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Vendue moins de 10 000 € après déduction des primes et bonus, la Dacia Spring rend la voiture électrique enfin accessible à tous. Mais combien de kilomètres peut-on réellement rouler à ce prix ? Nous l’avons testée sur routes nationales et départementales jusqu’à épuiser sa batterie. La Spring a tenu ses engagements et n’a définitivement rien à envier à la concurrence.
La Dacia Spring est maline. En conservant l’ADN d’une petite voiture, elle infiltre la folie du tout-SUV qui a gagné la plupart des constructeurs automobiles. Car au-delà des quelques touches cosmétiques, la Spring n’a pas grand-chose d’un SUV. C’est un véhicule compact, simple, sans chichis et particulièrement accessible. Elle démarre à 12 400 € après déduction du bonus écologique et peut descendre bien en deçà en cumulant prime à la conversion et aides locales.
À ce tarif, la Spring promet une autonomie très honorable : jusqu’à 305 km en cycle urbain et 230 km en cycle mixte WLTP. Mais quelle distance peut-on parcourir en réalité ? Pour le savoir, nous avons roulé jusqu’à vider sa petite batterie de 27,4 kWh utiles. La boucle, entre Vélizy-Villacoublay et Orléans, n’est composée que de nationales et départementales. Nous avons fait le choix de ne pas dépasser la vitesse de 80 km/h afin de refléter un trajet classique sur ce type d’axe.
Au départ, la Spring affiche 100 % de batterie. Son tableau de bord, bien que très dépouillé, a le mérite d’afficher le pourcentage d’énergie restante. Une indication d’autonomie en kilomètres est également présente et se montre assez fiable au fil du trajet. Entre les cadrans du powermètre et de la jauge de batterie, un petit écran numérique relaye toutes les informations utiles : consommation instantanée, compteur kilométrique, consommation et vitesse moyennes. Certains véhicules pourtant plus coûteux que la Spring affichent ces données avec moins de clarté. L’implantation du bouton de défilement, placé à l’ancienne sur le tableau, est le seul défaut à relever.
La finition « Confort+ » testée nous gratifie d’un écran d’infodivertissement 7 pouces compatible Android Auto et Apple CarPlay. Un système qui permet, entre autres, d’utiliser sa propre application de navigation (Waze, Google Maps…) Il est de bonne facture, clair et réactif malgré une souplesse un peu excessive de la surface de l’écran. L’équipement vaut le léger surcoût de la finition (+1 500 €), d’autant que cette dernière inclut un radar/caméra de recul ainsi qu’une roue de secours.
Sur le siège conducteur, le confort est basique, mais tout à fait acceptable pour un tel véhicule. Mon bras gauche est un peu à l’étroit contre le montant de portière et ma chevelure flirte avec la garniture de toit, sans que cela ne handicape la conduite. Le principal défaut réside dans l’absence de réglage du siège en hauteur. Même constat pour le volant, qui est totalement fixe. Les personnes de grand gabarit doivent donc se contenter d’un champ de vision plus limité. Le pare-brise de la Dacia Spring s’arrêtant assez bas, l’horizon est parfois masqué lorsque le relief est prononcé.
À l’arrière, l’habitabilité est plus restreinte. Si 2 passagers de taille classique y seront à l’aise, le confort n’est absolument pas suffisant pour des personnes volumineuses. La Spring ne peut d’ailleurs pas accueillir de 3e passager sur la banquette arrière, celle-ci n’étant pas équipée de ceinture sur l’emplacement du milieu.
La météo est favorable le jour de l’essai. Inutile d’activer la climatisation ni le chauffage, inclus de série sur toutes les versions. Le système se règle manuellement, il est composé d’une simple résistance pour l’air chaud et d’un compresseur pour l’air froid. Le flux est délivré rapidement et ne consomme pas excessivement d’énergie : 1 kW pour la climatisation et 2 à 3 kW pour le chauffage (à vitesse intermédiaire et intensité maximale). La résistance consomme cependant jusqu’à 8 kW en pic pendant quelques dizaines de secondes, avant de se stabiliser. L’impact est finalement raisonnable : chaque heure d’utilisation, le chauffage fait perdre entre 15 et 25 km d’autonomie et la climatisation moins de 8 km.
Entre Vélizy et Orléans, les routes nationales et départementales n’ont rien d’exceptionnel. C’est un itinéraire de routine, idéal pour tester l’autonomie, moins pour éprouver les performances de la Dacia Spring. Son modeste moteur de 33 kW (45 ch) et 125 Nm de couple est donc complètement adapté au trajet. Il n’a aucune peine à franchir les quelques petites côtes et accélère suffisamment pour atteindre la vitesse de croisière (80 km/h) en un temps acceptable. Si les 19,1 secondes annoncées pour franchir le 0 à 100 km/h paraissent inacceptables sur le papier, la petite voiture honore sa mission sans rien envier aux autres véhicules. Que l’on roule en Porsche Taycan ou Dacia Spring sur les départementales, le temps de parcours demeure identique.
Notre préférence se porte même sur la low cost lorsqu’il s’agit de parcourir un chemin fait de pierres et de terres. La Spring trace sa voie à travers champs, franchit ornières et gros cailloux, sans froisser les lombaires du conducteur. Ses suspensions ne relèvent pas de l’excellence, mais sont correctement ajustées. Elles restent correctes même si les aspérités de la route sont nettement perceptibles dans l’habitacle. Dans les virages prononcés ou pris à vitesse trop élevée, la Spring a toutefois tendance à s’écraser sur ses appuis. N’envisagez pas de la conduire avec sportivité et redoutez le côté obscur de la force centrifuge.
La Dacia Spring est surtout conçue pour se déplacer en voiture à moindres frais sans polluer. Pour se distinguer, elle n’a pas besoin d’embarquer de moteurs excessivement puissants ni d’équipements superficiels. Tout ce qu’elle embarque est utilisé au maximum de sa capacité : les chevaux, les outils de conduite et même la batterie. Ainsi, au terme de la boucle, nous avons pu parcourir 216,5 km. Une performance très proche des 230 km promis en cycle mixte WLTP, d’autant qu’il restait 3 % d’énergie dans la batterie.
Avec une consommation moyenne de 13,2 kWh/100 km, la Dacia Spring s’est montrée particulièrement sobre. Elle prouve son efficacité sur ce type d’itinéraire, que nous avons parcouru à une vitesse moyenne de 64,9 km/h. Peu coûteuse à l’achat, la petite électrique est aussi très économe à l’usage puisqu’à cette allure, elle nécessite seulement 1,78 € d’énergie pour 100 km (rechargée au tarif réglementé heures creuses actuel soit 0,135 €/kWh). C’est 5 fois moins qu’une Twingo essence 65 ch, qui consomme environ 9 € de carburant pour 100 km.
Distance parcourue | 216,5 km |
Plage de batterie utilisée | 100 – 3 % |
Consommation moyenne | 13,2 kWh/100 km |
Vitesse moyenne | 64,9 km/h |
Coût d’énergie* | 1,78 €/100 km |
* calculé sur la base d’une recharge au tarif réglementé heures creuses (0,135 €/kWh)
La Dacia Spring a tout d’une voiture populaire à succès. Économique, simple de conception, facile mais confortable à l’usage, elle ne sombre pas dans l’avarice pour faire baisser les prix. C’est un véhicule capable de répondre à l’immense majorité des besoins quotidiens de déplacements. Son plus grand défi n’est finalement pas de sa responsabilité. Pour s’écouler en masse, elle doit en effet pouvoir être rechargée. Accéder à une prise fiable reste aujourd’hui un privilège, réservé aux résidents de maisons individuelles ou possesseurs de coûteuses places de stationnement privées.
Si la Twingo 1, une des références de l’automobile low cost, a pu se vendre à plus de 2,5 millions d’exemplaires, c’est aussi grâce à la présence des stations-service. La démocratisation de la Dacia Spring ne pourra se faire qu’en intensifiant le déploiement des bornes de recharge de proximité. Les premiers acheteurs, s’ils sont nombreux, permettront peut-être d’exercer une pression en faveur de l’expansion du réseau.
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