Notre râleur en chef s’agace de voir le diesel de nouveau vu comme une valeur refuge face à la baisse du pouvoir d’achat.

En plus d’envahir les foyers, les punaises de lit avaient envahi les débats sur les chaînes d’infos, avant d’être chassées par des actualités malheureusement plus tragiques. Les punaises reviendront surement faire parler d’elles, mais devront batailler avec d’autres craintes, car pour remplir l’antenne et booster l’audience, rien de mieux que de jouer avec l’inquiétude, une peur en chassant une autre.

On se souvient par exemple des heures de parlotte consacrées, il y a un an, au risque de black-out hivernal. Si le sujet n’est plus tendance, le parc nucléaire n’étant plus convalescent, une autre crise énergétique pourrait faire naître l’angoisse : une pénurie de diesel.

Cette semaine, l’AIE, l’Agence internationale de l’énergie, a ainsi mis en garde contre de possibles pénuries de gazole en Europe cet hiver, à cause de contraintes d’approvisionnement. Celles-ci découlent notamment de l’embargo de l’Union Européenne sur le pétrole brut russe. L’AIE souligne l’importance d’importations soutenues en provenance d’autres pays. Et en vient à souhaiter un hiver doux pour limiter la consommation d’or noir…

Cette annonce intervient quelques jours après la parution dans Le Parisien d’une double page consacrée à un regain d’intérêt pour le diesel, au point que celui-ci retrouve la cote sur le marché de l’occasion. Sur le site Leboncoin, le prix moyen des diesel disponibles a augmenté de près de 5 % entre le troisième trimestre 2023 et son équivalent de 2022. Ce qui découle d’un jeu de l’offre et de la demande : les diesels sont plus demandés, donc les prix repartent à la hausse.

La crise du pouvoir d’achat est passée par là. Déjà, elle pousse les ménages plus modestes à se tourner vers un véhicule moins récent, et il y a une offre très abondante de diesel chez les autos plus âgées. Les conséquences d’une époque où le diesel était archi dominant sur le marché français.

Mais le diesel a connu une chute vertigineuse dans les ventes de modèles neufs, un déclin accéléré par plusieurs facteurs, comme le Dieselgate ou la fin des aides sur ce type de motorisation. En septembre 2023, le diesel, qui il est vrai commence aussi à se faire discret dans les catalogues, est tombé sous la part des 10 % du marché neuf !

Mais le contexte qui pèse sur les finances semble aussi pousser les Français à avoir de vieux réflexes. Le diesel est vu comme une valeur refuge du pouvoir d’achat de l’automobiliste. Je le sens ainsi dans les paroles des conducteurs interrogés par le Parisien, contents d’être restés au diesel, voire d’y être revenus !

Un témoin du Parisien se félicite d’avoir vite revendu une essence pour reprendre un diesel, car l’essence « ça consomme trop et ça coûte cher ». Certains retrouvent ainsi le goût du gazole grâce à son prix, qui reste dans l’esprit des acheteurs moins onéreux que le sans-plomb. Sauf que ce n’est plus si simple. Au cours de la dernière année, les courbes se sont croisées à plusieurs reprises. Après avoir été nettement plus cher que l’essence à l’automne 2022, le gazole est redevenu moins cher fin janvier, avant de creuser un écart intéressant… puis de remonter petit à petit pour redevenir plus cher que l’essence actuellement.

Un autre témoin continue de ne jurer que par le diesel, car, selon ses mots, il a “un pauvre salaire” à 1800 €. Impensable donc pour lui d’aller voir vers l’électrique, comme il le confirme. Ce n’est de toute façon pas la peine de parler électrique à ces conducteurs. C’est l’assurance de retrouver aussi sec les critiques habituelles contre ces véhicules, qui deviennent cette fois des poncifs, à commencer par le prix bien sûr. Sauf qu’en occasion, l’offre commence à se démocratiser. Et même si les prix d’achat sont plus élevés, il y a des aides sur l’occasion (bonus de 1000 €, prime à la casse).

Surtout, en chargeant une électrique à la maison, on fait 100 km pour 3 €. Même avec un appétit d’oiseau, le diesel ne peut rivaliser. Je me souviens de cette époque où certains achetaient un diesel avec de mauvaises raisons, en pensant notamment à sa facilité de revente, oubliant le principe élémentaire de la rentabilité. L’histoire se répète, avec une logique économique face au gazole qui a de nouveau du mal à être suivie.

Le diesel va plus loin avec un plein ? Certes, mais en ces temps chahutés, il devient difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre. Si on n’accepte pas de perdre un peu de temps pour la recharge d’une électrique sur des trajets plus longs, qui ne sont pas si fréquents pour de nombreux automobilistes, on ne peut venir se plaindre du prix des carburants fossiles. Le temps c’est de l’argent finalement.

Le pire, c’est que ces assoiffés du gazole ont des alternatives bien moins onéreuses à la pompe. Un autre témoin nous dit “C’est facile de dire aux gens d’arrêter le diesel, mais il ne faut pas oublier que c’est ce qui coûte le moins cher aujourd’hui”. Mince alors. Et le GPL ? L’E85 ?

Avec ce dernier, on a un véhicule thermique qui ne fait pas perdre de temps de recharge, et qui s’abreuve pour 1 € le litre. Il suffit de trouver une occasion essence, même pas besoin qu’elle soit récente, et de la faire convertir. En négociant un peu son prix, on peut couvrir en partie l’installation du kit de conversion. On fait ensuite fondre son budget carburant instantanément.

Chacun est évidemment libre de choisir sa formule, mais il faut ensuite en assumer les conséquences. Clairement, je n’ai pas envie d’entendre ces accros se plaindre cet hiver que le litre de gazole sera à nouveau à 2 € alors qu’il y a des alternatives moins onéreuses. Mais ils le feront quand même. Car on aime râler, n’est-ce pas ?

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