Tous les médias spécialisés français, européens et même américains parlent depuis quelques jours d’une toute nouvelle Tesla deux places ! Non, il ne s’agit pas enfin de la nouvelle génération du très attendu Roadster, mais d’un Model Y très particulier, réservé au marché français et que vous découvrez en détail et en exclusivité sur AP.

La France compte actuellement un parc de 6,3 millions de véhicules utilitaires en très grande majorité diesel, ce qui veut dire que son électrification serait un levier colossal pour réduire les émissions de CO2. Jusqu’ici Tesla se concentrait en Europe sur les particuliers, tandis que de l’autre côté de l’Atlantique, le Semi et le Cybertruck sont proposés, mais la filiale française du constructeur américain vient de lever le voile sur une version à deux places destinée aux professionnels de son best-seller, le Model Y, voiture la plus vendue au monde en 2023 tous carburants confondus.

La Genèse du projet est très simple si l’on en croit Tesla France : sollicités par des professionnels de toutes sortes, l’antenne hexagonale a fini par céder en se rapprochant de Gruau, référence nationale dans le domaine, pour produire le tout premier modèle deux places que vous avez sous les yeux, afin, au final, de poursuivre l’objectif cher à la marque de réduire les émissions de CO2 mondiales.

Le processus pour se porter acquéreur de ce SUV biplace est légèrement différent du chemin habituel. Une fois la commande passée sur le site de Tesla, l’équipementier prend en effet livraison du Model Y flambant neuf, peu importe la version que ce soit Propulsion, Grande Autonomie ou même Performance, se charge d’enlever la banquette arrière puis de la mettre de côté pour vous avant de la remplacer par un caisson, avec une couche de moquette supplémentaire. Coût de cette transformation de base à ajouter au prix d’achat normal qui démarre (aujourd’hui et à l’heure où je vous parle) à 42 990 € ? 1 213 € HT précisément, sachant qu’il est tout à fait possible de dépenser plus ou beaucoup plus pour l’aménager selon les exigences de votre métier si vous voulez par exemple ajouter une cloison entre les passagers et le chargement ou des rangements spécifiques.

À lire aussi Essai – Tesla Model Y Propulsion : pourquoi écrase-t-il la concurrence ?

Par contre, comme c’est un véhicule transformé, vous n’avez pas le droit ni au bonus de 4 000 € des particuliers, ni à celui de 3 000 € des professionnels. Cependant, c’est largement contrebalancé par le fait qu’il est possible de récupérer la TVA, la voiture étant devenu officiellement un véhicule utilitaire par un changement de la carte grise, et de parvenir, une fois la soustraction effectuée, à un prix final de 37 038 €.

Quel volume on obtient après cette transformation ? Exactement le même que si on avait rabattu le dossier de la banquette arrière avec 2 041 litres auxquels on peut ajouter les 117 litres du coffre avant pour atteindre un total de 2158 litres. De même, la longueur utile reste de 1 650 mm et la largeur est toujours comprise entre 950 et 1 300 mm.

Plusieurs questions subsidiaires peuvent se poser : vous êtes un professionnel, vous avez déjà un Model Y et cette transformation vous intéresse ? Il faudra alors vous débrouiller directement avec un équipementier, Tesla ne servira pas d’intermédiaire. Vous êtes un particulier, vous avez par exemple des gros chiens à promener, est-ce que vous pouvez en acheter un via Tesla ? Tout à fait, mais autant rabattre le dossier de la banquette arrière pour obtenir le même volume puisque vous n’aurez par contre pas droit de récupérer la TVA.

Est-ce que ça change quelque chose une fois le volant en main ? Pas du tout ou presque. Les excellentes performances restent inchangées tout comme l’autonomie, avec jusqu’à 565 km pour la version Grande Autonomie avec les jantes de 19 pouces. La seule différence que les plus sensibles pourront ressentir, c’est un bruit à bord légèrement plus élevé avec ce volume vide à l’arrière qui fait caisse de résonance sur autoroute, mais ça tient vraiment du détail.

Est-ce que ça peut marcher commercialement, ce Model Y utilitaire ? Prenons en exemple une des références actuelles du segment, le Renault Kangoo Van e-Tech, sans mettre dans l’équation les chiffres du chronomètre ici accessoires. Le Français fait largement mieux en matière de volume de chargement, même dans sa version L1 long de 4,41 m, avec 3 300 dm³ à disposition, 1 756 mm de longueur et 1 248 mm de largeur entre les passages de roue, tout comme en accessibilité, avec double porte à l’arrière et portes latérales coulissantes qui peuvent même se passer de pied-milieu. Mais l’utilitaire électrique au losange s’incline d’autant en matière d’autonomie et de puissance de recharge, puisqu’il plafonne à respectivement 300 km WLTP et 80 kW quand l’Américain démarre à 455 km et 170 kW ! Un bon point cependant au Kangoo pour les 22 kW qu’il peut atteindre en courant alternatif, contre 11 pour le Model Y. Plus surprenant : les tarifs. Le fossé n’est en effet pas aussi profond qu’on pourrait le croire puisque, si le Renault commence à 30 600 € TTC en déduisant le bonus de 3 000 € auquel lui a droit, il faudra ajouter la totalité ou presque du catalogue d’options pour tenter en vain d’approcher la dotation de série du Tesla, et la facture flirte alors allègrement avec la barre des 40 000 € TTC.

À lire aussi Essai – Renault Kangoo Van E-Tech Electric, un van électrique à l’autonomie longue comme son nom

Au final, on ne peut cependant pas les déclarer comme des rivaux directs tant chacun brillent dans des domaines différents. Ce Model Y deux places vient plutôt se placer de façon complémentaire à ce qui est déjà offert, sans véritable concurrence frontale. Est-ce qu’un tel véhicule électrique d’intervention rapide et sur longues distances peut trouver sa clientèle ? Est-ce que la niche n’est pas un peu trop petite ? L’avenir le dira, mais Tesla a déjà prouvé à maintes reprises qu’il ne fallait pas parier contre lui.