A la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne

À la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne : 11 h.

Nous avons voulu observer ce qui se passerait lors du chassé-croisé entre juilletistes et aoûtiens dans cette station Tesla rarement chargée d’ordinaire.

Des voitures ventouses

Installée à proximité du Mont-Saint-Michel, et effleurant la RN 176 à 4 voies qui permet d’entrer en Bretagne par le Nord, la station Tesla que nous avons visitée est enfermée dans l’enceinte grillagée d’un hôtel Ibis. La présence sur place d’un restaurant Courtepaille accentuait le risque que ça coince ce samedi 31 juillet 2021 à l’heure du déjeuner.

À midi pile, le site était pourtant entièrement désert. Ce n’était plus du tout la même situation une heure plus tard. Ce n’est pas la seule observation intéressante que nous retirons de notre passage devant les 8 superchargeurs, tous en état de fonctionner.

Lorsque nous sommes arrivés à 11 heures, des voitures ventouses thermiques occupaient 4 des 8 places réservées à la recharge des voitures électriques américaines. Il s’agissait de : 2 Volkswagen Golf de générations différentes, 1 Audi Q5 et 1 Renault Captur. Une situation jamais rencontrée auparavant par les utilisateurs de Tesla présents que nous avons interrogés.

Les véhicules indésirables ont libéré les lieux de façon échelonnée, entre 11 h 15 et 12 h 5. Curieusement, à part 2 autres voitures, le parking de l’hôtel était entièrement vide, et en particulier la douzaine d’emplacements en face de la station de recharge.

Grâce aux valises, nous avons pu déduire que les 4 engins appartenaient à des clients de l’hôtel, et non à des membres du personnel. Pourquoi ces modèles essence ou diesel ont-ils été garés là ? Un groupe ou des engins encombrants comme des autocars occupaient-ils les autres places avant notre arrivée ? Peut-être le parking était-il saturé la veille au soir par des clients du restaurant, repartis ensuite quelques heures plus tard. Dans ce cas, ceux de l’hôtel auraient dû libérer les places à ce moment-là.

À moins que ce soit une habitude que ceux qui séjournent ici utilisent les places réservées à la recharge comme une zone de stationnement ordinaire. Après tout, aucune indication n’interdit de laisser un véhicule non électrique devant les superchargeurs Tesla. Pas plus que devant la plupart des pompes à carburant ne figurent des contraintes de stationnement.

A la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne

À la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne : 11 h.

1 seule voiture en recharge à notre arrivée

Une seule voiture – une Model 3 immatriculée en Belgique – était en recharge lorsque nous sommes arrivés. Une autre, repartant pour les Pays-Bas, venait de quitter les lieux. Entre 11 h et 14 h, nous avons vu passer au total 24 Tesla : 17 Model 3, 4 Model S et 3 Model X.

Les automobilistes néerlandais étaient les plus nombreux avec 14 véhicules. Ils étaient suivis par 6 équipages français, 2 allemands, 1 belge et 1 suisse. Le plus rapide n’a occupé sa place que 12 minutes. Le plus long a dépassé l’heure. Les plus nombreux sont restés entre 42 et 53 minutes.

Lorsque des voitures attendaient de pouvoir accéder à la recharge, 3 propriétaires de Tesla ont interrompu leur repas au restaurant pour libérer les emplacements. Trois véhicules transportaient des vélos, et un autre tractait une remorque qui a dû être décrochée pour accéder à une borne.

A la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne

À la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne : 13 h.

Une saturation pendant 45 minutes

Avant midi, nous avons surpris un maximum de 2 Tesla en recharge simultanément. Entre 11 h 55 et 12 h 7, la station était même entièrement déserte, laissant penser qu’il pourrait ne pas y avoir de saturation ce samedi 31 juillet. Finalement, les véhicules sont arrivés petit à petit : Model S à 12 h 7 (France) et 12 h 9 (Pays-Bas), Model 3 à 12 h 26 (Allemagne), Model X à 12 h 32 (France), etc.

À 13 h très exactement, une Model 3 immatriculée dans les Hauts-de-Seine vient occuper la huitième et dernière place. Huit minutes plus tard, un utilisateur néerlandais en Model 3 démarre la file d’attente. Cette dernière ne comptera jamais plus de 3 Tesla. Elle disparaîtra à 13 h 45. Trois voitures partiront en même temps tout juste après : fin du bouchon.

Le temps maximal d’attente pour se brancher aura été au plus de 25 minutes environ. Les électromobilistes habitués à venir dans cette station et que nous avons interrogés ont déclaré qu’ils n’avaient jamais connu de blocage auparavant sur ce site. À Caen, 125 kilomètres plus haut en Normandie, ça coince a priori assez régulièrement.

Faut-il craindre l’ouverture aux autres marques ?

Il y a quelques jours, Elon Musk a confirmé que les superchargeurs devraient être exploitables dans quelques mois par les utilisateurs de véhicules électriques d’autres marques que Tesla. Une annonce qui inquiète forcément bon nombre de propriétaires de Model 3, Model S, Model X et futur Model Y. Surtout ceux qui ont déjà été confrontés à des saturations de stations, comme ce midi près du Mont-Saint-Michel.

« Si le réseau devait être ouvert à tout le monde sans limitation, ça poserait des problèmes », estime Bertrand qui est venu ici de Louviers, dans l’Eure, avec sa 2e Model S. « Il ne faudrait pas que les voitures électriques d’autres marques soient à l’origine de nouveaux soucis d’affluence. Tesla va devoir installer des bornes supplémentaires et en réserver certaines aux seules Tesla », réfléchit-il.

Venu de Belgique avec sa Model 3, Peter pense également qu’il va falloir davantage de superchargeurs : « Un des intérêts de rouler en Tesla, c’est de pouvoir trouver à recharger facilement sa voiture ».

Notre interlocuteur belge comprend néanmoins un peu différemment cet acte commercial annoncé par le boss de Palo Alto. Il est rejoint par le Grenoblois Jean-Sébastien, qui possède sa première voiture électrique – une Model 3 – depuis avril dernier : « L’ouverture à la concurrence, c’est peut-être une bonne chose si le tarif à payer pour les autres voitures est plus cher. Tout en limitant l’affluence, les recettes permettraient d’installer de nouveaux superchargeurs ».

En revanche, il serait choqué que cette opération s’accompagne d’une augmentation des prix pour les utilisateurs de Tesla, ou que la grille tarifaire soit la même pour tous. Un avis clairement exprimé par d’autres passionnés des voitures électriques de la marque américaine.

A la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne

À la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne : 12 h.

Une solide communauté

En dépit des temps d’attente, nous n’avons observé aucune tension entre les électromobilistes qui sont venus recharger leurs Tesla à la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne, entre Pontorson et le Mont-Saint-Michel.

Au contraire, il régnait comme un esprit communautaire fort, avec des adultes discutant ensemble sans se connaître auparavant, et des enfants ayant déjà sorti sur le parking leurs jeux de plage. Est-ce que ce sera toujours ainsi quand les stations Tesla seront ouvertes à tous les électromobilistes ?

A la station de Saint-Georges-de-Gréhaigne

Automobile Propre et moi-même remercions chaleureusement les personnes que nous avons interrogées et qui nous ont répondu avec accueil et courtoisie.