En pleine passion des voitures américaines, Thierry Meurgues a quitté le Mustang Club de France lorsqu’il a rejoint le Tesla Owners Club France en 2020. Son expérience avec l’électrique remonte cependant bien plus loin, plus de 25 ans en arrière.
Premier contact avec l’électrique en 1996
A 59 ans, Thierry Meurgues apparaît un peu comme un automobiliste passionné qui a souvent cherché à se faire plaisir avec ses voitures. Pas seulement en roulant avec de gros SUV ou de mythiques modèles à la mécanique chantante. Pour exemple, il n’a pas rejeté la Peugeot 106 électrique que le ministère de la Défense lui a mis entre les mains en 1996 dans une précédente vie professionnelle.
Ce qui est très honorable quand on sait que la plupart des collaborateurs des secteurs public et privé, ainsi équipés, ont vécu cela à cette époque comme une véritable punition : « J’aurais pu refuser au profit d’une 106 essence. Mais je me suis dit : ‘Pourquoi pas ?’. J’ai pris cette proposition comme une intéressante opportunité d’essayer quelque chose de nouveau. A l’époque, j’avais à titre personnel une Alfa 75 Twin Spark ».
La 106 électrique est apparue à notre lecteur comme une voiture exclusivement urbaine : « L’autonomie était de l’ordre de 80-100 km, avec une vitesse maximale autour de 90 km/h. Je me souviens encore de la notice du constructeur qui mettait en garde contre le risque d’effet mémoire avec les batteries nickel-cadmium ».
Rouler branché à Paris
Le Francilien utilisait régulièrement pour se déplacer à Paris cette voiture à peine connue du grand public : « En 1996, j’habitais au Kremlin-Bicêtre. La 106 électrique m’a servi pendant environ 1 an et demi dans mes fonctions au sein de l’état-major des armées. Je la rechargeais à l’Ecole militaire, à proximité du manège à chevaux où la cavalerie s’entraîne. Il y a avait là une petite flotte de 5 ou 6 exemplaires de ces voitures ».
Pensez-vous que ce premier contact avec l’électrique a été frustrant pour Thierry Meurgues ? Au contraire : « J’ai rapidement apprécié le silence de fonctionnement. L’électrique invite à goûter le produit automobile autrement. Avec cette voiture, rien de démonstratif. Elle se caractérisait par un fonctionnement doux et feutré qui donnait envie de conduire différemment ».
Cette expérience de l’électrique en pionnier est toujours resté gravée dans ses souvenirs. L’électromobilité n’était cependant pas mature à l’époque, et cet amoureux des belles voitures, aujourd’hui cadre supérieur pour un grand opérateur télécom, avait encore des envies de découverte.
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Notre lecteur en est à sa période ricaine : « J’ai eu de grands SUV, notamment des Jeep Wrangler et Grand Cherokee. Je me déplace régulièrement aux Etats-Unis. J’y reluquais les Muscle Cars du style Ford Mustang, Chevrolet Camaro et Dodge Charger ».
Le choix n’a finalement pas été trop difficile à effectuer : « Les critères qui m’ont guidé étaient alors l’esthétisme et la présence du réseau d’entretien en France. Chevrolet s’est retiré du marché européen. Ford était devenu pour moi le constructeur le plus rassurant, en particulier pour le SAV ».
En 2017, Thierry Meurgues signe pour une Ford Mustang V8 5 litres : « Je l’ai trouvée en Alsace chez Performance Motors. En la prenant d’occasion et peu kilométrée, j’ai échappé au malus sur les modèles neufs tout en disposant d’un exemplaire qui semblait tout juste sortir d’usine. Affichant dans les 6 000 km au compteur, la voiture venait d’Allemagne ».
Le passionné en automobile ne cache pas s’être fait plaisir avec elle : « En 2019, j’ai participé à un record du monde collectif, en me rendant à Lommel, en Belgique, à la plus grande concentration de Ford Mustang en Europe. Il y en avait 1 600 regroupées sur la piste du centre d’essai du constructeur ».
Coup de cœur pour la Model 3
Comment reconnaît-on un véritable passionné ? A son langage : « Je marche en fonction de mes coups de cœur, selon ma configuration sentimentale du moment ».
Ce qui n’empêche pas pour autant de réfléchir et de se recadrer : « Je me suis fait égoïstement plaisir avec ces voitures. A un moment, j’ai senti que tout ça, ça n’était pas vraiment raisonnable. Pas raisonnable de claquer 1 800 euros pour une carte grise. Pas raisonnable de continuer à nourrir un véhicule qui consomme 12 à 13 litres d’essence tout en étant doux sur l’accélérateur. Pas raisonnable de devoir faire face à d’importants coûts d’entretien ».
Pas question pour notre lecteur de sacrifier le plaisir de conduire. « Je me suis d’abord demandé : ‘Si je lâche la Mustang, ce serait pour me tourner vers quoi ?’. Il était évident pour moi que si je passais à l’électrique, ce serait avec une Tesla. Le réseau de recharge du constructeur est rassurant, et je voulais continuer à me déplacer comme avant, sans trop de contraintes ».
Il ne lui a pas fallu plus de 6 heures pour revendre sa Mustang par l’intermédiaire du site de La Centrale : « C’était en juin 2020, et nous sortions de la première période de confinement pour raison de Covid ».
Première étonnée : sa femme
La décision prise par Thierry Meurgues de passer à l’électrique en a étonné plus d’un. A commencer par sa propre femme : « Elle était persuadée que je serais marié avec la Mustang pour 30 ou 40 ans ! Elle a même imaginé que j’étais malade. En outre, pour elle, l’électrique représentait quasiment un danger s’il fallait s’éloigner de chez soi ».
Son épouse a cependant été rassurée par le choix de la Tesla Model 3 Performance : « En 2020, ce modèle correspondait complètement à ce que je cherchais. Je ne voulais pas faire de compromis sur les performances. Mieux, j’en ai remis une louche en passant à l’électrique. J’ai laissé une propulsion de 421 ch pour 524 Nm de couple, pour une voiture à motricité intégrale de 513 ch et 660 Nm ».
Pourquoi pas une Tesla Model S ? « C’est vrai que la Model 3 fait 10 cm de moins en largeur, mais la longueur est assez similaire. La Model S était pour moi hors budget, et en dehors de mes critères de mensurations. De plus, la Plaid n’était pas encore disponible. Aujourd’hui encore, je ne regrette pas du tout mon choix ».
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Notre lecteur a une vision étonnante de sa Tesla Model 3 Performance : « Cette voiture, c’est un peu Docteur Jekyll et Mister Hyde. Je retrouve la douceur que j’ai connue avec la Peugeot 106 électrique et conserve le plaisir de conduire. La Model 3 glisse sans bruit. Mais un diable se cache dedans. Lors d’un démarrage musclé, elle met à l’amende 90 % de la production automobile ».
Un petit manque, peut-être ? « Oui, il lui manque juste la bande son. Aujourd’hui encore, je tourne la tête quand je croise une Mustang ou une Camaro ». A noter que notre lecteur a choisi sa voiture électrique dans la même présentation que son ancienne Ford Mustang : « Gris nuit métallisé avec l’intérieur blanc ».
Thierry Meurgues tient à casser une image négative autour de la marque branchée américaine : « Je ne considère pas du tout que de posséder une Tesla soit élitiste. Il ne faut surtout pas cultiver cette image. Au contraire, il faut que la marque soit toujours plus accessible à davantage d’automobilistes afin de se débarrasser du pétrole ».
18,9 kWh/100 km
Finalement, le Francilien a réussi à convaincre sa femme qu’il est possible de voyager loin avec une voiture électrique : « Nous sommes allés à Bratislava en Slovaquie à l’été 2021 avec cette voiture. L’année suivante nous avons dépassé de 200 km le cercle polaire arctique. Avec les superchargeurs Tesla, il n’y a jamais de problème. Le planificateur intégré m’y amène de façon efficace. Le reste du temps, je recharge depuis chez moi avec une borne Hager 7,4 kW ».
Avec sa Model 3, Thierry Meurgues ne se prive pas toujours de pousser quelques puissantes accélérations : « Je respecte les limitations de vitesse. Sur les autoroutes allemandes, il m’est arrivé d’atteindre les 244 km/h ».
Au final, sans être particulièrement basse, la consommation globale de sa berline électrique n’apparaît pas non plus excessive : « J’ai consommé sur 52 672 km environ 9,9 MWh, ce qui donne une consommation moyenne de 18,9 kWh/100 km. Tesla sait faire dans l’efficience ».
Une finition à l’américaine
Des défauts, Thierry Meurgues n’en rapporte pas vraiment concernant sa Model 3 : « Personnellement, je n’ai pas rencontré de problème d’alignement sur la carrosserie. Je sais que ça existe. La finition n’est peut-être pas le point fort de Tesla, mais elle est conforme à ce que j’avais sur mes américaines thermiques. J’y suis donc habitué ».
En passant de la Mustang à la Model 3, l’absence de combiné d’instrumentation derrière le volant n’a-t-il pas été difficile à vivre ? « Au gré des mises à jour, Tesla a fait un effort pour rendre plus lisible la vitesse instantanée. Plus gros et plus saillants, les chiffres sont maintenant bien placés tout en haut à gauche. Il m’avait fallu à peine un mois pour m’habituer à la configuration de l’époque ».
Pour lui, c’est avant tout une question de sensibilité : « A mon avis, cette question de l’absence de combiné n’est pas vraiment un sujet. C’est comme le volant Yoke, chacun vit ce genres d’expériences selon sa propre personnalité. Tesla propose d’ailleurs toujours aussi le volant normal avec ses Model S et Model X Plaid ».
Une promesse réalisée
Quel est le principal point positif de la Tesla Model 3 Performance ? « C’est la réalisation de la promesse. Avec cette voiture électrique, il est réellement possible de se déplacer comme vous vous déplaciez avant. Je pense que je suis un bon ambassadeur à zéro euro de Tesla : J’ai converti à la marque quelques dubitatifs ».
Thierry Meurgues ajoute : « En pas loin de 53 000 km, je n’ai jamais eu recours aux service centers pour des réparations, tellement la voiture est fiable. Un ranger est venu pour deux rappels alors que je n’avais pas de problème particulier : l’un pour une question de triangle sur le train avant, et l’autre concernant le faisceau optique de la caméra à l’arrière ». Au niveau de l’entretien, « j’ai changé les pneus à 42 000 km et fait réaliser la révision des 2 ans avec changement des filtres d’aération à l’avant ».
Notre lecteur a-t-il déjà pensé à sa prochaine voiture ? « J’aime beaucoup la tenue de route de la Model 3 qui présente un centre de gravité très bas. Je souhaite cependant revenir à une voiture de type SUV. Ce sera donc très certainement un Tesla Model Y Performance. Le coffre sera plus facile à charger et avec un véhicule plus haut, je retrouverai la sensation de dominer la route ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Thierry Meurgues pour son témoignage, sa sympathie et sa confiance.
Les raisons qui mènent à la voiture électrique sont très diverses. C’est par exemple pour alléger l’empreinte environnementale de ses déplacements, réduire les coûts d’usage d’un véhicule, essayer une nouvelle technologie, pouvoir circuler dans les zones à faibles émissions, etc.
Devenir électromobiliste en considérant que l’on n’y perdra pas en plaisir de conduire, voire même plutôt en l’accentuant, c’est très certainement une raison très efficace pour faire basculer massivement un grand nombre d’automobilistes, y compris les passionnés.
A ce sujet, le témoignage de Thierry Meurgues est particulièrement intéressant. Il montre que l’électromobilité a atteint une nécessaire maturité. Merci à Tesla qui reste fidèle à son objectif de départ de démocratiser le VE.
Certes, il reste encore pas mal de chemin à parcourir, mais le constructeur américain a envoyé des signaux très forts en cassant les prix sur ses Model 3 et Model Y. En attendant une citadine. Et en espérant que les constructeurs généralistes trouvent la bonne recette pour emboîter le pas tout en procurant de l’emploi en France et en Europe.
Vivre joyeusement le VE, c’est très communicatif. Et c’est aussi un état d’esprit à cultiver. Y compris avec une citadine, un quadricycle, une moto, un scooter un vélo, une trottinette.
Le cas de Thierry est un peu semblable au mien.
Addicté depuis 1991 aux Subaru, dont les arguments (centre de gravité bas, transmission intégrale, flat-four essence turbo) m’ont longtemps convaincu par leur meilleure pertinence du marché automobile mondial, c’est en 2021 que j’ai bascilé vers une Tesla Model 3 Dual Motor (Long Range) avec l’option « Acceleration Boost », qui la met presqu’au niveau de la Performance… tout en consevant les roues de 18″, donc une meilleure efficience.
Cette auto, révolutionnaire, reprend les arguments de Subaru (centre de gravité bas, transmission intégrale) mais offre encore plus de chevaux et de couple, deux éléments indispensables au plaisir de conduire.
Résidant dans les Alpes, cette voiture m’a étonné, malgré son poids, par son agilité sur routes sineuses et glissantes, y compris enneigées, avec les pneus adéquoits, évidemment (qui sors en mocassins sur la neige ?).
Tesla, malgré sa gamme encore réduite, couvre déjà un large spectre des besoins des automobilistes, et ça ne fait que commencer.
Plutôt fidèle à la marque que j’ai choisie, je risque donc de rester encore un moment client de ce constructeur pionnier, suivi depuis par touts les autres, y comris les plus prestigieux : c’est rigolo de voir comment, en 10 ans, un petit nouveau vient tordre le bras des plus anciens, jusqu’alors donneurs de leçons…
C c’est en lisant ces témoignages que je mesure ma chance. Modèle 3 Perf et/ou Honda E pour tous les jours et quand il fait beau les week-ends, je sors la F-Type.
Avec un portefeuille aussi bien garni, pour pouvoir se payer soit l’une, soit l’autre, j’aurais quand-même gardé la Mustang pour le plaisir de dompter les chevaux (sur circuit), et acheté une Mégane EV60 pour les autres jours, le tout pour un bilan carbone bien meilleur que la TM3 Perf.
j’avais hésité à acheter une mustang d’occaz ou une tesla d’occaz en 2019. J’ai choisi la tesla, je ne regrette pas, j’ai compté pas moins de 8000€ de carburant non cramé !!!
Témoignage réjouissant. Comme quoi, on peut aimer les voitures « expressives » et rouler en électrique. Parce que des VE le sont aussi.
Merci pour ce témoignage.
Je m’y retrouve un peu. J’ai eu de belles voitures genre Lexus ISF V8, j’ai failli craquer pour une Mustang V8 cabriolet bva mais… La modele 3 Performance arrive à Lyon en fev 2019. Comme on roule avec des Zoe depuis 2013, on attendait une VE pour remplacer notre thermique.
Et paf je fais la bêtise de l’essayer cette Perf. Oublié la Mustang, commande la Perf le soir même. J’en suis à ma 2eme qui fait la causette à notre Zoe dans la box en s/sol de copro.
30/40kkm/an que d’autoroute longue distance avec. Fluidité d’usage comme une thermique. Je ne m’ennuie pas avec abrp et autre et reste sur le réseau de suc pour 2 raisons. 1/ ne pas encombrer les Ionity quand on a son propre réseau et en 2 la fiabilité totale et le nombre de bornes par station. Empiriquement, c’est 100km/h sur autoroute en moyenne (135 de croisiere) pauses et recharges comprises. En clair 1000km = 10h à la grosse. Soit pas beaucoup moins que mes anciennes thermiques essence qui siphonnaient pas mal à 130.
Sinon la Carrera 4S de mon pote me redresse toujours les poils, un V12 Matra ou V16BRM aussi.
Pourquoi le V8, L6, V6 ne me manque pas? En dehors de rouler vitre ouverte avec un pot débridé, les voitures genre GT puissantes sont tellement encapsulées à l’intérieur et à l’échappement que ce n’est plus un argument. Avoir un 4 cyl bodybuildé qui rote à l’échappement en décélération m’irrite au plus haut point.
Le downsizing pas mieux. Quand j’avais testé la BMW 330i à sa sortie, elle avait perdu son 6cyl pour un 4 cyl. On avait l’impression de lui faire mal quand on montait dans les tours et la réflexion mûrit assez vite de l’intérêt pour ces voitures chères ayant perdues leurs âmes (leurs moteurs, musicalité). Même un V8 amg, bof.
Tant qu’à faire, le couple et la puissance immédiate compense très largement. Avec un bon châssis, bon confort et bonne fiabilité c’est le bon combo pour un rouleur autoroutier comme moi même si une LR le fait encore mieux et plus longtemps.
Voilà, c’est juste mon point de vue d’un gars qui n’a jamais eu un diesel de sa vie automobile (1980) même quand je faisais 100kkm/an…
voila pourquoi tesla n’a pas besoin de pub.
Pour moi acheter une voiture électrique c est acheter une voiture pour laquelle le réservoir prend longtemps pour être rempli, réservoir dont la capacité diminue avec le temps et qui vaudra plus que le prix de la voiture quand il faudra le remplacer. Bref je garde ma mustang !
Bravo Monsieur !
Je n’ai pas une performance mais une simple propulsion, j’en ai même deux tant la satisfaction est présente.Espérons que les constructeurs européens s’y mettent vraiment avec des modèles efficients et un vrai réseau de charge !
C’est ça la puissance de Tesla.Convertir un passionné de Mustang en Teslafan trop fort ELON !
Un sympathique témoignage qui doit être assez représentatif de pas mal de propriétaires de model 3 performance.
Docteur Jekyll et Mister Hide, c’est exactement comme ça que j’ai qualifié ma model 3 lorsque je l’ai reçu en février 2019.
Et j’ai eu quelques sympathiques allemandes depuis le début de ma vie d’automobiliste, en 1993.
La model 3, c’est aussi la continuation du plaisir automobile, en prenant en compte « l’air du temps », d’une maniere differente, mais toujours avec de bonnes performances.
Ca restera certainement une de mes voitures préférées à la fin.
Une voiture au style passe-partout et basse consommation comme une Tesla et une voiture tape-à-l’oeil et forte consommation comme une Mustang, cela n’a rien à voir.
Dans l’idéal, pour celui ou celle qui aime les voitures, il faudrait un VE avec un objectif esprit pragmatique (en usage quotidien, vacances famille) et une avec objectif esprit « plaisir » pour l’émotion (week-end).