Mia à la 2e Nuit de la Revolte

Sous le marteau du commissaire priseur niortais Gaël Biard, 25 exemplaires de la Mia électrique ont été dispersés le 21 février 2024 contre 1 000 à 4 000 euros l’unité. Savez-vous que Revolte est équipé pour diagnostiquer leurs pannes ?

Une voiture aux multiples symboles

N’ayant pas roulé depuis 2017 et présentant pour la plupart des dommages plus ou moins importants, les 25 Mia proposées aux enchères sont loin d’être exploitables en l’état pour les utiliser au quotidien. En vouloir une avait surtout du sens pour qui dispose déjà de solutions ou de pistes pour les rénover de façon fiable et pérenne.

C’est pourquoi, en plus des curieux, les personnes venues assister ou participer aux enchères avaient une certaine expérience de la Mia, parfois avec un exemplaire fonctionnel dans le garage ou en attente de pièces détachées. L’histoire sombre de ce modèle l’a auréolé de sympathie, du fait de sa construction en France. Elle symbolise par exemple le combat de Ségolène Royal pour développer dans sa région de Poitou-Charentes une filière complète et active de la voiture électrique.

Nombre de pionniers de l’électromobilité ont rêvé de la bouille de cette citadine alors qu’elle n’était encore qu’un projet d’Heuliez baptisé Friendly. Nous étions à l’approche de l’année 2010. La santé économique du carrossier longtemps partenaire de Citroën pour la réalisation des modèles spéciaux n’était pas bonne.

Reprise par Focus Asia

La scission d’Heuliez en deux sociétés distinctes et indépendantes a été le premier coup dur majeur de l’histoire de cette voiture rebaptisée Mia en étant commercialisée par la nouvelle société Mia Electric dans diverses versions, de l’utilitaire à la citadine à trois ou quatre places. Avec le conducteur installé de façon central dans la largeur, l’engin devait redéfinir certaines habitudes prises dans l’automobile.

En 2013, j’avais eu l’occasion d’interviewer le responsable du showroom parisien installé au 252 boulevard Saint-Germain. On y trouve aujourd’hui des éléments de décoration et du petit mobilier pour aménager sa maison. A l’époque, Mia electric était nouvellement détenu par Focus Asia Gmbh, un consortium d’investisseurs internationaux dont la représentante en France était la très controversée Michèle Boos.

La gérante affichait une volonté de faire décoller les ventes en baissant les prix jusqu’à ce que la Mia apparaisse comme la voiture électrique la plus accessible dans l’Hexagone. En contrepartie, et afin d’assurer la santé économique, l’activité de l’entreprise devait s’étendre à des services à très haute valeur ajoutée, dans le conseil, l’engineering ou la construction d’infrastructures de recharge pour l’industrie, parmi d’autres pistes envisagées.

L’année du décollage

En réaction immédiate à la baisse des prix qui mettait l’entrée de gamme à 10 469 euros TTC bonus déduit et batterie 8 kWh comprise, les ventes mensuelles ont immédiatement doublé. A la moitié de l’été 2013, la Mia s’était déjà invitée chez 1 500 clients environ, pas tous encore livrés.

Mia Electric cherchait alors à séduire les professionnels avec des offres alléchantes à 8 033 euros TTC (bonus déduit) avec une batterie 12 kWh en location à 75 euros. Les professions libérables étaient également ciblées. Un détail qui a son importance, puisque l’une des personnes a avoir décroché le 21 février 2024 l’exemplaire souhaité est une coiffeuse à domicile qui compte bien faire fonctionner cette voiture originale pour son activité.

Intérieur d'une Mia de luxe

Pour les particuliers, en 2013, des séries spéciales avaient été imaginées, comme la Mia cadabra qui se voulait unique pour tous les futurs propriétaires : ils devaient pour cela choisir la présentation extérieure parmi plus de 480 combinaisons possibles.

Dégringolade

L’année 2014 devait être celle de la réussite. De 125 km, l’autonomie devait passer à 650 km avec un nouveau modèle à venir. Grâce au référencement auprès de la centrale d’achat UGAP, Mia Electric s’attendait à placer 500 unités pour la fin de cette année-là auprès des collectivités publiques. La plus grosse commande enregistrée est venue d’EDF, pour 100 exemplaires.

Ce tableau idyllique s’est évanoui très vite avec les premiers soupçons nés en interne au sujet de l’apport annoncé par Michèle Boos. Seulement deux millions sur les 36 promis ont finalement rejoint les comptes du constructeur.

En mars 2014, Mia Electric a alors été placé en liquidation judiciaire. Le tribunal correctionnel de Niort a estimé que la gérante a provoqué la faillite de l’établissement. « On trouve regrettable qu’on n’ait pas laissé Michèle Boos aller jusqu’à la présentation de son plan prévu pour le 26 mars. On a préféré mettre 200 personnes au chômage », avait réagi Alfredo Dias Couto, délégué CFDT.

Depuis 2017, il est question de ressusciter la Mia ici ou là. Fox e-Mobility a bien rajeuni le concept, pour l’instant sans suites commerciales malgré les annonces.

Une adresse utile

Que faire avec les Mia vendues aux enchères en février 2024, à part récupérer des pièces dessus pour continuer à faire fonctionner celles qui roulent encore ? Avec les exemplaires sans carte grise ni certificat de conformité, difficile de faire beaucoup mieux. A moins de les utiliser sur des sites fermés, comme des circuits ou des entreprises.

Une autre piste serait d’exploiter certaines pièces pour réaliser des éléments inédits de décoration. Il existe cependant une adresse que nous connaissons bien où les véhicules les mieux conservés pourraient retrouver une seconde vie.

Il s’agit du e-Garage Revolte de Carquefou qui s’est occupé tout récemment de la Mia de notre confrère Renaud Roubaudi, de la chaîne POA (Petites Observations Automobiles). L’établissement dispose de la valise qui permet de détecter les pannes sur ces voitures. Celle du journaliste youtubeur que nous saluons au passage a été facilement remise en route après un problème de batterie 12 V qui avait généré nombre de défauts de communication.