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Automobile-Propre fait le bilan de 2023 ! Chacun leur tour, les membres de la rédaction partagent coups de coeur et coups de gueule… et commencent à jeter un oeil sur 2024. On continue aujourd’hui avec Philippe, qui fait une ode à la décroissance, mais une décroissance qui doit rester fun !
Personnellement, je trouve que le marché de la voiture électrique est actuellement en plein dérapage incontrôlé. Il est dénaturé par la démesure de trop nombreux modèles, par des tarifs hors de portée pour une majorité d’automobilistes et des styles agressifs. Où sont donc les citadines funs, pratiques et efficientes ?
La voiture qui pourrait bien symboliser un virage capable d’emporter aussi bien les jeunes, les aînés, les femmes que les artisans et la restauration rapide, c’est un quadricycle. Il s’agit de la Fiat Topolino dont les commandes sont ouvertes en France depuis peu, avec de premières livraisons au printemps 2024.
Elle s’appuie sur l’Ami que Citroën a bien du mal à rendre séduisante, invoquant une parenté bien incohérente avec les Ami 6 des années 1960. Fiat s’est magistralement approprié le concept en lui donnant de la couleur et de la gaîté. De l’avant, comme de l’arrière, la nouvelle Topolino évoque parfaitement la 500 produite entre 1957 et 1975, une voiture minimaliste mais brougrement attachante.
Elle abandonne le désespérant gris apprêt d’après Seconde Guerre mondiale pour une décroissance joyeuse façon dolce vita. La marque italienne a eu raison de ne pas rester coincée dans l’idée de départ du groupe Stellantis d’unifier le look de la bouille et de l’arrière-train. Une autre liberté serait très certainement de nature à booster son succès : proposer une version en quadricycle lourd. Un peu à l’image de la Fiat 600 plus pêchue, plus spacieuse et proposée deux ans plus tôt que la 500.
L’Ami ne se fait plus si rare en France. La Topolino pourrait bien lui souffler une bonne partie de sa clientèle, d’autant plus que Fiat mise sur une location à 59 euros par mois, après un premier versement de 900 euros couvert par le bonus. La voir se répandre dans les villes déciderait peut-être les constructeurs à passer enfin aux citadines électriques convaincantes.
Pour 2023, mon coup de cœur revient à vous chers lecteurs, et en particulier à ceux qui m’ont confié avec confiance leurs témoignages. Ces rencontres, le plus souvent par téléphone, sont devenues de véritables discussions amicales. Ce qui se traduit par des échanges beaucoup plus longs qu’auparavant. L’année dernière encore, l’appel durait 20 à 30 minutes. En 2023, plusieurs ont atteint et même dépassé l’heure.
Cette année a été celle de la diversification, avec des interlocuteurs très différents les uns des autres et des raisons plus variées de venir à l’électromobilité. Plusieurs mois après, certains témoignages sont encore très présents dans ma mémoire. En voici trois, en particulier, qui montrent aussi que le lectorat d’Automobile Propre n’est pas limité à la France.
L’entretien qui m’a le plus touché cette année, c’est celui que j’ai eu en août dernier avec Jan Kempynck, ce motoriste belge de compétition qui est venu à la voiture électrique et à la Renault Megane E-Tech parce que les moteurs qu’il aime n’existent plus. Votre témoignage, cher Jan, m’a tellement rappelé ma propre histoire avec une enfance pour moi qui a l’odeur de l’huile de vidange tiède, de la colle à rustine, des nettoyants moteurs et des carburants. Derrière tous ces produits d’un autre âge, on trouve aussi une sensibilité qui sait s’exprimer.
Il y a également beaucoup de passion automobile et de sympathie chez Thierry qui est passé d’une Ford Mustang V8 à une Tesla Model 3. Votre parcours confirme qu’aujourd’hui les voitures électriques sont devenues suffisamment attrayantes pour les préférer à des modèles thermiques de rêve, parfois mythiques. Votre démarche est de nature à convaincre bon nombre d’automobilistes à porter un autre regard sur les VE, de telle sorte que d’y arriver ne soit pas forcément une contrainte ni un adieu au plaisir de conduire.
Nicolas, lui, est Suisse. Quitter son pays pour rejoindre le Limousin en Peugeot e-208 n’est pas un problème pour lui. C’est sans doute le mot « sagesse » qui s’applique le mieux à votre témoignage, avec ce souci de vouloir communiquer en toute sincérité sans chercher pour autant à imposer une solution ou une démarche. Peut-être que ça ne ressort pas assez de l’article, mais c’est le souvenir que j’en ai. Et puis il y a cet amusant point commun avec la Creuse où j’ai passé une bonne partie de mes courtes vacances quand j’étais gamin.
L’année 2023 a été marquée par une envolée des prix de la recharge, en particulier au niveau des bornes 22 kW AC. Partageant depuis une vingtaine de mois le quotidien de ceux qui n’ont pas un moyen de brancher chez eux leur voiture électrique, je peux témoigner que ce problème est de nature à donner envie de faire machine arrière et revenir aux moteurs classiques.
L’UFC-Que Choisir a d’ailleurs confirmé mes propres observations qui vont à la fois à l’encontre du principe de l’interopérabilité et des besoins locaux. Pour un même réseau, il suffit de changer de département pour tomber sur des modèles de tarification très différents et pas toujours clairement mis en évidence sur les bornes.
A l’augmentation des prix s’ajoutent aussi de plus en plus souvent des pénalités au temps de connexion. Par exemple au bout de 5 heures. Quelle autonomie tire-t-on d’un tel système ? Pour une voiture qui embarque un chargeur 7 kW, ça pourrait être suffisant pour recevoir 35 kWh d’énergie, soit de quoi parcourir environ 300 km. Sauf que ces bornes ne délivrent souvent qu’une puissance comprise entre 5 et 6,5 kW, qui est encore divisée par deux si un autre véhicule est branché en même temps. A 3 kW, les 5 heures ne permettent plus que de recevoir 15 kWh, soit de quoi rouler 100 km. Bien trop peu pour qui a un long trajet à réaliser.
Présentées comme une juste mesure pour faciliter la rotation aux bornes, ces pénalités soulignent au contraire l’incapacité des réseaux concernés à installer du matériel performant et en suffisance. Et c’est l’utilisateur qui en fait les frais. Ces sanctions sont en outre parfaitement intolérables sur des bornes peu utilisées.
Par ailleurs, la recharge de nuit qui est moins souvent sujette aux pénalités n’est pas toujours une solution sûre dans les zones où le vandalisme est plus ou moins fréquent. Les voitures électriques peuvent au contraire devenir des cibles, car perçues comme un avantage pour des conducteurs relativement aisés.
Régulièrement, les réseaux qui appliquent des tarifs élevés pour la recharge 22 kW AC veulent minimiser la situation en assurant que ce sera toujours moins cher que de rouler au gazole. C’est faux dans bien des cas, car de nombreuses personnes qui sont passées à la voiture électrique achetaient auparavant des modèles essence ou diesel d’occasion à moins de 5 000 euros.
Le système doit être revu, en particulier pour que les syndicats départementaux de l’énergie ne se retrouvent pas coincés avec des contraintes qui les obligent parfois à signer des contrats d’approvisionnement très chers sur plusieurs années.
Plus qu’une voiture, c’est une série de véhicules électriques que j’espère voir débarquer au plus vite. C’est la série des « 2 » : Tesla Model 2, Hyundai Ioniq 2, Kia EV2. Des citadines donc. J’aimerais découvrir au plus vite ce que ces trois marques qui peuvent proposer des VE particulièrement efficients sont capables de faire avec des modèles conçues d’abord pour la ville. Parviendront-ils à faire mieux que la Volkswagen e-Up! et ses dérivés qui sont des modèles de sobriété ?
Il serait peut être temps de dépasser la course à qui sortira la plus grosse ou la plus longue. C’est quoi les principales raisons qui doivent pousser à adopter l’électromobilité à l’échelle mondiale ? N’est-ce pas réduire les émissions de CO2, rendre l’air plus respirable dans les villes et consommer moins d’énergie ? Si c’est bien cela, où sont les voitures électriques qui répondent à ces enjeux ? Il est grand temps de se mobiliser dessus et de dépasser le stade des annonces, des concepts et des promesses.
S’il est possible de rouler l’été sans se traîner sur des routes départementales en Kia e-Niro, Hyundai Ioniq et Tesla Model 3 en consommant autour des 12,5 kWh/100 km, ces trois marques devraient pouvoir nous étonner avec des citadines affichant moins de 10 kWh/100 km. Et ce, pour un prix catalogue abordable, il faut l’espérer. Les automobilistes sont nombreux à attendre que le marché se diversifie de la sorte.
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