À Bassens, Michelin vient d’inaugurer le premier démonstrateur industriel permettant de produire du butadiène bio-sourcé. Concrètement, le géant français des pneumatiques pourra bientôt remplacer le pétrole qui sert à fabriquer les pneus, par de l’éthanol.
Michelin veut développer du butadiène bio-sourcé
Michelin vient d’ouvrir le tout premier démonstrateur industriel dans le cadre du projet BioButterfly. Son rôle est de « valider la chaîne complète des étapes du procédé de fabrication de butadiène bio-sourcé ». Concrètement, l’objectif est de développer et commercialiser un procédé de production de butadiène « à partir d’éthanol extrait de la biomasse (végétaux) ». Afin de remplacer celui issu de matières premières fossiles.
Le butadiène est utilisé dans la fabrication des pneumatiques. Il représente à lui seul environ 14 % d’un pneu. Dérivé du pétrole, ce matériau possède une grande résistance à l’abrasion et au vieillissement. Une matière première clé pour la production de caoutchoucs synthétiques que Michelin utilise donc depuis longtemps pour fabriquer ses pneus.
Le butadiène bio-sourcé pourrait constituer « un intermédiaire chimique majeur » dans la fabrication des pneumatiques. Aux côtés d’IFPEN Energies nouvelles et d’Axens, le géant français vient de prouver la viabilité technologique et économique du site. Michelin assure qu’une transposition industrielle rapide peut avoir lieu. Ce premier démonstrateur aura une capacité de production de 25 tonnes par an.
Des déchets agricoles pour remplacer le pétrole
Aujourd’hui, le caoutchouc synthétique et le butadiène sont intégralement issus du pétrole. Pour transformer le processus de fabrication et éliminer le pétrole de l’équation, Michelin utilise des déchets agricoles (comme le maïs ou les betteraves) ou de biomasse de bois. Avec son butadiène bio-sourcé, le groupe n’aura plus besoin de pétrole pour fabriquer ses pneumatiques. Un pas de plus vers la sortie des énergies fossiles.
À lire aussi Ces freins révolutionnaires améliorent l’autonomie des voitures électriquesEric-Philippe Vinesse, directeur recherche et développement au sein de l’entreprise française, explique que « pour Michelin, qui utilise actuellement du butadiène pétro-sourcé pour fabriquer ses caoutchoucs synthétiques, cette avancée constitue une formidable opportunité pour contribuer à l’atteinte de ses objectifs d’intégration de 100% de matériaux renouvelables ou recyclés dans ses pneus à l’horizon 2050 ».
Le développement et l’industrialisation de la production de butadiène bio-sourcé pourrait justement contribuer à atteindre cet objectif. Après plus de 10 ans de travaux de recherche et d’innovation, l’inauguration de ce démonstrateur marque donc une étape majeure. Ce projet initié en 2013 représente un investissement global de plus de 80 millions d’euros. L’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), la région Nouvelle Aquitaine et la communauté urbaine de Bordeaux y ont contribué à hauteur de 14,7 millions d’euros.
Pour rappel aux commentaires plus bas sur la production d’éthanol. En France il est essentiellement produit à partir de déchets et presque un tiers est exporté, donc il y a de la marge. Et dans tous les cas, l’essentiel est de limiter la production de co2 par tous les moyens…
Par ailleurs on ne maque pas de surfaces cultivables, mais une bonne partie au niveau mondial sert à produire inutilement des aliments destinés à nourrir le bétail et produire de la viande de boucherie.
Bravo MICHELIN ! (une des rares firmes françaises qui a su garder son leadership mondial , notamment en n’allant pas jouer les gros bras dans les salons pros où pullulent des “visiteurs “chinois” (à INNOTRANS il y aqq années, j’avais du en sortir 2 couchés sous mon bogie NG photographiant jusqu’au dernier boulon). La suite de leur R&D (c’est juste un avis) : sécurisation non fossile de la filière butadiène (les algues piste prometteuse), mise au point d’un pneu “run flat” au prix d’un pneu “classique” (économie sur roue-galette et autres gommes liquides depuis compresseur improbable) et en collaboration avec un motoriste mise au point d’une roue électrique classe 20kW /400V (reprise des travaux d’ HYDRO-Québec) pas trop lourde et sans terres rares pour tenir compte de la dégradation (nids de poule) de notre réseau hors autoroute.
Ca me fait penser a cette grosse centrale électrique bio , Francaise , qui brule des copeaux de bois ou de la sciure de bois venu par cargo des 4 coins du monde , qui finalement rejette beaucoup de particules fines et donc pollue plus qu’une centrale au gaz et qui a englouti un pognon fou pour la construire .
Attention à ne pas créer des surfaces agricoles spécialement pour la fabrication de pneus, où de produire en trop afin de créer du déchets.
Ca correspondrait à quelle quantité de pétrole économisée chaque année ?
impressionnant. Bravo!
L’idée est intéressante mais appelle au moins 2 réflexions:
La matière de base est donc l’éthanol. Cette molécule peut être “sourcée” de diverses façons, y compris à partir de gaz fossile. Par ailleurs les possibilités de production à partir de déchets sont limitées et déjà plus que “consommées” par les agrocarburant (E85). En pratique le sourçage ne se fera donc pas vraiment à partir de déchets mais à partir de plantes cultivées “exprès” (avec utilisation de chimie et de gazole). On se retrouve dans la même polémique “manger ou rouler” que pour les agrocarburants.
Biosourcé ne signifie pas biodégradable. Les marchands de sodas nous ont déjà fait le coup des bouteilles en PET biosourcées pour avoir l’air plus “verts”, ce qui ne contribue absolument pas à une diminution des (micro)plastiques expédiés dans l’environnement et les océans.
Idem pour ces pneus.