AccueilArticlesTémoignage : Steven a fait plus de 200 000 km en Smart Fortwo électrique !

Témoignage : Steven a fait plus de 200 000 km en Smart Fortwo électrique !

La suite de votre contenu après cette annonce

Steven et ses 3 Smart ForTwo
Steven et ses 3 Smart ForTwo

Atypique, Steven l’est très certainement. Avant ses trente ans, ce passionné d’automobiles s’est constitué une petite collection de Smart Fortwo ED et EQ par attachement pour cette voiture fabriquée en France jusqu’en mars 2024. Il a même acheté l’une des dernières, produite la veille de sa visite à l’usine d’Hambach en Moselle.

Une passion pour les petites voitures

Avec sa passion pour l’automobile depuis la petite enfance, Steven ne pouvait sans doute pas faire autrement que d’exercer un métier en rapport. Il est responsable d’une équipe de convoyage. Plus concrètement, huit personnes dans son service sont chargées d’acheminer des véhicules par la route au lieu de les transporter par camion. S’il roule depuis environ sept ans en électrique, sa position est très claire : « Je ne suis pas anti-thermiques. Il y a une énergie adaptée à chaque utilisation et à chaque besoin ».

Vous ne ferez pas rêver notre lecteur avec une Ferrari : « Mon truc, ce sont les populaires, et même les petites voitures. Ado, je rêvais d’avoir une voiture sans permis. Mon premier grand coup de cœur pour l’électrique est arrivé avec le lancement par Renault de son Twizy. Je me suis dans la foulée intéressé à la Zoé, au point de fréquenter le forum dédié et d’inciter mes parents à en acheter une après avoir participé en passager au premier Vendée électrique Tour en 2014 ».

Il avait aussi une autre citadine électrique dans les yeux : « En 2011, la Mia me fascinait. J’aurais vraiment aimé faire une alternance chez eux. L’année suivante, j’ai pu décider ma mère à ce qu’on aille en essayer une au garage du Moulin Rouge en Vendée. Dommage la disparition de cette voiture alors qu’elle devenait de plus en plus accessible ! La baisse des prix a provoqué sa perte ».

Voyage à 400 km sans recharge rapide

Habitant en Loire-Atlantique mais tout proche de la limite avec le département du dessous, Steven a été profondément marqué par le VET (Vendée électrique Tour, devenu Vendée énergie Tour en s’ouvrant au bioGNV et à l’hydrogène) organisé par le Sydev : « J’ai dû y participer trois années de suite. J’ai reçu à 22 ans ma première Smart Fortwo. Je voulais une petite voiture, de préférence avec trois portes et fabriquée en France. La Zoé était trop grosse pour moi. C’est la Smart Fortwo qui correspondait le mieux à ce que je voulais ».

Une fois décidé, le Ligérien a vite passé sa commande : « J’ai signé le contrat de LOA sur 3 ans en octobre 2017, pour une livraison en janvier 2018. Je l’avais choisie en finition Pure d’entrée de gamme, en ajoutant les options toit panoramique et réglage en hauteur du siège conducteur. Cette première Smart est noire et son compteur affiche désormais 126 000 km. Je n’avais pas la recharge rapide, juste le chargeur 4,6 kW qui demandait 3 h 30 pour faire le plein de la batterie ».

À lire aussi
Témoignage : j’ai traversé la France avec une voiture électrique à petite batterie (et je vais bien)

Ce qui n’a pas empêché notre lecteur de s’élancer avec cette voiture jusqu’à Sarlat en Dordogne, à environ 400 km de chez lui : « C’était à l’été 2019. Je n’avais pas pris l’autoroute. J’étais fier d’avoir pu brancher partout sans payer les recharges. On me disait qu’avec ma voiture je ne pouvais aller loin. J’en ai vexé plus d’un quand je répliquais qu’avec leurs diesel ils ne pouvaient pas voyager comme ça gratuitement. Il reste encore aujourd’hui quelques bornes accessibles sans avoir à débourser, mais elles sont rares et il faut les connaître ».

L’arrivée des deux autres Smart Fortwo

Lors de l’entretien, Steven nous a avoué : « Je n’arrive pas à me détacher de mes voitures. Il a fallu que je me fasse souffrance pour revendre mes anciennes Simca P60 et Citroën Visa afin de prendre ma première Smart Fortwo. En 2021, au bout de trois ans, j’ai dû la rendre. Sa valeur de rachat était à 6 800 euros. J’avais explosé le quota kilométrique car je parcourais alors 104 km par jour pour aller travailler. À la place j’ai pris à nouveau une Smart Fortwo en finition haut de gamme Prime, trouvée dans une concession Mercedes à Nantes. Dorée, elle rendait très bien dans le hall ».

Toutefois les sièges et le volant chauffants, la caméra de recul, la compatibilité avec Apple CarPlay et le charge 22 kW ne lui ont pas permis d’effacer ce qu’il ressentait pour sa toute première voiture : « J’ai fini par la retrouver dans un petit garage où elle était affichée dans les 10 000 euros. Mais j’ai pu l’avoir à 9 000 euros, devenant ma deuxième voiture. Aujourd’hui, la dorée totalise 77 000 km. Quand la fin de son leasing est arrivée au bout de trois ans également, je n’ai pas pu la rendre, persuadé que je l’aurais regrettée. Je l’ai donc rachetée, à 11 000 euros ».

L’histoire aurait pu s’arrêter là : « La fin de fabrication de la Smart Fortwo avait déjà été annoncée quelques mois plus tôt. Grâce à une relation, j’ai pu visiter le 15 décembre 2023 l’usine déjà revendue à Ineos pour son Grenadier. Les chaînes d’assemblage de ce 4×4 ne m’intéressaient pas, je voulais voir le coin où étaient encore montées les dernières Smart. En profitant des convoyages, j’ai cherché partout en France et réussi à dénicher à Montauban un des derniers exemplaires. Cerise sur le gâteau, elle a été produite la veille de ma visite de l’usine. Elle était donc très certainement sur le parking quand je suis passé ».

« Petites voitures premium pas au point »

Les parents de Steven se détachent plus facilement de leurs voitures : « Après la Renault Zoé R240 Life, ils ont enchaîné avec des Fiat 500e, Renault Twingo ZE et DS 3 Crossback E-Tense. Moi j’aime bien l’idée d’avoir de petites voitures premium pas au point. Noire comme ma première, ma plus récente Smart a roulé 8 800 km, mais j’essaye de la préserver. Au total, j’ai déjà parcouru plus de 200 000 km en Smart Fortwo électriques. Ce n’est cependant pas sans quelques problèmes. Avec la dorée je n’ai eu qu’un blocage du Neiman que j’ai pu résoudre par moi-même ».

C’est la première qui a posé le plus de soucis : « À cause d’un voyant orange de défaut de traction qui s’allumait, sa batterie a été remplacée sous garantie. Ce qui n’a d’ailleurs pas résolu le problème. Quand ça arrive, j’éteins et je redémarre. Ça ne me tracasse pas vraiment. Il a aussi fallu changer la pompe à eau. Chez Mercedes, j’ai eu un devis à 1 200 euros. Revolte à Carquefou n’est pas très loin de chez moi. Je suis donc passé par eux, pour une facture bien plus abordable : 400 euros ».

Les 3 Smart ForTwo électriques de Steven
Les 3 Smart ForTwo électriques de Steven
Smart ForTwo de Steven en charge

Sur la troisième Fortwo, le premier pépin est arrivé le jour de la livraison : « La voiture n’avait que 100 km au compteur quand elle s’est coupée nette sur l’autoroute. C’est la concession de Bordeaux qui l’a prise en charge. Au bout de deux mois, ils ont fini par résoudre le problème en changeant le moteur. Je pense que j’aurais pu m’en sortir seul si j’avais pu complètement mettre en sommeil la voiture. Mais ce n’était pas possible avec les warnings et là où j’étais immobilisé je n’allais pas prendre le risque de les éteindre. De toute façon, ça n’aurait pas traité l’origine de la panne ».

« Je ne le vis vraiment pas comme une contrainte »

Steven continue d’aller loin avec ses Smart Fortwo : « Depuis les environs de Nantes, je suis aussi allé à Paris et Arcachon. Cet été, avec ma troisième Smart, je suis descendu à Biarritz par l’autoroute. C’est à environ 500 km de chez moi. En roulant à 100-110 km/h, je peux compter sur une autonomie de 80 km. Je me suis donc arrêté sept fois pour recharger en cours de route. En partant vers 6 h 00 ou 7 h 00, je suis arrivé vers 19 h 00. Tout cela, je ne le vis vraiment pas comme une contrainte. J’avais de toute façon prévu la journée pour le trajet ».

Bien d’autres que lui auraient pu être effrayés de se lancer sur l’autoroute pour 500 km avec une Smart Fortwo : « Je connais maintenant bien ce modèle avec lequel j’ai déjà l’expérience de longs déplacements. En outre, je ne suis jamais tombé en panne de batterie, même si une fois j’ai eu à parcourir 8 km avec le niveau de batterie à 0 %. Je n’ai jamais été embêté par les infrastructures de recharge qui étaient déjà bien en place quand j’ai commencé à rouler en Fortwo ED. Avec la recharge rapide 22 kW, il faut 45 minutes pour faire le plein de la batterie 17,6 kWh à partir d’un connecteur T2 ».

Concernant les bornes AC qu’il utilise, il n’a pas vu un grand changement de la densité du maillage : « J’espère juste ne pas arriver en même temps qu’une Zoé. Ce sont surtout les bornes rapides en courant continu qui se développent. Sauf lors des périodes chargées, je ne vois pas que ça coince dans les stations. Il y a de plus en plus de voitures électriques, mais le réseau suit avec davantage de bornes ».

« Ça s’est diversifié, avec une montée en gamme »

En presque huit ans à rouler en Smart Fortwo ED et EQ, notre lecteur a toutefois constaté bien des changements dans le monde électromobile : « En 2018, les électromobilistes étaient encore un peu des pionniers, une espèce assez bizarre faisant partie d’une sorte de microcosme. Nous recevions la sympathie des gens et on discutait ensemble aux bornes pendant les recharges. Jusqu’en 2020, on voyait surtout des Renault Zoé et des Tesla Model S et Model 3. Et puis ça s’est diversifié, avec une montée en gamme vers les SUV et l’arrivée des voitures électriques chinoises ».

À lire aussi
Témoignage : Kiliam fait 100 000 km par an en voiture électrique à petite batterie !

C’est étonnant de voir une Smart Fortwo électrique se recharger sur l’autoroute. On imagine facilement que les autres électromobilistes viennent à la rencontre de Steven : « Non, les gens ne viennent plus discuter aux bornes. Heureusement qu’il reste quelques groupes du Club Smart qui a fédéré beaucoup de passionnés de cette voiture depuis 1998. Ça arrive que quelques-uns viennent à ma rencontre lorsque j’effectue de grands déplacements. J’ai dû aller dans toutes les concessions Smart de France pour me décider sur les modèles que j’ai choisis, le configurateur étant très basique sur le site Internet ».

Pour son périple à Biarritz, un seul badge a été utilisé : « J’ai pris Chargemap. J’ai essayé un temps de faire sans, mais j’ai rencontré des problèmes sur des bornes Lidl en allant sur Paris avec des Flash codes qui ne fonctionnaient pas ».

Une de plus dans la collection ?

Pensez-vous que la petite collection de Smart Fortwo de Steven s’arrête définitivement à ses trois exemplaires ? « Déjà, je ne compte pas m’en séparer. Je pense même compléter ma collection avec un modèle thermique. Si je devais choisir aujourd’hui une nouvelle voiture électrique, que pourrais-je prendre ? J’aime bien la Renault 5 E-Tech, mais je la trouve trop haute. Une voiture chinoise, il n’en est pas question. J’aimais assez bien l’ancienne DS 3 ».

Pour lui, les constructeurs européens pourraient encore tirer leur épingle du jeu : « Les voitures se ressemblent pas mal sur le marché aujourd’hui. Ça manque de cabriolet ou de coupé. Beaucoup d’automobilistes ne sont pas plus que ça intéressés par les SUV. Certains espèrent une voiture plaisir, par exemple en 2+2, pas trop cher, avec une longueur raisonnable : 4,10 m ce serait bien. Les constructeurs européens devraient se diversifier sur des niches ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Steven pour son accueil et son témoignage que nous avons sollicité.

Pour rappel, toute contribution désobligeante à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimée. Merci de votre compréhension.

Avis de l'auteur

Bien sûr, cet article ne veut pas démontrer que tout le monde pourrait se contenter d'une micro-citadine avec à peine 100 km d'autonomie sur autoroute pour se déplacer loin. Il témoigne en revanche que l'électrique entretient encore l'esprit pionnier et aventurier chez quelques électromobilistes. On l'a d'ailleurs vu également avec le Tour du monde en 80 bornes organisé par Revolte. C'est toujours un vrai plaisir de recueillir le témoignage d'un passionné comme Steven. Il ne dira pas que sa voiture est la meilleure électrique. Mais il explique pourquoi il en est fan et ce qu'il met en œuvre pour que la Smart ForTwo électrique lui permette de lui servir de voiture principale, utilisable pour tous ses besoins de déplacement, y compris pour aller loin. Discuter avec lui dans un échange très sympathique et ouvert m'a rappelé quand j'allais moi même en vacances avec mes Renault Clio 1996 et Kangoo 2001 à batterie nickel-cadmium. Pas de recharge rapide et une autonomie limitée à environ 80 km avec le pied très léger sur l'accélérateur. Avec la première, nous avions même dormi dans un hôtel à 65 km de chez nous. Ca paraîtra dingue comme situation à pas mal de lecteurs, mais pour nous c'était la fête, l'aventure, et plein de discussions avec les personnes que nous croisions. Au final, en allant moins loin et en bénéficiant de recharges gratuites, le séjour ne nous coûtait pas plus cher. On se branchait aussi dans des restaurants, parcs d'attraction, ports de plaisance, campings, gîtes, etc.

Philippe SCHWOERER

Nos guides