Photographie : Christel Sasso / Renault

Depuis fin 2020, Renault a lancé un nouveau chantier pour améliorer la durabilité de ses véhicules. La marque cherche à optimiser ses processus de fabrication pour que ses modèles durent dans le temps et résistent mieux aux usages du quotidien. Nous avons été invités à découvrir la « démarche durabilité » du groupe sur le site d’Aubevoye, un endroit secret où le constructeur automobile accueille les prototypes pour valider leur développement.

La durabilité : un sujet sérieux chez Renault

Chez Renault, la notion de durabilité est étudiée sous deux axes distincts. Le premier consiste à faire en sorte que la voiture ne tombe pas en panne. Ça peut être utile. Le second est celui de la résistance au vieillissement. Depuis trois ans, le groupe a une vision claire sur ce sujet et met en place une série d’efforts pour améliorer son processus de fabrication afin d’atteindre un objectif assez ambitieux : après cinq années d’utilisation, un modèle doit être « comme neuf ». C’est la mission confiée aux experts en ingénierie de Renault.

Photographie : Christel Sasso / Renault

La démarche est en cours d’implémentation. D’ici à 2024, Renault assure vouloir traiter « 80 % des problèmes auxquels les clients sont confrontés ». Cela concerne 200 pièces. Le groupe entend bien évidemment capitaliser sur les avancées en matière de durabilité pour la sortie de ses nouveaux modèles. Le directeur de cette division estime que sur la Mégane E-Tech et l’Austral E-Tech (le modèle phare de Renault), « le chantier durabilité est à peu près avancé à 65 % ». En revanche, sur les futures R4 et R5, « on s’approchera des 90 % ».

Les experts reproduisent 5 ans d’utilisation en 3 mois

Alors concrètement, que fait Renault pour améliorer la durabilité de ses modèles ? Pour renforcer la résistance au vieillissement, la marque réalise plusieurs essais qui reproduisent les conditions d’une utilisation en mode accéléré : ouverture des portes, réglage des sièges, utilisation de l’écran tactile, vibrations des véhicules, résistance à l’ensoleillement, réflexion de la lumière, etc. En trois mois, les équipes du groupe sont capables de « reproduire un usage de 5 ans et 60 000 kilomètres avec un profil type de client sévère ». Certains tests sont faits par des robots, d’autres par des opérateurs pour avoir leur ressenti.

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Ce sont par exemple 9 000 ouvertures et fermetures de portes qui sont effectuées par des experts différents pour ajouter de la diversité dans l’utilisation. Avec des morphologies différentes « pour couvrir tous les spectres d’utilisation », selon la marque. Chargés avec des mannequins et des valises, les modèles sont également testés sur des pistes dédiées au vieillissement des véhicules. Dans des conditions parfois extrêmes : un tunnel de poussière, un gué d’eau avec 24 centimètres, ou encore le « pif-paf de sortie » utilisé pour la mise au point du châssis.

Photographie : Christel Sasso / Renault

Réduire la perception des défauts : une priorité pour Renault

Il y a la durabilité d’aspect et la durabilité fonctionnelle : deux niveaux de vérification. L’idée est de trouver « le bon matériau et de le mettre à la bonne place ». C’est le cœur de la réflexion. À l’intérieur de ses véhicules, Renault travaille notamment sur les compositions chimiques et les vernis choisis pour permettre à certaines pièces de mieux résister aux usages du temps. Les ingénieurs tentent par exemple de réduire la perception des défauts pour le client. Il y a donc un travail réalisé sur le traitement des peintures.

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Sur l’écran tactile, les ingénieurs ont cherché à éviter une usure précoce liée au toucher. Un nouveau traitement a été développé sur la Mégane E-Tech. Il s’agit d’une technologie anti-reflet appliquée en pulvérisation sur le verre. Nous avons eu l’occasion de comparer avec l’ancien traitement et la différence est flagrante. L’ingénieur en charge de ce projet avoue que cette solution est « légèrement plus onéreuse », mais force est de constater qu’au bout de cinq ans d’utilisation, la surface est comme neuve.

Améliorer la résistance au vieillissement

Renault cherche à injecter la notion de durabilité à l’ensemble des composants d’un véhicule : des éléments visibles à ceux qui le sont moins, comme les batteries de ses modèles électriques. Pour éviter de dégrader la qualité de la batterie, Renault fait par exemple en sorte qu’elle soit toujours au-dessus de 70 % lors de son transit de l’usine jusqu’au vendeur. D’après les ingénieurs du groupe, « l’état de santé du pack-batterie est désormais analysé jusqu’au moment où le client récupère son véhicule ».

Photographie : Christel Sasso / Renault

Un autre problème récurrent a été identifié : celui des éraflures sur le bord des jantes. Elles sont fréquentes et Renault a cherché à comprendre comment les éviter. Il se trouve que ce phénomène est lié à un manque de recouvrement entre le pneumatique et la jante. Pour palier cela, l’entreprise a défini « une valeur minimale entre le pneu et la jante » afin de diminuer les occurrences. Une nouvelle technique déployée également sur la Mégane E-Tech et tous les autres modèles à venir.

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