Très actif en Chine, Nio vient de passer la vitesse supérieure en lançant la ET7, qui revendique 1 000 km d’autonomie. Mais est-ce suffisant pour se frotter à ses concurrentes aux dents longues ?

Présent sur son marché domestique depuis de nombreuses années, Nio revient sur le devant de la scène médiatique. Notamment depuis quelques jours : à l’occasion du Nio Day, la firme chinoise a dévoilé l’ET7, sa nouvelle berline aux 1 000 km d’autonomie. Mais toutes les ambitions ne s’arrêtent pas au seul critère de l’autonomie. Elle devra donc faire preuve d’autres arguments pour tenir tête à la Tesla Model S, mais également à la Lucid Air et la Xpeng P7.

Des silhouettes de concepts

La nouvelle Nio ET7 se veut être la traduction en série du ET Concept. Comme la plupart des voitures de sa génération, elle adopte un style futuriste, qu’elle conjugue avec une ligne de toit fuyante pour se donner des faux airs de sportive. Mais la poupe semble aussi hésiter avec celle d’un break de chasse à la sauce Porsche Panamera, au plus grand bénéfice de l’habitabilité arrière.

Il faudra pouvoir juger sur pièce donc, mais la Nio ET7 est plus grande que ses trois autres concurrentes que nous lui opposons : avec 5,10 mètres de long, elle devance la Lucid Air (4,98 m), la Tesla Model S (4,98 m) et la Xpeng P7 (4,88 m). Elle prend aussi la tête en matière d’empattement avec une valeur de 3,06 mètres.

Si le style est une notion subjective, le coup de crayon a toutefois un impact sur l’efficacité aérodynamique. Et sur ce point, c’est la Lucid Air qui s’en sort le mieux avec un Cx de 0,21, quand les trois autres avouent une valeur de 0,23.

Des petits noms aux assistants vocaux

Nio a particulièrement soigné la présentation intérieure de la Nio ET7. Si elle n’atteint pas le niveau de la Lucid Air, qui cultive un certain raffinement, la berline chinoise n’a pas à rougir. Notamment face à une Tesla Model S à l’habitacle vieillissant, bien qu’il se murmure qu’une évolution soit imminente. Chez Xpeng, la P7 fait le choix d’une planche de bord épurée où trône un large écran combinant l’instrumentation et l’infodivertissement central. Question de goût donc, mais la Tesla Model S ne peux plus suivre à ce chapitre, et ce malgré son écran central vertical de 17 pouces qui fait toujours mouche à bord.

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La Nio ET7 a aussi l’avantage de la nouveauté pour proposer des équipements de dernière génération. On note ainsi la présence d’une connexion 5G et de l’assistant vocal Nomi, qui prend la forme d’une petite boule posée sur le tableau de bord. La connectivité est aussi importante à bord avec un Bluetooth 5.2, un port Wi-Fi 6 et un dispositif V2X. Côté confort, la berline chinoise promet 23 haut-parleurs de 1 000 watts avec le système immersif 7.1.4.

Chez Xpeng, l’assistant se nomme Xiao P. Il est capable, grâce à la reconnaissance sonore localisée, de savoir qui du conducteur ou des passagers s’adresse à lui pour adapter ses commandes. Le fabricant détaille l’ensemble des possibilités du système d’exploitation Xmart OS ainsi que l’écosystème d’applications embarquées. La P7 est aussi dotée de toute la connectivité attendue dans un véhicule de cette envergure (elle adopte elle aussi la fonction V2X), alors que le système audio est aussi presque aussi copieux que sa concurrente avec 18 HP : Xpeng n’hésite pas à résumer sa voiture comme un hall de concert sur roues.

Chez Lucid, l’intérieur se distingue par l’écran incurvé 5k de 34 pouces. Une seconde dalle trouve position sur la console centrale et peut se rétracter sur demande. Le constructeur californien n’a pas livré tous les détails concernant l’équipement de confort, mais c’est Alexa d’Amazon qui sert ici d’assistant.

Conduite autonomie : LiDAR pour tous

Alors que la Tesla Model S fait confiance au système de conduite autonome Autopilot et au Full Self-Driving, les trois autres berlines électriques s’équipent d’un LiDAR, qui détecte et interprète l’environnement de la voiture par rayonnement laser. D’après les constructeurs, ce système se montre bien plus précis et performant que l’Autopilot Tesla. Sauf que pour le moment, seul le dispositif de Palo Alto a fait ses preuves sur la route.

Hormis une intégration qui aurait mérité d’être mieux travaillée sur la Nio ET7 (les bosses sur le toit étonnent), la berline promet une puissance de feu avec un ensemble de 4 puces Nvidia Orin, similaires à celles installées par IM, la nouvelle voiture d’Aliexpress. C’est un total de 33 capteurs qui ont été installés, contre 32 chez Lucid et 31 pour la Xpeng P7.

Batterie et autonomie : l’artillerie lourde

C’est à ce chapitre que les voitures électriques mettent le paquet pour sortir du lot. Et la récente Nio ET7 met tout le monde d’accord : en haut de gamme, la berline s’équipe d’une gigantesque batterie de 150 kWh promettant 1 000 km d’autonomie sur un cycle NEDC. À noter que des blocs de 100 kWh et 70 kWh sont aussi proposés.

Sur les bancs de la norme WLTP, l’autonomie de l’ET7 devrait toutefois dégringoler vers les 850 km. Ce qui reste toujours copieux face aux 832 km (est. EPA) de la Lucid Air Grand Touring ou aux 652 km de la Tesla Model S Grande Autonomie. Mais la firme de Palo Alto devrait se relancer dans la course avec la Model S Plaid qui annonce de son côté une autonomie de 840 km. La Xpeng P7 est au pied du podium avec 706 km (NEDC) au maximum, dans sa version RWD Super-Long Range.

En rapportant les autonomies à une valeur WLTP/EPA théorique, la P7 se dispute la première place avec la Lucid Air au chapitre consommation : avec 13,5 et 13,6 kWh/100 km respectivement, elles font mieux que la Model S Grande Autonomie (15,46 kWh/100 km) et que la Nio ET7 (17,65 kWh/100 km).

Recharge : Nio a une arme secrète

Si une énorme batterie permet de viser des autonomies records, les puissances de recharge doivent se montrer suffisamment costaudes pour faire le plein efficacement. La Lucid Air sort les gros chiffres puisqu’elle peut viser une puissance de 300 kW en charge rapide DC, soit 483 km récupérés en 20 minutes. Xpeng n’annonce pas de puissance de recharge, mais indique que la P7 peut passer de 30 % à 80 % en 31 minutes, soit 353 km d’autonomie. La Tesla Model S profite encore et toujours de la force de son réseau de Supercharger, qui peut grimper à une puissance de 250 kW aux États-Unis.

Si les puissances de recharge de la Nio ET7 n’ont pas été communiquées, le constructeur indique que la berline pourra gagner toute son autonomie en seulement 5 minutes. Son secret ? Une batterie interchangeable en station dédiée, dont le réseau continue de grandir en Chine. En se positionnant sur la place réservée grâce à son système de conduite autonome, la Nio ET7 laisse sa batterie presque vide pour récupérer celle d’une autre suffisamment chargée, déposée au minimum une heure plus tôt. Ingénieux, mais sans doute complexe et coûteux par rapport à un réseau de recharge propre.

Une Nio ET7 prometteuse, mais une Tesla Model S éprouvée

Sur le papier, la Nio ET7 a beaucoup d’arguments à faire valoir, notamment face à une Tesla Model S vieillissante qui a du mal à tenir tête à cette nouvelle génération de berlines électriques. Mais aussi face à la Xpeng P7, finalement à peine plus timide dans son approche technologique. Grande et raffinée, l’ET7 trouve plutôt en la Lucid Air une concurrente de choix, bien que l’autre berline américaine entre dans une sphère bien plus premium.

Mais du haut de ses huit ans, la routière de Palo Alto est une valeur sûre, qui a déjà été éprouvée et n’est pas qu’un tas de promesses : pour l’heure, seule la Xpeng P7 a vu le jour sur ses terres natales où elle semble rencontrer une certaine forme de succès. Il faudra donc attendre l’arrivée de tout ce beau monde en Europe afin de pouvoir en juger. D’ici là toutefois, la Tesla Model S aura sans doute encore évolué.

Et vous ? Laquelle a votre préférence ? N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires !