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Témoignage : Killiam fait 100 000 km par an en voiture électrique à petite batterie !

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Kiliam et sa Honda e
Kiliam et sa Honda e

Photographe indépendant, Kiliam Gerbault roule en électrique depuis 2020 afin de modérer l’empreinte carbone de ses déplacements. Ce qui ne l’empêche pas de rechercher aussi le confort et le plaisir de conduire dans le choix de ses véhicules.Hyundai Ioniq 28, Honda e, Seat Mii : des modèles branchés que beaucoup écarteraient avec de longs trajets à réaliser en permanence. Pourtant, le coéquipier d’Arnaud dans le Tour du monde en 80 bornes organisé par Revolte n’hésite pas. Aux lecteurs d’Automobile Propre, il explique ses choix.

Modérer l’empreinte de ses déplacements

Kiliam, 24 ans, n’était pas prédestiné à devenir électromobiliste rapidement : « J’ai vu mon père rouler dans toutes les Honda sportives Type R, le cabriolet S2000 et en Lotus Elise. Moi-même j’étais en Honda CR-Z hybride avant de passer à l’électrique. Parcourant de l’ordre de 100 000 kilomètres en France et à l’étranger en particulier pour mon métier, j’ai fait le choix du VE pour ne plus autant relâcher de CO₂ et de polluants dans l’atmosphère ».

Rouler en voiture électrique oui, mais pas avec n’importe lesquelles : « Pas question de SUV, mais une petite batterie, et si possible de chimie LFP pour limiter l’emploi de matériaux critiques et l’empreinte carbone à la fabrication. Je sais bien qu’un plus gros pack permet de faire potentiellement durer plus longtemps une voiture électrique, mais je pense que, quelle que soit la capacité de la batterie, après 200 000 km elle trouvera difficilement preneur et sera probablement détruite ».

Pour les mêmes raisons, un autre point lui apparaît important : « Je recherche aussi des modèles fiables avec le moins possible de pièces à remplacer, car fabriquer ces éléments c’est aussi une source de pollution. Bref, je me porte sur les VE qui, tout en pouvant répondre à mes besoins, polluent le moins possible sur leur cycle de vie. Bien sûr, on pourra me dire que la Honda e avec ses larges écrans, c’est sans doute pas le mieux, mais je me permets parfois ce craquage pour des voitures que j’achète d’occasion ».

Pas de moyen de recharge personnel

Beaucoup d’automobilistes pensent que pour passer à l’électrique il faudrait forcément pouvoir recharger sa voiture depuis chez soi. Kiliam prouve là aussi que ce n’est pas impératif : « Je ne vais que sur des bornes rapides. Pas loin de chez moi, j’ai un magasin Carrefour avec une recharge possible jusqu’à 150 kW. Avec moi, les VE que j’utilise ne connaissent ni les prises domestiques ni les bornes lentes. C’est pour cela que je recherche des modèles efficients capables de se recharger dans un temps assez correct ».

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Dépendant des infrastructures extérieures pour régénérer la batterie, le pro de la photo a forcément vu les réseaux évoluer : «  Je suis passé à l’électrique fin 2020. À cette époque, j’ai connu de gros problèmes de recharge avec des bornes en panne, indiquées mais inexistantes, et des maillages pas suffisamment denses. C’est beaucoup mieux aujourd’hui et l’on peut vraiment s’appuyer sur ce qui existe pour voyager loin en électrique même avec de petites batteries. Il faut juste que le véhicule accepte la recharge rapide ».

Pour sa première voiture électrique, le photographe aventurier a longuement réfléchi au modèle à prendre en occasion : « La BMW i3 était trop chère, la Renault Zoé pas assez fiable et avec une vitesse de recharge trop limitée, la Nissan Leaf était en CHAdeMO, etc. Efficiente et se rechargeant rapidement avec son connecteur CCS, la Hyundai Ioniq 28 couvrait tous mes besoins. C’était pour moi la plus cohérente à ce moment-là. J’en ai eu deux l’une derrière l’autre ».

Toute la France parcourue en Ioniq 28

Avec la batterie de 28 kWh, la berline Ioniq était créditée par Hyundai d’une autonomie NEDC de 280 km, mais il valait mieux ne pas tabler sur beaucoup plus de 200 km. Pourtant Kiliam n’a pas hésité à sortir de l’Hexagone avec cette voiture électrique : « Mon plus long déplacement, c’était pour aller en Autriche, avec 2 000 km parcourus en 2 jours. Mais il n’y a pas un coin de France que je n’ai pas fait avec elle. Je l’ai conservée 8 mois, achetée à 60 000 km et revendue à 120 000 ».

De quoi rapidement se faire une opinion sur ce modèle très prisé des électromobilistes en recherche d’efficacité énergétique : « Son atout numéro un, c’est effectivement son efficience. J’ai relevé une consommation moyenne de 14,7 kWh/100 km sur la durée, alors que je roule beaucoup sur des voies rapides et autoroutes. En revanche je ne dépassais pas le 110 km/h, et roulais à 80 quand la limite était à 90. Selon la distance à couvrir, je conduisais en mode Normal ou Sport, toujours avec le niveau de régénération maximal et sans utiliser les palettes derrière le volant ».

Autre point fort : « C’est une voiture qui a un niveau d’équipement exceptionnel, avec déjà une semi-conduite autonome, des sièges ventilés et chauffants, une pompe à chaleur, etc. En revanche son estimation de l’autonomie n’est pas très fiable, avec une deuxième moitié de l’énergie qui disparaît plus vite que la première. D’où des surprises. Quand elle indique 50 %, il ne reste en réalité que 43 %. Dans son usage, je comparerais la Hyundai Ioniq 28 à une Honda Civic : ce n’est pas une voiture à vocation sportive ».

Un modèle fiable

Pourquoi avoir remplacé par le même modèle la première Hyundai Ioniq 28 ? « J’aime bien changer régulièrement de voiture. Quand j’ai laissé la première Ioniq 28, c’était dans l’idée de prendre un modèle différent. Mais, au bout de 8 mois, j’ai constaté que le marché de l’occasion n’avait pas vraiment changé, avec des prix toujours élevés. Le réseau de recharge ne s’était pas vraiment amélioré non plus. Du coup la Ioniq 28 restait encore le meilleur choix par rapport à mes besoins. J’ai donc échangé la grise contre une blanche ».

La fiabilité de ce modèle est quasiment légendaire dans le milieu des électromobilistes : « Je n’ai rencontré aucun souci avec la première. Sur la seconde, j’ai juste eu un problème de connecteur de charge qui ne se verrouillait plus. Curieusement, il a suffi d’effacer les défauts du véhicule à partir de la prise ODB pour que ça fonctionne à nouveau. Je n’ai pas eu la défaillance du roulement du réducteur ou moteur ».

Kiliam a parcouru 80 000 km avec la seconde Ioniq 28 acquise à 60 000 km. Mais un autre modèle trottait dans sa tête, très en phase avec son histoire familiale : « Je suis tombé amoureux de la Honda e dès la présentation de son concept Urban EV en 2017. Je m’étais dit que j’en aurais une un jour et j’ai suivi tout son développement ».

Désillusion

Nous sommes alors en 2023 : « Le réseau de recharge s’était déjà bien amélioré. La Honda e traîne la mauvaise réputation de n’avoir pas beaucoup d’autonomie. Pourtant elle a une batterie plus capacitaire sur le papier avec ses 36 kWh bruts. Ayant remarqué avec la Ioniq 28 que j’étais capable d’obtenir davantage d’autonomie que les valeurs officielles, j’ai pensé que je tirerais plus que les 210 km WLTP. J’ai vécu une véritable désillusion ».

La Honda e de Kiliam
La Honda e de Kiliam

En cause les choix faits par Honda : « Récupéré de la Civic hybride, le moteur électrique consomme beaucoup. J’ai relevé une moyenne de 16,2 kWh/100 km. Normalement, la capacité nette de la batterie devrait être de 28 kWh, mais j’ai calculé 26 kWh vraiment utiles, indépendamment des pertes. Je n’arrivais même pas à avoir 200 km d’autonomie. Sur l’autoroute, ça donne 40 minutes de roulage après 40 minutes de recharge ».

Pourtant l’électromobiliste passionné dit de la Honda e : « C’est la meilleure voiture que j’ai eue, mais c’est la plus mauvaise voiture électrique ». Une curieuse appréciation qu’il justifie ainsi : « Au niveau du confort, de l’isolation phonique et du plaisir de conduire, elle est vraiment excellente. C’est donc à ces niveaux la meilleure que j’ai eue. Quand je roulais avec elle, j’avais le sourire en permanence. On peut s’amuser un peu avec cette voiture, c’est une propulsion et il est possible de désactiver l’ESP. Grâce à un bon châssis, sa tenue de route est exceptionnelle, me rappelant les Honda Type R de mon père ».

Une voiture qui attire les regards

Finalement, la Honda e est la voiture électrique que Kiliam aura utilisée le plus longtemps : « En un peu plus d’un an, j’ai parcouru 110 000 km avec elle. Aujourd’hui, il y a suffisamment de bornes de recharge en France pour que je puisse bien l’exploiter. Il m’a juste fallu prendre en compte que le trajet fait partie de mon voyage. Mais je comprends bien que tout le monde ne peut pas sacrifier une journée, par exemple pour se rendre sur son lieu de vacances ».

Pour le photographe, les arrêts recharge ne sont pas perdus : « J’en profite pour travailler. Ainsi, par exemple, en triant ou en retouchant des visuels. Il m’est souvent arrivé que des gens viennent à ma rencontre pour voir la voiture de près. Quand je roulais, j’ai souvent eu droit à des pouces levés. C’est l’effet néo-rétro, ça plaît aux gens. Maintenant c’est davantage la Renault 5 E-Tech qui bénéficie de cette sympathie ».

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Et auprès des passionnés de l’automobile ? : « La Honda e n’est pas perçue comme une voiture électrique normale. C’est une des rares à intéresser aussi les pro-thermiques, par exemple pour en faire leur seconde voiture. On en voit très peu. En recharge, je n’en ai jamais croisé, et sur route pas beaucoup. Quelques-unes à Paris, parfois en province mais seulement le week-end, sans doute parce que c’est une voiture que ses utilisateurs sortent pour le plaisir de rouler ».

La Honda e revendue à regret

Avec sa Honda e, Kiliam s’est fait un petit plaisir : « J’ai fait le tour des Alpes en passant par tous les cols en France et en Suisse. Il me fallait recharger à 100 % la batterie avant de m’élancer vers un sommet. Heureusement, j’ai découvert que cette voiture a un buffer bas important avec lequel on peut parcourir jusque 60 km quand il est indiqué 0 % au tableau de bord. J’évalue cette réserve à 30 % de la capacité de la batterie. J’aurais aimé conserver cette voiture plus longtemps, mais j’ai dû la revendre quand j’ai perdu mon taf ».

Maintenant que la situation s’est améliorée, il roule depuis début février 2025 avec une autre des reines de l’efficience : « J’ai pris une Seat Mii. C’est un modèle qui a décoté de façon impressionnante. Après négociation, je l’ai obtenue à 7 100 euros, pour 50 000 km depuis sa sortie en 2020. Elle approche des 100 000 km maintenant. Sur un Paris-Bordeaux, sa consommation est de 10,8 kWh/100 km en excluant les voies rapides et autoroutes, et dans les 12 kWh autrement. Par -10° C, j’ai observé 18 kWh/100 km, comme avec la Ioniq 28 qui, elle, est équipée d’une pompe à chaleur ».

La Seat Mii Electric de Kiliam
La Seat Mii Electric de Kiliam

La Seat Mii présente cependant un inconvénient majeur : « Normalement, avec ses 260 km d’autonomie réelle, c’est la voiture la plus cohérente que j’ai eue pour mon usage. Cependant, à cause du rapidgate, on a du mal à effectuer de longs trajets avec elle si on ne passe pas par les petites routes. Par une température caniculaire, j’ai déjà vu la batterie mal refroidie monter à 48° C. Dans ce cas la recharge est bridée à 7 kW de puissance, même si son niveau d’énergie est à 5 % ».

Quels modèles après ?

Kiliam n’a cependant pas l’intention de remplacer pour l’instant sa Seat Mii électrique : « C’est une voiture qui ne coûte rien en entretien, peu en énergie, et pas plus de 50 euros d’assurance par mois ». Mais il a déjà des envies : « Je reprendrai peut-être plus tard une Honda e ou une MG Cyberster quand elle sera plus accessible ».

Plus raisonnablement : « J’attends aussi de voir ce que donneront les futures Volkswagen ID.2 et nouvelle Renault Twingo. De basses consommations ont été annoncées, j’aimerais bien connaître l’avis des journalistes qui les essaieront. Mais pour mon usage, ce ne sera pas tout de suite, puisque j’achète mes VE d’occasion quand leurs prix sont devenus abordables ».

Si l’on ajoute à son palmarès les 14 388 km qu’il vient de réaliser en 22 jours lors du Tour du monde en 80 bornes avec une Tesla Model 3 de 400 000 km, ce jeune électromobiliste prouve qu’on peut se déplacer loin en VE : même avec une petite batterie ; quand ils sont très kilométrés ; et/ou quand ils présentent des handicaps majeurs ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Kiliam pour sa réactivité, son accueil, sa sympathie, et son témoignage que nous avons sollicité.

Pour rappel, toute contribution désobligeante à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimée. Merci de votre compréhension.

Avis de l'auteur

Plein de choses à retenir de ce témoignage. Tout d'abord que l'on peut très bien venir d'un milieu bercé par les sportives thermiques et passer électromobiliste après une vraie réflexion sur l'impact de ses déplacements personnels et professionnels. C'est aussi ce qui m'a fait adopter le VE il y a 18 ans alors que je roulais beaucoup en anciennes ou youngtimers. Ce qui est aussi criant ici, c'est qu'avec la volonté et la faculté de s'adapter aux limites et parfois même défauts des ses voitures électriques, il est possible d'aller loin, contredisant tous les automobilistes encore frileux quand on leur annonce pourtant des autonomies de 500 km et un réseau de recharge qui s'est bien développé. Même avec l'impossibilité de se brancher chez soi, beaucoup pourraient trouver des bornes à exploiter. Il existe bien sûr toujours quelques zones compliquées pour rouler en VE, mais elles se font de plus en plus rares. Heureusement !

Philippe SCHWOERER

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