Alors que les acteurs de l’industrie automobile ont investi des milliards d’euros pour opérer une transition vers l’électrique, la demande n’est pas à la hauteur des attentes. Les taux d’intérêt élevés, le contexte économique incertain et les tensions géopolitiques sont pointés du doigt.
Depuis quelques mois, les constructeurs automobiles sont inquiets sur l’avenir de la voiture électrique. La plupart des grandes entreprises de l’industrie ont pourtant investi des milliards d’euros pour développer leurs modèles électrifiés : nouvelles usines, nouvelles technologies… Le contexte économique instable n’arrange pas les choses.
Les performances ne sont pas à la hauteur des attentes
Volkswagen observe par exemple une baisse des commandes de 50 % en Europe sur l’électrique. Pour le directeur financier de la marque, ce phénomène est lié au « ralentissement général du marché ». Avec l’inflation, beaucoup de clients renoncent à changer de voiture, ou attendent que les prix repartent à la baisse. En conséquence, l’entreprise allemande a décidé de licencier 269 salariés au sein de l’usine de Zwickau. Le sort de 2 000 autres emplois temporaires est toujours incertain.
De son côté, l’américain Ford ne vend pas suffisamment de modèles électrifiés. Au cours du troisième trimestre, seuls 20 962 modèles se sont écoulés. Le constructeur perd énormément d’argent sur chaque voiture électrique vendue, des pertes de l’ordre de 36 000 dollars. C’est énorme et cela pousse même l’entreprise à « réduire les investissements dans le secteur de l’électrique ». Comme Volkswagen, Ford pointe du doigt « une dynamique de marché difficile ».
À lire aussi Faute de ventes suffisantes, Volkswagen réduit la production de modèles électriquesL’Ovale bleu va même réduire la production de son pick-up électrique. Le Ford F-150 Lightning était jusqu’à présent fabriqué en trois équipes. Dorénavant, il ne sera plus produit que par deux équipes. La grève historique menée par l’UAW aux États-Unis n’a rien arrangé à tout cela. Les Big Three (Stellantis, Ford et General Motors) ont conclu un accord avec la syndicat américain dans le cadre duquel il est prévu d’augmenter les salaires de 25 %.
Les taux d’intérêt élevés compliquent l’équation
La plupart des observateurs s’accordent à dire que les taux d’intérêt élevés que nous connaissons actuellement représentent une menace pour l’avenir de l’électrique. Même Elon Musk en a pris conscience. Le patron de Tesla s’est récemment dit « inquiet de l’environnement économique et des taux d’intérêt élevés ». Selon lui, « si les taux d’intérêt restent élevés ou s’ils augmentent encore, il sera de plus en plus difficile pour les gens d’acheter une voiture ».
De quoi pousser Tesla à ralentir ses projets au Mexique. La construction de l’usine attendra. Autre projet abandonné : celui qui devait unir Honda et General Motors dans le développement d’un SUV électrique abordable.
En Chine, malgré des chiffres très hauts, la tendance est aussi au ralentissement. Le fabricant de batteries CATL a récemment déclaré que son troisième trimestre avait été le plus faible de l’année. L’entreprise chinoise invoque une « baisse généralisée de la demande et une concurrence accrue ». De son côté, Nio a prévu de licencier 10 % de ses salariés pour réduire les coûts et dégager plus de bénéfices. La direction précise que que « les performances ne sont pas à la hauteur des efforts ». Les nombreuses tensions géopolitiques n’aident pas. L’Europe veut par exemple freiner l’arrivée des marques chinoises sur son sol.
La situation paradoxale des voitures électriques
Si certains tirent la sonnette d’alarme au sein de l’industrie, d’autres voix s’élèvent pour dire qu’il faut prendre son mal en patience. Les ventes progressent. Par exemple, Stellantis a vu ses ventes sur l’électrique bondir de 37 % au cours du troisième trimestre 2023. Le géant automobile issu de la fusion entre Fiat-Chrysler et PSA est même passé devant Tesla en Europe. 87 000 modèles électriques se sont écoulés entre juillet et septembre. Notamment grâce aux petits modèles. les ventes sur les voitures électriques ont augmenté de 14,3 % au sein de l’Union européenne et de 22 % en Chine.
À lire aussi Marché automobile : record en France pour les ventes de voitures électriques en septembre 2023Mais la percée de l’électrique est plus lente que prévu pour beaucoup. On ne peut pas espérer que les voitures électriques représentent la majorité des ventes en si peu de temps. Toutefois, les investissements dans le secteur de l’électrique au cours des dernières années ont été extrêmement rapides et les constructeurs en attendent des bénéfices.
Rappelons nous que la sortie de crises a permis de voir des véhicules légers, économiques et efficients pour l’époque.
Cependant, la crise actuelle risque plutôt de se scinder la société en deux.
La première aisée qui peut se permettre de rouler en véhicules électriques, performants, coûteux et pas tout le temps efficients.
La seconde, une masse populaire, qui pourra rouler en véhicules électriques légers, efficients équipés d’une petite batterie.
Pour faire de la masse, il y a des pistes. Optimiser la production pour marger suffisamment et de réorienter le marché. Voire developper des solutions de retrofit economiques pour maintenir l’emploi et limiter le coût de la transition.
Un challenge de plus pour l’industrie automobile, good luck.
je comprend que le theme soit le VE. mais le marché thermique se porte t il mieux ?
L’état qui taxe, l’état qui prime, pas sûr que ce soit une bonne direction.
L’état devrait développer l’infrastructure. Subventionner les points de recharge, de simple prise dans la plupart des entreprises, dans les parkings publics, vers les bureaux, vers les écoles, vers les commerces, vers les cafés-hôtel-restaurant, mais aussi dans les rues et aux pieds des immeubles. De simple prises avec juste ce qu’il faut d’identification.
Quand les gens brancheront leur voiture facilement, là il y aura un intérêt grandissant. L’excuse du ‘je ne peux pas charger” ou “ça va tomber en panne” n’aura plus lieu.
Comme l’a écrit ManuTaden, l’offre en véhicule abordable existe et se développe. Le marché de l’occasion serait aussi plus vigoureux. Le besoin ou la possibilité de changer pour le neuf serait aussi plus marqué.
Effectivement, ces trois facteurs peuvent freiner le développement du VE. Mais pas que. Il va y avoir aussi des tensions d’approvisionnement sur les matériaux dits stratégiques pour la transition, comme bientôt le cuivre, le carbonate de lithium, néodyme, nickel et cobalt. Tout cela parce que la demande en UE va exploser, suite aux installations des nouvelles usines de batterie et le développement des éoliennes.
L’industrie automobile suit des cycles économiques et en ce moment on arrive en fin de cycle.
C’est sûr que le timing n’est pas le bon pour faire une transition mais bon les politiques ont fait leur choix en connaissance de cause.
Il y aura de la casse sociale.
Il faudra que les gouvernements ont le courage de taxer plus le diesel et essence, tout en proposant des alternatives pour ce qui manquent des moyens.
Et aussi pas reculer devant le lobby des costructeurs, comme pour la norme Euro 7. Il faut augmenter et appliquer le malus pour toutes les voitures thermiques. Une prime a la caisse de 5000 euros sans obligation d’achat pourra aussi aider.
AP vous m’avez convaincu rien qu’avec ce titre qui fait peur aux petites vielles et aux téléspectateur de TF1 et les auditeurs de France Inter !
Je vais reprendre une fumante dès que possible et militer pour revenir au bon vieux diesel !
Mais je suis pas vieux encore et je regarde pas TF1, mince j’ai cru entendre la voix de Raymond de TPMP sur les voitures électriques sur le site AP pendant un moment.
Vite une tisane et au lit !
;-)
C’est une excuse tres courante dans le monde commercial, et ce qui est marrant c’est qu’on la retrouve dans tous les domaines et à toutes les epoques. Quand le chiffre d’affaires n’augmente pas ou regresse on le justifie par la morosité ambiante, les taux d’interet élevés et l’augmentation du coût de la vie. Et cela que ce soit aujourd’hui, il y a 10 ans ou il y a 20 ans. C’est toujours les memes arguments. Si ces aspects ne peuvent etre ignorés ils sont souvent utilisés en realité comme excuse pour ne pas se remettre en question et se dire que c’est peut etre de notre faute. Ca serait culpabilisant ou ca degraderait notre fierté et notre orgueil ou notre image alors on prefere en appeler à de grandes causes exterieures.
La vérité c’est que si un produit est vraiment bon il trouvera son public. Surtout dans un domaine tel que l’automobile qui est deja tres repandu dans la population, les marques ayant beaucoup de parts de marché établies depuis longtemps. La réalité c’est que le VE a bien trop de defauts que nos chers constructeurs doivent absolument corriger. C’est leur entetement a maintenir des prix hauts ou a baisser les prix mais uniquement en offrant une autonomie ridicule (bonjour la C3) qui peut causer la perte du VE. A croire qu’ils le font expres pour que le VE soit un flop. C’est vraiment à se demander parfois.
Chers constructeurs, proposez un produit au bon rapport qualité prix ! Il faut baisser les prix, augmenter l’autonomie (norme standard à 600km wltp pour prendre en compte tous les facteurs qui abaissent la distance vraiment parcourue), accompagner le client dans son usage de l’electrique et simplifier son usage (logiciel de calculs d’itineraire avec integration des points de recharge et prise en compte de l’autonomie type abrp, installation de borne avec le vehicule, systeme de pre-conditionnement de la batterie, controle des fonctions de la voiture a distance avec une application efficace, etc). Apres ca il restera plus que les efforts des pouvoirs publics pour rendre la recharge accessible a tous et roulez jeunesse ! Mais ne nous y trompons pas, ce sont des etapes obligatoires pour que le VE remplace litteralement le VT. C’est ça la vraie clef pour que ça fonctionne a l’echelle de toute la population.
Oh les constructeurs sortez des voitures à notre portée. Très peu de personnes ont envie de jeter 40/50000€ pour une voiture ou la technique évolue très vite. On aimerait des voitures en dessous des 20000€ et la le marché repartira.
Ensuite l’infrastructure, les bornes rapides doivent suivre et pas que sur autoroute. Une borne deux places 22 kW ne sert à rien, sauf hôtels… 2 VE qui chargent dans la nuit, super pour les autres …..
on a tendance un peu à se répéter les freins à l’achat nous les connaissons bien. de plus effectivement certains constructeurs sortent aujourd’hui des VE aux “performances” déjà dépassées et à un prix exorbitant ils espèrent quoi ?….
Je pense que ce qui menace l’avenir des VE, tout du moins en France, c’est la désinformation massive et semble t’il organisée sur les VE, de la part d’une écrasante majorité des médias, TV, presse (même spécialisée) internet, réseaux sociaux.. Moi qui possède 2 VE dans le même foyer, ma voiture et celle de mon fils, et qui peut donc parler d’expérience, j’ai tout le mal possible à expliquer à mes proches, collègues, voisins, familles les avantages des VE et de l’urgence de la transition. Ce n’est pourtant pas les évènements récents qui vont nous donner tort, à voir les pauvres habitants du Pas de Calais en ce moment par exemple. L’urgence climatique est là, et bien là. On ne va pas bien sûr tout résoudre en se contentant de passer aux VE, mais ce serait déjà un sacré pas dans le bon sens..
On sortira du thermique et ce sont les véhicules qui ont un bon rapport prestations /prix qui se vendent.
Concrètement aujourd’hui, Tesla et MG.
La C3 pourrait aussi trouver une belle place, mais Citroën n’étant pas une référence en VE, elle devra convaincre à l’essais.😉
L’avenir réside dans la mobilité électrique, j’en suis convaincu.
A partir du moment ou la part de Véhicule électrique progresse sur l’ensemble des voitures vendues, je ne vois pas comment on peut dire qu’elle est menacé (ce qui laisserai penser qu’il faut revenir au thermique)
Ce qui baisse, c’est le volume de vente global de voiture neuve, surtout thermique, et ce n’est pas un mal pour la planète.
Dans mon entourage les jeunes arrivant en âge de passer le permis, n’en font plus un graal indispensable. Si la voiture descend de son piédestal d’objet majeur de valorisation sociale, forcement les constructeurs qui ont tous voulu faire du premium tres cher et tres ostentatoire pour augmenter leur marge, vont tous avoir du mal a vendre leur production.
Le virage “Voiture Essentielle” de Citroen et la future e-C3 montre que je ne suis pas le seul à faire cette analyse :) (et j’imagine un futur succès commercial à ce genre de voiture, pendant que les WV, Ford et consort cité dans l’article continueront à pleurer (et n’auront rien dans cette gamme avant 2025-2026)
Bref, les perdant ont mérité ce qui leur arrive !
Je ne suis pas d’accord, ceux qui baissent, sont ceux qui font de mauvais VE, les autres ils vendent et progressent de plus en plus, vous prenez le cas de FORD ? c’est quoi l’expérience de FORD en VE ? rien, vous prenez comme exemple les vieux dinosaures du thermique, évidemment qu’ils vendent pas, ils ne sont ni innovants, ni compétitifs , ni attirants.
la transition vers l’électrique est en marche, elle va prendre du temps, mais ne retournera pas en arrière, il y aura de la casse dans les constructeurs, c’est une réalité, mais ceux qui sortiront des modèles légers, efficients, à prix compétitifs seront les grands gagnants.
N’y a-t-il pas une contradiction entre demander aux citoyens de recycler, de garder leurs biens qui fonctionnent, de réparer au lieu de jeter, de ne plus prendre la voiture mais les transports en commun ; et “en même temps” de les pousser à changer leur voiture thermique (même crit’air 1 et/ou en parfait état) au profit d’un VE ?
Par ailleurs, j’ai l’impression que les décideurs n’ont vu que les problèmes liés à l’autonomie des VE dans la difficulté à les vendre.
Une fois ces problèmes résolus, plus de freins pour eux.
Sauf qu’augmentation de l’autonomie rime avec augmentation des prix.
Donc ceux qui ont ou avaient les moyens de mettre 40k€ pour une voiture l’ont fait et le feront encore. Mais c’est loin d’être la majorité.
Les décideurs des constructeurs automobiles devraient retourner à l’école : comment a-t-on pu faire croire que des gens qui dépensaient péniblement 15-20.000 euros dans une voiture neuve allaient subitement dépenser plus du double ?
Personnellement, je trouve ça rassurant qu’on ne vende plus autant de voiture “qu’avant”. Ca me semble même un but à atteindre. C’est aux constructeurs de s’adapter au marché. Nous aurons notre voiture secondaire à changer dans au moins deux ans. Si nous n’avons pas d’offre dans notre prix, nous garderons le véhicule actuel ou nous irons vers de l’occasion.
Ça correspond a la frange de population prête a sacrifier un peu de confort pour l’environnement
L’immense majorité des acheteurs se fout royalement des problèmes lies au rejet du CO2 .
Je résume: l’augmentation de la vente de VE baisse (mais la dérivée est toujours positive), et Musk s’inquiète pour sa fortune qui risque d’augmenter moins vite (mais qui elle aussi a une dérivée positive…).
Pas besoin d’avoir fait de grandes écoles de commerce international pour comprendre que l’inadéquation entre l’offre et la demande n’est pas une situation d’avenir.
En clair, suffit de regarder les quelques bons rapports qualités prix qui se vendent toujours bien et les autres, cad mauvais ratio prix/prestation, bien trop cher, démesuré etc.
Comme les constructeurs étaient en pleine euphorie de la forte marge avant que l’inflation ne passe par là, les projets ont été lancés sur des voitures chères, hdg, lourdes pour une partie de la population aisée qui ne regardait pas trop.
Et patatras, ces clients regardent aussi maintenant leur porte monnaie et ne sont plus disposés à payer une fortune ce que le concurrent fait parfois mieux et bien moins cher. L’acceptabilité des tarifs n’est plus garantie, cad même quand on a les moyens, on se dit que faut pas abuser non plus sur les tarifs.
Et bien entendu rien au catalogue de prévu pour des voitures moins chères. Le temps de relancer des projets, il faudra patienter 2 ou 3 ans. On ne change pas une stratégie d’entreprise d’un claquement de doigt. Ça sent mauvais sauf pour ceux qui avaient ce qu’il faut au catalogue au présent.
En fait, aucun facteur ne menace réellement l’avenir de la voiture “électrique” dès lors que les gains qu’elle propose, principalement en matière de pollution localisée et de santé collective restent acquis.
Par contre, certains élements du format actuel vont devoir changer, en particulier ceux qui ont trait à l’émergeance de dépendances accrues, matériaux surtout, lieux de production et
problématique des transports.
En comparant avec les cycles d’évolution des technologies majeures, celles qui impactent directement l’organisation des sociétés, l’électrification du déplacement individuel n’en est encore qu’à sa seconde phase, comparable à ce qu’était le thermique dans les années 1950. C’est le moment où l’auto généralise les chassis autoporteurs, la traction avant, la réduction des formats, les moteurs à soupapes en tête, etc.
On doit donc promouvoir une maturation du concept : sortir du “tout lithium”, en finir avec l’obsession de l’autonomie maxi, alléger les véhicules, analyser l’impact de la longévité, ce qui implique aussi une reconfiguration de la notion de possession.
Il n ‘y a qu’une seul issue pour les constructeurs: avoir des prix attirants sur les électriques. Il est illusoire de croire que les consommateurs vont se retourner sur le thermique. Soit les ventes s’écrasent soit il baisse les prix. S’ils ne baissent pas les prix les ventes seront en chute libre , et là ils seront obligés de brader les électriques à eux de faire le moins mauvais des choix. Mais qu’ils soient dans le seringue n’est absolument pas une surprise. ils ont eux même créé cette situation absurde à cause de leurs dénigrement de l’électrique. C’était le mauvais choix par marque de courage, il faut assumer maintenant.
En résumé, les ventes des VE trop chers ne sont pas au niveau attendu, par contre les modèles biens placés en terme de tarifs et de services rendus se vendent bien ?
208/corsa => pas de concurrent pour un VE de 4 m
MG4 => la concurrence n’est pas du tout à ce niveau de tarif
TM3 & TMY => offres imbattables à ce tarif
ça s’appelle le commerce.
En résumé, les ventes de VE baissent tout en augmentant…