Le ministère chinois de l’Industrie et des technologies de l’Information se rétracte et annule le pacte signé la semaine dernière par 16 constructeurs pour mettre fin à la guerre des prix en Chine.

Depuis janvier 2023, le marché chinois des véhicules électriques traverse une situation particulière. Les constructeurs doivent faire face à une véritable guerre des prix. Les 120 constructeurs présents sur le créneau de l’électrique baissent tour à tour le prix de leurs modèles pour attirer toujours plus de clients. Le plus grand marché de l’automobile mondial est extrêmement concurrentiel et chaque marque tente de mettre en place une stratégie dans le seul objectif de survire.

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Pourquoi la Chine ne veut-elle pas de cette entente ?

À l’initiative de la CAAM (l’Association Chinoise des Constructeurs Automobiles) et du ministère de l’Industrie et des technologies de l’Information, 15 constructeurs automobiles chinois et Tesla ont signé une « déclaration commune ». Il y a moins d’une semaine, sur le China Auto Forum à Shanghai, ces 16 entreprises se sont accordées pour « un retour à une concurrence saine », avec des tarifs « normaux ». Aujourd’hui, la Chine décide finalement de se rétracter et d’annuler ce pacte.

Les autorités chinoises estiment que cette mesure aurait pu favoriser une situation monopolistique. La plupart des grands constructeurs chinois, dont FAW, Dongfeng, SAIC, Changan, Geely, BYD, Nio ou encore XPeng avaient accepté cette entente. Selon plusieurs observateurs, c’est Tesla qui serait en grande partie responsable de cette guerre des prix en Chine. Le constructeur américain est le premier à avoir baissé le prix de sa Model 3 sur le territoire chinois. Ce qui a provoqué une véritable onde de choc.

Trop peur de créer une situation monopolistique

L’engagement de la Chine en matière de prix des véhicules électriques s’est retourné contre le gouvernement. Plusieurs médias chinois rapportent que la signature du pacte a été très mal accueilli par les habitants du pays et par certains acteurs de l’industrie automobile. La CAAM a donc changé de discours et conseille maintenant aux constructeurs automobiles d’examiner la loi anti-monopole chinoise lorsqu’ils fixent leurs prix, « afin de maintenir une concurrence loyale ».

Selon des chercheurs chinois, le pacte était probablement trop vague pour encourager un monopole sur la fixation des prix des véhicules électriques. Il ne s’agissait « que » d’une mesure d’autorégulation. Néanmoins, le ministère chinois et la CAAM ne veulent prendre aucun risque de créer un monopole ou d’encourager la fixation des prix. La guerre des prix ne devrait donc pas s’arrêter. La preuve avec Volkswagen qui vient de passer l’ID.3 à 16 000 euros en Chine.

Avis de l'auteur

La situation est très délicate sur le marché chinois des véhicules électriques. Les constructeurs tentent de faire la différence par le prix pour attirer de nouveaux clients. Jusqu’où cette dégringolade ira-t-elle ? Selon les analystes, les consommateurs attendent désormais des réductions plus importantes avant d’acheter. C’est un cercle vicieux dangereux dans lequel Tesla a entraîné l’ensemble de l’industrie. Seules les entreprises les plus solides pourront résister. Les « petits » ne pourront pas tenir longtemps. La bataille s’étend même au marketing. Certaines marques se livrent de véritables batailles à distance avec des attaques dans leurs campagnes publicitaires. Cette forte pression pourrait aboutir à des licenciements et à une réduction des marges.