N’ayant plus rien à perdre, NEVS vient de présenter l’Emily GT, la voiture électrique aux moteurs dans les roues sur laquelle elle travaillait avant de se mettre en hibernation.

Bien que Saab ait fait faillite en 2013, l’héritage de la marque a survécu grâce à National Electric Vehicle Sweden (NEVS). Même si l’entreprise est restée discrète ces dernières années, elle développait en secret une voiture électrique impressionnante. Mais n’espérez pas une fin heureuse à cette histoire ponctuée de rebondissements.

Saab, un fabricant suédois d’avions, a commencé à produire des véhicules en 1949 qu’il a commencé à exporter aux États-Unis à partir de 1956. Il y rencontre le succès dans un premier temps, avec des ventes culminant à plus de 47 000 unités en 1986. Les chiffres déclinent ensuite et la marque est rachetée en 2000 par General Motors, mais rien n’y fait.  La crise financière mondiale de 2008/2009 apporte le coup de grâce. Une première vente à Koenigsegg échoue et c’est finalement le constructeur automobile néerlandais Spyker qui s’en porte acquéreur en 2010. Mais c’est trop tard : Saab Automobile est finalement déclaré en faillite en décembre 2011 après plusieurs mois de lutte pour rester à flot.

Après cette disparition prématurée, les actifs de Saab Automobile ont été rachetés l’année suivante par National Electric Vehicle Sweden (NEVS). Cet autre constructeur automobile suédois va lui aussi rencontré son lot de difficultés avant d’être lui-même acquis en 2019 par le géant de l’immobilier chinois Evergrande, ce dernier nourrissant de grandes ambitions pour la marque suédoise.

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NEVS avait en effet dans ses projets un véhicule autonome, une voiture électrique basée sur l’ancienne Saab 9-3 et, comme nous l’apprenons maintenant, une grande berline GT appelée Emily. Pour développer cette dernière, l’entreprise crée alors un partenariat avec Koenigsegg et Evergrande rachète Protean Electric, un fabricant de moteurs moyeux électriques basé au Royaume-Uni. Simon Padien, l’ancien directeur du design de Saab et à qui l’on doit la ligne de la seconde génération de la 9-5, devait alors prendre en charge la conception du véhicule.

Mais l’aventure tourne court. Les dettes d’Evergrande atteignent des niveaux records au point de lancer la pire des crises immobilières que la Chine ait connu. Début 2021, NEVS est à vendre tout comme l’usine historique suédoise de Trollhättan et, sans repreneur, finit par entrer en hibernation le mois dernier, se séparant de 95 % de son personnel.

Avant de mettre la clé sous la porte, l’entreprise s’était associée à Plint pour documenter la création de la première version de l’Emily, alors au stade de concept de pré-production. Les images sont ensuite restées entre les mains de cette agence de marketing avant qu’elle ne finisse par les publier sur son compte Instagram et dans la série de vidéos sur Youtube qui illustre cet article.

 

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La NEVS Emily GT est une grande berline qui emprunte des éléments esthétiques à la Saab 9-5 et les réinterprète pour les rendre actuels, certains éléments de design rappelant l’Aston Martin Rapide. Avouons qu’il y a pire comme références et que l’habitacle ci-dessous est absolument magnifique.

 

Niveau technique, ce n’est pas triste non plus puisqu’elle embarque un moteur électrique de 120 ch par roue pour un total de 480 ch et qu’une version de 653 ch et 2 200 Nm au 0 à 100 km/h annoncé en 3,2 s était aussi prévue. De plus, une batterie à la capacité colossale de 175 kWh revendique une autonomie WLTP de 948 km même si les premiers prototypes étaient équipés de celle de 52 kWh de la Saab 9-3 électrique.

Selon nul autre que Christian von Koenigsegg, la voiture de test était un véhicule remarquablement complet. Bien qu’elle ne fût pas tout à fait prête pour la production, elle en était assez proche pour être récemment confiée à Auto Motor und Sport Sverige pour son tout premier essai. Les résultats sont élogieux, bien que la voiture n’ait été construite qu’en cinq mois.

Cette Emily a été dernière tentative pour sauver l’équipe de NEVS constituée de 350 ingénieurs et techniciens et, à travers elle, l’esprit de Saab. Dorénavant, avec un personnel dispersé dans sa grande majorité, sans le soutien financier chinois et avec une usine de Trollhättan rachetée par Polestar, l’espoir de la voir commercialisée un jour est faible. Mais, selon Peter Daul, qui a dirigé le projet et est un des rares rescapés de NEVS, les droits de propriété intellectuelle de la NEVS Emily GT sont aujourd’hui à vendre. Des candidats ?

Sources : CarScoops.com, CarUp.se, PlintMarketing

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