De G. à D. : Thierry Nageotte, Frédéric Louvet et Catherine Berthin, de Mobalpa Montgermont

Dirigeant du point Mobalpa de Montgermont en Ille-et-Vilaine, Thierry Nageotte a d’abord été conquis par la voiture électrique à titre personnel. Au point de convertir la flotte de son entreprise et de faire des émules autour de lui. Nous l’avons rencontré sur place, avec deux de ses collaborateurs.

Le hasard fait parfois bien les choses

Comment avons-nous été en contact avec nos trois témoins ? C’est une question que beaucoup de nos lecteurs se posent à chaque nouvelle interview. Ici, c’est le hasard qui a très bien fait les choses. J’étais en reportage le samedi précédent pour Cleanrider chez Breizh Riders, concessionnaire Indian depuis dix ans et Zero Motorcycles à partir d’avril 2023.

Nous avions organisé une expérience : faire essayer une moto électrique à un couple de bikers qui pratiquent pour les loisirs la moto chrome et cuir à franges. J’avais remarqué chez Mobalpa, juste à côté, les trois BMW i3 et le Kia e-Soul, chacun relié à un point de recharge. Quelques jours plus tard, j’ai sollicité la direction du cuisiniste avec des liens vers de précédents reportages réalisés par mes soins et une photo de notre expérimentation chez le voisin aux motos américaines.

Très vite, Thierry Nageotte a saisi son téléphone pour me transmettre chaleureusement son accord. Il est lui même lecteur d’Automobile Propre depuis des années et abonné à la lettre d’information. Des conditions idéales pour découvrir comment et pourquoi la mobilité électrique tient une telle place chez lui.

Une démarche personnelle

J’avais déjà envie de savoir si la mise à disposition de voitures électriques dans les points Mobalpa est générale ou une démarche exceptionnelle à Montgermont : « Nous sommes une PME indépendante sous contrat de concession. Chaque magasin se donne les moyens dont il a besoin. Parmi les 24 collaborateurs sur notre site, duix sont des poseurs qui utilisent encore des utilitaires thermiques. Les trois BMW i3 et le Kia e-Soul sont partagés entre les neuf personnes du service commercial et les quatre du back-office ».

Si l’entreprise en est là aujourd’hui, c’est sous l’impulsion de son dirigeant : « Je suis un passionné de voitures. Auparavant j’ai eu un Nissan Murano V6 : un modèle qui m’avait séduit lors d’un voyage aux Etats-Unis. J’ai aussi roulé en Audi A5 cabriolet essence, BMW X4 6 cylindres diesel et Volvo XC60 D4 ».

Puis l’électrique s’est imposé dans le foyer : « Depuis quatre ans et demi, je roule en Tesla. Je m’intéressais à la voiture électrique depuis longtemps. Nous nous y sommes mis en commençant par remplacer l’Audi A1 de ma femme. Nous cherchions un petit modèle qui puisse servir de second véhicule ».

D’abord une BMW i3 à la maison…

Des BMW i3 depuis 2017 : « Nous avions essayé la polyvalente allemande cette année-là. Ma femme et moi l’avions trouvée très très bien. J’éprouvais personnellement davantage de plaisir à la conduire que mon Volvo XC60 de l’époque. Je vois la BMW i3 comme une mini Tesla, avec les mêmes propriétés, sauf l’autonomie. Elle est hyper légère, hyper efficiente et offre la conduite One-Pedal ».

Au bout des 3 ans de LOA, devinez ce que l’épouse de Thierry Nageotte a choisi : « Elle parcourt entre 8 000 et 10 000 km par an. Au moment de remplacer sa BMW, elle a essayé la Fiat 500e et la Volkswagen ID.3. Mais elle a voulu reprendre une i3. C’est une voiture remarquable, fantastique et polyvalente. BMW avait tout compris en réservant à cette voiture un châssis spécial qui a joué positivement sur son efficience. Elle est toujours actuelle ».

Pour notre lecteur, ce modèle aurait dû connaître un meilleur sort : « Elle aurait pu aller beaucoup plus loin. BMW avait de l’or en barre entre les mains avec elle. Ce qui a tué la i3, c’est son système de commercialisation. Elle était vendue directement par BMW France par du personnel spécifique. Ce qui fait que dans les concessions, les conseillers commerciaux recevaient moins de commissions en la plaçant ».

…puis une Tesla

Satisfait de la première voiture électrique du foyer, Thierry Nageotte s’est cherché un modèle pour lui : « J’en voulais un qui puisse me servir de première voiture. J’avais essayé le Jaguar i-Pace, mais avais renoncé à lui devant le peu de dynamisme du vendeur. J’ai trouvé le Volvo XC40 Recharge aussi bien qu’une Tesla, à l’exception de la techno du calculateur. Sur les américaines, tout est fait pour que le trajet se passe bien. En outre, Volvo n’avait rien entrepris pour développer un réseau de recharge ».

Un achat les yeux fermés : « La Tesla Model 3, je l’ai achetée sur vidéo, avec une formule de LOA sur 3 ans, sans jamais être monté dedans. Je suis allé la chercher à Nantes. Performances, autonomie, sécurité de la recharge : elle correspondait à tout ce que j’avais lu. Ca me surprenait de pouvoir avoir une voiture électrique de 440 chevaux avec plus de 400 km d’autonomie ».

Le Tesla Model Y du dirigeant de Mobalpa Montgermont

Notre lecteur roule désormais en Tesla Model Y : « C’est une version Performance à grande autonomie. C’est la même voiture que la Model 3 mais en plus polyvalent, avec un grand volume de chargement derrière un hayon et une position de conduite plus haute ».

Transmettre le goût de l’électromobilité

Notre lecteur est un véritable ambassadeur de la voiture électrique : « J’ai prêté ma Model 3 environ 80 fois pour que des proches ou des clients l’essaient. Je souhaitais partager mon expérience positive des voitures électriques. Je dois bien être à l’origine d’une dizaine d’achats. Ce sont des voitures intelligentes, agréables, avec réellement peu d’entretien, limité aux pneus et essuie-glaces ».

Aux personnes sceptiques, Thierry Nageotte abat des arguments convaincants : « Si c’est une femme, je lui demande avec quelle fréquence elle a besoin de faire effectuer l’entretien de son sèche-cheveux. Je fais la même chose avec un homme en prenant l’exemple d’une perceuse ». Et dans l’entreprise ? « J’ai pensé que ce serait comme un séisme. Mais au final, en pas plus de huit jours, tous ont compris comme fonctionne une voiture électrique et l’usage qu’on peut en faire. Je n’ai jamais entendu de retours négatifs importants et je pense que chacun y trouve du plaisir ».

Le dirigeant souligne toutefois : « Bien sûr, il y avait la peur de la panne d’énergie. Avec les thermiques que nous avions auparavant, on rencontrait déjà un problème avec le plein d’essence ou de gazole. Pressés, certains rentraient avec le réservoir à vide, ce qui pouvait être gênant pour l’utilisateur suivant. En devant d’abord passer à la station sans l’avoir prévu, il pouvait arriver en retard à son rendez-vous. On a solutionné ce problème avec l’électrique. Si l’autonomie passe en dessous de 100 km, la voiture est branchée sur une borne de l’entreprise ».

3 BMW i3 + 1 Kia e-Soul

Les collaborateurs les plus anciens dans l’entreprise ont connu les Renault Clio diesel, puis les Mini essence : « Chaque voiture parcourait entre 12 000 et 15 000 km par an, ce qui représente de l’ordre de 60-70 km en moyenne dans la journée. Ce qui est compatible avec l’électrique. J’avais envisagé la Mini, mais son autonomie est ridicule. La Renault Zoé ? J’avais été déçu de la qualité perçue à bord des premiers modèles. L’enveloppe extérieur était correcte, mais avec une impression de low cost dedans, comme avec la Volkswagen ID.3 ».

C’est à nouveau la BMW i3 qui a été choisi : « Par rapport à la Mini, elle est plus performante, avec une autonomie exploitable de 280 km. Ce qui correspond à 3-4 jours d’usage chez nous, et permet à l’occasion d’aller à Saint-Malo et Dinard [NDLR : Soit environ 160 km AR sans compter les éventuels crochets pour se rendre sur des lieux précis] ».

Il arrive toutefois aux collaborateurs de l’entreprise de devoir se rendre bien plus loin : « Par exemple à La Baule, Quimper et Brest. Je voulais donc une quatrième voiture électrique, dotée de davantage d’autonomie. J’ai pensé à la Cupra Born, à la Renault Megane et à nouveau à la Volkswagen ID.3. J’ai finalement été convaincu par l’essai du Kia e-Soul. C’est une voiture qui apparaît fiable selon les commentaires des utilisateurs sur Internet, et elle dispose d’une autonomie réelle de 380 km ».

Un bouleversement dans l’entreprise

C’est donc convaincu par l’électrique à titre personnel, que Thierry Nageotte a converti la flotte de Mobalpa Montgermont : « L’opération a débuté en octobre ou novembre 2021. Les métreurs, qui vont effectuer des mesures chez les clients, se servent tous les jours des voitures. C’est moins chez les commerciaux, plutôt tous les deux jours ».

Il fallait aussi des moyens pour recharger ces quatre voitures, le Tesla Model Y du dirigeant reçu fin juin 2022 étant ravitaillé en énergie à son domicile. Nous avons constaté que 4 wallbox ABB conçues pour un usage à l’extérieur étaient réunies par 2 sur une potence : « Pour ce matériel, nous avons dû effectuer des travaux. Ainsi percer une tranchée, refaire le tableau électrique du bâtiment et augmenter la puissance du compteur. A cette occasion, j’ai souhaité que le site ne dépende plus des énergies fossiles du tout. C’est pourquoi nous avons abandonné la chaudière au gaz ».

Les véhicules électriques permettent de réaliser des économies : « Ils sont déjà exemptés de TVS ». Avec cette exception qui perdure pour les VE, la taxe sur les véhicules de société a été remplacée en janvier 2022 par deux autres ponctions : la taxe annuelle sur les émissions de CO2 et celle sur l’ancienneté du véhicule. En adoptant l’électrique, c’est en dizaines et même en centaines d’euros que les économies peuvent se chiffrer à l’année par unité. « On peut compter aussi un gain de l’ordre 300 euros par an et par voiture au titre de l’entretien et 200-300 euros sur l’énergie ».

BMW i3 vs Kia e-Soul : laquelle emporte la préférence ?

Entre la BMW i3 et le Kia e-Soul, lequel de ces deux véhicules électriques emporte la préférence des collaborateurs. La réponse est unanime de la part de Thierry Nageotte, Frédéric Louvet, commercial et dans l’entreprise depuis 12 ans, et Catherine Berthin, conceptrice vendeuse : « C’est la BMW i3 ; il y a trop de boutons sur la Kia e-Soul ». Pour le dirigeant, la polyvalente allemande présente « un tableau de bord sobre, avec tout ce qu’il faut sans en rajouter. C’est comme avec les Tesla Model 3 et Model Y : pas de chichi ».

Les deux commerciaux vantent « l’utilisation très intuitive de la i3 ». Se définissant comme une professionnelle « mutitâche », Catherine Berthin précise : « Pour moi, les voitures électriques dans l’entreprise sont des outils. Elles doivent être pratiques et faciles à conduire. C’est simple, le Kia e-Soul, si j’en ai la possibilité, je l’évite. La BMW est en revanche très bien ».

Tous témoignent aussi du succès de ces véhicules auprès de la clientèle. En particulier Frédéric Louvet : « Les clients sont agréablement surpris quand nous arrivons en voiture électrique. Ils sont véritablement sensibles à ce choix. Rien qu’esthétiquement, nos voitures sont belles et donnent une bonne image de notre entreprise. Elle est encore améliorée par le fait qu’elles sont électriques ».

L’électrique à titre personnel

Si la perception de l’équipe de Thierry Nageotte est si bonne et ouverte sur l’électrique, certains l’ont-ils adopté à titre personnel ? Le dirigeant nous répond : « Globalement, ils sont tous un peu intéressés par les véhicules électriques. Ces modèles correspondraient très bien aux besoins personnels de 80 % de mes collaborateurs. Mais comme voiture principale, avec une autonomie suffisante, les prix sont trop élevés. C’est en tout cas ce qui est perçu, car les automobilistes particuliers ne se rendent pas toujours compte des économies qu’ils vont ensuite réaliser sur l’entretien et le plein en énergie ».

L’organisation à prévoir pour la recharge, Frédéric Louvet et Catherine Berthin connaissent déjà. Cette dernière souligne même : « Si on doit se rendre à plus de deux heures du lieu de travail, il faut y penser. C’est le côté moins confortable, qui prend parfois sur le temps privé ».

Son collègue aussi est amené à effectuer une telle gymnastique intellectuelle : « C’est le cas quand nous devons nous déplacer sur la côte sud, par exemple à Sarzeau. Les voitures électriques, c’est plus propre, très agréable à conduire, avec de la reprise, mais ça demande parfois une certaine rigueur pour disposer de l’autonomie nécessaire ».

Deux cas de figure

En deuxième voiture du foyer, et séduit par ce qu’il a découvert dans l’entreprise, Frédéric Louvet a déjà adopté l’électrique : « Ma femme parcourt 50 km par jour. Elle avait auparavant une Volkswagen Polo. Elle roule maintenant dans une Fiat 500 électrique qu’elle a à disposition sous la forme d’une location à 180 euros par mois. Elle en est très contente. Avant, elle devait effectuer deux pleins d’essence par mois. Ce qui lui coûtait environ 150 euros ».

Pour la voiture principale, il nous confie que c’est plus délicat : « Nous sommes 5, et nous nous rendons régulièrement dans de la famille qui habite à 3-4 heures de chez nous. Une voiture électrique qui nous permettrait de continuer à effectuer ces trajets tous ensemble, c’est trop cher pour nous ».

Adepte de la course de côte, Catherine Berthin roule aussi en Fiat 500 : « C’est une hybride. Contrairement à mon mari, j’ai une préférence pour les boîtes mécaniques. Une voiture électrique, ça aurait pu, mais je suis en pleine ville. La recharger serait compliqué ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Thierry Nageotte pour son accueil et le temps pris à répondre à nos questions. Un grand merci également à Catherine Berthin et Frédéric Louvet pour leurs avis et d’avoir accepté de figurer sur les photos.