Pas du tout ouvert à la mobilité électrique quelques années en arrière, le Costarmoricain Jérôme Fournel en est devenu un véritable promoteur. Nous l’avons rencontré alors qu’il réunissait quelques personnes prêtes à organiser un premier événement d’ampleur sur le terrain qui jouxte son établissement.
Vue sur la mer
Véritable hôtel de charme sans pour autant afficher les tarifs exorbitants parfois rencontrés dans le secteur pour des configurations bien moins séduisantes, le Manoir Saint-Michel se dresse en discret gardien de la plage de Sables-d’Or-les-Pins. La famille de Jérôme Fournel l’exploite depuis plus de 30 ans.
« J’étais pâtissier-chocolatier en Allemagne quand mon père est décédé. Avec mon épouse, j’ai repris la suite de mes parents en 2014 », lance-t-il.
Son truc, c’était plus la moto que la voiture qui devait être avant tout utilitaire. L’électrique, il en avait bien entendu parler, mais le discours des détracteurs du genre ne lui avait pas particulièrement donné l’envie de gratter davantage le sujet.
La demande d’un client
En 2016, un premier client lui demande s’il sera possible de recharger sa Tesla Model S à l’hôtel.
« Je ne pouvais que lui proposer une simple prise domestique. Ce qui lui a suffi. J’ai ensuite voulu creuser un peu le sujet. Hébergement et déplacements sont finalement très liés pour ceux qui fréquentent l’établissement. Je me suis dit qu’il y avait très certainement quelque chose à faire dans le domaine », se souvient Jérôme Fournel.
« J’ai envoyé mon premier message électronique à Tesla le 28 septembre 2016. Je l’ai encore dans mes archives. En avril 2017, 3 chargeurs à destination 11 kW étaient installés : 2 réservés aux Tesla, et 1 utilisable pour toutes les voitures électriques qui sont équipées d’un connecteur Type 2 », détaille-t-il.
7 points de recharge
« Désormais, mes 2 bornes Tesla sont ouvertes à tous les utilisateurs de véhicules électriques. J’ai remplacé la troisième, défectueuse, par un chargeur Morec 11 kW trouvé sur Internet. Pour faire face à un phénomène nouveau, j’ai aussi fait installer 4 prises Green’Up que je destine plus particulièrement aux clients en hybride rechargeable. Je peux ainsi réserver mes 3 bornes 11 kW aux voitures 100 % électriques. Nous proposons donc 7 points de recharge sur le parking », explique l’hôte du Manoir Saint-Michel.
« Très vite après l’installation des chargeurs à destination, un client en Tesla Model X rouge est venu séjourner chez nous. Depuis, les propriétaires de ces voitures américaines électriques viennent très régulièrement, jusque 3 à la fois », se réjouit-il.
« Notre adresse a été ajoutée très rapidement dans le GPS des Tesla. C’est un véritable plus pour nous. Car les utilisateurs de ces véhicules nous découvrent grâce à cela, et peuvent nous appeler directement en cliquant sur le picto qui représente notre hôtel », poursuit-il.
Face à un décalage
« Ce qui m’a frappé en discutant avec mes premiers clients en VE, c’est le décalage total entre ce qu’ils vivaient et ce qu’on pouvait lire sur Internet au sujet de la mobilité électrique. Il y a encore beaucoup de bêtises et de mensonges dénigrants sur la Toile. Même si ça se calme un peu, car les gens sont de mieux en mieux informés », témoigne Jérôme Fournel.
« Grâce à un client, j’ai vite essayé une Tesla Model S P100 D. Mais à 110 000 euros, un tel modèle était vraiment hors de portée pour moi. À 50 000 euros, quand la Tesla Model 3 est sortie, c’était encore trop », raconte-t-il.
« Et puis j’ai commencé à rencontrer des problèmes avec ma voiture thermique à 190 000 km. Des problèmes de vanne EGR et de sonde lambda. Là, j’ai décidé de couper la main avant de perdre le bras. En juillet 2019, j’ai signé pour un crédit de 5 ans qui m’a permis de passer à la Model 3 à grande autonomie. J’ai ajouté un monogramme SpaceX pour le fun », rapporte-t-il.
La mobilité vécue autrement
« Ma femme est neutre-négative au sujet de Tesla. Elle est plutôt véhicules anciens, du type vielles Jeep des années 1960. Elle n’aime pas le côté Elon Musk milliardaire. En revanche, elle reconnaît que pour réaliser 700 ou 1 000 kilomètres dans la journée, c’est bien mieux qu’avec le Mercedes GLK », plaide notre interlocuteur.
« En même pas 2 ans, j’ai parcouru 90 000 km avec ma Model 3. C’est plus du double de ce que je totalisais auparavant. Aux kilomètres utiles se sont ajoutés les kilomètres plaisir. Je peux aligner 150 km sans but, ce que je ne faisais jamais en voiture », explique-t-il.
« Quand je me déplace, il m’arrive de recharger ma voiture sur les superchargeurs Tesla, mais aussi, à défaut, en camping, gîte, ou chambre d’hôtes. Parfois dans des parkings publics. De toute façon, avec Chargemap, ce n’est pas difficile de trouver un point de recharge », apprécie-t-il.
Des essais pour les clients
« Ma clientèle est composée à 50 % d’habitués. Je leur propose de découvrir avec ma Model 3 la mobilité électrique. Beaucoup sont d’ailleurs demandeurs. Ils sont assez surpris. Le frein pour la plupart d’entre eux, c’est le prix. Également le type berline pour ceux qui sont habitués aux SUV », met en avant Jérôme Fournel.
« Sinon, ils sont conquis. Je leur dis que rouler avec une Tesla Model 3, ça reviendrait à utiliser un modèle thermique qui ne consommerait que 2 litres aux 100 km », chiffre-t-il.
« Je suis le parrain de 3 nouveaux propriétaires de Tesla : 2 à Saint-Brieuc et 1 à Saint-Cast. J’ai rencontré 2 d’entre eux à la station-service, quand je passais l’aspirateur. L’autre, c’est grâce à l’application Tesla App qui recense les propriétaires désireux de faire découvrir leurs voitures électriques », révèle l’exploitant du Manoir Saint-Michel.
« Cette Model 3 est la meilleure voiture que j’ai eue depuis 1984. Elle n’est pas parfaite, c’est vrai. L’ajustement des garnitures est par exemple en deçà de la qualité européenne des Mercedes et BMW. Mais ses avantages importants gomment les imperfections », justifie-t-il.
Week-end de découverte des véhicules électriques
« Au quotidien, je réalise un véritable travail de fourmi pour casser les lieux communs négatifs. Et surtout bien faire comprendre : ce n’est pas vrai que la voiture électrique pollue davantage », insiste l’hôtelier-restaurateur.
C’est dans ce prolongement qu’il s’active à créer, pour la première fois sur son terrain très bien situé, un week-end de découverte des véhicules électriques.
« L’événement devrait se tenir en septembre, à proximité de la Semaine européenne de la Mobilité. Il est destiné à tous les curieux qui souhaitent se renseigner et avoir des informations de première main sur les véhicules électriques. Ils recevront des réponses de la part de véritables utilisateurs qui exploitent leurs voitures électriques au quotidien, pour faire leurs courses, comme pour leurs vacances », assure-t-il.
L’équipe qui mettra en place cet événement a vécu ce lundi 21 juin 2021 sa première rencontre. « Nous avons déjà défini les contours principaux de la manifestation. Les concessionnaires des environs viendront exposer leurs voitures 100 % électriques. Des professionnels présenteront aussi vélos, scooters et autres engins de petite mobilité. Des animations seront programmées. Il y aura par exemple des ateliers de démystification des fake news, et un gymkhana dans un espace réduit pour s’entraîner à manœuvrer une petite voiture électrique », liste-t-il.
« J’ai pensé aussi à un petit parcours sur le terrain autour de l’étang. C’est sur la pelouse que les véhicules électriques sont les plus silencieux : on n’entend même plus le bruit des pneus », conclut-il.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Jérôme Fournel pour son accueil sur place et le temps pris pour répondre à nos questions.
Personne pour noter l’usage irrationnel et totalement anti-écologique ?
« En même pas 2 ans, j’ai parcouru 90 000 km avec ma Model 3. C’est plus du double de ce que je totalisais auparavant. […] Je peux aligner 150 km sans but, ce que je ne faisais jamais en voiture »
« rouler avec une Tesla Model 3, ça reviendrait à utiliser un modèle thermique qui ne consommerait que 2 litres aux 100 km »
Sauf que quand on roule deux fois plus et « sans but », ça fait 4 litres aux 100 km… sans compter bien entendu le coût du crédit pour les 50 k€ du véhicule : on repassera pour le calcul du PRK.
« Ce n’est pas vrai que la voiture électrique pollue davantage »
Une phrase énoncée telle quelle ne signifie rien : il faut comparer deux usages. Un gus qui fait 50 000 km par an dans un VE neuf pollue bien davantage que celui qui en fait 10 000 en VT standard de 10 ans.
« Les concessionnaires des environs viendront exposer leurs voitures 100 % électriques. »
Ben oui, faut pas perdre le Nord ! C’est important, le business vert, ça sauve la planète.
Ah, y’a bon greewnwashing ! J’en ai un peu assez qu’on nous bassine « le VE c’est vert » alors que l’usage qui en est souvent fait n’a rien d’écologique… Souvent le problème ne provient pas du type de motorisation, mais se situe plutôt entre le siège et le volant…
En même temps vu sa carrure il vaut mieux investir dans une TM3 que dans une iOn, toutes choses égales par ailleurs.
Le frein de l’investissement est un faux frein pour beaucoup. Les acheteurs sont prêts à mettre 40K€ dans un SUV, mais pas dans une Tesla ? Quand je leur explique que depuis que je suis passé sur une TM3 SR+ je fais 350€ par mois d’économie, ils font vite le calcul. Revente de leur ancienne voiture, prêt à 1% en ce moment pour les VE, on peut rembourser 500€ par mois sur 4 ou 5 ans et en échange on en économise 350. Donc au final, rouler en Tesla revient à 150€ par mois.
Et on ne s’inquiète plus du passage à la pompe, des révisions etc… Car malheureusement sans vouloir critiquer les autres constructeurs, imposer une révision tous les ans ou 15.000kms sur un VE, même à 100€ c’est de l’escroquerie organisée pour moi. Mais la vache à lait des constructeurs étaient la révision et l’entretien des VO.
Plus de pièce à changer, plus de révision obligatoire, c’est vrai la vie est différente.
Très bon article de terrain, sur des réalisations, pas des promesses à x années. Merci à l’auteur !
Je rejoins tout à fait la réflection de cet hôtelier : la charge à destination devient au fur et à mesure un indispensable au même titre que le WiFi. On part en vacances le vendredi après-midi, on arrive à l’hôtel la nuit, et hop le lendemain la voiture est assez chargée pour se promener dans les environs.
Bravo à ce monsieur. De plus en plus d’hôtels ont compris l’intérêt des bornes chez eux pour capter une nouvelle clientèle.
Sur Booking par ex, je filtre les hotels avec parkings et bornes pour y séjourner. Et ca marche quand on discute avec les gérants au point que parfois les 2 ou 4 bornes sont bien occupées ce qui n’était pas le cas il y encore peu. Sans faire de pub aux Ibis, ils font des efforts de ce côté avec un bon rapport qualité prix.
Je regarderai pour un séjour chez lui du coup.
je croi comprendre que cet hotelier a aussi des compétances d’électricien IRVE… avec une borne acheter sur aliexpress..
Article très intéressant !
Moi aussi je me rends compte tous les jours en parlant de ma voiture à quel point il y a de fausses informations digne de complotistes chez beaucoup de personnes. Chez les moins fermés d’esprit, y’a toujours le même théorème:
« On rentre dans la voiture avec un avis … On sort de la voiture avec son contraire »
Il y a un souci avec le titre
comment-cet-hotelier-restaurateur-un-veritable-promoteur-la-voiture-electrique
en ajoutant un est cela devrait s’arranger :)
Pas tout compris titre « Comment cet hôtelier-restaurateur un véritable promoteur la voiture électrique ». Manquer mots ? 😉