Pourquoi le chinois Nio veut licencier 10 % de ses salariés alors que ses ventes augmentent ?

La maison mère de Nio à Shanghai. Photographie : Li Zhang / Unsplash

Nio a récemment publié un « plan d’optimisation et de rationalisation ». Le constructeur chinois prévoit de licencier 10 % de ses salariés. Les départements des batteries et des smartphones sont a priori les plus touchés.

Deux départements sont plus touchés que les autres

Un plan d’optimisation et de rationalisation chez Nio devrait toucher des milliers de personnes en Chine. L’entreprise compte en 2023 près de 27 000 employés à temps plein. La plupart des activités de Nio feront vraisemblablement l’objet de licenciements, mais pas dans les mêmes proportions. Les départements en lien avec les batteries et les smartphones seront ceux où les ajustements pourraient être les plus importants.

C’est étonnant dans le sens où le constructeur automobile cherche à faire de son infrastructure de recharge un véritable argument de différenciation. Nio développe une technologie qui permet aux propriétaires de véhicules électriques de la marque d’échanger la batterie de leur voiture en quelques minutes. Plutôt que de la recharger. Le système ne fait pas encore l’unanimité, mais il se développe plutôt bien.

Toujours pour tenter de se différencier, l’entreprise chinoise a récemment présenté son propre smartphone. Le point fort de ce produit est son haut niveau d’interaction avec les autos de la marque. Le téléphone peut notamment servir de clé d’accès au véhicule et un bouton spécial permet même d’accéder à une trentaine de fonctionnalités liées à la voiture. Nio est sûrement l’un des seuls constructeurs automobiles au monde à avoir développé son propre téléphone.

Des revenus en baisse chez Nio

Malgré cela, la marque vient d’annoncer sa décision de se séparer de 10 % de ses employés, dont une bonne partie travaillent sur le sujet des batteries ou des smartphones. Au sein de l’entreprise, il en était question depuis déjà plusieurs mois. Les équipes sont a priori au courant depuis septembre. Une réunion a été organisée le 1er novembre au sein du siège à Shanghai. La direction a déclaré que « les performances ne sont pas à la hauteur des efforts ».

La marque Nio s’est développée à un rythme très soutenu au cours des deux dernières années. Mais les pertes sont trop importantes. Pour s’en sortir l’entreprise estime qu’il est temps de faire des économies. La société a déclaré un revenu de 8,77 milliards de yuans (1,1 milliard d’euros) pour le deuxième trimestre 2023, soit une baisse de 14,8 % en glissement annuel et de 17 % par rapport au premier trimestre.

Entre avril et juin 2023, la marge brute de Nio était de 1 %, contre 13 % en 2022 sur la même période. Il est temps de prendre une décision. Nio ne remet pas en cause son positionnement et entend bien continuer de déployer sa stratégie initiale. Pour que cela fonctionne, il faut maintenant augmenter le nombre de livraisons tout en optimisant la structure de coûts. Certains investissements « non prioritaires » seront reportés.

Des ventes en hausse de 60 %

La marque chinoise réalise tout de même des records de ventes depuis quelques mois : 20 462 modèles vendus en juillet ou plus récemment 16 074 en octobre, soit près de 60 % de plus qu’il y a un an. Au total, la firme a vendu 126 067 véhicules électriques sur les 10 premiers mois de l’année (+ 36,3 % par rapport à 2022). Mais cela ne suffit pas. La rentabilité de l’entreprise est en souffrance. Nio perd de l’argent sur chaque modèle vendu, notamment à cause de la guerre des prix en Chine.

Selon la direction de l’entreprise, l’écart est encore trop important entre « les performances réalisées et les attentes ». Au sujet des licenciements, l’entreprise assure qu’il « s’agit d’une décision difficile mais nécessaire face à une concurrence féroce ». L’avenir de Nio se trouve au-delà des frontières de la Chine. Pour tenter d’accélérer les ventes sur le marché européen, le constructeur envisage justement de déployer un réseau de concessionnaires sur le Vieux continent.