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Depuis 2016, Frédéric roule à titre personnel avec une Tesla Model S P85+ de 2014. C’est la quatrième fois, et sans doute pas la dernière, qu’il lui fait passer le contrôle technique. Et toujours le même verdict : RAS.
De mémoire, la première interview que j’ai réalisée comme journaliste professionnel, c’était en cueillant à la fin d’un spectacle pour enfants le chanteur belge Jofroi. C’était en Lorraine, il y a environ 15 ans, pour le site Internet d’une revue de pédagogie pratique à destination des enseignants du primaire.
Plusieurs centaines d’articles de ce genre après, je ne me suis toujours pas lassé de cet exercice. Pourquoi ? Parce qu’il m’apparaît toujours plus évident que chaque témoin est unique, avec plein de choses intéressantes à raconter. Notre sympathique et très accueillant lecteur Frédéric en fait partie.
Une fois les propos recueillis, la première question qui se pose est : comment présenter l’interviewé ? C’est un passage toujours très délicat. Faut-il par exemple citer l’âge, la profession, le lieu géographique d’attachement ? Il n’y a pas de règle. Mais souvent une ou plusieurs de ces informations donnent un éclairage particulier sur le témoignage, ne serait-ce qu’en apportant un peu de sensibilité, d’humour, d’expérience, ou de professionnalisme.
Grâce à cela, chaque interlocuteur apparaît dans sa réalité, ses traits de personnalités, et son unicité. Comment faire confiance ou s’identifier par rapport à quelqu’un dont on ne connaît strictement rien ?
Frédéric, 55 ans, est dans le sport automobile depuis presque la moitié de sa vie. Son entreprise gère un portefeuille d’équipes et de pilotes de courses. Les voitures, électriques ou thermiques, il connaît bien : « Ma femme roule en Mini électrique depuis deux ans, après un passage par une BMW i3. J’ai voulu basculer la flotte de mon entreprise à l’électrique. N’ayant pas pu négocier un minimum avec Tesla, mes collaborateurs roulent dans des Porsche Taycan pour lesquels j’ai signé des contrats de LOA ».
Notre témoin est bien placé pour savoir ce que peuvent penser les pilotes de l’électrique : « Souvent, ils ne sont pas fermés à rouler à l’électrique à titre personnel. Les sortant de la compétition, la voiture du quotidien est d’abord un moyen de locomotion. Même si le Taycan, plus sportif, est préféré à la Model S ».
Après ces quelques lignes, on n’imagine pas forcément notre interlocuteur rouler avec une Tesla livrée il y a 10 ans : « Une voiture électrique, c’est moins de bruit, moins de nuisance, et on y gagne plus ou moins sur les coûts à long terme. En la gardant longtemps, on l’amortit davantage financièrement, mais aussi au niveau de l’empreinte carbone ».
À lire aussiTémoignage – Pas facile pour Christian de faire réparer sa Volkswagen ID.3 en habitant la CorseY aurait-il aujourd’hui autant de voitures électriques autour de Frédéric s’il n’avait pas pris cette Tesla Model S en 2016 ? Ce n’était d’ailleurs pas sa première volonté : « Je sortais d’une Audi A8. Je ne pensais pas particulièrement prendre une voiture électrique. C’est l’occasion qui a fait le larron. Je ne connaissais pas trop la Model S. Ce sont les enfants qui en avaient parlé à la maison. Ils étaient très orientés écologie, compostage, tri des déchets, abandon des sodas, etc. ».
La nouvelle voiture devait répondre à un besoin particulier : « Je fais beaucoup d’autoroute. J’ai cherché, fouillé sur Internet, lu des articles. Je suis ressorti de tout cela en me disant que cette voiture pouvait le faire et qu’elle était une des solutions possibles pour réduire mon empreinte carbone. De plus, avec cette propulsion de 421 ch, j’avais la recharge gratuite sur les superchargeurs ».
Huit ans après, notre interviewé ne regrette pas son achat : « Elle avait moins de 100 000 km au compteur quand j’ai acheté cette Model S, peut-être même pas beaucoup plus de 80 000. Elle fonctionne super bien, et je n’ai jamais rencontré de soucis avec elle. Même en la laissant plus de 10 jours dans un parking d’aéroport. J’ai retrouvé avec cette Tesla le silence et le confort que j’avais avec l’Audi A8 ».
Il n’est pas si courant qu’un professionnel du monde de la course automobile conserve aussi longtemps une voiture achetée d’occasion. Si elle est importante pour Frédéric, la recherche d’un bilan CO2 maximal n’est pas la seule raison à cela : « C’est une voiture avec laquelle j’ai vécu pas mal de choses. Je la prends par exemple pour rejoindre mes enfants en Charente-Maritime en partant de Monaco. Aussi pour me rendre à des week-ends de course. Elle a été là lors de pas mal de succès et des fêtes qui ont suivi derrière ».
Les photos montrent que la Tesla Model S noire présente encore très bien : « Elle a quelques accrocs à droite et à gauche, et conserve le souvenir d’un petit choc en reculant dans un poteau sur un parking. Plein de souvenirs épars. Les gens du milieu de la course me reconnaissent avec elle. Il y a tout un côté sympathique autour de cette voiture ».
Notre interlocuteur compte la conserver encore quelques années : « J’ai essayé la Model S Plaid. J’ai été un peu déçu par le comportement routier : je n’ai pas constaté un gap énorme. L’intérieur est en revanche plus luxueux. Les clignotants sur le volant, ce n’est pas terrible, par exemple pour sortir d’un rond-point. Ce n’était pas un Yoke sur le modèle que j’ai essayé. J’imagine que c’est encore plus perturbant avec lui ».
La Tesla Model 3 ne l’attire pas du tout : « Je trouve qu’il lui manque quelque chose au niveau du design extérieur. Assis à bord, j’avais l’impression qu’on me voyait davantage, presque jusqu’au niveau de la ceinture. J’avais pourtant le siège descendu au maximum. Je n’ai pas aimé cette sensation ».
Depuis 2016, Frédéric a emmené quatre fois sa Model S au contrôle technique : « Et toujours aucun défaut. Que ce soit au niveau de l’éclairage, du châssis, de la direction, des points d’ancrage, du berceau, des suspensions pneumatiques, des bras, des freins ou de la corrosion : rien, absolument rien. Je n’ai pas été réellement surpris ».
Une petite précision de la part du contrôleur : « Il m’a juste précisé qu’il faudra penser à remplacer bientôt les plaquettes de frein. Après 250 000 km, ce sont toujours celles d’origine. Elles ne servent pas beaucoup, juste pour immobiliser le véhicule. Je roule cool avec cette voiture. Je fais gaffe, pour la préserver ».
Le zéro défaut, c’est aussi parce que l’électromobiliste sait anticiper : « J’ai fait remplacer les triangles à l’avant et à l’arrière l’année dernière. Non pas à cause de vibrations, mais parce que le garage m’avait dit qu’ils commençaient à être un peu essoufflés. Ces triangles, c’est le seul problème particulier que je vois revenir sur les réseaux sociaux concernant les Tesla Model S entre 2012 et 2015, en particulier en Grande-Bretagne ».
Et du côté de la batterie ? « J’ai une perte de 13 %. J’ai pu le vérifier en passant par l’ODB et en utilisant l’application du Norvégien Bjorn Nyland. Je fais pas mal de recharges rapides avec ma Model S, mais toujours batterie chaude. À la maison, je la branche à 8 A. Sur autoroute, je peux encore parcourir 350 à 380 km sans avoir à m’inquiéter ».
En amenant pour la quatrième fois sa voiture au contrôle technique, Frédéric a pu voir évoluer les connaissances des centres concernant les électriques : « Le premier où je suis allé en 2018 a refusé de prendre ma voiture, car il n’était pas équipé pour contrôler ces modèles. Peut-être craignait-il de faire une bêtise. Je me suis rendu ailleurs ou j’ai passé trois visites. À la première, l’agent a découvert avec ma voiture la marque Tesla et la Model S en particulier ».
Depuis, ce professionnel a gagné en assurance concernant les électriques : « Deux ans plus tard, la Model S était un peu plus répandue. Le contrôleur m’a posé moins de questions sur les fonctionnalités du véhicule. À mon troisième passage, on voyait qu’il avait pris l’habitude des voitures électriques ».
Pour le dernier contrôle, notre interlocuteur s’est rendu dans un centre de la ville où il se trouvait alors en déplacement : « Là, le bâtiment est plus récent. Il y avait une Fiat 500 en recharge sur le parking quand je suis arrivé. C’est peut-être la sienne ou celle de sa femme. Ce contrôleur connaît donc un peu les voitures électriques. En revanche, il n’arrivait pas à ouvrir le frunk parce qu’il avait laissé ma Model S en position neutre au lieu de la mettre en parking ».
À lire aussiTémoignage – En trois ans, Frank a économisé plus de 10 000 euros de carburant grâce à sa Renault ZoéLors du passage de mon ancienne Citroën C-Zéro de 2012, j’avais payé le contrôle technique plus cher que pour une thermique. Pas Frédéric avec sa Tesla Model S, au contraire : « J’ai payé cinq euros de moins. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est déjà ça. La procédure est différente pour les électriques. Pas mal de points critiques potentiels concernent des fuites de fluide en dessous du véhicule. C’est spécifiques aux modèles thermiques ».
Notre témoin estime : « Les contrôleurs préfèrent travailler sur des électriques parce que leur parc est encore assez jeune. Il y a moins de choses à vérifier dessus. Avec moins de pièces mécaniques, il y a moins d’usure sur friction. C’est davantage les routes qui se dégradent en France ».
Il imagine bien que dans deux ans il aura toujours cette voiture et quelle passera à nouveau sans défaut le contrôle : « A moins d’un accident, que je percute un animal ou un autre imprévu, il n’y a pas de raison pour que ma Tesla Model S se dégrade pendant ce temps ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Frédéric pour sa grande réactivité, son accueil et son témoignage très intéressant.
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