Une récente étude montre l’écart de prix monstrueux entre les véhicules électriques fabriqués en Chine et ceux en provenance des pays dits occidentaux. L’écart est énorme : le prix moyen d’une voiture électrique chinoise coûte moins de la moitié du prix d’un modèle équivalent européen ou américain.

Des prix délirants sur les modèles électriques chinois

Plus de doute, les véhicules électriques chinois représentent une menace très sérieuse pour les constructeurs automobiles européens, américains, coréens et japonais. Tout simplement parce qu’ils sont plus accessibles. Les écarts de prix sont même parfois délirants. Une récente étude réalisée à partir des données récoltées par JATO Dynamics montre que le prix moyen d’une voiture électrique fabriquée au sein de l’Empire du Milieu vaut « moins de la moitié du prix d’un véhicule électrique occidental ». Et l’écart ne cesse de se creuser.

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Aux États-Unis, l’étude montre que si vous souhaitez acheter un véhicule électrique, l’option la moins chère coûte deux fois le prix du véhicule à combustion interne le moins cher du marché. En Chine, l’option électrique la plus abordable coûte 8 % de moins que le véhicule à combustion interne le moins cher disponible. En moyenne, le prix des modèles électriques est donc quasiment au même niveau que celui des modèles thermiques. Une statistique dont nous en sommes encore très loin en Europe.

En Corée du Sud, le modèle électrique le moins cher est la Chevrolet Bolt. Un véhicule qui coûte 351 % de plus que le modèle le moins cher en thermique disponible dans le pays. En Europe, l’écart est moins important : le modèle électrique le plus abordable est à 18 285 euros (la Dacia Spring), mais c’est tout de même 92 % de plus que le véhicule thermique le moins cher. En Chine, il est possible de s’offrir une voiture électrique pour seulement 3 772 euros. De quoi faire réfléchir les constructeurs européens ? Certainement !

Tableau récapitulatif de l’écart de prix entre les modèles électriques et thermiques les moins chers du marché en fonction des pays // Image : JATO Dynamics

Pourquoi un tel écart de prix sur les voitures électriques ?

Sur le Vieux continent, les voitures électriques vendues par les constructeurs automobiles traditionnels coûtent encore bien plus cher que leurs équivalents à combustion interne. Tandis qu’en Chine, tout le monde peut se permettre d’acheter un modèle électrique. Sur le premier semestre 2023, le prix moyen d’un véhicule électrique était de 66 864 euros en Europe, 68 023 euros aux États-Unis et 31 165 euros en Chine. C’est une moyenne, ce qui signifie évidemment que de nombreux modèles coûtent beaucoup moins cher.

Cet écart de prix peut s’expliquer de plusieurs manières. Les États-Unis ont massivement investi dans des technologies coûteuses liées aux batteries lithium-ion. Par peur de manquer. La majorité des modèles sont des SUV et tendent d’ailleurs vers le haut de gamme. En Chine, l’utilisation de batteries moins onéreuses dont la composition chimique est différente contribue à faire baisser le coût des voitures électriques. Mais ce n’est pas la seule raison. Les travailleurs chinois sont moins bien payés que leurs homologues européens ou américains.

La force des syndicats aux États-Unis et en Europe permet aux travailleurs de l’automobile d’obtenir des salaires décents. En Chine, une grande partie de l’industrie repose sur le travail forcé des Ouïghours. De quoi remettre en question l’éthique de ce succès. De nombreux observateurs tirent d’ailleurs la sonnette d’alarme quant aux dégâts humanitaires liés à cette politique. Toutefois, le coût de production n’est pas le facteur principal qui contribue à des prix abordables.

L’industrie automobile chinoise fait peur au reste du monde

C’est le gouvernement chinois qui mène la danse. Pékin subventionne largement l’industrie des véhicules électriques. L’Europe et les États-Unis aussi, mais pas autant. Aujourd’hui, cela ne fait plus aucun doute : la stratégie de la Chine a été plus efficace que celle des pays occidentaux pour développer une industrie automobile avec une grande variété de modèles. Quand les consommateurs américains ont le choix entre 51 modèles 100 % électriques et les européens 135, les clients chinois en ont 235.

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De nombreux modèles d’entrée de gamme sont proposés en Chine. C’est toute la force du plus grand marché automobile au monde. Au fil des mois, les constructeurs chinois se tournent vers de nouveaux marchés à l’export : l’Europe, la Russie, l’Asie du Sud-Est ou encore l’Amérique latine. BYD, NIO ou encore Xpeng envoient leurs modèles par dizaine de milliers en direction de marchés où les offres sont plus restreintes. La voiture électrique chinoise est donc très compétitive à travers le monde entier, et pas seulement en Chine.

Cette agressivité sur les prix représente un risque majeur pour les constructeurs automobiles historiques. L’Union européenne cherche justement à protéger ses entreprises. La Commission a publié au début du mois d’octobre des preuves sur les « subventions » accordées par le gouvernement chinois aux voitures électriques. Pékin exprime son mécontentement. Cela ne plaît guère au Parti communiste chinois qui a fait part de son « insatisfaction » quant aux investigations menées par la Commission. Une enquête qui ne serait pas « conforme » aux règles de l’Organisation mondiale du commerce selon Pékin.