Voiture électrique et long trajet : son expérience en Skoda Enyaq

Voilà, le vrai problème de l’électrique sont les longs trajets et à mon avis ça le restera longtemps. Mais tout d’abord une petite précision; je ne suis absolument pas contre l’électrique, ma prochaine voiture sera électrique mais elle servira en tant que 3ème voiture, et plus tard ce sera 2 électriques et une thermique, mon coupé sport allemand dont je ne veux pas me séparer, juste pour le plaisir.

Ces précisions étant dites, pourquoi l’électrique sur longs trajets est et et restera longtemps un problème? Outre les difficultés ponctuelles citées par les autres intervenants (planification nécessaire, tarification parfois opaque, temps d’attente aux bornes à certaines dates, et.) un autre problème, plus sérieux à mes yeux, perdurera pour les trajets longue distance.

Je vais essayer de l’expliquer simplement. Prenons deux automobilistes disposant de budgets d’achat très différents. L’un dispose d’environ 15 000€, l’autre de 50 000€. Pour simplifier on les appellera respectivement le pauvre et le riche.

Actuellement, si vous comparez les capacités à parcourir un long trajet (disons 700 km) dans un temps à peu près équivalent deux voitures thermiques achetées neuves, l’une à 14 000€ environ (une Dacia Sandero Stepway par ex), l’autre à 50 000€ (une Audi A6 de base par ex), ces deux voitures mettront le même temps pour parcourir cette longue distance.La Sandero se peut-être obligée de faire un plein supplémentaire (10 mn) mais en gros on est dans le même temps. Il va de soi que je pose comme principe que les deux voitures ne dépasseront pas les vitesse règlementaires et que je fais abstraction des conditions de confort différentes de ces deux voitures. Je prends en compte uniquement la capacité à se déplacer. Le pauvre disposera d’une autonomie (temps et kilomètres) sensiblement égale à celle du riche.

Prends maintenant deux voitures électriques achetées neuves. A un prix un peu plus élevé que 15 000€, je vais avoir par exemple la Twingo Electrique à 16 000€ (déduction faite de l’aide à la conversion) et pour un budget autour de 45- 50 000 € je vais pouvoir accéder aux VE à plus forte autonomie comme le Hyundai Ioniq 5, Mercedes EQA, par exemple.

Je ne rentrerai pas dans les détails des normes de consommation ni de temps de recharge, les modèles cité ne le sont que pour donner un ordre d’idée. Disons simplement que, grosso modo, un VE à 15-2000€ disposera d’une autonomie théoriquement deux fois moins élevée qu’un VE à 45-50 000€. Pour les temps de recharge, la différence sur moins importante mais le temps sera plus court plus pour les VE les plus chers.

Pour accomplir mon trajet de 700km en VE la voiture électrique bon marché (relativement) et la voiture chère devront toutes les deux s’arrêter plusieurs fois. Pour la voiture bon marché, disposant de 200 km théoriques WTLP, il faudra compter au moins 3 arrêts, voire 4 pour effectuer ces 700 km dans de bonnes conditions (Recharger à 20% de capacité et repartir une fois 80% atteints). Pour la voiture plus chère, disposant d’une autonomie plus élevée, il faudra prévoir 2 arrêts, voire 3 avec un arrêt moins long sans recharger à 80%.
Cette différence de temps passé pour faire le plein d’énergie sera accentuée par des capacités différentes de de recharge rapide.

Mon calcul est bien entendu arbitraire. Je considère que les deux voitures partiront et poursuivront leur périple dans des conditions de charge équivalente et je tiens pas compte de la nécessité d’arriver au bout du trajet avec une charge résiduelle. Je veux simplement comparer ce que j’appellerai l’allonge de 2 voitures électriques au prix sensiblement différent.

Aujourd’hui, le problème ne se pose pas encore. Malgré sa forte croissance, le parc électrique est encore minoritaire. Mais on sait que la plupart des constructeurs accélèrent leur transition vers le tout électrique. A terme, en véhicules neufs, il n’y aura plus que de l’électrique dans 15 ans, l’hybride assurant la transition. Je parle bien sûr des véhicules neufs.

Je poursuis ma réflexion. Lorsque tout le monde ou presque sera en électrique, les capacités de déplacement (distance, temps, temps d’immobilisation) seront fonction des moyens dont disposera chaque automobiliste. Le pauvre pourra évidemment faire de longs parcours mais il mettra beaucoup plus de temps et vivra plus de contraintes que le riche. Il devra s’arrêter plus souvent, planifier plus soigneusement, bref, le voyage en automobile ne sera pas pour lui synonyme de liberté.

Bien sûr, on me répondra que les longs trajets sont assez rares et qu’on peut deux ou 3 fois par an prendre son temps. C’est vrai. Que les citadines électriques sont faites pour les courts ou moyens trajets, c’est vrai aussi. Mais on peut faire un long trajet sans aucun problème avec n’importe quel gitane thermique sans rien planifier et à 130km/h sans problème sur autoroute et peu de gens peuvent se permettre de disposer de plusieurs voitures électriques en fonction des trajets à accomplir.
On me rétorquera que la technologie va progresser et que les capacités d’autonomie et de temps de recharge seront très supérieurs à l’avenir. C’est vrai aussi mais je ne vois pas pourquoi ces progrès seraient réservés aux petites voitures et donc le différentiel existera toujours.

Voilà, j’espère avoir été clair. Je ne conteste pas l’utilité ni l’agrément de l’électrique. Je suppose simplement que cette technologie va créer des inégalités là où elles n’existaient pas. Est-ce grave? Je ne sais pas. Sans doute pas très grave mais allez savoir.