Alors que 90% des flux de marchandises sont effectués par le transport routier et que ce secteur représente 7% des émissions de gaz à effet de serre, il semble important de les réduire en déployant des poids lourds zéro émission. De fait, des constructeurs étudient désormais la faisabilité d’une augmentation de la présence de bornes de recharges pour accueillir spécifiquement les poids lourds électriques d’ici à 2035.
De la discipline pour la transition énergétique
Vinci Autoroutes, Enedis et TotalEnergies se sont associés à six constructeurs européens, Iveco, MAN Truck & Bus France, Mercedes-Benz Trucks, Renault Trucks, Scania et Volvo Trucks, afin d’évaluer la pertinence de l’installation de bornes de recharges en itinérance pour les transports routiers d’ici à 2035. L’objectif est de faciliter le développement croissant des poids lourds électriques d’ici à 2035, en installant des infrastructures de recharge aux dépôts, aux destinations et en itinérance pour les trajets plus longs. Prévus à partir de 2024, ces poids lourds auront une autonomie de 400 km. D’ici à 2025, les recharges seront rapides grâce au MCS (Mégawatt Charging System), ce connecteur étant capable de délivrer jusqu’à 3,75 MW de puissance en courant continu.
Représentant les constructeurs internationaux en France, la CSIAM2 considère cette étude comme une avancée majeure qui permettra de planifier les investissements dans les infrastructures de recharge itinérante. Sans cela, le développement des poids lourds électriques sur de longues distances ne serait pas réalisable. Par conséquent, les partenaires recommandent plusieurs mesures. Pour commencer, il serait nécessaire d’encourager les investisseurs privés à investir dans le développement des poids lourds électriques et des bornes de recharge. Puis viendrait le moment d’établir, pour les années 2027, 2030 et 2035, une feuille de route partagée et contraignante. Il semble cependant indispensable que cette dernière tienne compte des besoins en aménagement des réseaux électriques et des infrastructures, conformément aux réglementations à venir telles que le règlement européen sur le déploiement des infrastructures pour carburants alternatifs.
De nouveaux besoins pour l’électrification des poids lourds
Selon l’étude menée par neuf entreprises, 519 aires de repos devront être équipées de 12 200 points de recharge pour répondre aux besoins de tous les poids lourds en itinérance. Parmi ceux-ci, 10 000 points de recharge seront destinés aux pauses longues, tandis que 2 200 seront dédiés aux pauses courtes. Pour répondre à cette demande croissante, un réseau électrique puissant sera nécessaire. D’ici à 2035, la recharge itinérante des poids lourds nécessitera en effet une consommation annuelle de 3,5 TWh, avec un appel de puissance de 1,1 GW. Pour illustrer l’ampleur de ce besoin, la consommation annuelle en France est estimée à 615 TWh. 630 millions d’euros seront nécessaires d’ici à 2035. Cet investissement permettra d’atteindre la destination décarbonisation des poids lourds. Enfin, la moitié des places de parking pour poids lourds devront être équipées de bornes de recharge.
À lire aussi Vos Twix et Mars bientôt livrés à l’aide d’une flotte de camions électriquesAinsi, si les objectifs sont pleinement atteints d’ici à 2035, nous pourrons espérer ne rencontrer plus que des poids lourds électriques sur les autoroutes, et ainsi, permettre idéalement de réduire de 7% les émissions de gaz à effet de serre.
La consommation d’un PL 40T à 80km/h stabilisé sans trop de rampe est de l’ordre de 110kWh/100km et la puissance appelée de l’ordre de 200kW (car sur rampe à 10%,par exemple, pour tenir 60km/h sur la voie lente, il faudrait développer 780kW à l’essieu moteur) Nota: Puissance brutes, avec un rendement de la chaine de traction 0.85 il faudrait les multiplier par 1.18 j’ai pris krr=0.1+0.013 (6.5bars) et SCx=12m2 (caisse de 13.60m).
Donc, imaginons 100 000 km/an.camion pour un parc de 15 000 camions SR (et ML) électriques en permanence sur le réseau autoroutier français et considérons une consommation moyenne 200kWh/100km (voir l’effet de rampe ci-dessus) alors je suggère plutôt une conso globale F=3TWh/an (en sachant qu’un réacteur nucléaire type PWR de 900MW produit 0.5TWh/a;, il faudra donc 3 réacteurs EPR2 de 1800MW spécifiquement dédiés à la recharge des camions sachant qu’il serait préférable qu’ils le fassent la nuit pour mieux équilibrer la production avec la consommation sur le RTE (en alternative 3000 éoliennes offshore de diamètre 126m avec leurs back-up en STEP ou centrale à gaz, en cas d’absence de vent, leur RETEX suggère une production “nominale” 2500h /8760h=1 an) .
La décarbonation du transport de marchandises appelle donc un effort économique colossal du même ordre que celui que fut le plan Messmer de 1973 (et notamment de garantir la continuité des approvisionnements en matières premières “sensibles” U, Cu, Ni, Mo, Al, Carbone purifié (80% vient de Chine), Li (ou plus tard Na), ainsi que la capacité de production et de recyclage des batteries). J’ai donc quelques doutes qu’il soit si “faisable” de zapper les hydrocarbures à l’horizon 2035…
Dans un premier temps; il serait intéressant de construire au coté des autoroutes des lignes de chemin de fer pour transporter les camions comme on le fait dans le tunnel sous la manche. Ceci permettrait d’électrifier une partie du transport par camion sans pénaliser l’existant ou allourdir les camions par une hybridation. Faisant moins de kilomètres par eux même, les camions dureraient plus longtemps. Ainsi on ferait moins d’émissions de CO2 pour le transport et pour remplacement du matériel. Ce ferroutage pourrait aussi permettre de transporter des véhicules électriques avec une plus petite batterie.
Les petites entreprises de transport pourraient continuer à vivre, car souvent changer un tracteur de poids lourd, c’est un danger pour celles-ci.
Si on commence à envisager l’électrification des poids lourds, c’est qu’il y a aussi un intérêt économique. Si les entreprises s’y retrouvent, l’électrification des camions va se réaliser.
Très bonne nouvelle à tous points de vue. Des poids lourds électriques seront une réponse aux français obsédés par le prétendu manque d’autonomie des véhicules électriques.
En réaction à certains commentaires, ferroutage et camion électrique me semblent complémentaires et non antinomiques. On peut même imaginer que les camions électriques se rechargent pendant le ferroutage.
Si l’on veut encourager le ferroutage, il suffirait de faire payer les camions pour leur utilisation de la route. Ce sont les camions qui dégradent et de loin le plus les routes. L’utilisation gratuite du réseau routier est une forme de subvention du transport routier.
La question est : comment décarboner le transport de marchandises
Pourquoi n’envisager qu’une seule réponse ?
Il est aussi possible d’utiliser le transport ferroviaire et le transport maritime, le ferroutage
Mais nous pouvons aussi essayer de diminuer les distances d’approvisionnement : fraises d’Espagne ou de la région ?
Est ce vraiment utile d’électrifier les camions espagnols qui traversent le territoire pour aller chercher des marchandises à Anvers ?
N’est il pas préférable de produire localement, ou, d’utiliser le réseau ferré ?.
Ne rencontrer que des PL électriques en 2035 sur nos routes, est à mon avis un doux rêve. La durée de vie d’une PL est très longue (amortissement sur des dizaines d’années), ce ne sera pas dans seulement 11 ans que l’on va pouvoir changer le parc. Certes, il y en aura un petit nombre reconnaissable par leur signature acoustique mais de là à prédire que c’est bientôt fini, il y a une « remorque » …
C’est une bonne nouvelle pour la pollution en générale, non seulement CO2 mais aussi une pollution dont on parle trop peu, c’est la pollution au émissions de mazout….
Dans les villes, on ne verra plus les façades des maisons et bâtiments recouvertes des suies noires de tous ces poids lourds et nos poumons ne s’en porteront que mieux….
Mais étant donné les enjeux économiques et les flux logistiques, chuuuuut, il ne faut pas en parler !!!
On tape facilement sur les voitures mais pas sur les poids lourds !!!!
Donc oui, le passage d’un maximum de poids lourds à l’électrique est une nécessité….
Imaginez, plus de mazout sur les routes (ni poids lourds, ni voitures)… Que du bonheur !!! On pourra enfin respirer librement….
On va croiser les doigts… Une taxe sur les PL thermiques serait la bienvenue pour financer tout ça. Surtout ceux qui transitent, dont la plupart ne dépensent pas un centime en France.