Comment une Triumph Spitfire des années 1970 se retrouve sur Automobile-Propre ? C’est la magie du rétrofit, cette transformation remplaçant le moteur thermique d’une voiture ancienne par un groupe motopropulseur électrique. Est-ce que c’est un progrès ou un scandale ?

Soyons francs, les voitures modernes sont soit moches, soit se ressemblent toutes, soit les deux. Et ce n’est pas forcément la faute des constructeurs qui doivent avant tout se plier aux règles imposées par la sécurité et l’aérodynamisme. Remontons quelques années en arrière, quand on se moquait à la fois du choc piéton et d’une consommation à deux chiffres, et on retombe sur des œuvres d’art à quatre roues.

Mais rouler avec une voiture ancienne au quotidien n’est pas forcément de tout repos. Il faut donc déjà satisfaire l’appétit traditionnellement gargantuesque des antiques mécaniques et ces dernières ne brillent pas forcément par leur résistance à toute épreuve, que ce soit à cause de leur âge ou de leur conception. Du coup, la tentation est grande de troquer un moteur peu étanche et caractériel contre une machine électrique aussi silencieuse que fiable. Comme Rétrofuture l’a fait avec cette Triumph Spitfire ex 1500 désormais poussée par 54 ch électrique alimentés par une batterie de 20 kWh lui offrant 170 km d’autonomie.

Et c’est là que les guerriers du clavier entrent généralement en scène. Hashtag péché, blasphème, hérésie ! Mais est-ce que tous les rétrofits sont des crimes contre l’humanité ? Bien évidemment que non, tout dépend de la base. Ne voyons pas le passé automobile avec des lunettes roses : de nombreuses anciennes, au-delà de la consommation ou de leur capacité à rester en un seul morceau, n’ont aucun intérêt mécanique. Performances nulles, bruit quelconque, caractère transparent, le moteur n’est pas ici un ingrédient amenant un goût particulier, à part peut-être une certaine amertume. Sortez les baïonnettes, mais toutes les Citroën DS tombent par exemple dans cette case, en conservant bien sûr les suspensions hydropneumatiques. Ou la DeLorean avec son atroce version du V6 PRV. Ou les versions populaires de la Renault 5, tout simplement. Électrifiez-moi tout ça et on obtient tout bonnement un meilleur véhicule qu’à l’origine, qui plus est utilisable ensuite au quotidien, pour une fraction qui plus est du coût écologique de devoir produire une voiture électrique complète.

Pour d’autres, au contraire, c’est le groupe motopropulseur qui représente une bonne partie du caractère de la voiture. Pensez ici flat 6 refroidi par air, V8 à culasse hémisphérique ou rotatif Wankel. Extrayez-les de leur baie moteur pour y mettre un synchrone à aimants permanents, et vous n’avez alors plus qu’une coque vide sans âme. Évidemment, vous avez toujours le droit de faire ce que vous voulez de votre propriété, mais c’est quand même un peu triste.

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Et cette Triumph Spitfire que nous avons aujourd’hui entre les mains, joliment dessinée par Michelotti, tombe dans la première catégorie, son moteur thermique ayant décidé de mettre fin à ses jours prématurément tout en ne laissant pas un souvenir impérissable. Bloc en fonte, course longue lui permettant de dépasser à peine les 5 000 tr/min, même pas 50 ch par litre, sonorité quelconque, réputation de casser comme du verre, personne ne le regrettera. De plus, après le passage à l’électrique, une répartition des masses optimales ainsi qu’une batterie à la capacité raisonnable font que l’équilibre de petit Roadster est préservé. On a alors la margarine et l’argent de la margarine.

Et ça, ça donne des idées. Et si, à Automobile Propre, on se lançait dans un projet de rétrofit que l’on documenterait soigneusement en texte et vidéo et étape par étape ? Restez branchés !