D’une grande richesse technologique, cette voiture électrique est une fausse familiale. Son comportement au-dessus de tout soupçon ne laissera pas indifférent son conducteur. Est-ce pour autant le meilleur modèle de Porsche Taycan pour le quotidien ?

Des éléments spécifiques

Révélée en fin d’année 2021, la Sport Turismo est, pour parler un peu crûment, la déclinaison break du Porsche Taycan. La version GTS à notre disposition bénéficie d’un package châssis, d’un niveau d’équipement et d’une puissance moteur spécifiques. Ses performances sont à peine en dessous de la Turbo (500 kW ou 680 ch) dont l’appellation est quelque peu en décalage du fait de son groupe motopropulseur 100 % électrique.

Grâce à ses 2 moteurs synchrones à aimants permanents qui lui assurent une motricité intégrale, la GTS Sport Turismo développe une puissance cumulée maximale de 440 kW (598 ch) avec Launch Control, pour un couple de 850 Nm. Cette architecture est alimentée par une batterie lithium-ion d’une capacité énergétique utile de 83,7 kWh sur un total de 93,4 kWh.

Pour une hauteur de 1,39 m, cet engin survolté s’inscrit dans un rectangle de 4,96 x 1,97 m qui ne facilitera pas le stationnement dans les parkings souterrains.

Une ligne très basse

La GTS est la plus basse de sa catégorie. Sa ligne est soulignée par des bas de caisse et une jupe à l’avant prêts à raser le sol. En la voyant ainsi assise, on imagine de suite les problèmes que peut constituer pour une telle voiture le franchissement des nombreux ralentisseurs non conformes qui fleurissent un peu partout en France.

Le conducteur pourra déjouer ces obstacles en appuyant sur le bouton Lift, à droite sur l’afficheur derrière le volant. Cette action sera enregistrée par le système logiciel du véhicule. Elle sera automatiquement reproduite lors des prochains passages. Plus élevée de 2 à 3 cm, et typée Allroad, la version Cross Turismo est plus à l’aise dans ces situations.

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La bouille de notre Porsche Taycan Sport Turismo cherche davantage à impressionner par son efficacité que par un style agressif. Elle intègre des phares matriciels LED à intensité variable. Difficile de ne pas reconnaître la version : elle est affichée en différents endroits de la carrosserie. Les plus connaisseurs pourront aussi l’identifier grâce à son bouclier distinctif Sport Design à l’avant et à ses pourtours de vitres traités en noir.

Originalités

L’exemplaire de notre essai nous a été présenté dans une couleur craie facturée 2 400 euros qui met bien en valeur ses jantes 21 pouces RS Spider Design (+ 2 652 euros) chaussées en Pirelli à talon bas (265/35). Cette version Sport Turismo affiche finalement une grande proximité avec la Cross Turismo.

Elle est cependant débarrassée des ailes élargies qui auraient pu apparaître choquantes sur ce modèle au châssis rabaissé. Ce dernier reste équipé d’une suspension pneumatique, aux réglages plus rigides. Parmi les originalités, visibles uniquement en la sortant de son fourreau, une clé qui reprend la forme et la couleur de la carrosserie du véhicule (+ 372 euros).

Le bouton du bas actionne le hayon. Derrière lui, l’espace de 446 litres peut grimper à 1 212 l en rabattant le dossier en 3 parties de la banquette. Le vaste plancher alors offert est relativement plat. Un double fond permet d’isoler quelques bricoles. À l’avant, le profond frunk de 84 l peut accueillir 2 sacs à dos. « On a une bonne modularité sur cette Porsche », apprécie Maxime Fontanier.

2 + 1 places à l’arrière

En s’asseyant à l’arrière, les passagers logés près des portes remarqueront de suite 2 choses. Tout d’abord le généreux espace aux jambes, ainsi qu’au niveau de la tête grâce à la ligne de carrosserie façon break et au toit panoramique vitré (+ 1 620 euros). Ce dernier amène pas mal de luminosité à bord. L’autre bonne surprise, c’est la position très agréable sur les sièges avec un très bon maintien latéral.

Cette version GTS Sport Turismo du Porsche Taycan affirme ainsi sa vocation de sportive. En revanche, la place centrale est à réserver à un usage très occasionnel. Elle est rendue peu agréable par un tunnel de service particulièrement volumineux. Son dossier abrite un accoudoir avec 2 porte-gobelets. La 5e ceinture de sécurité est en outre facturée 480 euros.

Pour le confort des occupants principaux, et également en option (828 euros), une climatisation 4 zones pilotable à partir d’un écran en bout de console. Partout dans l’habitacle, la finition et les assemblages sont impeccables et prestigieux. Les contreportes sont habillées de cuir, de carbone, et de moquette au niveau des bacs de rangement. Les fauteuils de l’avant barrent cependant la vue sur la route aux personnes installées derrière eux.

L’alcantara : signe distinctif des versions GTS

Pas pour les mêmes raisons, ces sièges baquets multifonctions sont également impressionnants pour le conducteur et son voisin. Ils proposent 18 positions avec mémoire. « Une sellerie magnifique qui offre un excellent maintien », se réjouit notre essayeur.

L’alcantara est présent un peu partout à bord du Porsche Taycan GTS Sport Turismo. Ainsi au niveau de la sellerie, mais aussi sur la planche de bord, la console centrale et le volant. Avec ses branches en carbone, ce dernier est spécifique à cette version.

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Si le pack Sport Chrono est présent de série, notre voiture d’essai empile les options qui pèseront lourdement sur le prix final. Avant d’en arriver là, profitons sans mauvaise conscience de l’écran tactile pour le passager (+ 1 032 euros). Il reprend les mêmes fonctions que la tablette centrale dédiée au pilote.

Des options de confort

Sans être aussi évolué que dans une Tesla, le système multimédia compatible Apple CarPlay et Android Auto est fonctionnel. Il abrite un GPS capable de travailler avec le régulateur de vitesse actif. Un autre écran tactile est implanté en dessous, en début de console. Il est dédié au réglage du son, des systèmes de climatisation et de chauffage, ainsi qu’à l’ouverture du coffre, du capot avant, et des trappes de recharge.

Il peut afficher le niveau d’énergie dans la batterie avec une estimation de l’autonomie. L’utilisation du chargeur à induction pour smartphone n’est pas très pratique. Et les espaces de rangement, même s’ils sont relativement nombreux, sont plutôt chiches en volume. Y compris au niveau de la boîte à gants.

En véritable élément identitaire d’une Porsche, le bouton de démarrage est situé à gauche du volant. Cependant, grâce à la clé mains libres, mais aussi à l’Accès Confort (+ 1 104 euros), le conducteur monte et descend du Taycan GTS Sport Turismo sans avoir à effectuer la moindre manipulation pour démarrer et arrêter le véhicule.

Premiers tours de roue

Parfaitement équipé, notre modèle d’essai est doté des roues arrière directrices (+ 2 352 euros). Ce qui joue positivement sur le diamètre de braquage. Il descend ainsi de 11,7 à 11,2 m. En mode Range qui favorise l’autonomie, les commandes de conduite apparaissent très douces. La GTS se fait sage, avec une vitesse électroniquement limitée à 100 km/h. Cette dernière sera relevée à 150 km/h en passant sur autoroute.

La fermeté de la suspension rappelle toutefois aux occupants les origines sportives du break électrique. Le système de caméras à 360 degrés (+ 1 428 euros) est particulièrement sensible. Il peut vite envahir l’habitacle de bips-bips s’il sent le véhicule un peu trop à l’étroit dans son environnement.

Gérable depuis l’écran tactile central, mais aussi au moyen d’un bouton sur le volant, le dispositif de récupération d’énergie n’est pas des plus puissants. Il est en gros comparable au frein moteur d’une voiture thermique, sans plus. Il ne permet donc pas d’immobiliser le véhicule sans appuyer sur la pédale des freins. Les adeptes des palettes de régénération au volant pourront se sentir déçus.

« Selon les ingénieurs de chez Porsche, ce n’est pas utile. Les ingénieurs de chez Tesla vous disent la même chose. On va finir par les croire ! », lâche Maxime Fontanier, avec un brin d’exaspération.

Elle colle aux routes sinueuses

Pied au plancher, le Taycan GTS Sport Turismo affiche clairement ses prétentions dynamiques. L’ambiance sonore permet même de remarquer un changement de vitesse. Cette voiture électrique est effectivement équipée d’une boîte à 2 rapports. La précision de la direction est remarquable. En mode Sport Plus, le véhicule sautille sur les aspérités de la route, même si l’amortissement reste efficace.

Les 2 310 kg du bolide n’empêchent pas de réaliser le 0 à 100 km/h en 3,7 secondes. En 12 secondes à peine, nous voilà à 200 km/h. Avec ses 6 pistons sur les étriers à l’avant et 4 à l’arrière, le système de freinage est impressionnant d’efficacité.

« Là, on a les meilleurs freins du marché ! On prend des G à l’accélération, et au freinage. L’autre force de la Porsche, c’est de pouvoir répéter plusieurs fois les mêmes accélérations. Elle va s’essouffler moins vite qu’une Tesla Model S, elle va moins surchauffer. Même chose pour l’endurance du freinage », oppose l’homme à la casquette.

« Cette Porsche est incontestablement le véhicule électrique le plus jouissif à conduire. Mais j’aurais plutôt tendance à opter pour une version Cross Turismo qui sera, certes un peu moins rigide, un peu moins réactive, mais beaucoup plus pratique à utiliser au quotidien, et aussi un peu plus confortable », compare-t-il.

De fortes consommations sanctionnent les performances

Facturé 3 096 euros, le système InnoDrive constitue le développement le plus poussé du régulateur actif de vitesse. Également proposé sur l’Audi e-tron GT, il travaille de concert avec les caméras et le système de navigation. La préférence de notre essayeur va pourtant au dispositif embarqué sur le BMW iX.

En filant à vive allure sur l’autoroute, l’insonorisation du Porsche Taycan break à notre disposition est exceptionnelle, si l’on ferme les oreilles sur les bruits de roulement apportés par les pneus sportifs en 21 pouces. Bien profilée et très basse, la carrosserie fend l’air.

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Dans ce contexte, la consommation balancera le plus souvent entre 27 et 30 kWh/100 km. L’autonomie, en frisant la panne, sera alors comprise entre 280 et 300 km. C’est la rançon d’un poids élevé et d’un très haut niveau de performances. En cycle mixte, il ne faudra pas s’attendre à beaucoup mieux que 24 kWh/100 km, soit 350 km de rayon d’action maximum, ou 300-320 km en conservant une nécessaire marge de sécurité.

En ville, il devrait être possible de dépasser les 400 km. La pompe à chaleur (+ 852 euros en option) permettra de préserver quelque peu les chiffres de l’autonomie en hiver.

Recharge

Sous 800 V, les Porsche Taycan profitent en général très bien des stations de recharge ultrarapide Ionity. Notre Sport Turismo GTS accepte sur le papier jusqu’à 270 kW de puissance en courant continu. Un dispositif de préchauffage permet de porter les batteries à une température optimale avant l’opération.

Dès le branchement, nous avons observé les chiffres atteindre très vite les 250 kW. Pas plus de 23 minutes sont nécessaires dans ces conditions pour passer de 10 à 80 % d’énergie dans le pack. « C’est ce qui se fait de plus rapide actuellement sur le marché », précise Maxime Fontanier.

Par défaut, le bolide électrique embarque un chargeur AC 11 kW. Contre 1 680 euros, il est possible de lui préférer le modèle 22 kW pleinement compatible avec les bornes disponibles en voirie un peu partout en France.

Tarifs

La grille tarifaire du Porsche Taycan GTS Sport Turismo débute à 136 619 euros. Pour profiter des options qui équipent notre modèle d’essai, il faudra cependant rallonger le montant du chèque d’un peu plus de 40 000 euros.

« Ce qui est beaucoup plus élevé que pour une Tesla Model S Grande Autonomie qui, certes n’est pas encore vendue en France, mais qui offre de meilleures performances, une meilleure autonomie et davantage d’habitabilité pour beaucoup moins cher », souligne notre essayeur.

« Une Porsche est une Porsche. Et on l’a vu, en termes de plaisir de conduite, il n’y a rien de mieux », conclut Maxime Fontanier.

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