En Europe comme aux États-Unis, l’arrivée massive des voitures électriques suscite des réactions négatives. L’abandon du thermique est même en passe de devenir un « enjeu électoral de premier plan » pour les élections présidentielles américaines et les européennes.
Donald Trump s’en prend aux voitures électriques
Donald Trump a lancé sa campagne aux États-Unis. L’ancien président américain élu en 2016 tente de se positionner face à ses concurrents Républicains. Il s’est notamment emparé d’un sujet de société phare sur le continent américain : la transformation de l’industrie automobile. Les constructeurs transforment leurs usines pour accueillir des lignes dédiées aux voitures électriques, et cela n’est pas du goût de tous. L’UAW, le syndicat des travailleurs de l’automobile aux États-Unis, est justement en grève pour réclamer des salaires plus élevés, des semaines de travail plus courtes et l’assurance que leurs emplois seront conservés à l’avenir.
À lire aussi Voiture électrique : en Allemagne, Volkswagen va licencier des ouvriers à cause de la faible demandeUn phénomène de société qui prend de l’ampleur et qui divise déjà le pays. Lors de sa récente visite dans le Michigan, Donald Trump a fustigé les politiques « draconiennes et indéfendables » de l’administration Biden en matière de véhicules électriques. Le milliardaire américain estime que l’abandon du thermique serait « une transition vers le chômage et l’inflation sans fin ». Il a trouvé sa ligne de bataille et l’audience qui va en face. Pour Trump, les voitures électriques seraient « trop chères et conçues spécifiquement pour les gens qui veulent faire de très courts trajets ». Un débat qui éclabousse aussi l’Europe.
En Europe, la défiance est aussi bien présente
Sur le Vieux continent, les voitures électriques suscitent également des réactions négatives depuis quelques mois. Matteo Salvini, ministre italien des Transports, a récemment dénoncé le projet de l’Union européenne qui vise à interdire la vente de véhicules thermiques d’ici 2035. Selon lui, c’est une véritable « folie » de se lancer dans un tel chantier. Dans moins de douze ans, toutes les voitures neuves à moteur thermiques seront bannies des concessions. Si la plupart des marques s’adaptent avec des stratégies à 100 % sur l’électrique pour le marché européen, certains gouvernements s’indignent.
Même son de cloche du côté du Tchèque Alexandr Vondra. Le législateur a carrément qualifié les partisans de ce texte de « fossoyeurs de l’industrie automobile ». De l’autre côté de la Manche, le Premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a fait marche arrière sur la politique environnementale de son pays, et notamment sur le sujet des voitures électriques. Mi-septembre, il a repoussé la fin du thermique à 2035 au lieu de 2030.
Il estime que « les hommes politiques des différents gouvernements n’ont pas été honnêtes en matière de coûts et de compromis. Au lieu de cela, ils ont opté pour la facilité en disant que nous pouvions tout avoir ». Un tournant important dans la politique verte du Royaume-Uni alors qu’on perçoit la défiance grandissante autour des politiques environnementales dans le pays. L’extension de l’Ultra Low Emission Zone (ou ULEZ) de Londres (l’équivalent des zones à faibles émissions en France) avait par exemple suscité de vifs débats.
Les anti-électriques sont-ils forcément de droite ?
De prime abord, on pourrait penser que les anti-voitures électriques appartiennent plutôt à des partis politiques de droite. En réalité, ce n’est pas toujours le cas et plusieurs exemples européens prouvent le contraire. En Hongrie, Viktor Orbán fait tout pour attirer les fabricants de batteries pour véhicules électriques. Sa priorité ? Créer des emplois. Il est pourtant plutôt de droite. Même très à droite. Le cœur du débat est plutôt celui des emplois.
À l’approche des élections européennes, la résistance à l’agenda climatique de l’Union se fait grandissante. L’Allemagne, pourtant dirigée par Olaf Scholz (un chancelier de gauche), semble également réticente à la politique climatique de l’Union européenne. Berlin a récemment fait plier Bruxelles sur l’élimination progressive, et non totale, des moteurs à combustion interne d’ici 2035. Évidemment, cela ne signifie pas pour autant que l’Allemagne est opposée au développement des véhicules électriques.
À lire aussi Pour baisser le coût de ses véhicules électriques, Stellantis veut réduire les vacances des employés américainsAux États-Unis, c’est plutôt clair : une majorité des membres du parti des Républicains affirment que « Joe Biden cède des emplois et la sécurité du pays à la Chine, qui contrôle l’essentiel des minéraux et de la fabrication des batteries ». Cette fois-ci, c’est bien le parti de droite qui est opposé au développement de l’industrie des voitures électriques. Contrairement à Joe Biden qui, avec les Démocrates, encourage les constructeurs à se transformer.
la voiture electrique regroupe de nombreux domaines :
Je pense qu’on peut trouver de bonnes raisons de droite ou de gauche de faire cette transition.
La droite va prioriser l’emploi qui genere de la richesse en france et ne va pas forcement rendre la voiture electrique accessible a tous rapidement, plutot privilegier les profits
La gauche va peut etre se focaliser sur les moins aises, creer des emplois aussi mais avec un plus gros focus sur l’aspect environnemental de tout ca.
Tant qu’on se fait pas abuser par de fausses mauvaises idees comme “des voitures neuves pour ceux qui ont le moins d’argent”…
A une nuance près, quasiment tout les constructeurs ont lancés des VE ou investissent des milliards en R et D sur le VE, les batteries tout l’ecosysteme qui va autour. Ce n’est pas demain que la barre va se retourner. La société civile, les entreprises ont besoin de stabilité pas de stratégies à 20 ans qui changent tout les 5 ans au gré des élections au risque de voir un monde tourner comme des poules sans têtes.
Qui se souvient des mesures de Trump à contre courant du climat ou la majorité des états engagés on continué ce qu’ils avaient lancé sans rien changer.
Ce genre de gaillards sont des populistes qui “donnent à manger” au bon peuple, ce qu’ils ont envie d’entendre pour être élus et ensuite ils feront comme les autres. Celui ci est quand même en haut du podium…
“Selon lui, c’est une véritable « folie » de se lancer dans un tel chantier”
La folie c’est surtout de continuer comme maintenant et de se prendre +4°.
la bagnole individuelle, thermique ou électrique, et tout ce qui gravite autour sont sans aucun doutes des enjeux politiques, géopolitiques, industriels, stratégiques, économiques, électoraux.
Sur le terrain c’est en revanche assez éloigné des préoccupations de beaucoup : j’observe autour de moi que les plus jeunes et les plus modestes sont en train de tourner la page de la mobilité individuelle en bagnole.
VE : hors de prix
VT : ceux qui peuvent conservent leurs vielles bagnoles mais ils s’en servent moins, le carburant et l’entretien leur coûte trop cher. VT neuf : hors de prix aussi.
L’avenir post bagnole pour le périmètre urbain me semble assez clair : VAE (cargo si besoin), trottinettes élec’…
Pas facile pour tout le monde à court terme vu le manque criant d’infrastructures sûres pour circuler à vélo, notamment dans les 10-15km autour des petits bassins d’emplois sans transport en commun.
Mais on y vient petit à petit.
Source insee : [Pour des distances inférieures à 5 kilomètres, la voiture représente encore 60 % des déplacements domicile-travail,]
Si on étend à 10-15km le périmètre domicile-travail faisable avec un VAE sur un itinéraire sécurisé, ça commence a faire un volume considérable de km réalisés en bagnole aujourd’hui et dont on pourrait en grande partie se passer. Pas négligeable dans l’équation globale de nos besoins de mobilité.
questions :
PS, je ne suis pas anti VE : j’ai les moyens d’en avoir un, modeste, qui couvre l’essentiel des déplacements 120km autour de chez moi.
Mais j’ai aussi un VAE Cargo doté de 0.25kW de moteur et 0.4kWh de batterie. J’utilise de façon quasi exclusive pour les 5km autour de chez moi. Seul ou avec mes enfants.
Et je conserve pour le moment un VT, qui ne sert plus que quelques milliers de km/an pour les trajets longs, à 4, bien chargé. Pas les moyens d’un VE capable de faire ça.
Ce qui est hilarant, c’est que les partis et élus cités ont des politiques “environnementales” basées uniquement sur les solutions technologiques et non pas sur la sobriété.
Mais quand ces solutions technologiques sont là, soudainement, ce ne sont pas les bonnes et il faut les refuser! PAC, VE, ENR sont toutes rejetées par ces partis alors qu’ils rejettent bien moins de CO2 que les solutions a base d’énergies fossiles.
Cela démontre surtout l’hypocrisie de ces partis, qui veulent rassurer leurs électeurs en ne changeant rien, et en laissant les problèmes s’accumuler pour les générations futures plutôt que d’accompagner au changement.
Précisons aussi que même ces solutions technologiques ne suffiront pas à atteindre la neutralité carbone, car leur diffusion est trop lente, et que sans changement d’habitudes de consommation, elles ne sont pas suffisantes tout en étant “bien moins pires” que les outils les précédant.
Où l’on constate, enfin, on refuse surtout de constater, que la “croissance verte” est un leurre, et que pour réduire réellement les émissions de GES, il faut revoir tout le modèle social mondial (qui d’ailleurs n’existe pas), autrement dit revoir le système économique capitaliste qui nous même dans le mur, avec ou sans VE. Je ne dit pas que tout est mauvais dans le capitalisme. Mais ses excès (de pouvoir aussi) doivent être rabotés par des états forts (et démocratiques), alors même que c’est une dérive mondiale dans l’autre sens qui se profile.
Rogner sur les privilèges et le confort des CSP+++ et aider un peu plus les gens modestes, à l’échelle d’un pays voire du monde, c’est nécessaire et impossible, puisque les décideurs appartiennent aux +++.
Tout le monde sait que cette transition va entraîner de la casse sociale. Mais comme on anticipe jamais les futurs problèmes, le retour sur terre va être rude.
En Allemagne, il n’y a pas au niveau fédéral la stricte discipline gouvernementale qui existe en France et chaque ministre est quasi-autonome dans les limites de son portefeuille. Le Chancelier est effectivement de gauche, mais la coalition comprend des Verts, pas toujours à gauche (par exemple, dans le Bade-Wurtemberg où ils sont plutôt à droite), et le FDP, qui se prétend centriste, mais qui a historiquement été à l’extrême-droite (c’était le parti des Volksdeutsche après la guerre) et qui est souvent populiste et très anti-VE. Le ministre des transports est FDP.
Avec un bon autopilot on file tout droit sans dévier à droite ou à gauche.
C’est connu: la plupart des conservateurs ont du mal à imaginer changer de paradigme. A chaque changement technologique important, c’est pareil: on crie pour les emplois, et puis on finit par s’adapter. Il y a les GES mais aussi la pollution.
Les politiques de tous bords, qu’ils soient au pouvoir ou non, se heurtent à une réalité bien différente qu’il y a 2 ans seulement.
Et les règles des LEZ ne sont clairement pas toujours des plus équitables, loin de là.
L’enjeu n’est pas d’être pour ou contre les véhicules électriques, mais comment et par quels moyens passer sous les 2 tonnes de CO2 par an, sans trop briser la société : un vrai casse-tête !
Le constructeur du véhicule électrique le plus vendu au monde n’est pas chinois mais américain. De toute façon, quelle est la crédibilité de Trump qui ne connaît rien sur aucun sujet et qui a mis en faillite tous les business hérités de son père ?
Il manque dans votre analyse le chantage à l’emploi que peuvent faire les différents industriels du secteur (“si tu ne me subventionne pas ou si tu ne protège pas mon industrie, j’irai voir ailleurs”).
C’est le jeu en politique, trouver des sujets clivants pour dénigrer celui à qui on veut prendre la place.
La bonne nouvelle c’est que la voiture électrique devient un vrai sujet national… et on sait que dans tout processus de changement, après le déni vient la colère 😉
En tout cas bravo aux politiques de droites qui voient les avantages et les opportunités dans le progrès. D’ailleurs, bravo à Macron pour sa politique de la “vallée de la batterie”. Je ne suis pas un grand fan de notre président mais je trouve que pour le coup il prend une bonne décision.