Photographie : Ford

Alors que le Premier ministre britannique vient d’annoncer le report de la fin du thermique sur le sol britannique, Ford s’insurge. Le constructeur américain estime que repousser cette échéance à 2035 (au lieu de 2030 initialement) va « mettre en péril la transition énergétique du pays ».

Ford n’a pas tardé à prendre la parole pour contester la nouvelle politique énergétique du Royaume-Uni. Rishi Sunak a dévoilé hier soir (mercredi 20) les lignes directrices de sa politique climatique pour le pays. Le Premier ministre britannique souhaite repousser la fin du thermique à 2035. Il y a trois ans, sous la houlette de Boris Johnson, le gouvernement s’était engagé à passer au 100 % électrique à partir de 2030. La marque américaine estime que ce report n’est pas une bonne chose pour l’industrie automobile.

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Lisa Brankin, directrice générale de Ford au Royaume-Uni, a déclaré que « notre entreprise a besoin de trois choses de la part du gouvernement britannique : de l’ambition, de l’engagement et de la cohérence ». Message très clair envoyé au locataire de Downing Street. Brankin ajoute que cet assouplissement « compromettrait ces trois éléments ». Le Premier ministre est également revenu sur d’autres politiques dont l’objectif était de lutter contre le dérèglement climatique.

L’américain a beaucoup investi sur le sol britannique

Ford estime que la transition vers l’électrique est « la plus grande transformation industrielle depuis plus d’un siècle ». Tous les acteurs de l’industrie s’y préparent. L’objectif de 2030 était pour la marque un « catalyseur essentiel pour accélérer la transition de Ford vers un avenir plus propre ». Le constructeur américain a beaucoup investi sur de nouvelles installations au Royaume-Uni. Déjà 500 millions d’euros et d’autres financements « sont prévus à horizon 2030 ».

La marque expérimente notamment de nouveaux véhicules fonctionnant à l’hydrogène sur le sol britannique. L’année dernière, Ford a également augmenté son investissement à 420 millions d’euros dans son usine de Halewood afin de convertir son usine à l’électrique. Lisa Brankin estime que « nous avons besoin d’une politique de soutien du marché des véhicules électriques à court terme ». Elle constate néanmoins que les vents contraires sont forts sur le sol britannique.

Quel avenir pour l’industrie automobile en Angleterre ?

En effet, les infrastructures de recharge y sont encore peu développées. Il y a cette potentielle taxe Brexit de 10 % pour les véhicules qui traversent la Manche. Sans parler du coût de la vie de plus en plus élevé au Royaume-Uni et de l’absence de bonus pour les consommateurs qui souhaitent acquérir un véhicule électrique. De quoi inquiéter Ford pour le lancement de son nouvel Explorer 100 % électrique. Il doit être commercialisé à partir de l’été 2024.

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La marque est la première à prendre position suite aux déclarations du Premier ministre et il faut bien reconnaître qu’elle n’a pas tort. Un report de la fin du thermique risque réellement de compromettre la transition vers les véhicules électriques. C’est également risqué pour l’industrie automobile du Royaume-Uni. En effet, une telle décision va certainement faire prendre du retard au pays sur le reste du monde. De manière générale, Ford demande plus d’investissements au gouvernement britannique.

Le fait est que le Royaume-Uni a « du mal à suivre le rythme des autres grands marchés automobiles ». Le pays ne parvient pas vraiment à attirer des investissements étrangers dans l’industrie des véhicules électriques. BYD a par exemple rapidement exclu le pays de sa liste en vue de son implantation en Europe. Le constructeur chinois précise que « la situation économique du pays n’est pas rassurante pour un investissement à long terme ». Tandis que la France est encore en lice.

Sur le sol britannique, la production est au plus bas. L’année 2022 est tombée au même niveau que l’année 1956 en termes de fabrication de voitures. Seulement 775 014 véhicules sont sortis des usines du Royaume-Uni. Contre 1 383 000 pour la France (un chiffre en hausse de 2,3 % par rapport à 2021). Les ventes de véhicules neufs en Grande-Bretagne ne sont pas non plus à la hauteur des attentes : elles ont atteint en 2022 leur plus bas niveau en 30 ans selon la SMMT.