Toyota bZ4X

Le Jamais Content – Le râleur en chef d’Automobile Propre compte bien passer à l’électrique, mais il a peur des mauvaises surprises juste après la livraison.

La scène commence à être connue. On ne sait pas trop ce que l’on veut voir, on lance Netflix ou autre plate-forme du genre qui propose des centaines de films et de séries, on fait défiler les titres jusqu’à ne plus vraiment les lire… et on n’arrive pas à se décider. On a un vaste choix, on paie même pour cela, mais on ne sait plus choisir. 

Voilà un curieux paradoxe de notre monde moderne, que Bruno Patino a décrit dans son essai « Submersion ». Un embarras du choix qui s’applique à tout un tas de domaines, que ce soit dans les courses alimentaires, avec une envolée du nombre de références ou de parfums pour chaque produit, le restaurant pour ce soir ou la destination du prochain voyage. Peut-on l’étendre aux voitures ?

Peut-être pas de manière aussi simple. Même si l’attractivité du marché automobile européen fait qu’il concentre un grand nombre de marques, qui ont ces dernières années multiplié les modèles, créant notamment une gamme parallèle de SUV, eux même parfois déclinés en plusieurs silhouettes.

Si un coup de coeur esthétique n’emporte pas tout du départ, quelques critères rationnels comme la taille, la motorisation et surtout le prix vont aider à faire un tri puis un choix dans une sélection moins vaste que les séries à ne pas rater et que l’on entasse dans une liste d’attente.

Quand on regarde du côté des voitures 100 % électriques, il n’y a pas si longtemps, pour ceux qui voulaient s’y mettre, il n’y avait pas trop de noeud au cerveau à se faire avec une offre réduite. Une citadine, c’était la Renault Zoé, une compacte, la Nissan Leaf, un véhicule de luxe, la Tesla Model S. Une simplicité quasi rassurante !

L’offre s’est évidemment développée et ne cesse de le faire. Il y a donc de plus en plus de modèles branchés qui alimentent le feu de l’hésitation, et les choix qui semblaient hier faciles tant le véhicule était incontournable le sont de moins en moins. Exemple avec le Tesla Model Y, qui commence à voir arriver des concurrents qui n’ont plus peur de lui, comme le Renault Scenic.

Bon, même si l’offre s’étoffe, on en revient à faire une sélection avec des critères plus ou moins rationnels. Sans compter que de plus en plus de véhicules sont finalement des cousins techniques aux prestations quasi identiques. Chez Stellantis, les DS3, Fiat 600e, Jeep Avenger, Opel Mokka et Peugeot e-2008 (avec bientôt en plus l’Alfa Romeo Milano) sont autant de SUV urbains avec la même plate-forme, la même autonomie. Ce qui revient donc juste à faire un choix de style et de prix.

Quand on achète un véhicule électrique, le plus stressant n’est donc pas le choix du modèle. C’est ce qui vient après. Se faire livrer sa voiture électrique le lundi, c’est prendre le risque de voir le mardi son prix baisser, et cela de manière spectaculaire.

Les exemples se sont multipliés ces dernières semaines, avec des chutes parfois folles. En janvier, la Megane a perdu jusqu’à 4.500 €. Pour le Volkswagen ID.4, c’était jusqu’à 11.370 € en prenant en compte une baisse de prix et un équipement enrichi. 

Et que dire du Toyota bZ4X, qui a perdu plus de 10.000 € en février. C’est quand même délirant quand on pense que les livraisons du véhicule avaient commencé à la rentrée 2023. Les clients livrés en janvier ont donc vu le prix de la même voiture perdre 10.000 € dans la foulée. De quoi bien perturber le sommeil.

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Les pro-Tesla qui aiment toujours venir nous dire que c’est mieux chez eux vont se faire discrets vu que la marque est spécialiste du genre, avec des tarifs qui jouent sans cesse au yoyo. Le décrochage vertigineux de prix du jour au lendemain, c’est arrivé plusieurs fois dans le cycle de vie de la Model 3. Avec de très fâcheuses conséquences sur la valeur de revente des véhicules livrés avant la baisse. Le double effet pigeon.

L’angoisse ne se limite pas au prix. Après la livraison de son véhicule, on peut voir son voisin acheter le même mais en mieux grâce à des améliorations techniques. C’est prévisible quand le véhicule change de génération ou est restylé. Mais avec l’électrique, une technologie finalement encore naissante sur le marché grand public, cela peut arriver du jour au lendemain. Les marques n’attendent pas les étapes traditionnelles pour revoir un moteur ou agrandir une batterie. Un an après sa commercialisation en France, la Hyundai Ioniq 5 voyait sa grosse batterie gagner quelques kWh.

Sans oublier l’ajout de fonctions. Après quelques mois de commercialisation, la MG4 améliorait ses temps de recharge et gagnait le One Pedal. Une fonction appréciée de la clientèle qui est d’ailleurs absente de la nouvelle R5… mais que Renault compte proposer dès 2025.

En plus d’attendre une baisse de prix, il faut donc attendre pour avoir la voiture complète et optimisée ? C’est peut-être mieux car cela chassera une autre angoisse. Avec un tout nouveau produit, sur une base inédite, comme c’est le cas pour la R5, les premiers clients essuient souvent les plâtres. Et de nombreux modèles électriques lancés en 2024 marquent une rupture technique et technologique pour leur constructeur… Qui veut jouer le “beta testeur” ?

Cela semble préférable de patienter, quand on voit les nombreux reports de lancement ces temps, preuve que des nouveaux modèles sont présentés sans être prêts et bien réglés. Dévoilés il y a six mois, la C3 électrique et le nouveau Scénic ont pris du retard et ne sont pas dans les concessions à l’occasion des portes-ouvertes de mars. Chez Volvo, on n’est toujours pas en mesure de livrer l’EX90, révélé en novembre 2022. Autant de décalages qui compliquent d’ailleurs les projets d’achat des automobilistes intéressés.

L’électrique, c’est la promesse d’une conduite plus zen. Pas encore d’un achat plus zen.