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Si les voitures électriques ont de nombreux avantages face à leurs rivales thermiques, certains utilisateurs se plaignent toutefois du mal des transports. Selon une récente étude, ce n’est pas le fait de leur imagination mais bien une réalité. Et les scientifiques savent exactement pourquoi.
Silence profond, accélération immédiate, confort renforcé : les voitures électriques bouleversent les habitudes des conducteurs et des passagers. Mais pour certains usagers, ce changement s’accompagne d’un phénomène inattendu : une sensation accrue de nausée, notamment à l’arrière du véhicule. Vous en avez peut-être aussi fait l’expérience. Quoi qu’il en soit, de nombreux témoignages l’attestent, et les chercheurs commencent à comprendre les causes précises de ce trouble.
À lire aussiLe mal des transports, aussi appelé cinétose, résulte d’un désaccord entre les signaux envoyés au cerveau par l’oreille interne, les yeux et les capteurs de mouvement du corps. Dans une voiture thermique, le bruit du moteur, les vibrations et les à-coups sont autant d’indices sensoriels familiers qui permettent au cerveau d’anticiper les mouvements. Mais avec la voiture électrique, une bonne partie des repères auxquels nous sommes habitués ont disparu. Voilà qui pourrait expliquer l’accentuation du mal des transports.
Des scientifiques interrogés récemment par The Guardian avancent une explication neurologique. William Emond, doctorant spécialisé dans le mal des transports à l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard, rappelle que « le mal des transports est plus important dans les véhicules électriques peut s’expliquer par un manque d’expérience, tant chez le conducteur que chez les passagers, le cerveau ayant du mal à estimer les forces en mouvement car il s’appuie sur son vécu avec d’autres types de voitures ».
En clair, notre cerveau, habitué depuis des décennies aux signaux sensoriels spécifiques des voitures thermiques aurait du mal à « s’adapter aux nouvelles sensations des voitures électriques », qui fonctionnent différemment. Une différence majeure réside dans le silence du moteur électrique. Alors qu’en voiture thermique, le ronronnement du moteur prévient naturellement d’un changement de vitesse ou d’une accélération imminente, dans un véhicule électrique, ce repère sonore disparaît totalement.
Notre cerveau ne dispose plus de ce signal auditif essentiel pour anticiper les mouvements du véhicule. Cette absence de bruit est l’un des facteurs déjà mis en évidence par une étude de 2020 qui établit un lien fort entre le silence du moteur électrique et l’aggravation du mal des transports. Il semblerait que les vibrations ressenties dans les sièges des voitures électriques joueraient aussi un rôle surprenant. Il y a une corrélation nette entre l’intensité du mal des transports et les vibrations spécifiques émises par les électriques.
Enfin, le comportement du véhicule accentue ce phénomène. L’accélération immédiate, caractéristique des moteurs électriques, peut provoquer des départs saccadés lorsque le conducteur ne maîtrise pas encore bien la pédale d’accélérateur. De même, le freinage régénératif, cette technologie qui transforme l’énergie cinétique du véhicule en électricité lors du ralentissement, génère une décélération prolongée et progressive, à basse fréquence, qui contraste avec les freinages plus brusques des voitures thermiques.
William Emond précise que « lorsque l’on découvre un nouvel environnement de mouvement, le cerveau a besoin d’un temps d’adaptation, car il n’a aucune connaissance préalable de ce contexte. C’est pourquoi presque tout le monde ressent le mal de l’espace en apesanteur ». C’est pour cela que les conducteurs ressentent moins le mal des transports. Car ils anticipent mieux les mouvements du véhicule. Pour les passagers, ce nouvel environnement de déplacement représente un défi sensoriel inédit.
À lire aussiLes chercheurs étudient déjà des solutions pour limiter ce phénomène. Il est par exemple question de l’intégration de signaux visuels dans l’habitacle, comme des écrans interactifs ou des éclairages d’ambiance dynamiques. Ils estiment que cela pourrait aider le cerveau à mieux prévoir les mouvements à venir. De même, « des signaux vibratoires dans les sièges ou l’appui-tête pourraient apporter un repère sensoriel supplémentaire ». Objectif : réduire la sensation de mal des transports pour les passagers.
On voit bien que l’adaptation aux voitures électriques ne passe donc pas uniquement par les performances ou les caractéristiques techniques. Il faut aussi travailler sur une meilleure compréhension et prise en compte de la façon dont notre cerveau perçoit le mouvement. Voilà un nouveau défi scientifique et industriel passionnant
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