui ont également signifié leur intérêt pour cette technologie.

Le plan national prévoit l’installation de plus de 1 000 nouvelles stations de recharge accompagnées du lancement, sur les routes, d’au moins 100 000 véhicules électriques compatibles supplémentaires. Aujourd’hui, il existe déjà en Chine 900 de ces infrastructures qui sont visitées par 150 000 véhicules de 200 modèles différents.

Swap des batteries de VE en Chine

Bénéfices attendus

Pour le ministère chinois, la mise en place du réseau d’échange de batteries se traduirait par 2 bénéfices principaux à l’année : 700 000 tonnes de carburant en moins délivrées sur le territoire, et 2 millions de tonnes de CO2 qui ne seraient plus relâchées dans l’atmosphère.

La recharge et le swap des packs sont perçus comme complémentaires. Chacune des solutions compte ses applications et ses groupes de consommateurs. Par exemple les taxis, en ce qui concerne l’échange des packs.

Selon le ministère, cette technologie aiderait à faciliter l’adoption des véhicules électriques. Tout d’abord en raison du coût d’achat moins élevé des engins, puisqu’il ne comprend pas la batterie. Ensuite parce que la rapidité pour retrouver le plein en énergie est rassurante, effaçant la crainte de ne pas bénéficier de suffisamment d’autonomie pour réaliser des voyages plus ou moins longs. Les autorités chinoises estiment en outre que le système est plus sûr que la recharge.

Mise en place d’un environnement favorable

Dans son programme, le MIIT énonce clairement, en 3 points, la mise en place d’un environnement favorable au développement de l’échange de batteries. Il s’agit tout d’abord de renforcer l’organisation et la coordination des travaux.

Ensuite, les efforts sont à porter sur l’établissement et l’amélioration des systèmes de gestion, de supervision, et de sécurité des stations. Le dernier point vise à définir un démonstrateur qui pourra servir de modèle aux prochaines infrastructures.

Les autorités comptent mettre en œuvre des politiques de soutien à l’innovation et à l’exploration de différents modèles. Elles permettront de « formuler des objectifs de promotion raisonnables et réalisables, d’encourager les projets pilotes dans le domaine public, et de soutenir les opérations commerciales du secteur privé ». Et ce, pour une utilisation qui soit « intelligente, efficace et intensive ».

Le MIIT compte en outre mettre en avant les sources renouvelables d’énergie pour la mobilité électrique.

Source : Ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information