Yohann et sa Hyundai Ioniq 5 avec technologie V2L

Courtier à son compte en automobiles, Yohann Locatelli s’était préparé au passage du cyclone Belal mi-janvier 2024 à La Réunion. S’il a été privé quelques jours de réseau mobile et d’eau, il doit à la technologie V2L de sa Hyundai Ioniq 5 d’avoir pu alimenter trois ou quatre appareils électriques chez lui.

L’œil de Belal en plein sur l’île

Si le cyclone Belal a provoqué d’importants dégâts à La Réunion, il n’était cependant pas tout à fait comme les autres : « Le plus souvent les cyclones passent à 150 ou 200 kilomètres, touchant une partie plus ou moins importante de l’île. Le 15 janvier dernier, l’œil de Belal est passé complètement sur La Réunion. Nous avions été alertés deux jours auparavant. Avec des rafales entre 160 et 200 km/h, il s’est heureusement montré moins fort que prévu là où je réside ».

Les Réunionnais ont dû faire face à diverses coupures d’approvisionnement : « Ce sont 150 000 foyers qui ont été privés quelques jours d’électricité, et 305 000 d’eau. Si on ajoute le réseau mobile, j’ai subi les trois coupures ce lundi 15 janvier vers neuf ou dix heures. On a alors un peu l’impression de vivre dans un autre monde ».

Yohann Locatelli redoutait et espérait à la fois pouvoir expérimenter dans ces conditions la technologie V2L de sa Hyundai Ioniq 5 qui permet d’alimenter des consommateurs électriques à une puissance maximale de 3,5 kW : « Je m’étais dit un jour que ce serait vraiment bête d’avoir le V2L sur ma voiture électrique et de ne pas l’exploiter pour me dépanner en cas de besoin. J’ai alors commandé la prise qui n’était normalement fournie qu’avec la version haut de gamme Executive de la Ioniq 5. Je m’étais assuré auparavant que j’avais bien dans la mienne le menu spécifique au V2L ».

Sensation au premier branchement du V2L

Notre lecteur s’était bien préparé en amont du cyclone : « Nous avons deux voitures électriques dans le foyer. J’avais pris soin d’en recharger complètement les batteries. Une fois l’électricité coupée à la maison, j’ai attendu que les vents se soient un peu calmés pour brancher le V2L. Il était environ 17 h 00. Comme c’était la première fois, l’angoisse est tout de même montée. Car je ne savais pas quand le réseau électrique serait à nouveau opérationnel ni pendant combien de temps je pourrais exploiter cette solution de dépannage ».

Une petite précaution s’imposait : « J’avais lu qu’il fallait mettre à l’abri de la pluie la prise V2L. J’ai dû improviser une protection avec un sac en plastique et du ruban adhésif. Heureusement, pas besoin de chauffage. Avec une puissance de 3,5 kW à ne pas dépasser, je n’ai relié que la box Internet, le frigo, la cafetière et la télé. Au début, ne sachant pas qu’elle serait la consommation totale, je ne les laissais pas branchés tout le temps. Ensuite le V2L est resté en fonction pendant les quatre jours ».

Yohann Locatelli se souvient très bien de la première impression qu’il a ressenti en connectant ces quelques appareils : « C’est le seul truc qui m’a réjoui alors que j’avais l’impression que tout pouvait péter ici. Jusqu’à présent, je n’avais surtout utilisé le V2L que pour passer l’aspirateur dans ma voiture ».

5 à 6 kWh par jour

Rapidement, le Réunionnais d’adoption n’a plus eu besoin de débrancher le V2L : « J’ai noté une consommation de l’ordre de 5 à 6 kWh par jour pour la box, le frigo, la cafetière et la télé. Je n’ai pas branché les appareils de cuisson, mais on s’est fait des journées ciné. Avec la batterie 58 kWh de ma Ioniq 5, j’aurais de quoi tenir plusieurs jours. Un frigo avec congélateur déjà froids pourraient être ainsi alimentés pendant environ un mois ».

Il existe une sécurité qui empêche toutefois de trop abaisser le niveau de charge de la batterie avec le V2L : « Je l’ai réglé à 30 %. C’est-à-dire que l’alimentation V2L s’arrêterait automatiquement à partir de là, sans prévenir. J’avais prévu, si je rentrais dans cette situation, d’aller recharger ma voiture à une borne de l’île en espérant en trouver une opérationnelle. Souvent, quand une personne n’arrive pas à utiliser le V2L avec une voiture électrique qui en est équipée, c’est parce que le seuil d’arrêt est mal paramétré. Il peut y avoir une confusion avec celui de fin de recharge ».

A comparer, Yohann Locatelli préfère la gestion du V2L par Hyundai plutôt qu’avec MG : « Sur la Ioniq 5, le V2L fonctionne très bien sans le contact et avec les portes verrouillées. Sur les MG compatibles, le contact doit être mis. Ce qui n’encourage pas à utiliser cette fonctionnalité quand la voiture dort dehors. D’autant plus que la consommation doit-être un peu plus élevée ainsi. A noter que le V2L n’est plus disponible sur la MG ZS EV à batterie 51 kWh ».

V2L ou V2H ?

La Hyundai Ioniq 5 propose le V2L. Le V2H, c’est différent : « Il est techniquement possible d’utiliser la fonction V2L façon V2H. Une de mes clientes qui travaille dans le domaine médical l’a fait pour alimenter son cabinet. Elle a ainsi pu travailler normalement. Pour que ça fonctionne, elle utilise un câble avec une prise mâle de chaque côté et coupe son disjoncteur. Sa voiture devient ainsi une multiprise géante. Mais la limite des 3,5 kW empêche de tout utiliser en même temps ».

Notre lecteur ne souhaite cependant pas tester cette pratique que, par prudence, il déconseille : « Pour autoriser la technologie V2L, Hyundai a fait ce qu’il faut au niveau de la batterie, des logiciels et du module. On ne sait pas ce que ça peut générer de brancher autrement. Des Réunionnais disposent du V2L dans leurs voitures électriques mais n’ont pas la prise qui va avec. Certains ont dû jeter la nourriture qui n’avait plus été conservée au frais ».

Ses voisins n’ont pas vraiment prêté attention à son unité électrique de secours si particulière : « Les Réunionnais ont l’habitude des tempêtes. Ils sont très nombreux à disposer d’un groupe électrogène qu’ils mettent en service généralement entre 18 h 00 et 21 h 00. J’étais là un mode silencieux et j’entendais démarrer ces groupes ».

Pas plus de 3 euros pour se dépanner sur 4 jours

L’électricité a été rétablie au bout de quatre jours chez Yohann Locatelli : « Ca s’est fait par secteur, en commençant par les zones les plus peuplées de Saint-Denis et Saint-Paul. Je n’ai utilisé finalement qu’environ 30 % de l’énergie contenue dans la batterie de ma Hyundai Ioniq 5. J’aurais pu tenir encore autant, avec un niveau qui ne serait descendu qu’à 40 % dans le pack. Les 17 kWh m’ont coûté 3 trois euros, soit le prix de 2 litres d’essence ».

Pour comparaison, un groupe électrogène domestique consommera rarement moins de 3 litres par heure, soit 9 litres avec un fonctionnement de 3 heures par jour, et donc 36 litres sur la période. A 1,50 euro le litre, la facture s’élèverait à 54 euros pour un petit groupe : « J’ai pu alimenter tout ce dont j’avais besoin en ne dépassant jamais les 3,5 kW de puissance ».

Notre lecteur a profité du forum d’Automobile Propre pour proposer en prêt sa prise V2L : « L’annonce a été relayée sur d’autres supports et un habitant de La Réunion m’a contacté. Finalement l’électricité a été rétablie chez lui rapidement derrière : il n’a pas eu besoin de ma prise. Les Réunionnais sont des gens gentils : ça fonctionne beaucoup au bouche-à-oreille et à l’entraide ici ».

Courtier en automobile

Si Yohann Locatelli voulait tester le V2L de sa voiture électrique en situation d’urgence, c’est aussi parce qu’en matières d’automobile et d’électromobilité, il n’est pas vraiment novice : « J’ai travaillé 18 ans dans des concessions BMW en France et en Suisse, où j’étais ‘quatre roues motrices’, c’est-à-dire que je faisais un peu de tout. J’ai vu arriver la BMW i3 il y a une dizaine d’années et j’en ai même eu une à titre personnel en 2020. Dommage d’avoir abandonné un tel concept très poussé, y compris dans les matériaux et l’énergie verte pour la fabrication, et de revenir à des voitures électriques si classiques ».

Originaire de Franche-Comté, il s’est installé en 2019 à La Réunion où il exerce comme courtier en véhicules électriques : « La Réunion est comme une grande crèmerie où les gens discutent beaucoup entre eux. C’est pourquoi on m’appelle régulièrement pour obtenir des conseils et des informations essentielles concernant ces véhicules ».

A côté de modèles thermiques, on trouve sur son site Réuni’Cars une belle diversité d’électriques. Ainsi des Mini, Fiat 500, MG4, Volvo EX30, Kia e-Niro, Peugeot e-208, Renault Twingo, Mercedes EQA, BMW iX1, Hyundai Ioniq 5, etc.

50 véhicules par an

La plage des remises que notre lecteur peut obtenir pour les Réunionnais est importante : « Selon les modèles, ça va de 1 000 à 20 000 euros. Je fais venir ici une cinquantaine de voitures par an qui ont la particularité d’être identiques aux modèles vendus en métropole. Les concessionnaires locaux s’approvisionnent sur d’autres marchés. Ce qui explique des équipements parfois différents. Ainsi pour les modèles connectés qui, avec moi, embarquent bien la carte Sim 4G fonctionnelle pour la France et l’Europe ».

Quelles voitures électriques se distinguent à la Réunion ? « Aucune vraiment en particulier, c’est par vague. Grâce au réseau que j’ai tissé en métropole, je négocie le prix des véhicules mais aussi celui du transport. Les voitures partent soit de Marseille en conteneur, soir par bateau roulier depuis le Havre. Il faut compter entre deux et quatre mois. De nouvelles contraintes imposent pour l’embarquement que la batterie soit chargée au maximum à 50 % et que le compteur n’affiche pas plus de 50 km ».

Quand la voiture arrive au port de La Réunion commence pour Yohann Locatelli un petit rituel : « Je vais chercher le client avec ma propre voiture électrique. Je lui montre en cours de route le fonctionnement de la régénération et lui délivre des conseils pour la recharge de la batterie avec arrêt à une borne. Le client prend livraison de sa voiture sur le port »

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Yohann Locatelli d’avoir répondu positivement à notre demande et de nous avoir consacré du temps à témoigner de sa nouvelle expérience du V2L comme unité électrique de secours.

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