La Dacia Spring de Nicolas

Boucher en intérim dans l’Ariège, Nicolas était auparavant réticent concernant les voitures électriques. Accumulant les kilomètres à l’année pour effectuer des remplacements, la perspective de réaliser des économies l’a décidé à devenir électromobiliste. Cet été, il a bouclé un périple de 3 000 km avec son Dacia Spring.

Pour des raisons économiques

Avant de craquer pour la Dacia Spring, Nicolas jonglait avec deux véhicules : « J’avais une Citroën C3 diesel et une Aprilia Shiver 750 achetée début 2016, une fois le permis moto en poche. Je comptais remplacer la voiture par une hybride. Mais en discutant avec quelques personnes, je me suis rendu compte que cette motorisation n’est pas aussi efficace qu’on le dit. J’hésitais alors entre reprendre un modèle thermique ou passer à l’électrique ».

C’est finalement l’augmentation du prix des carburants qui lui a soufflé la réponse : « Je dois parcourir beaucoup de kilomètres pour mes remplacements. Je peux être à 80 km de chez moi le matin, et rejoindre une autre boucherie dans l’après-midi. Si bien que je cumule parfois 200 km dans la journée ».

Reçu en juin 2022, son Dacia Spring affiche déjà plus de 50 000 km au compteur : « Je reçois heureusement des indemnités dans le cadre de mon intérim, indexées sur le prix du gazole. Ce qui représente selon les mois entre 400 et 500 euros ».

Choix du véhicule

Le marché branché français ne propose pas à ce jour suffisamment de modèles accessibles au plus grand nombre : « Mes moyens financiers sont limités. J’avais bien regardé pour une Tesla Model 3, une Nissan Leaf ou une Renault Zoé, mais elles sont toutes hors budget pour moi. J’ai alors pensé au Renault Twizy, mais son autonomie n’était pas suffisante ».

Concernant le rayon d’action, les exigences de Nicolas n’étaient pas démentielles : « Je voulais pouvoir aller au travail, mais aussi me déplacer relativement loin, notamment pour les vacances. Pour elles, j’utilisais souvent mon Aprilia. Une fois le plein du réservoir effectué en essence, son autonomie est de 160-170 km. Je voulais donc au moins la même chose pour ma voiture électrique. Seul le Dacia Spring m’était accessible en répondant à mes attentes ».

LE ? « Oui, parce que Spring, ça veut dire printemps, donc masculin. Et puis cette voiture ne fait pas pot de yaourt dans son style, contrairement à la Renault Twingo. Je me suis renseigné sur le Dacia, je l’ai essayé, et je l’ai adoré pour son confort, son silence et l’absence de vibration ».

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13 000 euros

Au final, Nicolas a déboursé environ 13 000 euros pour s’offrir son Dacia Spring : « J’avais pris toutes les options. Sauf la recharge DC, ce que je regrette bien aujourd’hui. En plus du bonus gouvernemental, j’ai pu bénéficier d’une prime à la conversion de 2 500 euros en me débarrassant de ma Citroën C3 diesel de 2003 ».

Concernant le budget, notre lecteur de 31 ans avait aussi défini un plafond : « Il était de 400 euros mensuels. C’est ce que me coûtait mon diesel en gazole, sans compter l’entretien et l’assurance. Pour le Spring : je rembourse 255 euros de prêt ; l’assurance en tout risque avec remise à neuf en cas d’accident me coûte 70 euros ; je paye environ 100 euros d’électricité ».

Un choix bien adapté à sa situation : « Je me considère dans la moyenne de la population, on fait ce que l’on peut avec ce que l’on a. Disposer d’une voiture électrique est vraiment économique. On s’en aperçoit très nettement en réfléchissant à long terme ».

Démonteur de fake news

Notre lecteur n’est plus du tout réticent concernant l’électrique : « Je n’étais pas convaincu avant. Maintenant, je reste persuadé que tous ceux qui critiquent le VE, c’est parce qu’ils ne l’ont pas essayé. Il y a bien plus d’avantages que d’inconvénients avec ces véhicules. Pour faire le plein, pas besoin de tenir un tuyau : on branche, on fait ce qu’on veut de sa soirée, et on débranche en revenant. C’est dommage ces guerres puériles pour opposer les voitures électriques aux thermiques ».

Nicolas passe même du temps à démonter les fake news : « J’ai plein d’amis qui sont dans la même situation que moi et qui se plaignent tout le temps du prix du gazole. Ils pensent que la voiture électrique ne peut pas être pour eux. Je leur dis : ‘Mon Spring ne me revient pas aussi cher que tu le penses. Regarde bien les primes auxquelles tu peux prétendre’ ».

L’automobiliste ruine également deux autres infox : « Dès qu’une voiture électrique prend feu, c’est dans les médias. Mais on ne parle plus de toutes les thermiques, bien plus nombreuses, qui disparaissent en fumée. Pareil pour les bornes de recharge qui ne seraient pas assez nombreuses : c’est faux. Je réponds : ‘Il y en a partout, mais tu ne les vois pas’ ».

Situation temporaire délicate

Pour la recharge, le jeune électromobiliste avait pris une bonne décision : « J’avais fait installer une prise renforcée dès que j’avais pris la décision de passer à l’électrique. Mais notre maison a subi un sinistre, en raison d’un incendie dans la grange voisine. Aujourd’hui, je suis temporairement relogé dans un appartement situé à l’étage d’une bâtisse à deux niveaux ».

Ce qui complique actuellement la recharge : « Notre solution de secours est une borne située à 15 km de chez nous. Comme c’est à proximité du lieu de travail de ma femme, c’est elle qui la recharge quand elle va bosser. Avec une contrainte : La débrancher et la rebrancher plusieurs fois afin d’échapper aux pénalités qui se déclenchent au bout de deux heures. Non seulement le prix du kilowattheure est passé à 0,32 euro pour les abonnés comme moi, mais en plus, il faudrait encore payer 0,075 euro par minute ».

C’est ce genre de tarifications qui pousse des usagers du VE à trouver des solutions de repli : « J’ai acheté 10 mètres de câble 3G 2,5 mm² pour me faire une rallonge. Quand je peux garer ma voiture devant mon logement, je passe le câble par la fenêtre la nuit. Ça dépanne. Je suis dans un petit village : pour l’instant personne ne m’a rien dit ».

Périple de 3 000 km

L’absence de recharge DC n’empêche pas Nicolas de voyager avec son Dacia Spring : « J’ai de la famille dans le Loiret, vers Amilly et Montargis. J’effectue régulièrement des voyages de 2 000 kilomètres aller et retour. Ce qui ne me coûte que 50 à 60 euros d’électricité. Lors de ces déplacements, je privilégie les bornes Lidl en raison de leur tarif à 0,27 euro du kilowattheure en comprenant la commission Chargemap ».

Entre le 19 juillet et le 8 août, il a effectué un plus long périple : « Les 2 959 km parcourus m’ont coûté 97,17 euros d’électricité, sans compter les quelques branchements dans la famille. À l’origine, la raison de ce déplacement était un mariage à Courtenay. J’ai rejoint Amilly en six jours en rechargeant à Montauban (Lidl), Cressensac (Révéo), Limoges (Lidl), Vierzon (Lidl) et Troyes (Lidl). Sur place, je me suis branché chez Renault et Lidl ».

Au bout de trois jours dans les environs du lieu des noces, il a pris la direction de l’Isère, toujours en recherchant les bornes de la grande enseigne allemande : « J’ai mis en charge à Saran, Nevers, Crêches-sur-Saône (Révéo), Ambérieu-en-Bugey et Albertville ». Il est ensuite retourné chez lui en effectuant des recharges à Valence, Salon-de-Provence, Mèze et Fanjeaux (Révéo).

Une voiture très appréciée

Ce que Nicolas apprécie avec son Dacia Spring : « En plus du confort, c’est le silence quand on s’arrête qui permet d’entendre le chant des oiseaux. C’est une voiture passe-partout dont je trouve la ligne sympa ». Il regrette cependant que : « Avec ses 33 kW, la voiture manque de puissance pour monter certaines côtes ». Aujourd’hui, il aimerait « disposer d’une centaine de kilomètres supplémentaires d’autonomie, c’est-à-dire environ 300, contre 200 km aujourd’hui ».

Il manque deux choses selon lui à cette voiture électrique : « Un dossier de banquette rabattable en deux parties qui permettraient de transporter à la fois un enfant et des outils de jardinage, et un éclairage full led, au moins en option. J’ai dû changer moi-même toutes les ampoules ».

Notre lecteur tient toutefois à préciser : « Tout cela ne m’empêche pas d’apprécier cette voiture. Ce qui serait à améliorer est pour moi minime par rapport à tous les bénéfices que je tire de rouler en voiture électrique. Pour rien au monde, je reviendrais au thermique ».

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Un appel pour essayer une moto électrique

Il y aura peut-être un second Dacia Spring chez Nicolas : « L’Opel Zafira qu’utilise d’ordinaire ma femme est en panne. Après un petit temps de doute, elle est très enthousiaste sur l’électrique aujourd’hui et aimerait également avoir un Spring ».

Dommage que les motos électriques soient si chères : « On commence à voir les prix baisser sur les voitures, mais pas sur les motos. En particulier à cause des contraintes pour loger la batterie. En 2016, j’avais payé mon Aprilia 7 500 euros. Pour un modèle électrique équivalent qui puisse me procurer du plaisir, il me faudrait de l’ordre de 18 000 euros ».

Une marque de préférence : « J’aime bien ce que fait Energica. J’adorerais en essayer une ». L’appel est lancé. Pour y répondre, vous pouvez déposer une proposition sommaire dans les commentaires. Nous transmettrons à notre lecteur. Avec un bon alignement de planètes, l’expérience pourrait donner lieu à la réalisation d’un article.

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Nicolas pour son témoignage et sa sympathie.

Avis de l'auteur

L’usage que Nicolas fait de sa voiture électrique rejoint celui de ma Citroën C-Zero à l’époque où j’avais accepté de distribuer le quotidien Ouest-France dans ma commune. En moins de six ans, et rien qu’avec les indemnités kilométriques,  j’avais pu payer en intégralité le prix d’achat de la citadine branchée. Je reste étonné qu’elle soit ressorti de cette expérience éprouvante sans gros dommages.

Autre point intéressant : Recourir aux bornes Lidl ainsi qu’à une rallonge depuis son logement pour recharger quand les conditions, en particulier tarifaires, deviennent trop difficiles à supporter et à gérer sur le matériel du syndicat départemental. Je pratique également. A 30 euros les 33 kilowattheures, ça fait forcément réfléchir. Ce qui laisse à penser que les câbles risquent à l’avenir de se multiplier sur les trottoirs. A moins que des solutions adaptées et accessibles voient le jour.

Nombre de constructeurs, fabricants de matériel de recharge, bailleurs et syndicats départementaux de l’énergie semblent encore oublier que beaucoup d’automobilistes n’ont pas un accès facile à une prise.