La Maison-Blanche déroule sa politique protectionniste. L’administration Biden vient d’annoncer que les voitures électriques dont les batteries sont fabriquées en Chine ne bénéficieront bientôt plus du bonus écologique de 7 500 dollars. Pékin s’insurge et affirme que cette nouvelle réglementation américaine est contraire « aux règles de l’Organisation mondiale du commerce ».

La Chine critique la politique de Joe Biden

Joe Biden a décidé de serrer la vis au sujet de l’octroi du bonus écologique pour les voitures électriques sur le sol américain. Quatre pays viennent d’être mis sur liste noire : la Chine, la Corée du Nord, la Russie et l’Iran. Des « entités étrangères préoccupantes », selon le gouvernement américain. Une politique protectionniste entreprise dans le cadre de l’IRA (l’Inflation Reuction Act). Les modèles rechargeables dont les batteries proviennent des pays mentionnés ne bénéficieront plus du bonus écologique de 7 500 dollars à compter du 1er janvier 2024 aux États-Unis.

De quoi agacer légèrement l’empire du Milieu. En effet, Pékin n’a pas tardé à réagir aux déclarations de la Maison-Blanche. La Chine estime que cette discrimination envers certains pays, et notamment lorsqu’il s’agit de la deuxième économie mondiale, est contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Un texte qui, selon le gouvernement chinois, vise à minimiser le niveau de composants en provenance de Chine dans les batteries des véhicules électriques. Ce qui pourrait avoir « un impact significatif » sur les entreprises spécialisées dans ces technologies.

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Aussi, Pékin assure que cette décision pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement dans le monde entier. Un argument que d’autres pays, notamment le Japon, la Corée du Sud et certains États membres de l’Union européenne, avaient déjà brandi au sujet de l’IRA. L’année dernière, Yasutoshi Nishimura, le ministre japonais de l’Industrie, avait rencontré Gina Raimondo, la secrétaire d’État américaine au commerce, pour lui faire part de ses inquiétudes au sujet de potentielles restrictions sur les voitures électriques.

L’Inflation Reuction Act est un texte qui a pour objectif de protéger les intérêts nationaux des États-Unis et notamment sa politique industrielle. Cependant, de nombreux constructeurs américains travaillent avec des sous-traitants chinois. C’est par exemple le cas de Ford qui s’approvisionne auprès de CATL. Stellantis, qui vend également beaucoup de modèles sur le sol américain, fait également appel au chinois CATL pour les batteries de ses petites voitures électriques. Il y a donc un risque pour certaines marques américaines de voir leurs ventes dégringoler d’ici quelques semaines.

« Une mesure dangereuse pour le marché »

He Yadong, porte-parole du ministère du Commerce en Chine, a déclaré que « cibler les entreprises chinoises en excluant leurs produits du champ d’application d’une subvention est une politique dangereuse pour le marché. Nous souhaitons faire part de notre inquiétude quant à la politique discriminatoire des États-Unis, qui viole les principes fondamentaux de l’OMC ». La Chine estime que la politique de l’administration Biden pourrait faire plus de mal que de bien à l’industrie des voitures électriques.

Les autorités chinoises sont persuadées qu’une telle mesure risque de « perturber gravement le commerce et les investissements internationaux ». Pour commencer, l’Ovale bleu va devoir trouver une solution pour sa Mustang Mach-E. Dan Marks, analyste en sécurité énergétique chez Royal United Services, a un tout autre point de vue. Selon lui, « le contrôle de la Chine sur les chaînes d’approvisionnement mondiales est préoccupante ». Il estime même que les mesures actuelles pourraient être insuffisantes.

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Pour l’analyste, les mesures proposées par l’Union européenne et les États-Unis « ne seront pas à la hauteur de l’ampleur du risque ». Le Vieux continent craint également un « déferlement de véhicules électriques chinois » sur le sol européen. La Commission européenne a déjà commencé à enquêter sur les subventions accordées par le gouvernement chinois. Bruxelles affirme que ces aides contribuent à une concurrence déloyale sur le marché européen. Dan Marks pense néanmoins que « sans une approche politique adéquate, les industries européennes et américaines ne survivront pas ».