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Souhaitant participer à un rallye-raid, mais sans céder à la tentation des habituels 4×4, Charlène Lestienne a eu le privilège d’étrenner l’un des 2 buggys électriques conçus par le vendéen Jérémy Cantin, depuis un cahier des charges fourni par Fabien Lagier. Elle témoigne pour Automobile Propre.
Créé en 1990, le rallye Aïcha des Gazelles rassemble plus de 300 femmes, venues des 4 coins du monde, qui évoluent de balise en balise sur le sol marocain, depuis la France, sans GPS et en effectuant le moins de kilomètres possible. Et ce, en s’appropriant les valeurs chères à Dominique Serra, à l’origine de l’épreuve : tolérance, solidarité, persévérance, respect du pays traversé et de l’environnement.
En 2017, l’aventure a amorcé son tournant vers la mobilité électrique avec l’aide de Fabien Lagier, dirigeant fondateur de l’entreprise Solutions-VE installée à Gardanne (13).
A la suite du galop d’essai en situation réelle de 2018, réalisé avec des Bolloré Bluesummer et des Citroën E-Méhari transformées par ses soins, Fabien Lagier a souhaité proposer à Malenga, la société organisatrice du rallye-raid, un buggy électrique développé spécifiquement pour cette aventure.
Dans sa recherche d’un partenaire, ce passionné de véhicules branchés à croisé la route de Jérémy Cantin, auteur, avec son équipe de Brouzils Auto, de la fameuse ElectroCox qui poursuit son chemin vers la légalisation de la conversion en électrique de modèles thermiques désormais considérés comme trop polluants.
C’est in extremis que les 2 buggys électriques, fruit de la collaboration des 2 entreprises, ont passé les tests de validation pour leur participation au rallye-raid en 2019, dans la série des numéros 600, les différenciant des Bolloré Bluesummer et des Citroën E-Méhari (série 500) et de la Renault Zoé.
Dans le buggy électrique numéro 601 : Barbara Barbier, professeur des écoles d’une quarantaine d’années en Moselle, et Charlène Lestienne, messine de 33 ans, responsable commerciale en assurance dans le domaine du sport automobile, notre interviewée.
Avant de participer à l’aventure E-Gazelles, Charlène Lestienne n’avait jamais essayé de voiture électrique. « Je roule déjà avec une voiture hybride, mais le passage à la voiture électrique n’est pas facile quand on habite un immeuble », nous confie-t-elle.
Pourquoi ce choix d’un VE pour le rallye-raid ? « Je n’ai pas une grosse sensibilité pour les habituels 4×4 », répond-elle. « C’était un choix de notre part de participer avec un véhicule différent et performant, pour bien profiter de l’aventure du désert », explique-t-elle au nom de l’équipage.
« Grâce à Christophe Troubat, de e-Racing Car qui développe une barquette électrique à Fontenay-le-Comte pour les écoles de pilotage, nous avons été mis en contact avec Jérémy Cantin, d’abord par téléphone », poursuit-elle.
« J’ai ensuite rencontré le concepteur du buggy au Mondial de l’Auto en octobre dernier. Il nous donnait régulièrement des nouvelles. Quand elles étaient espacées, nous devinions qu’il rencontrait quelques difficultés, mais nous avions une confiance totale en lui », rapporte Charlène Lestienne.
« J’étais persuadé qu’il arriverait à terminer le véhicule à temps, et jamais il ne nous a communiqué de stress », témoigne-t-elle. « Sur place, pendant le rallye, il travaillait parfois toute la nuit pour rectifier ce qui n’allait pas ou pouvait être amélioré : c’est quelqu’un de très réfléchi et de très compétent », tient-elle à souligner.
Le calendrier très serré de construction et de mise au point des 2 buggys électriques n’a cependant pas permis aux 2 équipages des numéros 600 et 601 de se faire la main sur les véhicules avant le départ.
« Cet absence d’essais préalables a vraiment manqué, d’autant plus nous devions aussi nous approprier les principes de la navigation à la carte, sans GPS », reconnaît Charlène Lestienne. « Il nous a fallu environ les 3 premières étapes pour bien avoir en main le buggy », estime-t-elle.
« Le prologue, en France, s’est bien passé. Ce n’était pas difficile. En revanche nous avons rapidement connu une surchauffe du moteur arrière, dû à une fuite de liquide de refroidissement. Les vibrations causées sur notre buggy par la caillasse sur les routes – et ça secouait pas mal -, ont provoqué le desserrage de boulons avec la fuite de liquide pour conséquence », détaille Charlène Lestienne.
« Un peu plus tard, nous avons rencontré un problème avec la batterie 12 V qui se déchargeait. Des essais avant le départ auraient sans doute permis de mettre au jour ces problèmes que je qualifierais de minimes au final », pense notre interlocutrice.
« Pouvoir essayer le buggy avant la compétition nous aurait aussi permis de comprendre le fonctionnement du véhicule », ressent Charlène Lestienne.
Elle indique, en exemple : « Quand nous nous sommes lancées vers les dunes, nous savions qu’il fallait baisser la pression des pneus. Mais jusqu’à quelle valeur ? Ca nous n’en avions aucune idée. De même, nous avons éprouvé au départ quelques difficultés sur ce terrain car nous ne savions pas comment le buggy allait se comporter lors des accélérations sur le sable ».
Charlène Lestienne n’éprouve cependant pas de regret : « C’est une belle expérience que nous avons totalement vécue dans l’optique de faire progresser la catégorie E-Gazelles. Ceci afin que le rallye-raid bénéficie d’un impact environnemental de moins en moins élevé au fil des années ».
Elle évalue : « Ce buggy électrique est vraiment très performant dans le désert ! Nous avons eu des étapes de 200 kilomètres avalées sans problème, dans des conditions difficiles. Et la jauge d’énergie n’était pas dans le rouge. Nous n’avons jamais connu la panne sèche. L’autonomie des buggys est supérieure à celle des autres voitures électriques engagées ».
Notre interlocutrice espère que se développeront d’autres moyens de recharger les batteries, plus propres, que les groupes électrogènes au gazole. « En expérimentation, 2 E-Mehari disposaient de panneaux solaires, un équipement qui prenait pas mal de place », juge-t-elle.
« Nous avons vécu une première en 2019 : l’annulation d’une épreuve à cause de la pluie, avec les plus grosses chutes d’eau connues depuis 2002. Nous sortions, fatiguées, de 3 jours d’épreuves. C’était compliqué de gérer cette situation. C’est là que l’on constate que c’est dans les conditions difficiles qu’on arrive à se dépasser et que l’on découvre nos propres facultés d’adaptation. Le campement avait été littéralement transformé en piscine. A 3 heures du matin, nous pataugions dans la boue », énumère Charlène Lestienne.
A nouveau dans l’aventure en 2020 ?
« J’ai bien envie de refaire ce rallye, mais une participation est un projet lourd en investissement personnel, avec pas mal d’implications pour nos proches que nous ne pouvons pas contacter pendant le rallye-raid », songe la jeune Lorraine.
« Il faut chercher des sponsors et consacrer pas mal d’argent personnel. Alors peut-être en 2021, ou après, pour une nouvelle participation », conclut-elle.
Charlène Lestienne se déplacera en juin prochain de Metz pour rejoindre le Vendée énergie Tour dont Automobile Propre est partenaire média, et témoigner de sa participation au rallye Aïcha des Gazelles.
Elle sera sur le circuit de Fontenay-le-Comte mercredi 5, avec le buggy, Jérémy Cantin, et l’équipe de e-Racing Car qui présentera sa barquette électrique de formation au pilotage sportif.
En soirée du 6 juin, elle sera présente à la soirée cinéma de la Ferrière.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Charlène Lestienne d’avoir trouvé un peu de temps à nous consacrer dans son emploi du temps très chargé.
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