Aperçu de l’usine de Douai. Production de la Renault Mégane E-Tech. Photographie : Automobile-Propre

Un récent article des Échos titrant « La voiture électrique creuse le déficit commercial français » a attiré notre attention. S’il est vrai que les importations de véhicules électriques sont aujourd’hui plus importantes que les exportations, cela pourrait bien changer au cours des prochaines années. C’est en tout cas la volonté du gouvernement et des marques françaises.

Selon les données officielles fournies par les douanes, les exportations de voitures électriques fabriquées en France ont représenté 3,14 milliards d’euros au cours des douze derniers mois (entre juin 2022 et mai 2023). C’est plus qu’en 2022 et quasiment le double par rapport à 2021. En revanche, le constat est sans appel : les importations de voitures électriques sont plus importantes : elles ont représenté 7,42 milliards d’euros sur les douze derniers mois, dont près de la moitié en provenance de la Chine et de l’Allemagne.

Renault concentre ses activités industrielles en France

L’écart est bien là. Toutefois, l’espoir que la situation s’inverse d’ici à quelques années est réel. Plusieurs constructeurs français opèrent une stratégie de réindustrialisation, Renault en tête. La marque au losange fabrique sa Mégane E-Tech 100 % électrique dans l’usine de Douai (Nord). Le site a opéré une transition complète et ne produit désormais plus que des véhicules électriques. Après cinquante ans de production de voitures thermiques, l’usine de Douai se concentre désormais uniquement aux modèles électriques.

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46 722 unités de la Mégane E-Tech sont sorties des lignes de fabrication en 2022. Renault accélère. Le site de Douai est d’ailleurs le premier chez Renault à passer « du thermique à l’électrique » selon Luciano Biondo, directeur général de Renault Electricity. Il a déclaré à nos confrères de France Bleu Nord que le groupement des usines de Douai, Maubeuge et Ruitz se sont fixées comme objectif de « produire 500 000 véhicules électriques par an dans les Hauts-de-France d’ici à 2025 ». La nouvelle 4L sera assemblée à Maubeuge et le Scenic électrique sortira des chaînes de Douai.

 

Bientôt 9 modèles électriques Renault « made in France » ?

Douai n’est pas le seul site à prendre le virage de l’électrique. Renault s’est engagé à « concentrer en France les activités industrielles liées aux voitures électriques ». Des efforts qui portent sur la totalité de la chaîne de valeur. À Ruitz (Pas-de-Calais), le constructeur français va par exemple fabriquer des bacs batteries pour la future R5. L’occasion aussi pour Renault de relancer des sites qui fonctionnaient au ralenti à cause de la baisse des ventes sur les véhicules thermiques. En tout, neuf nouveaux modèles électriques de la marque seront fabriqués dans l’Hexagone.

Les employés des usines du Nord semblent d’ailleurs plutôt satisfaits de cette transition vers l’électrique. Selon un syndicaliste, « cette transformation était vitale pour nous. Si on ne change pas, on meurt ». De quoi redonner un nouveau souffle à cette région au passé industriel historique. La R5 électrique, dont la sortie est très attendue, sera également fabriquée en France. Selon Jean-Dominique Sénard, le président de Renault, le modèle sortira aussi des chaînes de production de l’usine de Douai. Renault veut faire du Nord « le pôle européen le plus important des véhicules électriques ».

Stellantis va produire 12 modèles électriques en France

Les espoirs du gouvernement français reposent aussi sur Stellantis. Le géant de l’automobile a promis de fabriquer douze modèles électriques en France, dont une majorité sous la marque Peugeot. Parmi les modèles électrifiés du groupe déjà en production en France, on retrouve à Hordain les Peugeot e-Expert, Citroën e-Jumpy, Opel Vivaro-e et le Toyota ProAce Electric. Le site de Poissy assemble pour l’instant les DS3 E-Tense et Opel e-Mokka. Les 308 et 408 électriques seront produites à Mulhouse.

La marque au lion compte également fabriquer la nouvelle génération des 3008 et 5008 sur le territoire national. Probablement à Mulhouse aussi. Citroën se prépare aussi à produire un SUV électrique à Rennes en 2025. Présenté comme un « un véhicule familial haut de gamme », ce futur SUV électrique, dont le nom de code est CR3, succédera à l’actuelle C5 Aircross. Stellantis compte aussi produire un million de moteurs électriques à Trémery d’ici à 2024. Enfin, le site de Douvrin prépare sa transition.

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Quid de la 208 électrique ?

Le cas de l’e-208 fait débat. Si le gouvernement pousse pour que la production du modèle phare de la marque soit rapatriée en France, Stellantis préfère l’Espagne. Fabriquée et assemblée initialement dans l’usine de Trnava en Slovaquie, la Peugeot e-208 de Stellantis sortira bientôt des usines de Saragosse. Une délocalisation forcée, qui aurait pu s’orienter vers la France. Carlos Tavares a réclamé des subventions pour financer cette relocalisation, mais il n’a vraisemblablement pas eu gain de cause. Cela n’est pas définitif et il n’est pas à exclure que la 208 électrique soit un jour fabriquée en France.

Le groupe de Carlos Tavares prévoit aussi d’assembler ses modèles à hydrogène en France, sur le site d’Hordain dans le Nord. Un investissement de 10 millions d’euros est prévu pour développer des lignes spécifiques à hydrogène au sein de l’usine. Les objectifs de Stellantis restent néanmoins modestes sur l’hydrogène : le groupe estime que 5 000 unités fonctionnant avec une pile à combustible sortiront de cette usine d’ici à 2024. C’est toujours ça de pris.