Les problèmes s’accumulent chez Tesla. La firme américaine n’arrive pas à accélérer la production du Semi, son camion électrique. PepsiCo n’a reçu que 36 véhicules sur les 100 commandés, tandis que Sysco, ASKO Norvège, UPS et Walmart Canada attendent toujours les leurs.

PepsiCo n’a reçu que 36 Tesla Semi sur les 100 commandés

En 2017, plusieurs clients ont réservé leurs Tesla Semi auprès du constructeur américain. PepsiCo en a par exemple commandé 100. À ce jour, la marque n’en dispose pourtant que de 36. Tesla peine à devenir l’acteur majeur qu’il espérait être dans le domaine des poids lourds électriques. En attendant leurs Semi, certains clients ayant passé commande auprès de Tesla se sont même tournés vers des fabricants de camions électriques concurrents.

La situation n’est pas idéale en ce moment chez Tesla. Les ventes du constructeur sont en baisse, le projet Model 2 a été annulé et des licenciements massifs ont été annoncés. Mais le marché des poids lourds électriques a un énorme potentiel. « Les gens pourraient se demander pourquoi construire un camion électrique », déclarait Elon Musk à Giga Nevada fin de 2022, au moment de la livraison du premier Semi à PepsiCo. « Les poids lourds, c’est 20 % des émissions de tous les véhicules américains », précisait-il.

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Sous l’administration Biden, les entreprises qui utilisent des camions électriques ont droit à d’importantes subventions pour compenser leurs achats. PepsiCo a par exemple obtenu plus de 20 millions de dollars de la part du gouvernement pour l’aider à faire l’acquisition de ses Tesla Semi. Le producteur de sodas et de snacks s’attendait toutefois à recevoir l’ensemble de sa flotte d’ici 2023. Mais la production est à l’arrêt et PepsiCo doit pour le moment composer avec 36 poids lourds électriques.

50 000 camions électriques par an en 2024 ? Le compte n’y est pas

Le premier Tesla Semi est sorti des lignes de production à la fin de l’année 2022. À cette occasion, Elon Musk a fait du grand Musk en déclarant aux investisseurs que son objectif était de fabriquer 50 000 camions électriques par an d’ici 2024. Force est de constater que nous en sommes aujourd’hui très loin ! Si la priorité a été donnée à PepsiCo, d’autres clients ont également réservé des Semi en 2017. C’est le cas d’ASKO Norvège. La société a commandé 10 camions électriques mais n’en a reçu aucun.

« Nous ne sommes pas satisfaits de la situation chez Tesla. Cela fait 7 ans maintenant, c’est une trop longue période d’attente », a déclaré un porte-parole de l’entreprise. De son côté, UPS a réservé 125 Tesla Semi en 2017. L’une des plus grosses commandes jamais passées pour des Tesla Semi. L’entreprise de transport assure « travailler en étroite collaboration avec Tesla pour déterminer une date à laquelle nous prendrons livraison des camions », sans donner plus de détails.

Mais entre-temps, UPS comme Walmart Canada, Sysco et Schneider National, se sont tournés vers un concurrent de Tesla pour se fournir en camions électriques. Il s’agit de Daimler Truck. Les 4 transporteurs disposent tous d’eCascadia, des poids lourds capables de parcourir 370 km, quand le Semi peut en faire 800 km. Schneider utilise par exemple déjà plus de 100 camions eCascadia pour transporter ses marchandises.

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En Europe, ASKO Norvège utilise des camions électriques fabriqués par Scania et Volvo en attendant ceux de Tesla. Le constructeur américain leur a clairement dit que « la priorité sera donnée à PepsiCo et à aux autres clients américains ». L’entreprise d’Elon Musk espère pouvoir accélérer la production en agrandissant son usine dans le Nevada. Il est aussi question de fabriquer le camion électrique en Europe, probablement au sein de Giga Berlin.

Le corridor de recharge entre la Californie et le Texas verra-t-il le jour ?

En parallèle, Tesla cherche toujours à construire un gigantesque corridor de recharge, allant de la Californie au Texas, pour ses Semi. Le constructeur souhaite déployer 9 stations de recharge pour des camions électriques entre Laredo, au Texas, et Fremont, en Californie. S’il était construit un jour, ce corridor constituerait un réseau de recharge unique en son genre. Un tel projet pourrait permettre de développer le transport en camions électriques sur de longues distances.

Mais encore une fois, les choses ne vont certainement pas se passer comme prévu. L’entreprise a tenté d’obtenir près de 100 millions de dollars de financements dans le cadre du programme CFI (Charging and Fueling Infrastructure). Mais Tesla ne figurait pas parmi les 47 bénéficiaires annoncés par l’administration Biden en janvier dernier. Sans ce réseau, la promesse de Tesla d’électrifier le secteur des poids-lourds pourrait prendre encore plus de retard qu’elle n’en a déjà pris.

Chaque station devait à l’origine être équipée de 8 chargeurs de 750 kW pour les Tesla Semi et de 4 chargeurs ouverts à d’autres camions électriques. Sans ce corridor, Tesla pourrait-il se détourner du Semi ? C’est probable. La firme a prouvé qu’elle était capable d’abandonner un projet en cours de route avec l’arrêt du projet Model 2 au profit du robotaxi. L’entreprise tentera une nouvelle fois sa chance pour obtenir des financements auprès du programme CFI.

Mais il semblerait que l’administration Biden se concentre plutôt sur la construction d’infrastructures de recharge destinées aux voitures électriques. Par ailleurs, le manque de subventions ne sera peut-être pas le seul obstacle au projet. La récente restructuration de Tesla pourrait constituer un autre facteur de complication.