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François Allain de l’émission Vintage Mecanic s’est intéressé à la question du rétrofit électrique. La conversion a été réalisée au cours de la restauration d’une Citroën 2 CV fourgonnette AKS 400. C’est l’équipe du 2CV Méhari Club Cassis qui a réalisé le projet. À la tête de l’entreprise, Stéphane Wimez explique cette aventure à nos lecteurs.
Produite entre 1970 et 1978, l’AKS 400 est la 2 CV qui offre la cellule utilitaire la plus spacieuse. Elle a pour cela été rehaussée de 20 cm et rallongée après les passages de roue arrière. Son type annonce ses 400 kilos de charge utile. En progression de 50 kg par rapport à l’AK 350.
L’exemplaire retenu par Vintage Mecanic (diffusion RMC Découverte) est idéal mécaniquement pour une conversion. Son bloc essence était HS. Mais pas sa boîte de vitesses qui sera conservée après un bon rafraîchissement et le changement de 2 roulements.
Au niveau de la carrosserie, un gros travail de restauration a dû être effectué. Il comprenait le remplacement du châssis, pas prévu au départ. « C’est le problème avec les fourgonnettes ! Pour les berlines, toutes les pièces sont disponibles, on ne craint pas grand-chose. Mais avec les utilitaires, on a parfois pas mal de surprises. Au 2CV Méhari Club Cassis, nous devons passer parfois des dizaines d’heures en tôlerie sur un élément », commente Stéphane Wimez.
« Je connais François Allain depuis 2016. À la suite d’un épisode de Vintage Mecanic sur la restauration d’une Citroën 2 CV. Nous avons vécu ensemble le Tour Auto 2018. Il conduisait une Type A de 1951 pour les 70 ans de la 2 CV. C’est un grand fan de ces voitures. Il connaissait déjà notre entreprise avant que je la reprenne », explique le dirigeant du 2CV Méhari Club Cassis.
« L’idée de convertir une 2 CV dans l’émission est née d’une discussion entre nous. François Allain est très attaché à l’origine pour la restauration des voitures anciennes. Comme chez beaucoup de passionnés, la conversion électrique le perturbait. Il avait découvert notre Eden sur base de Méhari », poursuit-il.
« Dans l’épisode diffusé sur RMC Découverte, on voit François Allain en plein doute sur le rétrofit. Ce n’était pas feint. Il était très sincère dans cette séquence. Pour tenter l’aventure, il lui fallait une vraie raison. La 2 CV fourgonnette lui en a fourni une. Elle constitue une enseigne publicitaire pour beaucoup de commerçants qui livrent dans les centres-villes. En outre, ce modèle n’a pas encore été converti à l’électrique en France. C’était un point incontournable dans le choix du véhicule », révèle-t-il.
« Au 2CV Méhari Club Cassis, nous recevons pas mal de demandes de restauration sur des 2 CV fourgonnettes. Elles proviennent de restaurateurs, d’hôteliers et d’autres commerçants. Les Zones à faibles émissions qui se développent dans certaines grandes villes se présentent comme un frein à l’utilisation de ces voitures », explique Stéphane Wimez.
« Vintage Mecanic doit trouver un acquéreur des véhicules restaurés pendant les émissions. Ce n’est pas toujours facile. Mais pour notre 2 CV fourgonnette rétrofitée, Emmanuel Dufour a pris sa décision d’achat quasi instantanément. Dès que le projet lui a été présenté », se réjouit encore notre interlocuteur.
« Emmanuel Dufour est le fondateur dirigeant des magasins bio Marcel & Fils. Une trentaine d’établissements portent son enseigne dans la région. La Citroën 2 CV, c’est un peu sa madeleine de Proust. Un modèle qui va lui permettre de livrer dans les ZFE ne pouvait que l’intéresser. Son émotion palpable à la livraison du véhicule est bien réelle », traduit-il.
« C’est plus avec la production de l’émission qu’il y a eu un gros travail à effectuer. Le rétrofit, qui suppose qu’à la fin le véhicule livré n’est pas conforme à l’origine, c’était du jamais vu dans Vintage Mecanic. C’est quasiment un hors-série », témoigne Stéphane Wimez.
« L’émission a beaucoup fait parler avant et après sa diffusion. On ne pouvait pas faire autrement que de partir sur un cas d’usage. Le rétrofit est une solution intéressante pour continuer à rouler en ancienne », assure-t-il.
« Je suis un passionné d’anciennes. Je constate que chez beaucoup de jeunes, le rapport à l’automobile a changé. Ils peuvent être séduits par les lignes d’une 2 CV. Mais les anciens moteurs représentent pour eux des contraintes ou l’inconnu. Une 2 CV électrique retient leur attention, car elle est beaucoup plus simple d’utilisation et dans son fonctionnement. C’est drôle que le rétrofit permette de réconcilier les jeunes avec les voitures anciennes », lâche-t-il.
« L’équipe de tournage de RMC Découverte a été très pro. Ce sont de véritables passionnés. Ils ont passé 6 jours non-stop sur la restauration et la conversion de la fourgonnette. Ont suivi des dizaines d’heures pour le montage final et un gros boulot sur l’infographie 3D. Cet investissement explique la très grande qualité de l’émission », relate Stéphane Wimez.
« Vintage Mecanic s’adresse à un public très large. Pas qu’aux passionnés qui peuvent se montrer parfois très critiques. Elle vise aussi les néophytes. Une histoire est écrite au préalable, ponctuée de moments comiques », rapporte-t-il.
« Des improvisations sont toutefois possibles. En faisant le tour du site pour repérage, la personne qui pilote le tournage imagine des scènes au dernier moment. Comme celle où François Allain simule de décider seul le démontage d’un compteur sur une épave. On le voit se faire surprendre par un gardien avec un chien. Ça, c’est de la pure fiction », s’amuse-t-il.
« Nous avons eu la chance d’obtenir une vitrine d’une heure du rétrofit sur RMC Découverte. Elle permet de montrer aux gens ce qu’est réellement cette opération. Et que ce n’est pas du bricolage qu’on fait au fond d’un garage. Le tournage a été vécu avec une grande fierté par les équipes du 2CV Méhari Club Cassis », souligne Stéphane Wimez.
« L’épisode montre également les travaux que nous avons effectués sur le site. En particulier le nouveau bâtiment de 5 600 m2 en développé inauguré en janvier 2020. Environ 3 000 m2 sont consacrés au stock. Ceci afin d’honorer rapidement les commandes de plus en plus nombreuses qui nous parviennent du Net. Le tout était auparavant disséminé en plusieurs points. Nous avons maintenant un véritable outil logistique avec picking », détaille-t-il.
« Nous avons également pu rapatrier ici les ateliers de restauration. Ce qui nous permet de gagner en efficacité, puisque les pièces neuves à utiliser sont désormais toutes proches. Ceci dit, nous conservons le bâtiment historique, près de la gare de Cassis. Il sert en particulier de showroom », complète-t-il.
« L’émission montre la remise de la 2 CV convertie à son nouveau propriétaire. Dans la réalité, ce dernier va devoir attendre l’homologation avant de pouvoir rouler avec. Ce qui laisse d’ailleurs le temps de réaliser la décoration publicitaire pour le commerçant. Une maquette est en cours de finalisation », resitue Stéphane Wimez.
« L’épisode a été tourné fin 2020. À cette période, nous étions en pleine campagne d’homologation du kit de conversion électrique de la 2 CV 6. Il faut une homologation par type de véhicule. D’où l’obligation de soumettre un processus spécifique à la fourgonnette », met-il au grand jour. « Il y a cependant toute une partie des tests que nous n’aurons pas à refaire. À la base, c’est le même kit, avec le même moteur et la même batterie. Il faudra cependant reprendre les process pour la bonne répartition des masses, les perturbations électromagnétiques, et le cycle WLTP », détaille-t-il.
« L’homologation pour la fourgonnette devrait donc être reçue avant l’été. À partir de ce moment-là, nous pourrons convertir d’autres exemplaires du même modèle », anticipe-t-il.
L’épave a été achetée 1 200 euros par la production, et revendue 27 000 euros au commerçant. Stéphane Wimez s’était engagé sur une enveloppe de 20 000 euros pour effectuer la restauration et la conversion. Mais le châssis, orné d’une corrosion perforante, a dû être remplacé pour 1 200 euros supplémentaires. L’émission montre la réalisation de cette plateforme neuve en 6 heures dans l’atelier de ferronnerie. Le gain final s’élève pour François Allain à 4 600 euros.
La carrosserie et la mécanique ont nécessité 220 heures de travail. « Ce qui comprend les étapes de démontage et remontage. Mais aussi la rénovation d’éléments (boîte et trains), les travaux de tôlerie, de carrosserie et de peinture », précise notre interlocuteur. La coupe et la couture du tissu, ainsi que le montage sur l’armature des sièges ont pris 3 heures.
Et 68 heures ont été consacrées au rétrofit électrique. « On y trouve déjà les étapes d’assemblage du kit lui-même. Ainsi que l’analyse d’implantation (répartition du poids, passage de câbles). Mais aussi le montage dans la voiture, l’adaptation du faisceau, etc. », liste-t-il.
« Bien entendu, nous n’avons pas pu répercuter l’ensemble de ces heures. Car une partie du temps passé était lié au fait que c’était la première réalisation sur ce modèle. La pose du kit en temps normal s’effectue en une vingtaine d’heures pour la 2 CV. Sa fabrication est incluse dans le prix de vente de 12 000 euros TTC », modère Stéphane Wimez.
« La partie restauration sur une fourgonnette peut réserver pas mal de surprises. Et donc générer des écarts importants d’un cas à l’autre. Ce qui rend difficile de généraliser un coût global pour rétrofiter une AKS 400 », prévient-il.
« Bon à savoir : Par rapport à une voiture particulière, davantage d’aides sont disponibles pour convertir à l’électrique un utilitaire. La prime gouvernementale à la conversion est de 5 000 euros. Il existe également des aides régionales au rétrofit. Elles s’étendent de 1 500 à 6 000 euros selon les territoires », conclut-il.
L’épisode de Vintage Mecanic consacré à la renaissance de la 2 CV AKS 400 a été diffusé jeudi 11 mars à 21 h 05 sur RMC Découverte. Son replay est encore disponible jusqu’à vendredi 19 mars 2021 à 0 h. Une rediffusion est programmée jeudi 25 mars à 22 h 20, avec un nouveau replay accessible jusqu’au jeudi 1er avril 2021.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Stéphane Wimez pour sa réactivité, sa disponibilité et sa confiance.
Philippe SCHWOERER
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