Aperçu de l’usine Audi à Bruxelles // Photographie : Audi

Fabriquer des voitures électriques haut de gamme dans une usine neutre en CO2, c’est possible. C’est le cas depuis quelques années sur le site d’Audi à Bruxelles. La marque allemande nous a invité à venir découvrir la production des Audi Q8 e-tron et SQ8 e-tron dans cette usine nouvelle génération.

Audi Bruxelles : une usine automobile neutre en CO2

En quelques années à peine, le site de Bruxelles est passé de la fabrication de l’Audi A1 avec un moteur en combustion interne au Q8 e-tron, le mastodonte électrique de la marque. Du plus petit véhicule au plus gros. Du thermique à l’électrique. Autant dire que les lignes de production ont totalement évolué. Peter D’hoore, porte-parole de l’usine Audi à Bruxelles nous a raconté cette transformation et plongé au cœur de la machine bruxelloise. La sortie de l’Audi Q8 e-tron des chaînes belges marque le début d’une nouvelle ère pour l’usine. Celle de la neutralité carbone poussée à son summum, avec une usine certifiée pour sa production automobile neutre en CO2.

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En mars 2018, au début de la production de l’e-tron, le site de Bruxelles a reçu le certificat de « site neutre en CO2 » délivré par le bureau d’homologation belge Vinçotte, la plus grande entreprise belge de contrôle, d’inspection et de certification. En résumé, 95 % des processus de production sont « couverts à l’aide d’énergies renouvelables ». Les autres sont compensés par des « projets environnementaux » selon la direction de l’usine. Un projet de grande envergure qui fait du site de Bruxelles la première usine de production automobile sur le segment du haut de gamme à assurer une production neutre en CO2. Selon Peter D’hoore, le site bruxellois « est un modèle de production durable ».

Les lignes de production chez Audi Bruxelles // Photographie : Audi

Comment atteindre la neutralité carbone ?

Pour obtenir ce statut d’usine neutre en CO2, Audi ne s’est pas contenté de verdir les aspects visibles de son site de production. Les moindres détails ont été pensés pour réduire l’impact carbone de la production automobile. Les bâtiments sont notamment équipés de panneaux photovoltaïques. Un parc de 37 000 m² a été installé sur les toits de l’usine. Nous nous sommes promenés sur le toit pour constater cela de nos propres yeux et il faut bien avouer que c’est assez impressionnant. De quoi réduire les émissions de CO2 de 17 000 tonnes par an (soit la consommation annuelle de 1 500 personnes). C’est d’ailleurs la plus grande installation photovoltaïque de la région selon la direction de l’usine.

L’autre volet sur lequel les équipes d’Audi ont travaillé est celui de l’approvisionnement en chaleur. Le chauffage des bureaux et de l’usine provient d’énergies renouvelables. De quoi réduire les émissions du site de Bruxelles de 40 000 tonnes par an. Ces deux piliers que sont le photovoltaïque et le biogaz permettent à l’usine de couvrir 95 % de ses besoins en énergie. Néanmoins, certaines émissions ne peuvent pas être évitées. Pour palier cela, Audi compense avec des « projets de crédits carbone », comme le recyclage des déchets. La marque a également mis en place un système de circuit fermé pour une utilisation durable des ressources en eau.

L’eau : une ressource préservée chez Audi à Bruxelles

Un cycle circulaire de l’eau est appliqué aux processus de production. Concrètement, Audi utilise des « eaux grises ». Il s’agit d’eaux utilisées à plusieurs reprises dans le processus de fabrication. Le projet est baptisé « Re-use » est mené en collaboration avec avec la Hydria, une société capable de traiter et purifier les eaux usées générées pendant la production et les renvoyer dans le cycle. Re-use permet d’économiser 100 000 mètres cubes d’eau potable par an.

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Volker Germann, président du conseil d’administration de l’usine Audi Bruxelles, précise que « l’utilisation mesurée de nos ressources en eau potable joue un rôle central pour nous. Avec la station d’épuration des eaux usées de Bruxelles sud, située à proximité de notre usine, nous intégrons une technologie innovante pour économiser les ressources en eau. Cela souligne notre engagement en faveur d’une activité durable ».

Pour économiser l’équivalent de 40 piscines olympiques, Audi tente tout de même de réduire ses besoins en eau. Cette ressource précieuse est malheureusement nécessaire en grande quantité pour la production automobile. C’est par exemple le cas au moment du passage en peinture. D’ici à 2035, la marque prévoit de passer d’une moyenne de 3,75 mètres cubes d’eau par voiture aujourd’hui à 1,75 mètre cube.

Le site a mis en place un programme pour recycler l’eau potable // Photographie : Audi

Un site de production vert et automatisé

Quand on entre dans cette usine, ce qui saute aux yeux tout de suite, c’est le nombre de robots automatisés qui circulent entre les lignes d’assemblage. Des petits robots qui transportent des pièces lourdes de manière totalement autonome en suivant un parcours bien précis avec des signaux lumineux pour indiquer leur direction. Un balai incessant, parfois étourdissant, mais toujours très silencieux. Les robots sont évidemment électrifiés. Autre fait marquant : l’usine est particulièrement propre. Pas de mauvaise odeur, pas de trace au sol, tout est carré. Il faut dire que cette nouvelle version de l’usine est récente : le premier Q8 e-tron n’est sorti des chaînes de production que le 14 décembre 2022.

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Sur presque 2 kilomètres de long, on ressent une véritable complémentarité entre les travailleurs de l’usine et les engins robotisés. Ils permettent aux ouvriers de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, là où l’œil humain sera toujours nécessaire. Notamment pour repérer d’éventuels défauts en bout de chaîne ou positionner des pièces complexes sur le Q8 e-tron. Les robots ne sont que des « outils sophistiqués entre les mains des ingénieurs et des ouvriers humains ». Chez Audi, les travailleurs de l’usine automobile interviennent là où les robots atteignent leurs limites, en supervisant les opérations, en effectuant des ajustements en temps réel et en entretenant les machines.

Une capacité de 50 000 véhicules électriques par an

En tout, 200 000 véhicules électriques sont déjà sortis de l’usine Audi à Bruxelles. En 2022, 50 000 modèles ont été produits. Ce n’est clairement pas le site le plus performant en matière de volume, mais ce n’est pas l’objectif recherché. Dans la capitale belge, le constructeur veut montrer son savoir-faire en matière de production durable. Bruxelles tient à son statut de « modèle d’usine innovante », tout en investissant dans des usines existantes. L’expérience acquise par les équipes belges doit permettre au constructeur allemand d’opérer une transition majeure dans ses autres usines.

L’usine neutre en CO2 d’Audi Bruxelles. Photographie : Audi