Centre de tests de batteries Seat

Le groupe Volkswagen compte s’appuyer sur le plan de relance de l’économie espagnole pour effectuer des investissements majeurs dans le cadre de son programme baptisé « Future : Fast Forward ». Au cœur de cette feuille de route, la construction d’une gigafactory de cellules de batteries.

À la tête du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez a précisé en décembre dernier son « projet stratégique de relance et de transformation économique » à identifier derrière l’acronyme « Perte ». L’État compte mettre 6,9 milliards d’euros sur la table en espérant attirer près de 9,5 milliards d’euros d’investissements en provenance du secteur privé.

Parmi les filières qui profiteraient de ce plan, celles des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert, et de la mobilité électrique, pour ne citer qu’elles.

Plusieurs appels à projets vont être successivement lancés. Doté d’une enveloppe de 250 millions d’euros, le premier devait inclure le développement de prototypes de véhicules fonctionnant à l’hydrogène. Avec 100 millions d’euros, le troisième devait soutenir des projets pilotes dont certains dédiés à la mobilité électrique.

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Seat et le groupe Volkswagen candidats

Le budget envisagé pour le programme Perte devrait être attribué sur les années 2022 et 2023, pour des réalisations concrètes à échéance 2026. Si le gouvernement espagnol escomptait une mobilisation à hauteur de 9,5 milliards d’euros du secteur privé, Seat et le groupe Volkswagen seraient déjà prêts à aligner 7 milliards d’euros. À condition que la candidature qu’ils viennent de déposer dans le cadre du programme Perte soit validée.

Ce n’est pas la première fois que le groupe allemand et sa filiale Seat font du pied au gouvernement espagnol. Déjà en juillet dernier, sans pour autant mentionner d’engagements chiffrés. La nouvelle couche passée publiquement doit certainement avoir pour objectif de précipiter l’État à accepter la candidature que le groupe automobile établi outre-Rhin range sous l’étiquette « Future : Fast Forward ».

Une usine de batteries au cœur du plan Future : Fast Forward

Au cœur du plan du groupe Volkswagen et du dossier déposé dans le cadre du programme national espagnol Perte, une usine de batteries dimensionnée pour une capacité annuelle de production de 40 GWh. Installée à Sagunto, dans la région de Valence, elle emploierait 3 000 personnes.

Le groupe allemand a fait son petit calcul : pour être opérationnelle à l’échéance 2026, selon les exigences du gouvernement, il faudrait que les travaux à la gigafactory démarrent avant la fin de la présente année 2022.

« À Valence, nous prévoyons de construire rien de moins que l’outil de production de cellules de nouvelle génération », assure Thomas Schmall, membre du CA de Volkswagen AG et président du CA de Seat S.A. Afin d’alléger l’impact environnemental des voitures électriques et hybrides rechargeables du groupe, le site serait alimenté avec des énergies renouvelables.

Plus grand investissement industriel en Espagne ?

Volkswagen souhaite vivement attirer l’attention sur son projet qui pourrait « constituer le plus grand investissement industriel de l’histoire espagnole ». Le groupe allemand ne serait cependant pas le seul à se mobiliser. Il entend embarquer dans cette aventure des fournisseurs tiers qu’il n’a pas explicitement nommés.

Si elle est centrale, l’usine de batteries n’est pas le seul projet à s’abriter sous le plan Future : Fast Forward. Les usines Seat/Cupra de Martorell et Volkswagen de Pampelune seraient également concernées.

En juillet dernier, Herbert Diess, à la tête du groupe automobile, en avait dit un peu plus, prévoyant la construction en Espagne de composants pour les voitures électriques, et même d’une gamme complète de VE à partir de 2025. « En fonction du cadre général et du soutien public », avait-il déjà prévenu.

Une bonne assise à la feuille de route 2030 de VW

Ce que recherche Volkswagen aujourd’hui, en s’agitant ainsi devant les pouvoirs publics espagnols, c’est ni plus ni moins que d’asseoir sa feuille de route vers 2030. Massivement orientée vers la mobilité électrique, elle pourrait être facilitée par le programme Perte, dans un jeu du donnant donnant.

Afin de décider le gouvernement à valider son dossier, le groupe industriel a vanté ainsi la future constitution d’une gamme de véhicules branchés plus abordables : « Cette famille de petites voitures électriques à batterie jouera un rôle clé dans la démocratisation de l’électromobilité en Europe, car elle rendra l’e-mobilité climatiquement neutre accessible à un plus grand nombre de clients ».

L’État a décidé, de ce côté des Pyrénées aussi, de mettre en service 100 000 points de recharge, avec pour échéance 2023. On imagine mal que le dossier présenté par Volkswagen et Seat soit retoqué. En attendant, Cupra, qui relie la filiale au groupe automobile, confirme le lancement en 2024 d’un SUV qui préfigurera une nouvelle génération d’hybride rechargeable.