Un rapport montre que les projets récents en lien avec les énergies fossiles ont un bilan désastreux. Depuis 2021, les gouvernements mondiaux ont approuvé des projets qui vont rejeter 14 milliards de tonnes de CO2.

Ces dernières années, de nombreuses alertes ont prévenu du besoin de limiter les énergies fossiles. En 2021, l’agence internationale de l’énergie (IEA) a conseillé de ne plus ouvrir de nouveaux puits de pétrole et de gaz.

En 2023, à l’occasion de la COP28, les dirigeants du monde entier ont promis de “faire la transition pour s’éloigner des énergies fossiles”, au cœur d’un sommet qui se tenait à Dubai, dans une région du monde où les énergies fossiles sont justement la principale source de richesse.

De plus, certains géants du pétrole ont promis d’accélérer sur les énergies renouvelables. Un discours qui est néanmoins teinté de greenwashing puisque la réalité est toute autre. Shell a notamment promis début 2024 d’accélérer le développement des énergies renouvelables. Mais ces deux dernières années, le pétrolier a finalement donné la priorité au profit plutôt qu’à l’écologie.

ExxonMobil avait également annoncé sa volonté de se lancer dans l’extraction de lithium. Mais quelques mois plus tard, le PDG de l’entreprise s’est agacé du procès fait aux pétroliers. Il a déclaré que les clients étaient le problème, puisqu’ils ne voulaient pas “mettre les moyens” pour aller vers le renouvelable.

Aucun ralentissement à l’horizon, au contraire

Et à l’échelle mondiale, la réalité se heurte à la volonté de profits des acteurs du marché de l’énergie. Le pétrole et le gaz sont toujours nécessaires et rapportent toujours davantage à ses producteurs que le renouvelable.

Aussi, les projets se multiplient, quitte à augmenter drastiquement les émissions polluantes sur la planète. Et la feuille de route de l’IEA datant de 2021, qui préconisait de ne créer aucun nouveau puits pour tenter de limiter le réchauffement global à 1,5 degré, semble désormais très lointaine.

L’agence Global Energy Monitor a en effet publié des données montrant que de nombreux sites ont ouvert. Le site Carbonbrief en fait l’analyse et montre qu’une cinquantaine de sites ont ouvert en 2022 et 2023. C’est-à-dire à des dates ultérieures à l’alerte de l’IEA au sujet des énergies fossiles.

De plus, 45 autres projets sont en attente de validation pour des investissements. Les 50 projets déjà créés représentent 6 milliards de tonnes de CO2 d’émissions polluantes. Si les 45 autres s’ajoutent à la liste, ils émettront également 8 milliards de tonnes de CO2.

Pour comparer, les émissions de CO2 annuelles liées à l’énergie sont de 34 milliards de tonnes de CO2. L’ONU a également montré récemment que les émissions liées au pétrole et au gaz sont respectivement 82 % et 39 % plus élevées qu’elles ne devraient l’être pour contenir la hausse des températures à 1,5 degré.

Des extractions de plus en plus mondiales

Le rapport de GEM montre aussi une donnée inquiétante d’expansion de l’industrie du pétrole et du gaz. En effet, de nombreux pays où il n’y avait aucune extraction abritent désormais des puits.

Des pays de l’hémisphère sud font partie de ces nouveaux eldorados pour les industries fossiles, notamment les pays africains, la Namibie en tête. Le président du groupe Afrique de la COP28 avait même loué cette nouvelle industrie sur le continent.

Selon lui, elle est “cruciale pour le développement de l’Afrique”, quel qu’en soit le prix environnemental. Mais d’autres régions, comme l’Amérique du Sud, voient aussi les projets se développer.

Le graphique ci-dessous montre les pays ayant le plus de nouveaux gisements depuis 2021. Les parties plus claires sont les quantités potentielles à ajouter à la production si les projets en cours de validation le sont.

Le Guyana est le pays qui produira le plus d’énergies fossiles à l’horizon 2035. C’est également le pays dans lequel ont été découverts le plus de gisements, devant l’Iran. Et c’est aussi le pays qui en a le plus en phase de finalisation actuellement.